Chapitre 30

Ecrit par Les Chroniques de Natou

C'était une tragédie pour la famille Belinga. Les autres membres de sa famille  avaient été informés et certains étaient venus pour voir cela de leurs propres yeux. Les cris et les pleurs se faisaient entendre au sein de la clinique, et les membres de la famille de maman Annette à leur tour venaient aussi.  Doriane était inconsolable,  Rollande quant à elle, voyait son monde ainsi que tous ses projets s'effondrer.  Quelques minutes après,  le corps de Papa Belinga fut transporté à la morgue de l'hôpital de la garnison par une ambulance.  Eric était anéanti et n'arrivait pas à réaliser tout ce qui se passait en un laps de temps. 

Quant à Maman Annette, elle se faisait consoler par ses tantes et oncles qui étaient déjà venus. Doriane pensa appeler Noëlle pour lui faire part de la mauvaise nouvelle vu qu'elle n'etait pas encore arrivée :

        - Noëlle... Noëlle.... 

        - Doriane, c'est quoi ? S'il te plaît, ne pleure pas. Tout ira bien, ok ?

        - Non... Noëlle mon père vient de mourir,  ajouta Doriane désespérément. 

        - Mon Dieu !!! C'est encore quelle malchance ça ? Vous êtes toujours à la clinique ?

        - Non,  le corps vient d'être admis à la morgue de la garnison. Présentement, nous sommes en train de quitter les lieux pour rentrer à la maison. 

        - Ok,  je me rends là-bas, à la maison. Je vais annoncer la nouvelle à mes parents et nous viendrons. 

Après la conversation avec Doriane,  Noëlle m'appela alors que Cécilia et moi venions à peine d'arriver :

         - Natou !!! 

         - No'o ! C'est comment ? Tu sembles triste. 

          - Je viens t'annoncer une très mauvaise nouvelle,  vraiment c'est tragique ! 

         - Qu'est-ce qui est arrivé à ma mère ? Noëlle, qu'est-ce ma mère a eu ? 

        - Ooh ! Calme-toi ! Il ne s'agit pas de ma'a Régina. Elle va très bien. 

        -  C'est quoi alors ? Eric a eu un problème ? 

        - Non,  ma chérie. Son père, papa Belinga vient de décéder. 

        - Ekié! Comment ça ? Aux dernières nouvelles, il allait pourtant bien !

        - Il parait qu'il aurait été assassiné; et il était avec Rollande. Je ne connais pas encore vraiment les détails de l'histoire, mais comme je vais là-bas présentement, j'en saurais davantage sur sa mort subite.                  

         - Aïiiie!!!! Seigneur,  quelle tragédie pour cette famille ! On dirait qu'une malédiction s'est abattue chez eux. Merci de m'en avoir informé, No'o. Ça m'a gâché ma bonne humeur de ce soir. Je vais appeler ma mère pour lui passer la nouvelle ; comme je ne peux être là-bas, elle ira au moins me représenter. 

       - D’accord, ma belle. Je te tiens informée du reste. Bye !


Noëlle appela ses parents pour leur annoncer la tragédie qui venait de frapper les Belinga, et ils furent étonnés d'une mort aussi soudaine. Noëlle et ses parents décidèrent de se retrouver au domicile du deuil,  chez les Belinga. Les membres de la famille du défunt et quelques membres de la famille de maman Annette avaient déjà regagné la maison des Belinga. Tous étaient assis dans l'immense cour de la résidence.  Rollande était assise de son côté avec une de ses amies qu'elle avait appelée afin qu’elle puisse l'épauler dans cette circonstance douloureuse. Les pleurs qui se faisaient entendre dans le quartier alertaient les voisins et chacun sortait de sa maison pour venir voir ce qui se passait. 

Entre temps, j'ai appelé ma mère pour lui dire ce qui venait de se passer. Il était 20 h et à cette heure-là,  elle devrait sûrement être déjà endormie. Elle avait pour habitude de s'endormir tôt. Mais j'ai quand même insisté à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'elle décroche enfin :

          - Allô ! Maman ?

          - Ma Natoutou ! Ça me fait plaisir de t'entendre,  mon enfant. Je dormais déjà mais ton appel m'a réveillée. 

