Chapitre 30
Ecrit par La Vie d'Ielle
Chapitre 30 : Tu vas l'assumer !
**Anne-Lily
Monsieur MPAKOU ( me regardant ) : Donc vous n'avez que la licence ?
Moi ( soutenant son regard ) : Oui mais je peux vous assurer de la solidité de mes bases. Le domaine bancaire est celui vers lequel se partent mes ambitions professionnelles donc je peu vous assurer de ma rigueur.
Monsieur MPAKOU : Votre CV est vide mademoiselle, aucune expérience autre que celle de votre stage de soutenance. Pourquoi n'avez vous pas chercher un stage professionnel ?
Moi : J'ai vécu une situation assez difficile, je n'ai donc pas pu me plonger dans cela.
Monsieur MPAKOU : Et votre situation est passée ? Vous vous sentez libre maintenant ?
Moi : Oui. Libre et disponible de suite d'ailleurs.
Monsieur MPAKOU : Aucune occupation ? Aucun enfant ?
Moi : .. Non...
Monsieur MPAKOU : Si on vous prend en stage ce sera un stage d'apprentissage. Vous n'avez pas encore travailler donc votre rémunération ne sera pas au excessive, vous le savez au moins ?
Moi : Je sais.
Monsieur MPAKOU : Ça peut toutefois augmenter au fur et à mesure de vos performances. Dans tous les cas, on vous rappellera après analyse du dossier.
Analyse du dossier ? Pffff !!
Moi : Merci.
On s'est salué puis j'ai quitté la salle et BGFI directement. Ma ronde est finie, je rentre à la maison.
Ça fait deux semaines que j'ai quitté Moabi pour revenir à Libreville avec Cynthia et Carl.
J'avais envie de changer d'air, de quitter cet endroit qui empoisonnait mon air. Je ne vais pas dire que je suis bien, que je suis au top de ma forme mais c'est mieux. Je pense toujours à lui, je pleure toujours mais comme a dit papa ... Je dois vivre pour lui et c'est ce que je compte faire.
Ce n'est pas du tout facile.
Se dire que je dois me faire à l'idée de ne jamais plus le voir, c'est difficile parce qu'il me manque chaque jour un peu plus.
Je ne le vois plus, il ne m'apparait plus mais j'ai toujours autant de mal à dormir. J'étais allée consulter et on m'a prescrit des médicaments pour m'aider à dormir et c'est uniquement quand je les prends que je parviens à dormir quoique ce ne soit pas de moi-même.
Qui a dit que ma vie devait être ainsi ?
Qui a dit que je devais être enceinte ainsi et mère de si tôt ? Dans ces circonstances ?
Qui a dit que je l'aimerais pour le perdre aussi vite ? Aussi brutalement ?
Personne, pas moi en tout cas mais c'est arrivé.
C'est arrivé et je dois m'y faire n'est-ce pas ?
Cette douleur là...
Cette douleur là qui t'étouffe.
Elle te prend depuis l'essence de ton être et te faire savoir qu'elle existe de la façon la plus brutale qui soit.
Je ne souhaiterais pas ça à quelqu'un, même à mon pire ennemi je ne souhaiterais pas la perte d'un enfant... Surtout pas de cette façon...
C'est terrible, horrible, affreux, c'est poignant...
J'avais un monde que j'ai brisé en une nuit.
Je l'ai reconstruit, je l'ai reconstruit en mieux avec Luc mais il n'est plus aujourd'hui. Ce monde, mon nouveau monde a été brutalement brisé.
Aujourd'hui, je dois reconstruire un autre sans lui.
J'espère y arriver avec l'aide de Dieu.
Dieu, je lui en ai voulu ... Affreusement même !
Je me suis dis que il était sensé le protéger, je me suis dis qu'il aime les enfants et qu'il l'aurait protéger mais il ne l'a pas fait et j'en paie le prie.
On dit que c'est lui qui donne et qui reprend.
On dit qu'il faut le glorifier malgré les situations mais j'avoue vraiment avoir du mal quand même.
Il aurait du le rendre malade, le pendre dans son sommeil mais il ne l'a pas fait. D'ailleurs, même s'il l'avait fait est-ce que ma douleur aurait été pour autant différente ?
J'en sais rien et je ne veux même pas savoir.
Ce que je veux savoir c'est apprendre à vivre avec, il paraît que c'est facile donc j'espère y arriver.
Bref, il faut que je rentre.
Je suis arrivée à la maison et j'ai trouvé Cynthia et Carl attablés.
Moi : Attablés tels des rois.
Cynthia : Ah, enfin te voilà.
Moi : Oui. Bonjour Carl.
Il s'est levé pour m'embrasser.
Carl : Ça va ?
Moi : Oui.
