Chapitre 2: Désillusion
Ecrit par Alexa KEAS
Fabrice AGBOSSOU
« Un homme ne pleure pas ». Je dis un grand merci à l’auteur de cette phrase. Il me donne aujourd’hui, l’excuse parfaite, témoignant de l’absence de larmes sur mon visage pendant que celle que j’appelais « ma femme » est enterrée.
Des cris de larmes s’élèvent, pendant que le cercueil est descendu dans la tombe. Que d’hypocrites, par ici ! Je mettrai ma tête à couper, sur la rareté des larmes sincères dans ce cimetière. Encore quelques heures à supporter cette comédie et j’entamerai enfin, une autre page de ma vie. Enfin, le cercueil touche le fond de la tombe. J’ai l’immense honneur de jeter la première poignée de sable sur le cercueil de Nalida. A l’aide de la pelle, j’en prends une bonne rasade. Au fond de moi, je crie à haute voix, « surtout que ton âme brûle en enfer », en versant le sable. Mes lunettes noires cachent la lueur de joie qui brille dans mes yeux. Je me mets en retrait et scrute d’un air distrait, la bande de suceuses d’énergie d’hommes de Nalida, passer à tour de rôle, verser du sable sur sa tombe. Quand arrive le tour de Clémence, elle fait de son passage un spectacle particulier, en pleurant bruyamment, comme si son monde s’écroulait. Hier encore, elle gémissait dans mes bras. Antoinette et Gérardine, deux autres suceuses d’énergie, viennent l’accoster et la conduire loin de la tombe, en la consolant. Je ne peux que m’incliner devant sa belle prestation. Je sais que ça murmure du côté de ce qui reste de la famille de Nalida, mais je n’en ai que faire.
J’ai tenu à recevoir les salutations d’usage au cimetière. Il n’y a pas de réception, ce n’est pas une fête ! Debout, à l’entrée du cimetière, entouré de Dieudonné et sa femme, ma seule famille, je serre la main de tout ce beau monde. Dès que c’est fini, je monte à l’arrière de la voiture de Dieudonné, et me laisse conduire chez moi.
-Tu es sûr que ça va aller ? demande Dieudonné.
-Certains, mon pote.
-Je peux bien te faire quelque chose de rapide à manger, avant qu’on se s’en aille !
-Oh non, ma belle-sœur chérie. Je suis un grand garçon et je saurai me débrouiller. Déjà que j’ai bousillé votre lune de miel, je ne veux pas en faire davantage.
-Fabrice, tu es mon frère.
-Je sais frangin. Allez, vous pouvez partir maintenant.
-Ok, si tu as besoin, tu sais que mon numéro reste accessible.
J’acquiesce de la tête.
-Merci pour tout.
A tour de rôle, ils me prennent dans leurs bras. Dieudonné m’interroge du regard une énième fois, avant de consentir à s’en aller. Je les raccompagne à la terrasse et appelle le gardien pour qu’il leur ouvre le portail. J’attends de voir leur voiture, sortir de la concession, avant de retourner à l’intérieur. Je verrouille la porte principale et monte dans ma chambre. Je suis épuisé ! Même si la cérémonie a été toute simple, l’organiser ne l’a pas été, surtout la veillée. Je me suis occupé de tout, dans les moindres détails. Je me débarrasse de ces vêtements noirs qui sentent la mort et file sous la douche. J’en prends une très longue, en profitant pour réfléchir à mon plan. Après la douche, je n’ai qu’une envie, me jeter sur le lit. La faim m’en empêche. Je mets un boxer et descends à la cuisine. J’ouvre le frigo et cherche du regard, un met à réchauffer. Je tombe sur un plat de riz. Nalida l’avait cuisiné, il y a deux semaines, si je me rappelle bien. L’une des rares fois, où elle se met aux fourneaux. Je sors le plat et le mets à la micro-onde. Le temps qu’il soit prêt, je me sers un verre de vin.