          - Désolée, maman! J’ai dû t'appeler pour te faire part d'une triste nouvelle. 

           - Ah bon ? Qu'est-ce qu'il y a encore ?

           - Le papa d'Eric vient de mourir. 

           - Ne me dis pas ça, Natoutou !!! Quoi ? Mais qu'est-ce qui s'est passé ?

           - Noëlle m'a dit qu'il aurait été assassiné. Mais pour le moment,  elle n'en sait pas plus. Comme elle se rend actuellement au lieu du deuil,  elle en saura sûrement davantage sur les véritables raisons de son décès. 

         - J'irai là-bas demain matin. Mais avant,  j'appellerai d'abord Eric, parce que je ne peux pas débarquer comme ça subitement. Tu connais'' Annette avec sa façon de mal recevoir les gens là ! 

          -D’accord, maman. Je te laisse dormir alors. 

          - Est-ce que je pourrais même  encore dormir, Natoutou ? Avec une nouvelle aussi triste, mon envie de dormir s'est envolée. 

          - Ok! Laisse-moi appeler Eric et puis je te rappelle. Ça t'arrange ?

          - D'accord, vas-y !

J'ai interrompu ma conversation avec ma mère pour appeler Eric. Ça a sonné à plusieurs reprises, mais il ne décrochait pas. J'ai donc rappelé Noëlle pour lui dire qu'une fois arrivée chez les Belinga,  elle dise à Eric que je l'ai appelé, mais en vain, et que je souhaiterais  être rappelée... 

De nombreuses personnes venues d'ailleurs avaient déjà envahi la résidence Belinga. Chacun en entrant hochait la tête en signe de regret et de désolation. Certains s'exclamaient avec étonnement. « Weeer cet homme était pourtant humble,  il n'aimait pas les problèmes... Même ici au quartier, il respectait tout le monde... Il aidait beaucoup de gens... Weeerrr pourquoi cet homme est mort subitement comme ça ? »...  c’étaient quelques-unes des différentes questions  et  les hommages que certaines personnes  se posaient et affirmaient à l'égard de papa Belinga. Les uns exprimaient leur désarroi par des claquements de mains,  tandis que d'autres chuchotaient chacun dans l'oreille de l'autre, se demandant les uns aux autres ce qui s'était réellement passé. 

Maman Annette, quant à elle, était assise à même le sol, entourée de certaines femmes qui l'accompagnaient dans ses lamentations. Quelques instants après,  Noëlle et ses parents arrivèrent,  entrèrent dans la maison et s’assirent un moment. Puis maman Ngantsop alla s'asseoir à côté de maman Annette pour la consoler. Leur affrontement de la dernière fois n'avait pas empêché maman Ngantsop de faire acte de présence et d'aller épauler maman Annette. Ne dit-on pas que le deuil a souvent pour habitude de réunir les personnes, mêmes les ennemis ?  De toutes les façons,  la présence des Ngantsop le prouvait. Même si leur présence semblait  hypocrite, ils étaient au moins venus. Papa Ngantsop semblait abattu et débité face à cette circonstance douloureuse. Il avait la tête baissée et ne cessait de la hocher pour exprimer sa profonde douleur. 

Peu de temps après,  Noëlle alla appeler Eric. 

       - Éric,  viens s'il te plaît, en lui chuchotant à son oreille. 

Eric se leva et rejoignit Noëlle dans un coin. 

       - Oui, Noëlle.

       - En fait,  Natacha est au courant de tout  et elle m'a dit qu'elle a essayé de t'appeler à maintes reprises, mais tu ne décroches pas. 

       - Ah! J'ai oublié mon téléphone dans ma voiture en fait. Je vais aller le chercher et la rappeler ensuite. 

        - D’accord. Et je te présente aussi mes condoléances. 

        - Merci beaucoup,  Noëlle.

Eric récupéra son téléphone dans sa voiture et m'appela. 

       - Allo, bb ! J'ai appris la nouvelle. Toutes mes condoléances, mon cœur. Je suis navrée pour tout ce qui t’arrive. 

        - Merci ma puce, répondit Eric, la gorge serrée. 

