Chapitre 30 : La réconciliation
Ecrit par Sandy BOMAS
***Francine MIKALA***
-On sonne William ! Tu veux bien aller voir qui c’est ? demandai-je en continuant de couper mes oignons.
-À vos ordres madame ! s’écria-t-il.
J’ai souri…Sa réponse m’amusait. J’avais perdu espoir en ce qui concernait notre relation et voilà que comme par magie, les choses s’arrangeaient d’elles même. Je ne suis toujours pas fière de la manière dont j’ai brisé le foyer de William mais je ne passerai pas toute mon existence à ressasser cela. D’autres défis nous attendent.
-Alors qui est-ce ? demandai-je en posant mon couteau.
On était tout seul. Yasmine était allée au parc avec sa nounou. La mairie avait fait construire un nouveau parc situé à quelques pas de la maison. Il y avait des toboggans et autres jeux. J’étais assez inquiète quand elle a émis le désir d’aller courir avec les gamins qui remplissaient le parc tous les matins. Mais son père m’a convaincu de la laisser. Yasmine est malade mais pas impotente. Et elle mérite de s’amuser comme tous les enfants de son âge.
-Chérie ? Tu veux bien venir ? Tu as de la visite.
J’ai perçu de la réserve dans la voix de William. J’ai jeté un coup d’œil à ma longue robe en pagne qu’on appelle communément « Kaba » chez les camerounais. J’étais présentable. Je me suis donc dirigée vers le salon et qu’elle ne fut ma surprise de découvrir ma mère accompagnée de mes frères. Un silence de plomb régna pendant quelques secondes, très vite brisée par William.
-Euh…vous ne voulez pas vous asseoir ? Francine viens s’il te plaît.
J’étais comme paralysée. Je ne savais pas ce que ma mère était venue faire ici de beau matin. Je ne voulais pas qu’elle gâche mon bonheur mais j’étais en même temps contente de la revoir. Elle avait maigri et avait gagné quelques cheveux blancs supplémentaires.
-Bonjour ma fille, murmura maman. Comment vas-tu ?
-Je vais bien et vous ?
Bryan s’est dirigé vers moi et m’a pris dans ses bras. Les deux autres l’ont suivi et ça s’est transformé en une séance de retrouvailles. Ils m’ont serré dans leur bras à tour de rôle.
-Tu nous as manqué murmura Ryan. On s’est comporté comme de vrais imbéciles mes frères et moi.
-Je suis bien d’accord lança William. Je vais vous laisser en famille.
-Non ! Vous pouvez rester…On devait aussi passer vous voir mais comme vous êtes là, il vaut mieux en finir pour une fois. On est venu pour vous parler. Francine tu t’assois ?
On a tous pris place. Je me suis assise près de William et ce dernier a pris ma main dans la sienne. Il paraissait décontracté, mais je le sentais mal à l’aise. Il ne connaissait pas vraiment ma famille. Il les a rencontré au cours du procès de son père mais sans plus.
-Euh, je voudrais vous présenter William. Je sais que vous le connaissez et l’inverse également. La situation est un peu bizarre.
-Je suis d’accord répondit Bryan. On n’a pas fait les choses comme il le fallait et on en a discuté. On a vraiment été durs avec toi Francine. Tu es notre sœur et on t’a tourné le dos à un moment crucial de ta vie. On a préféré soutenir maman de peur d’être reniés.
-Je suis d’accord avec lui commença maman. On a été vraiment dur et moi en particulier. Je n’aurais jamais dû t’abandonner comme je l’ai fait. J’ai été vraiment égoïste. Je savais que Yasmine était malade et que tu étais enceinte. Une mère ne se comporte pas de la sorte. Et je ne veux pas quitter ce monde en ayant ce poids sur ma conscience.
-Tu n’iras nulle part maman ! Arrête de parler comme ça. Je suis tellement heureuse de vous voir et d’entendre vos propos. J’ai tellement prié pour que vous puissiez comprendre que Will et moi n’avions jamais choisi de vivre cette vie.
-Mais on l’assume maintenant, sans souci ajouta William.
-Tu es quelqu’un de bien William. J’avais peur que tu ressembles à ton père. Je craignais que tu ne fasses souffrir ma fille. Mais quand tu es venu me voir à la maison pour me parler, j’ai pris conscience de certaines choses.
-Quoi ? Tu es allé voir maman ? Mais tu ne m’as rien dit.
-Il devait probablement craindre que nous ne te pardonnions pas. Et donc il a préféré garder le silence argumenta Yoan. Mais au fond, il n’y avait rien à pardonner. On ne doit pas appeler Yannick ?
