Chapitre 31

Ecrit par EdnaYamba

               

Chapitre 31 :

Grace Jeannie MOUKAMA

C’est allongée sur mon lit que papa vient me trouver.

-         Bonsoir chérie.

-         Bonsoir pa’, je ne t’ai pas entendu arriver.

-         Parce que j’ai pris un taxi, dit-il en venant s’asseoir sur mon lit.

-         Qu’est ce qui est  arrivé à la voiture, dis-je en me redressant.

-         Oh des petits plaisantins ont perforé les pneus…j’ai appelé le mécanicien. Il est allé récupérer.

Des petits plaisantins ? J’en doute surtout après avoir surpris tantine Mireille et maman discuter la dernière fois. On finira par me donner comme petit surnom la fouineuse. J’écoute souvent des conversations qui ne me sont pas destinées.

C’était le jour où papa avait enfin pu ajouter son nom sur mon acte de naissance.  J’étais heureuse.

Je portais enfin le nom de mon père. C’était officiel, j’étais sa fille. J’avais tellement prié pour que ça arrive avant que je ne passe le Baccalauréat. Je  voulais qu’on lise fièrement sur mon diplôme : Grace Jeannie MOUKAMA BOUMI.

Je sautais de joie et criais tellement fort que ça a alerté papa et tous ceux qu’il avait invité au salon à savoir tantine Mireille, son mari et Maman.

-         Qu’est-ce qu’il y a ? avais dit papa en ouvrant la porte.

-         C’est rien, juste la joie papa !

Je courus l’embrasser à nouveau.

-         Mlle BOUMI, vous faites quand même du bruit ! avait-il sourit en me lâchant.

Il  a refermé la porte souriant, lui qui  était ému aux larmes en l’annonçant. Parfois je me demande s’il l’a toujours été ou c’est la vie qui l’a rendu sensible.

Je me sentais chanceuse de l’avoir comme père.

Et j’étais tellement heureuse de le voir heureux à nouveau.

Et maman, je ne l’ai jamais vu aussi heureuse que maintenant.

Après le départ de papa je me suis empressée d’appeler Jonathan pour  partager la nouvelle avec lui.  Puis en prenant la direction du salon, j’ai été attirée par des murmures dans l’une des chambres. C’étaient maman et tantine Mireille.

-         René était furieux quand il a appris que j’étais sortie avec les enfants en compagnie d’Antoine. Il m’a même menacé de nous tuer si je blaguais avec lui !

-         Je suis sûre que c’est l’effet de la colère. Il ne faut pas le prendre au sérieux ! j’espère que ça ne t’a pas refroidi quant à ta relation avec Antoine. Tu as le droit d’être heureuse !

-         Oui mais parfois j’ai l’impression de priver mes enfants de bonheur

-         Mais quel bonheur tu leur apporterais en étant toi-même malheureuse !? Ces enfants-là comprendront plus tard !

J’entendis maman soupirer. Je la comprenais tellement. Il m’arrivait moi aussi de me sentir triste pour mes frères partagés entre deux foyers.

Justy n’était encore enfant, il ne comprenait pas grand-chose par contre avec Ethan c’était un peu difficile. Mais il commençait à s’y faire, en plus papa ne s’imposait pas dans leur vie. Finement il essayait de se rapprocher d’eux tout en leur laissant leur espace.

-         Tu as raison !

Ça pouvait sembler égoïste de la part de maman mais à ce moment de sa vie, elle avait bien le droit. Je me chargerais d’expliquer à Ethan quand il serait en âge de comprendre tout ce qu’elle a vécu. Elle avait droit au bonheur.

-         Regarde comment tu brilles depuis que tu es à nouveau avec celui que tu aimes véritablement, avait ajouté sa sœur. René est blessé mais avec le temps il comprendra que vous auriez été malheureux.

-         C’est vrai, accepta-t-elle alors que je ressentais une joyeuse émotion dans sa voix.

-         Et l’autre folle ?

-         La procédure de divorce suit son cours, Antoine dit qu’elle a finalement consentie à divorcer calmement !

-         ALLELUIA ! s’était écrié tantine Mireille.

Alors si ce n’était pas des plaisantins mais plutôt tonton René ou l’ex-femme de papa ?