        - N'essaie pas de retenir tes larmes,  Eric. C'est humain de pleurer. Cela ne fera pas de toi quelqu'un de faible. Si cela peut te soulager, alors n'ait pas honte. Je suis de tout cœur avec toi, bb. 

       - Merci énormément, petit cœur. Tu es ma force depuis tout ce temps. C'est très dur pour moi en ce moment, tu sais!

       - Oui, je sais. Et nous surmonterons tout ça ensemble  Je sais que ce n'est pas facile,  alors ne te retiens pas de pleurer, si cela peut t'apaiser. 

         - Merci, Natou ! 

Entre temps, pendant que j’étais au téléphone avec lui,  Rollande en venant parler à Eric de je ne sais quoi,  entendit Eric dire : « Natou ».  Cela attira son attention et elle se demanda avec quelle Natou  Eric parlait au téléphone. Elle l'avait surpris au téléphone sans qu'il ne sache qu’elle était juste derrière lui entrain de l'écouter. Alors qu'on conversait,  il sentit la présence de quelqu'un derrière lui, il se retourna et Rollande sursauta :

          - Euh..... Euh.... Eric…

          - Qu'est-ce que tu fais là,  Rollande ? Allô bb,  je te rappelle, me dit Eric, en raccrochant immédiatement. 

        - Euh… je venais juste te dire d'entrer car une petite réunion doit se tenir. On m'a dit de t'appeler 

        - Ok. J'arrive,  répondit Eric d'un ton sec. 

On attendait donc Eric pour commencer et enfin il rejoignit les siens. Deux chefs du village de papa Belinga étaient présents. L'un d'eux, le chef Bélibi, prit la parole et dit :

       - « Bonsoir à tous ici présents. C'est avec une grande tristesse  que nous sommes réunis aujourd’hui. Nous aurions souhaité nous réunir en ce lieu pour une bonne nouvelle, mais pas dans une circonstance pareille. Depuis la dernière fois que nous sommes venus ici il y a une semaine pour des problèmes entre Belinga et sa femme, nous n’avons pas encore regagné le village.  Nous nous apprêtions à rentrer sur Nanga Eboko demain très tôt  car nous avons déjà mis long ici. Mais à notre grande surprise, les notables et moi avons été informés du décès de Belinga..... Belinga, qui était pour nous un neveu,  un fils, un père, un frère, etc... » 

         - Eeeeehhh a peupah Belinga !!! Ô ne mve? (tu es où ?)  ô korgué à sì ! (réveilles-toi) ! Eeehh a peupah Belinga ô lig bìa aye za a peupah ?? (Tu nous as laissés à qui papa ?), s'écriait lamentablement une tante de papa Belinga. 


Les gens commencèrent à pleurer,  d'autres mettaient les mains sur la tête en poussant des cris de douleur, puis quelques minutes après, ils se calmèrent ; ce qui permit à la réunion de continuer et au chef de poursuivre ce qu’il disait :

  - « Je disais tantôt que Belinga était pour chacun de nous ici présent,  une personne chère à nos yeux. Mais hélas, la vie en a décidé autrement. Toutefois, nous sommes supposés rentrer

 à Nanga Eboko demain sans connaitre les véritables raisons de son décès. On nous a seulement informés qu'il a été poignardé.... »

         - Voilà la personne avec qui il était aujourd'hui, dit maman Annette en pointant Rollande du doigt. 

Tous se retournèrent pour regarder Rollande et comme d'habitude, elle n'était intimidée par personne. 

           - Oui,  c'est bien moi, répliqua-t-elle.

         . - D'accord, avance ici,  ma fille ! dit le chef du village.

Rollande s'exécuta aussitôt et s'avança pour que les chefs la voient bien. 

            - Ah donc, c'est de toi que Belinga nous a parlée ? demanda le chef Belibi.

            - Oui. En fait, c'est la deuxième femme de Belinga, répondit le notable Olinga. 

Tous furent étonnés de ce que le notable Olinga affirma. 

           - Comment ça, sa femme ? demanda le chef Belibi.  Il ne l'avait pas encore dotée ! Il nous avait juste informés que...... 