Cynthia : Ça a été ?
Moi : Bof...
Cynthia : Mais encore ?
Moi : Dossier en analyse. Bon appétit à vous !
Carl : Tu ne mange pas ?
Moi : Je n'ai pas faim .
Je suis allée m'enfemer dans ma chambre.
Je me suis allongée en prenant avec moi notre photo à Luc et moi, celle de son anniversaire..
Je pleure moins en la regardant, je souris d'un sourire faible en me disant que c'était ma plus belle réussite.
[ Toc Toc ]
Moi : Oui ?
Carl : Je peux entrer ?
Moi : Bien sûr !!
Il est rentré et m'a retrouvé dans le lit.
Carl : Tu me montre aussi ?
Je lui ai passé la photo.
Carl : Photo pleine d'amour.
Moi : Ça tu l'as dit.
Carl : C'était un grand garçon, bien fort.
Moi ( me mettant sur le dos ) : Ah...
Carl : Luc KOUMBA, le grand danseur.
Moi ( souriant ) : Élève de son tonton Carl.
Carl : Je suis donc un grand danseur ? J'en suis flatté ( souriant ). Toi, tu es très nulle. Tu te demandais souvent pourquoi Luc et moi riions dans notre coin ? Bha c'est parce qu'on se moquait de toi.
Moi : Tu avoue ?
Carl : Nullos !!
Moi ( tapant sur son épaule ) : Hey !!
Carl : Bha quoi, c'est vrai pourtant.
Moi : Tu n'as plus peur de moi Carl.
Carl : Parce que tu n'es pas cette Anne-Lily qui est pleine de couleur.
Moi : Tu trouve ?
Carl : Tu es pâle. Tu vois ce sourire que vous avez sur la photo ? C'est celui là même qu'il faut que tu retrouve. Regarde ( il fait un immense sourire )...
Moi : Tu vas rester ainsi figé.
Carl : Tu dois sourire pour deux désormais. Je mets au défi de sourire ainsi pendant un jour... Disons de maintenant à demain à la même heure.
Moi : Quoi !! Je dois sourire ainsi ?
Carl : Oui, sourire pour deux. Tu es partante ? Pour Luc ( me montrant sa main ) ?
Moi : Pour Luc ( Tapant sa main ).
Carl : Maintenant, on va manger... Lève toi paresseuse, aller !!
Cynthia et Carl sont vraiment des personnes sur qui je peux compter. Ensemble ils ont été là pour moi du début du chamboulement de ma vie à maintenant, ils ont toujours été là et me soutiennent du mieux qu'ils peuvent et j'en suis reconnaissante.
Cynthia a dû louer un studio pour toutes les deux.
Elle prend tellement trop de temps à s'occuper de moi que j'ai l'impression qu'elle délaisse un peu Carl.
Bon après les deux m'accordent trop de temps mais jusqu'à quand vais-je faire de l'égoïsme involontaire ?
C'est un couple, ils ont forcément des moments où ils veulent se retrouver et savoir que j'empeche certainement cela me dérange.
Elle passait des nuits chez lui mais maintenant elle est 24h/24h avec moi, heureusement qu'elle est encore cours du soir même.
Ils ne doivent pas trop s'en faire pour moi, je vais et dois me débrouiller et apprendre à vivre et le retrouver seule dans ma peine. Il y'a des gens qui m'entourent mais je me dis que c'est seule que je vais pouvoir mieux affronter les choses et les dépasser même..
On a fini de manger puis on est resté à discuter.
C'est surtout eux qui discutent, je fais dans les phrases courtes ou je donne un mot simplement..
Cette saveur de la vie que j'avais n'est plus.
Par contre, je suis là à sourire bêtement d'un gros sourire tandis qu'ils se moquent de moi.
Je me suis levée pour aller me soulager et en revenant je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter leur conversation.
Cynthia : Je ne sais pas... Je n'ai pas envie de laisser AL seule.
Carl : Je sais et tu as raison... C'est juste que ça me manque qu'on soit ensemble le temps d'une nuit.
Cynthia : C'est vrai que depuis tout ça on a perdu ça.
Carl : On remettra ça alors ? Tu me fais signe seulement quand ce sera bon.
Moi : C'est déjà bon.
Cynthia : Tu as entendu ce qu'on s'est dit.
Moi : Oui, tout.
Cynthia : Ne te sens pas mal pour ça, surtout pas.
Moi : Vous n'avez pas à vous inquiéter constamment pour moi vous savez. Vous pouvez avoir vos petits moments d'intimité et Retrouvez vous comme d'habitude, vas dormir avec lui si tu en as envie Cynthia.
Cynthia : Et tu vas rester seule ?
