Chapitre 3: Plan de sauvetage improvisé
Ecrit par Tunde William
Accoudée à la balustrade de la terrasse d'un petit motel non loin de la plage de Fidjrosse, Kira AGOSSOU, fixait sans la voir l'horizon. Elle observait d'un oeil distrait le ciel qui prenait une teinte grise avec des nuances de couleurs ici et là. Le soleil couchant, dardait ses derniers rayons ,preuves de son passage sur la Terre. L'horizon faisait corps avec une mer calme avec quelques vagues insolentes. L'atmosphère était attendrissant, surtout quand on observait, l'océan engloutissant ,peu à peu derrière lui, l'astre du jour. Elle aimait venir sur cette plage, autant qu'elle le pouvait contempler le coucher du soleil sur la mer. Mais elle était là pour autre chose. Son coeur n'était pas là, mais elle devrait être là.
C'était le vendredi, jour sacrée des musulmans et début du week-end. Jour, qu'elle détestait parmi tout les jours de la semaine. Pourquoi? Elle seule, le savait. Emmurée dans un silence d'or, elle écoutait le vent qui chantait dans les feuilles des cocotiers, les faisant bouger de temps à autres. Le chant triomphal des pêcheurs revenant de la pêche, mêlé aux échos des cris des oiseaux lui parvenait comme une douce murmure.
La plage était animée pour un vendredi du mois de Juin. Il y avait un groupe de jeune qui jouait au beach-volley. Les jeunes filles situées d'un côté du filet criaient hourra lorsque l'une des leurs, donnait un bon coups point dans la balle. Les joueurs masculins, quant à eux, les regardaient amusés.
Des promeneurs solitaires marchaient près de la beige. Trois couples, surveillaient des enfants insouciants et joyeux. Ces derniers chassaient des crabes des côtes, qui fuyaient cherchant refuge dans les écumes des vagues.
Elle était perdue, dans ses pensées, insensible à la vie qui se vivait là, sur cette plage. Les yeux, fixant le lointain, l'horizon dansait devant elle. Un couple d'homme et de femme, les mains dans les mains, les pieds nus foulant le sable tiède à présent passa.
- Doucement Cole, fit la femme à l'attention d'un gamin de six ans qui pourchassait des crabes.
L'homme, quant à lui, haussa la voix pour ramener l'enfant à l'ordre. La jeune femme, mit sa tête au creux des épaules de son compagnon, lui murmurant quelques mots. L'homme sourit aussitôt et lui donna un baiser sur la tempe. L'enfant voyant ses parents en parfaite symbiose, delaissa les crabes et courra aussitôt vers eux. Les siens, ouvrèrent les bras où il s'engloutit.
Cet élan de vie en famille, l'émut au point où elle eût les larmes aux yeux. Elle n'avait pas le droit de flancher, d'espérer une vie qu'elle n'aura sans doute jamais. Elle avait fait ce choix. Elle ne le pouvait tout simplement pas. C'était au dessus de ses forces.
Le soleil disparu complètement derrière l’océan, plongeant l’environnement dans le noir. La lumière du jour venait de laisser sa place aux ténèbres de la nuit. Les baigneurs et promeneurs s’étaient tous retirés. Seule la lumière blafarde de la lune brillait faiblement.
Il sonnait vingt heures.
Kira , dans une robe blanche ample, les pieds nus se dirigea vers la mer. Elle avait noué ses cheveux dans un foulard blanc. Elle marchait doucement, comme si elle voulait sentir la douceur du sable coulant entre ses orteils.
Arrivée au bord de la beige, elle fixa l’horizon longuement puis se jeta dans la mer en criant :
- J'EN AI MARRE !!!!!!.
...........
A quelques kilomètres de là.
Prince Midokpè, assis confortablement dans le canapé de sa grand-mère essayait de reprendre ses esprits. Il tapotait régulièrement sa nuque contre les coussins de velours bleu nuit du canapé. La grand-mère, âgée d'une cinquantaine d’années, les cheveux grisonnants soupira longuement lorsqu’elle le vit assis dans cette posture.
- Je ne sais pas ce qu'elle t’a fait. Ni ce que vous traversez. Mais, je veux que tu saches que le divorce n'est pas la solution. Elle n'a jamais été la solution.