           - Chef Belibi, je ne te coupe pas la parole.  C'était un secret et on n'était supposé le dire à personne jusqu'à ce que le mariage à l'état civil ait lieu.  Mais hélas ! Vu que Belinga n'est plus,  je me sens obligé de le faire.  Hier peupah Belinga nous a contactés aux environs de 8h, le notable Esili,  le notable Nguini, ici présents et moi. Il nous disait  qu'il avait rendez-vous avec une tante de cette fille que voilà (en pointant une tante de Rollande, la sœur de sa feue mère),  qui représente les défunts parents de cette fille.  Nous sommes allés chez cette femme pour remettre la dot : une somme de 3 millions 500 mille francs, des sacs de riz,  de patate, et d’autres denrées alimentaires,  des pagnes,  etc... Nous t'avions appelé incessamment,  mais tu ne décrochais pas ton téléphone. Nous-mêmes, on ne s'y attendait pas. Peupah Belinga nous a pris de cours. Le mariage à l'état civil était supposé être demain matin.... 


Évidemment,  peupah Belinga avait donné la dot de Rollande dans la maison familiale où elle vivait après que ses parents sont  décédés.... C'est lorsque Rollande vivait dans cette maison qu'elle  le rencontra,  avant que les Ngantsop ne l'adopte. Elle y vivait avec une de ses tantes que  papa Belinga connaissait très bien. Il donnait souvent de l'argent à cette femme, qui après une courte maladie, décéda un an après et laissa 3 enfants. C'est papa Belinga qui avait donné l'argent pour les obsèques de la tante de Rollande vu que sa famille maternelle était très  pauvre. Alors, après son enterrement,  une autre tante de Rollande  continua à élever les enfants que la défunte avait laissés. Et celle-là connaissait très bien papa Belinga comme l'amant de sa (Rollande). Vu qu'il avait de l'argent, il était toujours bien reçu dans la  famille de Rollande. C'est à elle donc qu'on a remis la dot de cette dernière… 


Après cette explication,  tout le monde fut dépassé. Noëlle ouvra grandement les yeux en fixant Doriane. Eric, en entendant ça, resta stupéfait, exténué. Donc papa Belinga  avait réellement pour intention d'épouser Rollande ! se disait-il intérieurement. Maman Annette se dressa pour  violenter  Rollande,  mais le chef Belibi se leva, la gronda et lui intima l’ordre de s'asseoir :

        - Annette !!! Tais-toi !!! Et si cette fille a été dotée, selon la tradition, cela sous-entend qu’elle est bel et bien une belle-fille de cette famille et, de surcroît, ta coépouse ! Même si l'état civil n'avait pas encore été fait,  traditionnellement elle est la femme de  Belinga et elle vivra désormais dans cette maison!!! 

        - Jamais !!!!!! Pour que cela arrive, il faudra que je ne m'appelle plus Annette !

        - C'est ce qu'on verra ! répliqua le chef  Belibi. 

Rollande s’en réjouissait et affichait un sourire en regardant sa copine et sa tante qui étaient présentes. En réalité, Rollande n'était pas au courant qu'avant cette rencontre avec papa Belinga au Méridien,  il s'était rendu dans leur maison familiale pour donner sa dot un jour avant sa demande en mariage. C'était une surprise organisée qu'il voulut lui faire et comptait le lui dire à la fin de cette soirée romantique qu'ils avaient eue, mais  qui fut interrompue par cet assassinat tragique. Donc, elle n'avait pas totalement perdu comme elle croyait. Elle aussi aurait bénéficié de beaucoup d’avantages. Maman Annette n'était qu'au début de sa décente aux enfers car ce n'était que le début des surprises. 

  

      - Ma fille,  sois la bienvenue dans notre famille, dit le chef Belibi. 

      - Merci beaucoup, Chef Belibi, répondit Rollande en s'inclinant en signe de respect. 

       - Va regagner ta place. Tu as toutes nos bénédictions et les dieux te protègent, sache-le ! Rien de mal ne pourra t'atteindre. 

       - Heeeeeeeeee! Belinga merci oooh ! Merciiii! se lamenta mama Annette en posant les deux mains sur la tête. 

      - Tu l'as si bien cherché, Annette.  Cela n'est que ta récompense.