Moi : Tu t'inquiète du fait que je veuille à nouveau boire des comprimés ? Me suicider ? Ce est plus nécessaire, je ne le ferai pas.
Cynthia : Je sais, juste que ça me dérange de te laisser.
Carl : Et si c'est pour moi encore plus, elle n'est pas obligé de venir. Elle peut rester avec toi.
Moi : Mais jusqu'à quand ? Vous n'allez pas toujours me chaperonner. Je dois apprendre à affronter ce que je vis seule. C'est vous qui dites que je dois dépasser ça non ? C'est ce que je compte faire mais il me faut voir des moments seule. Ces moments où la réalité me frappe en plein visage afin que je prenne réellement conscience de ce qui m'arrive. Vous êtes là à chaque fois, j'ai des bras pour me consoler quand je pleure. C'est bien mais est-ce que vous serez toujours là ? Vous allez mettre votre vie de couple en pause pour moi ? Arrêtez !! Vivez !! Je vais et je dois apprendre à me débrouille seule, sans vous... Sans Luc.
Cynthia : Eh bhein !! La dépression te rend philosophe.
Moi : Je peux dormir seule ce soir et tous les soirs où vous voudrez être seuls. Si je me sens seule j'appelle maman ( mère de Cynthia ).
Carl ( à Cynthia ) : Tu n'as plus de raison pour te défiler alors.
On a passé le reste de la journée ensemble puis ils ont quitté la maison ensemble en me répétant d'appeler si je ne vais pas bien.
La maison est bien vide quand elle n'est pas là parce que moi, je rase les murs.
Il est 21h, quelqu'un frappe... Jérémie.
Moi ( ouvrant ) : Mais qu'est-ce que tu fais ici ?
Jérémie : Je t'ai bien dit qu'au retour je devais venir te voir.
Moi : Entre donc.
Je l'ai installé avec un verre d'eau.
Jérémie : Elle n'est pas là Cynthia ?
Moi : Elle passe la nuit avec Carl.
Jérémie : Je vois.
Moi : Le voyage était bien ?
Jérémie : Oui, j'ai même vu tes parents avant de revenir ici. J'allais oublier ( se levant )...
Moi : Quoi ?
Jérémie : J'ai trois choses à livrer, je reviens.
Il est sorti de la maison pour revenir avec deux gros sacs très pleins de manioc, légumes, fruits etc...
Moi : C'est quoi la troisième ?
Jérémie : Tu me permets de te prendre dans mes bras ? J'ai un câlin à livrer.
Moi :...
Jérémie ( m'étreignant ) : Ils disent qu'ils t'aiment.
J'ai eu envie de pleurer mais il y'a des jours déjà que je n'ai plus eu de larmes. J'ai l'impression que l'eau dans mon corps est finie.
Moi ( desserrant l'étreinte ) : Merci pour la livraison Jérémie.
Jérémie : Tu vas bien ( prenant ma main ) ?
Moi ( regardant sa main ) : Je vis, c'est l'essentiel je pense.
**Mira
_ deux jours plus tard _
J'avais pris rendez-vous pour me faire avorter dans une autre clinique mais devant la clinique je n'ai pas pu rentrer, j'ai quitté l'endroit à toute vitesse même.
Je ne peux pas le faire mais je ne pas aussi porter la grossesse d'un homme autre que Éric, je n'en peux plus.
Je suis allongée dans mon lit, je préfère rester dans ma chambre pour éviter de le prendre la tête avec Maman. A la base tout m'énerve en ce moment donc mieux je l'évite sinon elle va me maudire.
Maman ( frappant) : Je peux entrer ?
Moi : Si c'est pour me parler de la vaisselle ce n'est pas la peine, je vais le faire.
Maman ( entrant ) : Tu attends quoi pour le faire ?
Moi : L'humeur, j'attends l'humeur pour le faire.
Maman : Ne m'énerve pas OVONO, lève toi. Je ne dois pas trouver ma cuisine sale ( s'en allant ).
Je n'ai même pas bouger.
Elle est revenu plus tard me crier dessus et c'est seulement là que j'ai décidé de me lever avec le corps bien lourd. J'ai juste envie de dormir, Pfff !!
J'étais en train de faire la vaisselle quand elle est venu me trouver en cuisine en ouvrant la porte avec fracas.
Maman : C'est quoi ( me montrant un papier ) ?
Moi : Quoi encore ?
Maman : Ne t'amuse pas avec moi Mira. C'est quoi ça ( posant le papier devant moi ).
C'est l'échographie et la note du médecin qui confirme ma grossesse.
Moi : Tu as fouillé dans les affaires ?
Maman : Tu es enceinte ?
Moi : De quel droit tu te permets de fouiller mes affaires maman ?
Maman : Mira tu es enceinte ?
Moi : Remets moi ça.