On néglige bien trop souvent ce que la déception peut engendrer comme dégâts.

Tant de questions me taraudent l’esprit à cet instant précis.

-         Ne te tracasse pas l’esprit pour ça, demain j’aurais récupérer ma voiture et puis après ton examen, on ira diner ta mère, toi et moi.

Il m’attire dans ses bras.

Quel merveilleux père j’ai !

-         Je t’aime papa tu sais !

-         Je t’aime aussi mon cœur, c’est pourquoi je t’accompagnerai en France pour t’installer et je passerai le premier mois avec toi.

-         Dis plutôt que tu veux aussi en profiter pour faire un voyage en amoureux avec maman.

-         Ce n’est pas faux et puis tu sais quoi ?

-         Quoi ?

-         Mon divorce sera bientôt finalisé et je compte épouser ta mère ! Des jours heureux nous attendent.

On cogne à ma porte. C’est maman. Elle dort avec nous tous les jours depuis que les garçons  sont en vacances chez toton René.

-         Ah voilà l’amour de ma vie, sourit papa alors qu’elle se tient un torchon à l’épaule à l’embrassure de la porte.

-         Le diner est prêt, sourit-elle

-         J’arrive. Lui dit-il alors qu’il me fait un clin d’œil

-         Vous mijotez quoi tous les deux ? demande-t-elle soupçonneuse

-         Mais rien, n’est-ce pas gracie ?

-         Oui rien !

-         Tu ne me le dirais pas de toute façon, me dit-elle, je sais que tu l’aimes plus !

-         Mais bien sûr que non maman, lui dis-je en allant la serrer, je vous aime tous les deux de la même façon.

Elle sourit heureuse et ressert l’étreinte.

-         Je t’aime aussi. Quant à toi BOUMI la nourriture sera froide.

Elle tourne les talons alors qu’en se levant de mon lit, il lui répondit :

-         J’arrive chef

C’est tout heureux et sifflotant une vieille mélodie française qu’il sort de ma chambre. J’en profite pour appeler Jonathan à qui je fais un compte rendu chaque jour du déroulement des examens. Il veut être sûr que tout se passe bien.

Après deux sonneries son beau aussi beau que fatigué apparaît sur l’écran.

Il est allongé sur le canapé, une couette le recouvrant.

-         Je me suis endormi en attendant ton appel !

-         Je discutais avec papa, il est rentré un peu tard on a perforé les pneus de sa voiture.

-         Comment ça ?

-         Il parle de petits farceurs …

-         Mais tu n’en es pas convaincue, devine-t-il

-         Non pas vraiment mais bon je me fais trop souvent de scénarios bizarres.

-         Tu ne devrais pas, essaie-t-il de me rassurer. Le bonheur semble maintenant frapper à votre porte et il n’y aura pas d’ombre sur le tableau.

-         J’espère. Il sera encore plus complet quand je vais venir te retrouver.

-         Tu me manques tu sais, valide moi ces matières demain !

-         Je vais faire de mon mieux !

-         Je suis épuisé on se parle demain ? je t’écris le matin pour te souhaiter de tout défoncer. Bonne nuit mon cœur et surtout ne te fais pas de mauvais sang rien n’arrivera à ton père !

-         Bonne nuit mon Jonathan !

Apaisée, je m’endors.

 

Mélanie BOMO

-         Waouh Mélanie, cette coupe de cheveux te va fort bien, apprécie maman en me voyant.

Je me regarde encore une fois au miroir. Oui je me trouve vraiment belle et irrésistible.

Je me suis coupée les cheveux à ras. Je suis allée chez le coiffeur, je lui ai montré une coiffure garçonne d’une jeune fille sur une publicité de crème du corps dans Amina qu’il m’a reproduite. Le résultat est tout simplement sublime. J’avais envie de changer de tête, parce qu’à chaque saison d’une vie il y a une attitude à adopter. Il y a un changement à opérer. J’ai bien voulu que le changement soit celui-ci

-         Tu vois que tu es mieux depuis que tu as accepté de laisser toute cette affaire derrière toi ! me dit-elle. Tu es jeune tu peux te reconstruire et Didier me semble être quelqu’un de bien.

-         Oui maman , BOUMI c’est de l’histoire ancienne maintenant. Bien j’ai rendez-vous avec DIDIER.