      - Chef Belibi,  je vais tous vous montrer de quel bois je me chauffe, et si vous vous amusez, je vous chasse tous d'ici car c'est ma maison !

      - Tu ne changeras donc jamais, Annette !!! s'exclama le notable Nguini.

      - Pour ta gouverne, ici, c'est la maison de notre fils. Et si tu oses encore ouvrir ta bouche,  nous allons te maudire et tes souffrances seront pires que celle que tu es sur le point de connaître ! ajouta le notable Olinga en pointant sa canne sur maman Annette.  

Papa Ngantsop et son épouse regardaient toute la scène sans rien dire. Ils ne parlaient que par le regard. Les gens n'auraient jamais imaginé un tel acte de papa Belinga. La dot de Rollande fut la plus fracassante des répliques pour papa Ngantsop et pour les membres de la famille de maman Annette qui ne cessaient de pousser des cris de désarroi à l'encontre de cet acte de trahison à l'égard de leur fille,  Annette.


      - Demain,  retrouvons nous ici à  18h pour une seconde réunion afin de fixer la date des obsèques, ajouta le chef Belibi. 

      - Nous serons là, répondit tout le monde en chœur. 

       - Beaucoup de courage aux enfants de notre frère. Eric, tu as fait preuve de maturité durant cette tension,  et nous te bénissons. Pour nous,  tu restes le fils de Belinga... Vous restez ses enfants,  ta sœur et toi. Ton avis comptera pour les décisions prises pour l'organisation des obsèques de ton père. Il faudra que ton père soit très vite enterré et que les coutumes des deux femmes soient faites le plus rapidement. Un autre deuil nous attend au village. 

       - Merci, chef Belibi, pour cet honneur que vous nous donnez à ma sœur et moi. Je n'aurais pas souhaité que les choses se passent ainsi, mais bon... 

       - Beaucoup de courage, mon fils. Tu es un homme : tu dois être fort et courageux pour soutenir les autres. Nous comptons sur toi. Mais la mort de ton père sera vengée. Malheur à cette personne qui a causé sa mort, il aurait été mieux pour elle de ne pas naitre... Bon, nous allons partir. 

Rollande se leva et accompagna les chefs et notables dehors et remit 50 mille francs au chef Belibi. 

          - Peupa Belibi,  prends ça. C'est pour votre transport et pour que vous puissiez revenir demain. 

           - Voilaaaaa! Belinga a bien choisi ! Merci ma fille,  dit le notable Nguini avec un large sourire. 

           - Merci ma fille,  dit le chef Belibi tout ému de cet acte chaleureux. 

           - Mes pères,  je voudrais vraiment qu'on venge la mort de mon mari. Mais j'avoue qu'aujourd'hui, j'ai remarqué qu’un homme nous suivait quand j'étais avec papa Belinga. Nous étions ensemble toute la journée d'aujourd'hui et je lui ai même dit qu'un homme nous suivait sûrement. Quand nous sommes entrés dans ce cabaret-là,  mon mari a choisi une place très discrète et quand nous avons pris place, le temps qu'on nous serve à boire, je me suis levée et je me suis dirigée vers les toilettes. Et quand je suis revenue,  j’ai trouvé mon mari couché gisant dans une mare de sang.... 

         - Nous-mêmes, nous pensons que c'est un règlement de compte, ma fille. Mais nous ne voulons pas encore nous prononcer hâtivement. Nous saurons qui est cette personne qui a commandité ce meurtre. 

         - D'accord, mes chefs. A demain. 


Après que les chefs sont partis,  maman Ngantsop vint vers Rollande pour converser :

      - Ma fille,  je te félicite ! Cette Annette n'a encore rien vu. Tu m'as vengée ! Ce n'est que le début. Désormais, c'est ta maison ici et tu t'y installes dorénavant.  C'est comme ça et pas autrement !!! Bon, nous allons rentrer et je te fais confiance pour prendre les choses en main. 

      - Fais-moi confiance, maman,  je gère tout ! La vieille rombière-là ne m'effraie pas. Là où sa sorcellerie s'arrête, c'est là où la mienne commence. 


