Chapitre 30
Ecrit par EdnaYamba
Antoine
BOUMI
-
Ce n’est pas aussi facile Antoine, votre
divorce n’est pas par consentement mutuel ! la procédure est plus
longue !
-
Mais cette folle ne veut pas entendre raison,
m’énervé-je !
L’audience de conciliation a été un moment éprouvant et
pénible à supporter. Mélanie dans ses talents d’actrice a convaincu l’auditoire
que j’étais un homme ingrat qui la quittait parce qu’elle n’avait pu lui donner
d’enfants, elle leur a signifié qu’elle ne tenait pas à divorcer. Le juge a
tenté de nous réconcilier en insistant à me rappeler la devise du
mariage : « pour le meilleur et pour le pire ».
Son émotion a pris le dessus sur sa robe, en tant que
femme il devait surement être difficile pour elle de comprendre que je quittais
une femme avec qui j’étais mariée pour de supposées accusations de sorcellerie.
J’ai dû faire preuve de beaucoup de patience pour ne pas laisser éclater ma
colère. Les discussions se sont portées sur une tentative de réconciliation à
laquelle je me suis fermement opposée.
Aucune réconciliation n’était possible avec une femme qui
me donnait des envies de meurtres.
Mais ce n’était pas de l’avis de la juge qui nous a donné
un délai de 6 jours pour réfléchir à nouveau avant de nous délivrer
l’ordonnance de non conciliation. De quoi me rendre fou !
Tout ce que je veux c’est pouvoir enfin mettre fin à
cette histoire et voilà qu’ils estiment que je n’ai pas assez muri ma décision
de divorcer. Ça me révolte !
-
Quelle est la suite ? demandé-je à
l’avocat.
-
Nous nous rendrons à cette audience et nous
réaffirmeront notre volonté de poursuivre la procédure de divorce, il faut que
tu t’armes de patience Antoine ! Je
te parle en tant qu’avocat et ami.
-
Je ferais comme tu dis, me résigné-je et pour
ce qui concerne les papiers de ma fille ?
-
C’est en bonne voie, cependant il y a
certaines choses qu’elle ne pourrait pas bénéficier pendant que tu es encore
mariée avec Mélanie, vous avez signé biens communs alors il faut sa
signature !
-
C’est là mon grand regret ! quoiqu’il en
soit je veux que tu fasses d’elle la détentrice légale de mes biens personnels
après toute cette affaire.
-
La procédure est en cours ! sinon,
comment tu vas maintenant ?
-
Je suis heureux ! dis-je le sourire aux
lèvres. Tu sais j’ai l’impression que c’est maintenant que je vis !
-
Je suis heureux pour toi !
Il me tapote amicalement l’épaule avant de prendre congé.
Ces deux derniers mois sont les plus beaux de ma vie,
j’ai la femme que j’aime à mes côtés et c’est un amour sincère et pur que nous partageons. Le seul hic c’est
d’avoir à le cacher à la face du monde pour l’instant.
Isabelle a toujours peur de perdre ses enfants avec René
qui ne cesse de lui faire du chantage. Elle en est meurtrie, je lui ai proposé
de prendre un avocat mais elle refuse que je m’implique à l’intérieur.
Mais je ne supporte pas de le voir la manipuler. Elle
persiste à vouloir garder de bons termes avec lui mais lui persiste à lui
rendre la tâche difficile.
Et c’est la même chose pour le restaurant, elle persiste
à rester là-dedans alors qu’avec la co-fondatrice, l’atmosphère est invivable
mais une fois de plus elle refuse mon aide. Elle a tellement été habituée à
s’en sortir seule, qu’elle ne comprend pas que désormais elle peut compter et
se reposer sur moi.
C’est ce que j’ai toujours désiré, être la personne sur
laquelle elle se repose.
On cogne à ma porte.
-
Entrez !
C’est la secrétaire, elle semble gênée.
-
Monsieur y a Ibrahim en bas qui dit que votre
ex-femme est là !
Mélanie devrait être internée dans un hôpital
psychiatrique.
Furieux je me lève, bousculant ma secrétaire au passage.
Je la retrouve garée dans sa voiture, un sourire narquois
sur les lèvres.
-
Tu fous quoi là Mélanie !?
Elle retire fièrement ses lunettes de soleil.
-
Pour le meilleur et pour le pire chéri !
Elle éclate de rire.
-
Tu ferais mieux de partir avant que je ne
perde mes moyens Mélanie !
-
Antoine, il faut que tu saches une
chose ! je serais ton pire cauchemar ! tu n’as pas idée de l’enfer
que je vais te faire vivre.
-
Tu n’auras plus jamais l’occasion de me
rendre malheureux Mélanie, va-t-en , va te construire une vie, tu en as
besoin !