Le mariage, avant d’être un contrat est avant tout une école. C’est une école de la vie. Continu t’elle.
- Vous n’avez pas reçu les mêmes éducation. C’est à toi de façonner t’a femme à t’a manière. De l’éduquer. C'a été ainsi depuis la nuit des temps. Le mariage est une école de la vie, tout comme l’est le veuvage, le levirat etc…
- Je ne sais plus quoi faire. Tout mon corps est attiré par le sien. La dernière fois, si tu l’as voyais, elle portait une robe sexy qui me laissait sur le cul fit Prince pensif.
- Elle dégageait un sex-appeal envoûtant. À chaque fois, que je l'a voyais, j’avais envie et j'en ai toujours d’ailleurs de me jeter dessus. De bondir tel un lion bond sur sa proie. De la prendre dans mes bras, lui dire combien je suis fou d’elle. Fou de son corps de rêve. La grossesse lui a même laissé quelques rondeurs qui lui vont tellement si bien.
Il se tût un instant, puis fixa le plafond fait en céramique blanc. Il observait attentivement les dessins floraux faites dessus comme s'ils avaient le pouvoir d’atténuer sa peine. D'amoindrir l’immense macabo qui avait pris possession de toutes les fibres de son cœur. Lorsqu’il abaisse la tête, Maman Sara sut au plus profond d’elle-même que c’était le début de la fin. Elle sut que Samantha avait dépassé la ligne rouge, la ligne interdite. Samantha avait traversé la porte du non retour.
- Grand-mère, je…je suis commença t'il.
- Je comprends ta peine fit elle en la coupant.
D'un regard, elle ressentit tout son désarroi.Elle savait que quelques chose n'allait pas. Mais elle était loin de douter que celà était si grave. On leur enviait tellement cette complicité qu'ils avaient. Elle lui ouvrit ses bras, où il s’engouffra. Pour la première fois depuis ce fameux jour, il s’autorisa à couler des larmes. La grand-mère soupira tristement , elle le savait. Elle savait que Samantha n’était pas fait pour lui. Elle n’était pas celle qu’il lui fallait, celle qui lui était destiné. Elle le savait depuis le début. Elle l’avait toujours su…
Il se leva puis sans un mot, sortir de la concession.
- Il a sûrement besoin d'être seul se dit la grand mère résignée […].
.........….…
***
**
*
Quand elle se jeta dans la mer,il eût un silence olympien durant quelques secondes, voir minutes. La mer se calma, le vent se tû. L'atmosphère se figea. On aurait dit que le temps s'était arrêté. C'était comme si le corps de Kira avait dompté cette immense étendue d'eau toujours houleuse. Comme si l'océan avait reconnu sa maîtresse,
Quelques secondes s'écroulèrent puis un éclair déchira le ciel. La lune disparue comme par enchantement, les étoiles retournèrent dans leurs tanieres. Le vent soufflait très fort. Apparemment la mer aurait retrouvé ses esprits, puisque des vagues les unes plus grosses que les autres se mirent à échouer sur la plage avec une violence inouïe. Elles rejetèrent son corps menue sur la beige.
Kira toussota légèrement puis s'assit dans l'eau en criant:
- Pourquoi tu me fais ça? Pourquoi moi? Que t'ai je donc fait? Tue moi mais laisse le en paix.
La mer s'était déchaînée. Les grondements de tonnerre melés à ceux des vagues, lui donnait la chair de poule.
Elle pleurait amèrement. Des larmes de désespoir coulait de ses yeux. Les cheveux plaqués contre le crâne, son visage était méconnaissable tellement elle avait les yeux bouffis. Elle hurlait sa détresse, son amertume à s'en rendre aphone. Qu'avait-elle donc fait?? Pour que tant de désolation lui soient adressées. Elle eût un sourit triste quand elle se rendit compte que le poème "Halte au Sida" que recitait à tue-tête les enfants au cour primaire se référait parfaitement à elle. Quel crime avait elle donc commis? De quel acte horrible est elle responsable pour que de si lourdes condamnations lui soient attribuées. Son frère mort, elle n'avait plus aucune raison de vivre.
Des vagues l'heurtait de plein fouet quand elle voulut faire un pas en avant. Décidée elle résolut de s'en aller, de retourner vers son frère plongé dans un coma profond. Les médecins lui avaient dit de ne pas perdre espoir. Mais comment pouvait on garder espoir quand l'on craint de se retrouver encore plus seule au monde du jour au lendemain. Comment garder espoir quand ceux qui nous incite le plus à garder cette vertue arborent des mines défaitistes.