Noëlle et ses parents  s'en allèrent quelques instants après. Papa Ngantsop n'adressait toujours  pas la parole à Rollande après les disputes qui s’étaient produites chez lui. D'ailleurs, Rollande n'en avait rien à foutre. Mais par contre,  elle se souvint de la conversation d'Eric qu'elle avait entendue lorsqu'il prononça mon nom. 

         - J'ai entendu Eric prononcer le nom "Natou" tout à l'heure quand il était  au téléphone. Et si réellement, celle que j'ai vue aujourd'hui dans la voiture de Mohamed à Bonanjo était Natacha ? Donc Mohamed m'a menti alors ? Je suis donc persuadée maintenant que celle que j'ai vue aujourd'hui c'est bel et bien elle, se dit Rollande intérieurement. 

Elle décida d'appeler Mohammed sur whatssap  immédiatement en s'éclipsant un moment vers un coin retiré de la maison. 

       - Allô ? 

       -  Eeh ma gonzesse ! Ça fait un bail ! Que deviens-tu ? Quoi de neuf ?

       - Belinga est mort. 

       - Quel Belinga ? L’ami à ton père ?

       - Oui. Mais ce n'était plus son ami car il y a eu beaucoup de problèmes ici. Sa femme nous a surpris un soir dans leur lit entrain de baiser. Elle est allée dire à papa Ngantsop et ça a créé des problèmes entre les deux amis. Entre temps, c'était moi qui étais devenue la risée. Il m'a chassée de la maison et m'a dit que je suis reniée de sa famille. J'ai donc étalé tout ce que tu m'avais dit sur la relation entre Annette et lui. Ça s'est gâté, et puis quoi encore ? Belinga a été tué aujourd'hui vers, 18h. Nous étions à un cabaret et il a été poignardé à mort, quand je me suis levée un moment pour aller aux toilettes..... 

       - Oh la la! C'est triste. Il était pourtant très posé et gentil, ce monsieur. Il ne méritait pas ça ! Mais qui a pu bien faire ce coup ? En tout cas, ma gonzesse, je suis au bled dans 2 semaines, on va faire un peu des choses d’adultes comme d'habitude... Hmmmmm!

    

       - Fiche la paix ! Donc tu m'as menti en faisant croire que Natacha est morte, mais je l'ai vue aujourd'hui à Bonanjo quand j'allais retrouver mon homme. Elle était dans ta voiture bleue que je connais bien et ton chauffeur la conduisait. 

      - Qui ? Ah tu t'es sûrement trompée. Ce n'est pas elle ! Elle est morte !

      - C'est faux !!!! Je suis chez Belinga pour une réunion, et tout à l'heure, j'ai entendu Eric parler au téléphone en prononçant son nom. Et quand il a senti ma présence,  il a immédiatement raccroché. 

     - Mais comment ça ?

     - Mohamed, si jamais tu m'as trahie et menti,  je te promets qu'on plongera ensemble. N'oublie pas que je connais tes business de drogue,  tous tes plans machiavéliques que tu fais dans ta feymania. Je peux vendre la mèche si jamais tu m'as menti ou trahie. Je vais personnellement m'assurer que Natacha est morte, sinon je me chargerai de le faire moi-même ! Bye


Mohammed fut surpris que Rollande m'ait vue, car il n'était pas supposé savoir que je suis sortie du sous-sol. Il m'appela aussitôt alors que je dormais déjà. Mais en entendant mon téléphone sonner,  je me suis réveillée pour décrocher ;

       - Allô ?

       - Dis-moi, Natacha,  tu es sortie aujourd'hui ?

       - Euh..... Hein ? Tu dis quoi ?

       - Ehhh madame ! Ne joue pas à ce jeu avec moi. Ok ? Dis-moi la vérité !!! Est-ce que tu es sortie avec ma voiture et mon chauffeur ?

      - Euuuhhh.... Oui, je suis sortie pour aller voir Eric. Il se sentait mal. 

     - Tu es folle ? Donc j'ai été idiot de  te cacher pour ta propre sécurité, c'est ça ?

     - Non ooohhhh !!! Weerrr je suis désolée, ne te fâche pas. 