-         C’est bien ma fille, j’aime voir ce sourire sur tes lèvres.

Je l’embrasse et prenant mon trousseau de clés, je m’en vais.

Aujourd’hui est une belle journée. Je sifflote en conduisant ma voiture jusque devant le parking du RADISSON BLU où m’attend Didier.

Dès que je descends, je le vois me regarder admiratif de la tête aux pieds. Ça fait quelques mois que nous travaillons sur les affaires qu’il avait avec mon père et qu’il me fait la cour. Il n’a jamais été marié, il a vécu en concubinage pendant 10 ans avec la mère de ses deux enfants dont il est séparé depuis près de deux ans.

Après avoir étudié, l’éventualité d’investir au GABON, il a décidé de revenir y vivre le temps de mettre sur pied sa société.

C’est en plus d’être un bel homme, un homme ambitieux.

Je m’avance souriante vers lui, retirant mes lunettes de soleil.

Il me fait des bises avant de m’entrainer dans la salle.

-         Vous êtes tellement ravissante Mélanie que je ne comprends pas que votre mari ait pu vous laisser tomber !

-         Vous savez  y a des mariages qui tiennent et y a d’autres non. Je fais partie de cette dernière catégorie.  Répondis-je en portant ma coupe de champagne à mes lèvres.

-         Dans votre histoire, il était assez difficile de lutter contre le destin, me dit-il ne connaissant qu’une part de vérité de toute cette histoire.

-         Peut-être, souris-je.en le regardant

Quand mon téléphone sonne et s’affiche le message que j’attends. Une onde de joie me transporte.

-         Vous savez quoi, aujourd’hui est votre jour de chance. Je vous plais il me semble et nous sommes dans un lieu approprié. Pourquoi n’allez vous pas nous prendre une chambre.

Je lui fais un clin et d’œil et comme tous les hommes qui ne sauraient résister devant une telle proposition. Il se lève , pressé et souriant :

-         Si vous le proposez, je ne dirais pas non !

Quand il se lève ; je regarde encore une dernière fois le message que je supprime rapidement.

Aujourd’hui c’est vraiment une belle journée.

 

Grace Jeannie MOUKAMA

Il est 18h et on a officiellement bouclé les examens.

Maintenant les dés sont jetés. Il ne nous reste plus qu’à attendre les résultats. Je me fraye un chemin entre les élèves entassés par groupe commentant les épreuves.

À l’extérieur du portail, j’allume enfin mon téléphone. Je regarde de gauche à droite, pour voir si papa est garé quelque part. Je ne le vois pas.

Peut-être n’a-t-il pas pu récupérer la voiture.

J’essaye de l’appeler.

 « Votre correspondant est indisponible. Veuillez rappeler ultérieurement »

Il doit certainement être en réunion.

Je suppose que le restaurant se fera après.

Je tente de trouver un taxi quand mon téléphone sonne. C’est tonton Xavier Je ne décroche pas mais il insiste.

-         Allo Grace ! bonjour

-         Bonjour tonton Xavier

-         Tu es où là ?

-         Je sors des examens, au centre de Bessieux.

-         Ah d’accord, parce que ton père m’a demandé de venir te chercher. Ne bouge pas j’arrive.

Il raccroche.

Je trouve ça bizarre que papa ait demandé à tonton  Xavier de venir me chercher.

Je me mets dans un coin et décide d’attendre quand même. Une quinzaine de minutes plus tard, tonton Xavier m’appelle pour me dire qu’il est là. Je le rejoins dans sa voiture et je le trouve bien silencieux.

-         J’ai essayé d’appeler papa mais son numéro ne passait pas, je pensais qu’il était occupé.

-         Hummm

-         Il t’a appelé à quelle heure ?

-          Un peu plus tôt dans la journée. C’était bien les examens ?

-         Oui tonton.

C’est à nouveau le silence dans la voiture.

Puis on arrive près de la SEEG du centre-ville et je vois tonton emprunter la route menant à l’hôpital général. Et là mon cœur commence à battre  très fort.

-          Mais on va faire quoi à l’hôpital ?

Il se gare dans le Parking de l’hôpital, se tourne vers moi les yeux subitement rouges.

-         Grace tes parents ont eu un grave accident de voiture….tu dois être forte….

L'orpheline