Quand on désespère de ne plus pouvoir espérer, de ne plus pouvoir se convaincre que la vie, ne se vit que dans l'espoir de voir le lendemain. Celà ne révèle plus de l'espoir mais de la prière. Et elle n'était pas très prière donc c'était une peine perdue.
Elle voulut faire un pas de plus en avant mais fut retenue. Ce n'était plus les vagues qui l'empêchèrent d'avancer. Mais les doigts fins d'une main qui emprisonnèrent son bras gauche. Une main parfaitement manucurée. Elle voulut retirer son bras de l'emprise de cet inconnu, mais ne le pouvait pas. L'inconnu avait une poignée ferme constata t'elle.
- Relâchez-moi dit elle de dos, sans se retourner.
- Je suis désolé mais je ne peux pas vous laisser faire ça répondit l'inconnu.
Elle se figea à l'écoute de cette voix qui ne lui était pas si inconnu, pas en tant que telle. Son sang se bouillonna dans ses veines, elle serra les poings prête à contre attaquer.
- Lâchez moi ordonna t'elle d'une voix vibrante de colère.
- Non.
En une fraction de seconde, elle lui fit une prise de judo pour le faire désarmer de son bras. Sauf que l'inconnu fut plus rapide qu'elle. Il lui prit, en plus de l'autre bras, le second. Elle voulu le renverser de son pieds, sauf que la mollesse du sable lui fit défaut. Elle avait oublié qu'elle se trouvait sur une plage et que la matière sablonneuse n'était pas si résistante.
La rage qu'elle avait mis dans son pied, et l'esquive de son adversaire eurent raison des deux protagonistes qui se retrouvèrent projeter sur le sol à quelques mètres près du bord de la mer. Kira se retrouva plaqué au sol, les bras fixés au sol au dessus de sa tête par les mains de l'inconnu. Elle soupira pour masquer la douleur ressentir lors du choc. Cela fit ouvrir les yeux de l'inconnu qui les avait jusque là gardés fermés.
- Alors on fait moins la maligne maintenant?? Fit il en souriant lorsqu'elle lui manda de la lâcher, déclarant ainsi forfait.
Il l'avait dit d'un ton persifleur. Les yeux fermés, l'inconnu arborait à présent un air de supériorité satisfaite.
Cela la mit en colère. Elle fut remplie d'une fureur qu'elle avait du mal à contenir. Elle gigota un peu, espérant qu'il lâche prise. Ce qu'il ne fit pourtant pas.
La lune réapparut en haut d'un ciel étoilé. Elle jetait toutes ses rayons sur la terre, l'éclairant brillamment. Les étoiles souriaient. Le vent se tut et la mer se calma. Il ouvrit les yeux en souriant. Un sourire qui s'effaça quand il découvrit l'identité de son adversaire. Un rictus amer se mit en place sur son visage décomposé. Ses mâchoires se contractèrent. Il se leva, puis sans un mot se retira. Lorsqu'il fut près de la sortie de la plage, il se retourna brusquement sur ses pas. Kira, venait de se lever du sol quand elle se veut jeter sur l'épaule de l'inconnu. Elle voulut se débattre , se défendre mais se ravisa à la dernière minute. Elle était trop éreintée pour faire quoi que ce soit. La fatigue tant émotionnelle que physique eut raison d'elle. Elle s'assoupit donc bercée par le parfum envoûtant de l'inconnu qui lui chatouillait les narines. L'inconnu soupira agacé quand il constata que la fille qui voulait se suicider en se noyant dormait sur son épaule.
Dans un sommeil troublé de temps à autres par des hoquet de sanglots, kira ne savait pas qu'elle était sur l'épaule de l'inconnu.
De l'inconnu qui n'était nul autre que Prince Midokpè......