Elle me toise
avant de lancer dans ma direction un crachat que je prends le soin d’éviter.
-
Tu es folle Mélanie, c’est dommage que Melen
ait été fermée ! tu mérites d’y être enfermée.
Elle refait monter sa vitre furieuse, je m’éloigne avant
qu’elle ne décide de me rouler dessus.
Il faut vite qu’on en finisse avec cette histoire,
soufflé-je en reprenant le chemin du bureau.
Mélanie
BOMO
Je suis certaine qu’il est à nouveau avec elle.
C’est la suite logique, BOUTSOUROU l’avait dit, ils me
l’ont tous dit quand ils se reverraient, ils retrouveraient à nouveau leur
amour d’antan qui n’avait au fond jamais cessé.
J’enrage rien qu’à l’idée de le savoir.
Je ferais de sa vie un enfer, me répété-je les mains tremblants
sur le volant.
Pour tout le mal que me cause cette histoire, il me le paiera,
ils me le paieront.
Je suis devenue la risée de tous, on chuchote à mon
passage même si personne n’a le courage de me dire en face leur avis sur cette
affaire d’envoutement.
Mon père est mort et ma mère s’est à peine si elle
m’adresse la parole malgré le fait que je sois venue rester avec elle pour
l’aider dans le deuil.
Ma sœur quant à elle, vit sur un petit nuage avec sa
famille parfaite.
Il n’y a que cette idiote de GNOMBA qui m’est encore
proche, mais je sais bien que c’est à cause du confort que je lui apporte.
Garée dans un coin, j’attends patiemment le moment où il
s’en ira.
Ce qui arrive une heure plus tard, je le file discrètement veillant à ne pas
être remarquée.
Quand on arrive sur la
route du bord de mer, l’embouteillage n’ aidant
pas, je finis par le perdre dans la file.
Énervée, je change de trajectoire.
Je ne serais jamais tranquille s’ils sont heureux !
Jamais.
Arrivée à la maison, je trouve ma mère dans ses vêtements
de deuil, assise au salon avec un homme dont le visage ne m’est aucunement
familier.
-
Bonsoir, les salué-je
-
Bonsoir Mélanie viens que je te présente, me
dit-elle en me faisant signe d’approcher.
Je m’avance sceptique pour découvrir un bel homme d’une
quarantaine d’années à la peau mate, portant des lunettes de vue. Je regarde
maman attendant qu’elle fasse les présentations pour lesquelles elle m’a
appelée.
-
Je te présente Didier, c’est le petit frère
de mon amie Maryse qui vit à Casa, il revient s’installer à Libreville et il
est venu présenter ses condoléances. Il avait également une affaire en cours
avec ton père mais je ne suis pas en mesure de la traiter j’aimerais que tu
t’en occupes !
Je vois clair dans le jeu de ma mère.
Isabelle
MOUKAMA
Assis dans ce restaurant dans lequel Antoine m’a emmenée
après ma rixe avec Lydie au restaurant.
Ça faisait plusieurs jours qu’elle avait brisé la règle
que nous avions établie. Celle d’avoir chacune son jour au restaurant. Elle rendait
l’atmosphère invivable et la supporter devenait de plus en plus difficile avec
ses provocations. Pourtant j’ai essayé d’être patiente. Je sais qu’elle jouait
les espionnes pour René. Tout ce que je voulais c’était de tenir encore deux
mois, le temps d’amasser assez d’argent et rompre enfin notre association.
Les derniers clients étant partis, je vérifiais une dernière fois le
cahier de compte avant d’aider la serveuse aux rangements.
Quand mon téléphone a sonné j’ai su qu’Antoine était garé à la route. Je rangeais mes affaires dans mon sac pour le
rejoindre quand elle a lancé :
-
Tu aides les gens et ces ingrats une fois
qu’une opportunité meilleure se présente à eux ,ils te laissent tomber comme un
sac de pommes pourries !
Elle faisait référence à ma rupture avec René et le fait
qu’elle ait vu Antoine ici en début de semaine. D’ailleurs elle avait dû en parler à René qui
a soufflé des idées dans la tête des garçons.
Ils sont rentrés de leur week end avec leur père avec
pleins de questions.
« Maman c’est vrai que tu n’aimes plus papa ? »
« Maman tu aimes le père de Grace ? »
Dans un langage simple, j’ai essayé de leur expliquer que
maman et papa ne pouvaient plus être ensemble. Quand ils seront grands, je leur
raconterais mon histoire en espérant qu’ils me comprendront.