Maman : C'est la meilleure, il ne manquait plus ça... Une grossesse.
Je suis sorti de la cuisine en claquant la porte après avoir rincé mes mains.
Maman ( me suivant ) : Tu comptais le dire quand ? Tu as laissé l'école pour ça ? A ton âge ?
Moi : Je suis une grande fille, je peux faire ce que je veux.
Maman : Donc tu as décidé de revenir du Maroc avec une grossesse ? C'EST A TOI QUE JE PARLE.
Papa est entré au même moment.
Papa : Pourquoi tu cries Annabelle ? Qu'est-ce qui Mira a encore fait ?
J'ai regardé maman la suppliant du regard pour qu'elle ne lui dise rien.
Maman : Ce qu'elle a fait ? Tu étais ravie qu'elle aille au Maroc n'est-ce pas ? Alors félicitations, tu vas être grand-père.
Papa : Je vais quoi ? Je quoi ?
Maman : Bravo à ta mère, l'encouragement dans les bêtises ça donne ça... Une grossesse.
Papa : Mira ?
Moi : Papa...
Papa : Tu es enceinte ?
Moi : JE TE PARLE MIRA, TU VAS OUVRE TA BOUCHE AVANT QUE JE NE T'AIDE A LE FAIRE.
Moi : Oui.
Papa : Tu es enceinte ?
Moi ( baissant la tête ) : Oui pap...
PAFFF !!
Je n'ai pas vu venir ça, il m'a giflé.
Papa : C'EST CE QUE TU TROUVE DE MIEUX A FAIRE ? TU ÉCARTE TES JAMBES ET TU ES INCAPABLE DE TE PROTÉGER EN PLUS ? A TOI SEULE TU FAIS TOUTES LES BÊTISES DU MONDE ET AUJOURD'HUI VOILÀ, RÉSULTAT ? UNE GROSSESSE.
Moi ( la main sur la joue ) : Je ne l'ai pas voulu papa, c'est arrivé comme ça.
Papa ( levant sa main ) : Ouvre ta bouche à nouveau que je te la casse. C'est arrivé comme ça ? Tu étais assise et l'enfant est rentré seul ? Je ne vais pas discuter avec toi.
Il a quitté le salon pour la cuisine où il est allé prendre un sachet pour se diriger ensuite vers les chambres.
Quand je l'ai vu rentrer dans la mienne je l'ai suivi.
Il est en train de mettre mes habits dans le sachet.
Moi : Papa, qu'est-ce que tu fais ? Attends s'il te plaît ( essayant de l'arrêter ).
Papa : Tu veux fonder ta famille n'est-ce pas ? On y va !
Moi ( me mettant à genou ) : Ne fais pas ça, s'il te plaît. Papaaaa...
Il m'a relevé en me tenant par le bras et m'a emmené jusqu'à l'extérieur.
Papa ( ouvrant la portière ) : Tu vas me montrer la maison de cet homme, je vais te laisser là-bas.
Moi ( me mettant à pleurer ) : Non... Non... Papa, pas ça s'il te plaît.
Papa : Tu vas te prendre une grossesse sous mon toit ? C'est ça le résultat de ta grande gueule ? MONTE TOUT DE SUITE !!
Moi ( suppliant / en larmes ) : Pardon papa... Maman, dis lui de ne pas faire ça s'il te plaît... Papa ne fais pas ça.
Il ne peut pas faire ça.
Il va aller dire quoi à Éric ?
Que j'attends un enfant ?
Non, il ne peut pas me faire ça.
Moi : Papa pardonne moi, ne me fais pas ça pardon. Je vais faire ce que tu voudras mais ne fais pas... Pitié !!
Papa : JE TE JURE QUE SI TU NE MONTE PAS LÀ JE VAIS SÉRIEUSEMENT TE CORRIGER ET TE SORTIR D'ICI NUE.
J'ai tremblé en l'écoutant parler.
Je suis monté à l'arrière avec lui.
C'est à contre coeur que j'ai indiqué la maison.
Mon coeur bat, j'ai peur de croiser Éric.
Papa veut ma mort.
Il n'a même pas bien garé qu'il me tirait déjà à l'extérieur avec le sachet jusque devant la maison.
Il a frappé avec toute la violence possible.
Éric : Bonjour monsieur .. Mira ?
Mon coeur bat plus que vite maintenant.
Papa : C'EST POUR CELA QUE TU L'AS RAMENE JEUNE HOMME ?
Eric : Qu'est-ce qui se passe Mira ?
Moi ( en larmes ) : Pardonne moi Éric, je t'en prie. Je suis désolée !
Papa : DÉSORMAIS VOUS ALLEZ VIVRE ENSEMBLE. CETTE GROSSESSE TU VAS L'ASSUMER.