     - Mais, est-ce que tu sais que Rollande vient de me dire qu'elle t'a vue? J'ai voulu la contredire en lui disant que tu es morte. Mais elle me dit qu'elle a entendu Eric te parler au téléphone en citant ton nom. Et elle est presque sûre et certaine que tu es vivante. Mais merde !!! Tu as foutu tous nos plans dans l'eau, putain !!!

     - Ne sois pas en colère, je ne sortirai plus, je te promets. 

     - Tu as intérêt !!! Et arrête d'être en contact avec qui que ce soit, le temps que Rollande soit démasquée. 

    - Ok j'ai compris. Tu rentres quand ?

    - Dans 5 jours pour régler le compte de cette Rollande. Je déteste le chantage, alors je vais devoir lui donner encore une bonne leçon. 

Je comprenais même quoi à leurs choses ? Rien du tout ! Je ne savais de quelle leçon il parlait, mais je sais que Mohamed était quelqu'un de très vicieux quand il le voulait. Après m'avoir parlée durement, il m'a raccroché au nez. Je me suis couché. 

Pendant ce temps,  Rollande, sa copine  et sa tante avaient quitté la résidence Belinga. Elle déposa sa copine et alla ensuite déposer sa tante avant de retourner à son appartement. Pendant qu'elle conduisait,  elle engagea une conversation avec sa tante :

       - Tata  Judith,  pourquoi tu ne m'avais pas prévenue que Armand venait donner ma dot ?

      - Ma fille,  moi-même je ne savais pas. Tu sais qu'il connait la maison familiale. J'ai seulement vu les gens débarquer avec des denrées alimentaires, les boissons, les chèvres, 5 sacs de kolas,  et pleins d'autres choses. J'étais étonnée ! C'est là où lui-même m'a dit qu'il fait ça à ton insu car il voulait t'épouser  rapidement, sans trop alerter les gens ; puisque si sa femme venait à l'apprendre, elle serait capable du pire. Ç’est fait rapidement.

J'ai appelé mon mari et deux de tes oncles qui sont  à Nkongmondo.  Ils sont rapidement venus et on a partagé. On n'a même pas encore fini de partager. Il m'a chuchoté à l'oreille qu'il voulait te faire une surprise en t'emmenant à la mairie demain... Mais hélas !

       - Je comprends, il m'a demandée en mariage subitement aujourd'hui. Je n'ai pas vu ça venir. Weeer qui m'a fait ça eeehhh! 

      - Courage ma fille. Mais je crois que c'est sa femme qui l'a tué ou qui a organisé son meurtre. 

      - Tata, moi je crois plus tôt que c'est le père Ngantsop. 

      - Ah bon ? Peut-être aussi hein ! Vu tout ce qui s'était passé comme tu me l'as raconté. 

      - Évidemment ! De toutes les façons tata Judith, je vais chercher qui l'a fait.... 


Quelques minutes après Rollande déposa sa tante et retourna à son appartement. Le lendemain matin,  Noëlle m'appela pour me faire part de tout ce qui s'est passé la veille à la réunion du deuil. Bien après notre conversation,  j'ai appelé Eric, nous avons causé et je lui ai dit que, pour le moment, on devrait limiter nos appels.  Je lui ai raconté tout ce que Mohamed m'avait dit sur sa conversation avec Rollande hier. Il était d'accord pour qu'on fasse attention et que je sois prudente. 


Du côté de Cathy, elle n'arrivait pas à digérer le fait que son plan n'ait pas marché. Elle se rendit chez le grand maître Wôklofo, une fois de plus ce jour.

       - Grand maître, Wôklofo !

       - Ma fille, bonjour. Comment vas-tu ? Tu as l'air angoissée, nerveuse. C'est quoi le problème ?

       - Grand maître, ça n'a pas pu marcher. Je l'ai invitée il y a deux jours, mais elle n'a pas mangé. La fille là n'est pas simple. 

     - Ça alors ! J'avoue que Rollande, c'est une femme très éveillée. Mais ne te dérange pas,  on va adopter une autre stratégie. 

     - Mais laquelle ?

     - Viens, je te dis à l'oreille,  les murs ont les oreilles, ma fille. 