Quand j’ai appelé René pour m’expliquer avec lui, ça c’est
terminé en disputes comme d’habitude. Pourtant j’aurais aimé qu’on garde une
relation cordiale ne serait que pour les années qu’on a passées ensemble et les
enfants que nous avons eus. Ce n’est pas juste qu’ils utilisent les enfants
pour me faire culpabiliser. Ce n’était pas le moment pour eux d’être mis au
courant. Ce ne sont que des gamins. Jusqu’à
la fin, je me suis bien comporté avec lui et maintenant que c’est fini, je ne
vais pas me sentir coupable d’aimer Antoine. C’est la raison pour laquelle
après deux mois j’ai consenti à ne plus cacher cette relation du moins à nos
familles.
Je ne vais pas me justifier et je ne compte plus me
justifier pour ce que je ressens pour Antoine. Je l’ai dit à mes frères
également qui m’ont fait asseoir pour me poser des questions et Antoine a fait
de même avec sa famille.
Nous leur avons dit parce que c’est notre famille proche,
mais nous ne leur permettrons pas de s’immiscer dans notre relation. Nous méritons
après 17 ans de pouvoir être heureux que cela plaise ou non.
-
Il n’y a pas que dans les carrefours qu’on
trouve des putes ! compléta-t-elle. Pauvre René !
Je me suis retournée
vers elle furieuse.
-
On peut savoir c’est qui la pute Lydie ?
-
Qui se sent visé s’accuse !
-
J’en ai marre de toi ! vraiment marre de
toi. C’est toi la pute et en plus tu es une voleuse.
Elle s’est avancée à son tour menaçante.
-
Répète ce que tu viens de dire !
-
J’ ai
dit tu es une voleuse ! répétai-je
en lui faisant face.
Elle m’a poussée violemment, alors que je chancelais essayant
de retrouver l’équilibre, elle est revenue à la charge et là nous nous sommes battues.
La serveuse paniquée, a essayé tant bien que mal de nous séparer. Mais la
colère que nous ressentions l’une pour l’autre était bien trop forte.
Il était hors de question que je la laisse prendre de l’emprise
sur moi. Toute ma vie j’avais laissé les gens m’insulter, me pointer du doigt,
me dénigrer. Maintenant c’était fini !
Si Antoine alerté par la serveuse n’était pas descendu
pour nous séparer, nous n’en aurions pas encore fini. Je voulais qu’elle sache
que je n’étais plus la petite idiote qu’elle croyait que j’étais.
-
Isabelle maintenant je veux que tu arrêtes
cette collaboration ! me dit Antoine d’un ton qui se veut indiscutable. Dès
demain, cherche un local et je m’occupe du reste et tu n’as pas intérêt à dire
non !
-
J’ai participé dans ce restaurant BOUMI, c’est
avec mon argent de ménagère que j’ai contribué à faire naitre ce projet. J’ai
travaillé dur , tu n’étais pas là
-
Tu vas me le rappeler tout le temps Isabelle ?
me demande-t-il alors que son ton s’est radoucit. Tu sais bien que tout qui est
arrivé…
-
Excuse-moi, lui dis-je. Ce n’est pas ta
faute.
Il me prend la main qu’il porte à ses lèvres.
-
Isabelle, de l’argent j’en ai ! ce n’est
pas un problème. on a décidé que plus rien ne nous empêcherait d’être heureux,
tu ne vas pas t’empoisonner la vie avec une jalouse alors que je peux t’aider ! à moins que tu ne m’en
veuilles toujours ….
-
Bien sûr que non ! seulement je ne peux pas aussi tout lui
laisser, tu comprends
Il soupire.
-
Cherche au moins un local, en attendant que
vous trouviez le moyen de tout séparer !
-
D’accord. Je chercherais un autre local. Nous
sommes venus pour passer une bonne soirée et moi je pourris l’ambiance. Dis-moi
plutôt comment a été ta journée ?
-
Sans l’épisode Mélanie, elle l’aurait été
mais bon c’est un sujet que je n’ai pas
envie d’entamer maintenant. Profitons plutôt l’un de l’autre. Je rêve du moment
où toute cette histoire sera véritablement derrière nous, je ferais de toi
officiellement ma femme et je t’emmènerais loin d’ici.
J’aime voir l’amour qu’il me porte dans ses yeux.
Cela suffit à tout effacer.
-
J’arrive, me dit-il en se levant de la table.
Alors que je le regarde souriante s’éclipser vers les
vestiaires, mon regard croise un visage bien familier dans la pièce : GNOMBA.
Elle esquisse un sourire
malicieux, alors que je l’ignore.
Mélanie
BOMO
Allongée, je regarde le plafond. Tant d’idées se
bousculent dans ma tête depuis que j’ai reçu le message de GNOMBA.
Je prends mon téléphone.
-
Allo, oui c’est Mélanie, tu crois que tu
pourrais me rendre un service ?