Dieudonné pense que je souffre de la perte de Nalida. Même à lui, j’ai dû mentir sur les réalités de mon mariage. Quand je pense à tout ce qu’elle m’a fait enduré, les deux dernières années surtout, j’ai envie d’aller déterrer son corps et le donner à manger à des chiens.
Le minuteur s’arrête. Je me saisis d’un torchon et sors mon plat. Je m’installe à la table de la cuisine et mange. A la dernière bouchée, je sens comme une présence derrière moi. Mon corps, est de suite parcouru de frissons. Lentement je me retourne, brandissant ma fourchette comme une arme. Je ne vois personne et me sens ridicule. Je vais laver mon assiette et le range. Muni de la bouteille de vin et du verre, je sors de a cuisine. Je traverse le mini-couloir, puis le salon et amorce les marches de l’escalier. A cinq pas, j’ai la même sensation que toute à l’heure, à la cuisine. Un courant d’air glacial balaie la pièce, faisant hérisser mes poils. Une odeur de fumée s’élève. Je dépose la bouteille et le verre au sol et redescends à la cuisine pour des vérifications. La bouteille de gaz est bien fermée, la micro-onde, débranchée, ainsi que tous les autres appareils, sauf le frigo. L’odeur de fumée se fait plus persistante alors qu’il n’y a vraisemblablement, rien qui brûle. En moins de dix minutes, je fais le tour de toutes les pièces, sans rien dénoter. L’odeur monte toujours, au point où je me mets à tousser. J’étouffe, ayant de plus en plus de mal à respirer. Mes yeux sécrètent des larmes. Tant bien que mal, j’atteins la porte principale. La porte est verrouillée et la clé n’est pas dans la serrure. J’aurais pourtant juré, l’y avoir laissé. Je me précipite vers une fenêtre. J’essaie de l’ouvrir mais elle est coincée. Je retourne à la cuisine. La fenêtre de cette pièce est également coincée. Peu à peu, je sens mes forces m’abandonner. Je suffoque et tombe au sol. L’oxygène se raréfie, jusqu’à disparaitre complètement. Je me sens mourir à petit feu, puis, c’est le trou noir.
A mon réveil, je ne suis plus au sol de la cuisine mais dans un lit et dans une chambre qui n’est pas la mienne. En scrutant le décor, je réalise que je suis à l’hôpital et pas n’importe laquelle, la clinique de Nalida. Comment suis-je arrivé ici ? Je réalise que je suis sous perfusion. J’ai horriblement mal à la tête. Je tends mon bras gauche et appuie sur la sonnette en haut du lit. Deux minutes plus tard, une infirmière débarque dans la chambre.
-Bonjour monsieur, comment-vous sentez-vous ?
-Donnez-moi quelque chose, j’ai horriblement mal à la tête.
-Un instant, je reviens.
Je ne me rappelle pas avoir eu une migraine pareille de toute ma vie. J’ai juste envie de cogner ma tête contre un mûr. La douleur est atroce. L’infirmière revient avec une boite de médicament et un verre d’eau. Elle me donne un comprimé à prendre et j’en réclame deux. Au point où j’en suis, je pourrais prendre toute la boite.
-Le dosage est d’un gramme, monsieur. Il serait dangereux d’en prendre plus.
-Ce n’est pas vous qui avez mal !
Elle me donne les deux comprimés, malgré elle. Je les prends et me recouche, en espérant que la douleur passe le plus tôt possible.
-Je vais appeler le médecin.
J’ai envie de lui poser des questions, sur comment je suis arrivé ici mais me ravise. Pourvu que cette migraine passe ! Après un petit moment, je me sens un peu mieux. La porte s’ouvre de nouveau.
-Monsieur AGBOSSOU, bonjour.
La voix du docteur m’oblige à ouvrir les yeux.
-Bonjour docteur.