Grand maître lui chuchota un autre plan à  l'oreille pendant quelques minutes, puis elle s'exclama en ces termes;

      - Hahahahaha ! Voilà !!! Ça c'est beaucoup mieux, grand maître Wôklofo ! J'espère que cette fois, ça va donner. Merci beaucoup. Je m’en vais. 

      - Non attends,  ma fille ! Tiens ça ! Fais comme je t'ai dit dans deux jours. Là, elle ne pourra pas échapper. 

     - Merci, grand maître Wôklofo. Bye !


Elle s'en alla plutôt très confiante cette fois en espérant que ces plans ne tomberaient pas à l'eau une fois de plus. 

La journée s'étant bien déroulée normalement comme d'habitude de mon côté,  Noëlle  me fit un message whatssap vers 17h pour me dire qu'elle s'apprêtait à aller à la réunion prévue à la résidence Belinga à 18h et qu'elle me tiendrait informée de tout.  Vers 18h,  tout le monde était déjà présent à la seconde réunion qui était convoquée.  Rollande,  ma mère,  Noëlle et tous les chefs et notables.  Cette fois,  le notaire était là pour lire le testament de papa Belinga. C'était une surprise pour tout le monde. Eric se demandait pourquoi le notaire était venu si tôt avant l'enterrement de son père ;

       - Monsieur le notaire,  ce n'est pas le moment de lire le testament de mon père, dit Eric

        - C'est moi qui lui ai dit de venir, rétorqua maman Annette. 

        - Mais maman, ce n'est pas le moment. 

- Je vais montrer à cette pimbêche (en pointant Rollande du doigt),   que lorsqu'on est une vraie épouse reconnue,  le mari, en mourant, te laisse les biens.  La dot n'est pas le mariage.  Si réellement tu es sa femme comme tu le dis,  Rollande, on verra si ton nom figure dans le testament. Salope !!!

      - Espèce de vielle rombière, prostituée! répliqua Rollande à maman Annette. 

      - Taisez-vous !!! On est dans un lieu de deuil ici et non dans un ring de boxe !!! gronda le chef Belibi 

       - Je ne te permets pas d'insulter ma mère,  Rollande !

       - Doriane,  sinon tu me feras quoi ?? 

       - On vous a dit de vous taire !!! dit le notable Nguini. 

Tout le monde devint silencieux et le chef Belibi prit la parole :

       - Monsieur le notaire,  comme Annette vous a dit de venir sans nous consulter, alors lisez le testament. 

      - Bonsoir à vous tous ici présents. Je suis monsieur Rigobert Sandjon,  notaire. Monsieur Belinga m'a contacté il y a 6 jours pour changer son testament. 

      - Quoi ? Belinga a changé son testament sans me dire, moi sa femme ?

      - Annette, tais-toi ! C'est toi qui lui as demandé de venir. Alors laisse-le s'exprimer ! dit le notable Olinga. 

      - Comme je disais tantôt,  monsieur Belinga a changé son testament il y'a 6 jours. Et ce testament dit ceci :

«   Moi, Armand Belinga, sain de corps et d’esprit, écrit mon testament ainsi qu’il suit :

 * Je lègue les 3/4 des parts de mon entreprise à  mon fils Eric Essomba ; 

   * La résidence Belinga,  je la lègue à ma femme Annette ;

     * L'immeuble de Bonapriso où il y a les locataires,  je lègue tout l'immeuble et ainsi que l'argent des locations à Rollande Tchanang. 

     * Mes comptes bancaires,  seule Rollande Tchanang y aura accès. Mon banquier s'en chargera pour toutes les procédures 

     * La villa de Bonanjo,  sera pour ma fille Doriane Belinga ainsi que les deux villas qui sont à louer  à Akwa. 

     * la plus grande part de ma deuxième entreprise de production de cacao,  revient à Rollande Tchanang. 



     -Heeeeeeeeee!!!!!! Papa Belinga m'a tuée oooh, cria maman Annette.   

   , - Hahahha tu n'as encore rien vu, Annette ! se moqua ma'a Regina en regardant Noëlle. 


Suite,  samedi à 21h

Ecrit par #Natacha_Victoria_Mbili 

Texte protégé.

Contre vents et maré...