** Prince Midokpè**
Après que ma Nana( Grand-mère) m'ait pris dans ses bras, je me souviens me sentir plus misérable, plus bas que terre que je ne l'étais. Je ne savais même plus quel sentiment ni émotions m'avoir animé. Était-ce de la tristesse, de la déception où simplement un cocktail de colère teintée d'un soupçon de rage et d'un trait de mélancolie. Mais toujours était il que je me sentais pas bien. Je m'en souviens parfaitement. Aucun mot ne pouvait qualifier l'amertume de la trahison que je ressentais. Samantha m'avait trahi de la plus vile des manières. Elle m'avait non poignardé dans le dos, mais briser mon coeur. Je me souviens de la dépression dans laquelle plonge les gens quand on leur brise le coeur.
J'étais loin de m'imaginer que cela faisait si mal. J'aurais préféré qu'elle me le brise autrement. Qu'elle me trompe, me rejette romps sans aucune forme de procès. Je crois que cela ne me ferait pas autant mal. Cette douleur que je ressens est insupportable. Pourtant que ne lui ai je par donner ? De l'amour, de l'attention, du temps. Tout! Absolument tout. Je lui avait tout donné, tout ce que je possédais. J'avais arrêté de coucher de gauche à droite. Je filais sur le droit chemin. Je lui avais donné mon coeur sur un plateau d'argent et pourtant elle n'a pas hésiter à me le broyer en retour.
Pourquoi moi?? Quelle crime ai je commis si ce n'est de l'aimer à la folie, de le placer sur un piédestal aussi haut que la tour Eiffel dans mon coeur. Quel péché ai je commis? Si ce n'est de lui offrir mon coeur?
Et dit que je suis allé jusqu'à me .....
Mieux j'y pense pas. L'amour rend aveugle dit on mais ils ont oublié de nous dire que l'amour n'était qu'une illusion, qu'une chimère. Et que s'ils nous rends aveugles c'est parce que l'on y croit, parce que l'on refuse de lire entre les lignes. L'on refuse de voir entre les pensées, d'analyser les attitudes. Et c'est ce qui m'est arrivé. J'étais tellement obnubilé par elle, que je n'ai pas su que je n'étais qu'un simple pion qu'on manipulait.
Perdu dans mes pensées, je me suis dirigé vers l'océan. Il fallait que je me calme, que je me maîtrise. Que j'aille évacuer toute ses tensions. La mer m'a toujours fasciné. Enfant, je restais des heures durant assis sur le toit de la maison entrain de la contempler de loin.
Je voulais que le vent marin emporter au loin mes cris de colère. J'arrive au bord de la mer et puis j'aperçois une femme qui voulait se jeter dans la mer. Rapidement m'en vais l'en empêcher. Et que ne vis je quelques minutes de luttes après. C'était la fille aux allures de déesse. Celle qui m'avait intrigué sur le trottoir de Ita-carrefour. Celle qui s'était introduite dans ma suite quelques semaines plutôt s'offrant à moi moyennant quelques billets violets.
...........Une heure plus tard........
- (Grand-mère) [Accourant] Que c'est il passé??
-(Moi) [D'un ton détaché] Elle a tenté de mettre fin à ses jours. Je suis arrivé à temps pour l'en empêcher.
Nana me regarda bizarrement et puis me demanda pourquoi j'avais le sable partout sur le corps. Elle avait oublié que c'était la plage et que s'il s'agissait du sable, il y en avait à profusion.
- (Moi) [Soupirant longuement] Nana tu n'es pas possible.
J'ordonnai aux domestiques de prendre soin de la psychopathe qui voulait se suicider, pendant que Nana allait la voir. Elle revint le visage grave me disant:
- Que compte tu faire d'elle?
- (Moi) Quoi faire d'elle?? C'est simple, tu l'héberge cette nuit et demain elle reentre chez elle.
-(Nana) [Les yeux songeurs] Si j'étais toi, j'allais la garder le plus longtemps possible.
-(Moi) [interloqué] Ah toi aussi, bon vous faites comme vous voulez. (M'en allant) En attendant, je vais aller retrouver ma fille.
-(Nana) Oui. Fuis toujours. Tu me donneras raison de toutes manières.
J'entre dans ma voiture et remarqua plusieurs appel en absence de mon avocat et un message de la folle qui me servait de femme.
Sam:« Tu ne peux pas m'empêcher continuellement de voir ma fille. Mais pour l'instant signe les papiers de divorce. On trouvera un moyen pour avoir la garde alternée de notre fille. Je crois qu'il est inutile de te dire que tu m'as cruellement deçue. Bien de chose à toi».