-La migraine s’estompe peu à peu, j’espère ?
J’acquiesce de la tête.
-Bien, ça devrait aller.
-Comment suis-je arrivé ici ?
-Vous ne vous en rappelez pas ?
Bien sûr que je m’en rappelle et c’est pourquoi je te pose la question, idiot ! Je secoue la tête.
-L’incendie chez vous.
-Quoi, comment, quel incendie ?
-Vous avez été sorti de la maison à temps, vous avez eu beaucoup de chance. Je sais que ce n’est pas facile pour vous. Après la mort de votre femme et maintenant ça ! Je suis vraiment désolé.
Je me redresse, l’esprit complètement chamboulé.
-Attention au perfuseur, dit le médecin.
J’ai bien envie de lui dire, que je n’en ai rien à foutre. Dans mes souvenirs, je suffoquais mais il n’y avait aucun feu visible, alors de quoi me parle-t-il ?
-Qu’êtes-vous en train de dire, docteur ? Que la maison a brûlé ?
-Une grande partie, oui ! Selon le rapport des pompiers.
-Il faut que je rentre, déclaré-je, en essayant de m’ôter le perfuseur.
-Arrêtez, vous allez vous faire mal.
Je l’arrache malgré tout et voir mon sang gicler, ne m’arrête pas. J’ai des documents importants dans cette maison, il faut que j’aille faire le constat, de mes propres yeux. Je pose un pied au sol, puis l’autre. Un vertige m’empêche de me lever instantanément.
-Calmez-vous, monsieur Fabrice. Infirmière, appelez la sécurité.
-C’est la clinique de ma femme et médecin ou pas, je n’ai pas d’ordre à recevoir de vous.
Je me lève et fais un pas. D’un coup, la migraine se montre plus violente. Je prends ma tête entre les mains et pousse un cri effroyable. Je me laisse tomber au sol et y cogne la tête. Je ne me sens plus maître de moi. Je veux juste que cette douleur s’arrête. J’entends des pas et des voix, des mains se poser sur moi, la douleur d’une aiguille s’enfonçant dans ma chair, avant que mes paupières ne se referment.
Lorsque j’ouvre les yeux, je tombe sur le visage de Dieudonné. La migraine a disparu mais je me sens planer, comme si j’avais pris de la drogue. Certainement, l’effet des médicaments.
-Coucou, dis-je, d’une voix faible.
-Mon frère, tu m’as fait une de ces peurs !
-J’en suis désolé. Ne t’inquiète pas, ça va maintenant. Ai-je dormi longtemps ?
-Oui.
-Tu es seul ? Où est ton double ?
Il sourit.
-Elle a voyagé ce matin.
-Ah oui ?
-Pour ses affaires.
-Ok.
-Dis-moi, tu n’as pas faim ?
-Je crois que oui.
-Ok, donne-moi le temps de te servir. Armelle a préparé un panier pour toi, avant de prendre son car.
-C’est gentil de sa part.
J’entends le bruit des assiettes et respire avec bonheur, l’odeur agréable de la nourriture, qui se répand dans la pièce. C’est du mouton certainement. Je ne peux juste pas deviner l’accompagnement.
-Allume la télé, s’il te plaît.
-D’accord, chef !
Dieudonné me sert d’abord à manger, avant d’allumer la télévision. Une bonne soupe de mouton, avec du riz. Dès la première bouchée, je me sens beaucoup mieux. C’est délicieux ! Un vrai repas fait maison, comme je n’en ai plus savouré, depuis un moment. Je finis mon plat et l’arrose d’un jus d’orange, fait maison également.
-Tu as eu raison d’épouser cette femme ! J’espère que ça ne te dérangerais pas, que je passe manger chez vous, tous les jours.
Dieudonné éclate de rire. Il semble si heureux !
Je porte mon regard sur la télévision, quand j’entends la voix de la journaliste parler d’un drame qui se serait produit dans le quartier de Nukafu, ce matin. Je demande à Dieudonné d’augmenter le volume. Mon cœur s’arrête quelques secondes, quand je vois mon gymnase à l’écran. Ce n’est pas de la publicité, tout est ravagé par le feu.
-«Pour l’instant, on compte quatre morts. Les pompiers n’arrivent pas à expliquer la provenance de cet incendie, alors même que… »
-Seigneur, j’entends Dieudonné hurler.
Je suis tétanisé. Je fixe l’écran et regarde les images des flammes, en train de tout ravager. L’information sur l’écran, indique que ce sont les images de plus tôt, dans la matinée. Les images actuelles sont affichées. Le feu semble avoir été maîtrisé et il ne reste plus rien de mon gymnase.
-Eteins la télévision. Dieudonné, éteins la télévision, merde !
Il sursaute. Je vois des larmes sur son visage.
-Un homme ne pleure pas, mon pote.
-Mais Fabrice !
-Ne t’inquiète pas, ce sont les coups de la vie.
Nalida, maudite Nalida ! Même de là où elle est, elle continue de me pourrir la vie. Je suis certains que tout ceci a une cause spirituelle. J’ai pourtant pris mes précautions ! Il ne manque plus que la clinique brûle.
-Appelle le médecin s’il te plait. Il faut que je sorte d’ici.
-Le mieux ne serai-il pas…
-Dieudonné, s’il te plait, fais ce que je te dis. Passe-moi ton portable, je dois passer un coup de fil.
-En fait, j’ai récupéré le sien, chez toi. Le feu n’a pu atteindre ta chambre.
-Merci, c’est réjouissant.
Il se dirige vers la petite table et reviens vers moi, avec mon téléphone.
-Laisse-moi seul, un moment.
-D’accord, je serai tout juste derrière la porte.
J’allume le téléphone. Je remarque que la batterie est pleine et remercie intérieurement Dieudonné. Je compose le numéro de Clémence et lance l’appel.
-Fabrice, mon chéri, s’exclame-t-elle. Je suis même en route pour la clinique. A chaque fois que je viens, tu es endormi.
-Dans ce cas, je t’attends alors !
Je raccroche et manque de jeter le téléphone pour exprimer ma rage. J’ai l‘air de bien le prendre mais je suis dévasté. Tout ce pourquoi j’ai travaillé, me suis sacrifié… Des centaines de millions investis dans ce gymnase, qu’aucun autre ne rivalise dans ce pays. Dieudonné revient avec le médecin. Je demande, en fait non, j’exige à ce dernier de signe l’ordre de ma libération. Je ne lui laisse pas un autre choix que celui d’accepter ma requête. Bien, en attendant Clémence, je fais une petite toilette et me change. Mon pote a eu la bienséance de m’emmener des vêtements.
Un quart d’heure après, la porte s’ouvre sur Clémence. Elle porte encore du noir, ce qui me fait ricaner. Elle a les mains chargées et Dieudonné l’en débarrasse. Ce dernier s’éclipse ensuite, nous laissant seuls. Clémence s’approche de moi et essaie de m’embrasser. J’esquive son baiser.
-Tu m’expliques ?
-T’expliquer quoi ?réplique-t-elle violemment, visiblement énervée à cause de mon refus.
-Tout ce qui est en train d’arriver. La maison qui brûle, maintenant mon gymnase. Ce sera quoi la suite ?
Son air ne me dit rien qui vaille. Pire, elle semble ne pas être étonnée.
-Vas-tu me répondre ? Merde alors !
-D’abord, tu te calmes, Fabrice AGBOSSOU. Je ne suis pas la cause de tes malheurs.
-Tu sembles la connaitre, cette cause.
-La secte est simplement en train de reprendre ce qui lui appartient. Ce n’est que le début, tu vas tout perdre.
-Tu es en train de blaguer, n’est-ce pas ?
-En-ai-je seulement l’air ?
Je me lève et plie les poings. A défaut de cogner quelqu’un, je cogne la table de chevet. Non, je ne peux pas tout perdre, pas après tous mes sacrifices.
-Tu le savais, tu l’as toujours su depuis le début et tu t’es servi de moi pour tuer Nalida, par pure jalousie.
-Tais-toi, les murs ont des oreilles !
Je m’approche dangereusement d’elle et serre son cou. Elle ne se débat même pas et me défie du regard. Son audace réussit à me déséquilibrer et je la relâche.
-Chaque problème a une solution et le tien en a une aussi.
-Laquelle ? Pourrais-je seulement te faire confiance ? Tu m’as menti, Clémence.
-Arrête de dire ça. Tu souhaitais la mort de ta chère femme, tout comme moi. Tu devras m’épouser, si tu veux sauver ce qui reste de tout ce qu’elle a bien pu laisser.
-Pardon ? Le deal était qu’on sorte ensemble. Il n’a jamais été question de mariage.
-Avec moi, tu pourras aller voir d’autres femmes, si ça te chante.
-J’ai déjà entendu ça, quelque part.
-Je ne suis pas Nalida.
-Si tu le dis.
-Tout ce qui appartient à la secte, reste dans la secte. Pourquoi crois-tu que la mère de Nalida l’y ait fait rentrer, alors qu’elle aurait pu se contenter de lui léguer sa fortune ? Tu peux en jouir autant que tu veux, tant que tu fais ce qu’il faut pour. Cette richesse ne t’appartient pas, elle n’appartient à aucun d’entre nous d’ailleurs.
-Nalida vient de mourir, je ne peux pas t’épouser dans l’immédiat.
-Qui te parle d’un grand mariage ? On peut le faire en petite comité. Rien que toi et moi et nos deux témoins.
-Et les autres membres de votre SI PRECIEUSE secte ?
-Tu penses vraiment que j’aurais pu arriver à bout de Nalida, sans leur consentement ? Elle devenait bien trop puissante et plus riche que nous. Elle a réussit à avoir la perle rare que tu es, pendant que nous autres, nous contentons de ces petits de bas quartier, qui n’ont pas suffisamment d’énergie, pour nous faire briller davantage. Au début, elle avait accepté de partager et ensuite, elle t’a gardé pour elle toute seule…
Je n’entends déjà plus ce qu’elle dit. Je me suis fait avoir comme un débutant. Je regrette presque de leur avoir livré Nalida. Elle avait un objet qui lui servait de protection. Je l’ai volé et l’ai donné à Clémence. C’est ainsi que cette dernière a pu l’avoir, sans qu’elle ne se doute de rien. Je préfèrerais de loin, rester avec Nalida qu’épouser Clémence. Mon cerveau tourne sans cesse. Je me demande comment faire pour me sortir de ce labyrinthe. Je veux être libre mais pas libre et pauvre. Je refuse de retourner à la case de départ. Elles me veulent toutes alors elles m’auront. Je les monterai l’une contre l’autre, jusqu’à ce que je découvre le secret pour me défaire d’elles, tout en gardant ma fortune. Je me suis sacrifié pour et je refuse de perdre.
-Fabrice, tu m’écoutes ?
-Je te jure que si tu oses me doubler, en emprisonnant ma virilité, comme l’avait fait Nalida, je te tuerai de mes propres mains. Peu m’importe les conséquences.
-Je ne le ferai pas, tu as ma parole.
-Bien, on se marie quand tu veux. Mais avant, j’attends de toi que tu fasses reconstruire mon gymnase. Je veux qu’il brille, comme si jamais il n’avait brûlé.
-Aucun souci, chéri. Alors, en rentre ? J’ai une folle envie de toi.
-Allons-y !
Je me colle à elle et dépose un baiser sur son front, le baiser de Juda.