-On le fera plus tard ! On a encore tellement de choses à se dire. Comment va Yasmine ?
-Oui c’est vrai. Où est-elle ?
-Elle est au parc avec sa nounou. Elle va bien…On se prépare à partir en France pour l’accouchement.
-Je peux t’accompagner ? demanda maman.
-Oui. Tu peux maman. Je suis tellement émue de…
Je me suis mise à pleurer à chaudes larmes. L’émotion était à son comble. Les sujets comme la mort de Nathan SACRAMENTO, mon couple avec William n’ont pas encore été abordés, mais je sais que ma mère a finalement accepté William dans la famille.
-Nourrir la haine et le ressentiment que j’avais pour ta famille m’aidait en quelque sorte à soutenir mon mari. Dit Maman en fixant William. Mais Daniel est mort et moi je suis en vie. Je l’aimais tellement. J’ai essayé de le quitter à maintes reprises mais il y avait des pièges que je n’ai pas su éviter. J’avais cinq enfants avec lui et pas de boulot. Il m’offrait une belle vie et je fermais les yeux sur les débordements. J’ai été tellement bête…
-Cesse de te morfondre maman répliqua Bryan. Le passé est derrière. Concentrons-nous sur les vivants
-Je n’ai jamais voulu ce qui s’est passé entre votre fille et moi…je ne parle pas de la relation. Vous savez, il arrive qu’on rencontre certaines personnes sur nos chemins et on accroche automatiquement. Mais au fond de nous, on sait qu’on ne devrait même pas envisager une relation. Quand j’ai connu votre fille, j’étais à la veille de mon mariage mais je n’ai pas pu lui résister. Je la voulais. Quand j’ai su qui elle était, je l’ai encore plus désiré. Ma situation était compliquée à cette époque. J’avais choisi de quitter le Bénin. Je ne savais pas que j’avais un enfant avec elle sinon nous ne serions plus à cette étape. Je ne l’ai jamais oublié et malgré tous les obstacles que la vie a mis sur nos chemins, on est encore là. Dit-il en posant un baiser sur le dos de ma main. Alors soyez sûrs que je suis collé à Francine et que je ferai tout ce qu’il faut pour que ça dure.
-C’est mignon, fit Yoan qui faisait semblant de pleurer.
-Arrête ! Fit Ryan en lui donnant une tape sur la tête. Tu es trop bête.
On a pouffé de rire…Will a nettoyé mes larmes en me souriant. Heureuse je l’étais et je ne voudrais changer ma place pour rien au monde !
***William SACRAMENTO***
Assis sur l’une des chaises, j’écoute Francine bavarder gaiement avec son frère Yannick. Yasmine s’était amusée avec ses oncles et sa mamie et avait fini par s’assoupir. Ils avaient donc décidé de rentrer chez eux. La matinée avait été riche en surprises. Les frères de Francine m’avaient pris à part pour qu’on discute sérieusement entre hommes. Ils étaient inquiets, parce qu’ils me savaient mariés et me découvraient en train de jouer les amoureux avec leur sœur. Je les ai donc rassurés par rapport à mon futur divorce. La mère de Francine a promis de suivre sa fille en France et je dois avouer que cela m’enlève une belle épine du pied. Je pourrais donc m’attarder quelques jours pour finaliser les papiers du divorce afin de rendre à Alexiane sa liberté.
-Will ? Yannick aimerait te parler.
J’ai levé un sourcil étonné. Mon quatrième beau-frère participe à la réunion mais au téléphone ! Ça tombe bien, car je devais aussi le remercier d’avoir veillé sur ma fille, alors que je ne le pouvais pas. Je me suis levé pour aller prendre le téléphone des mains de Francine que j’ai embrassé au passage.
-Arrête de m’embrasser…Il pourrait nous entendre fit ma chérie.
-C’est un adulte n’est-ce pas ? répondis-je en posant un baiser dans son cou…
-William ! Dit-elle légèrement agacée.
J’arrêtai de plaisanter, et je répondis au téléphone.
-Allô ?
-L’adulte vous salut et est franchement très mal à l’aise.
L’entrée en jeu de Yann me mit à l’aise d’emblée et j’éclatai de rire. J’aimais cette belle voix grave que j’entendais. J’ai pu le voir en photos. Chez Francine il y a des photos de lui dans le salon. Et je devais avouer qu’avec le temps, l’homme avait embelli. Il est certain qu’avec cette beauté et cette voix, il devait faire des victimes dans le rang des femmes.
-Je suis désolé…J’ai dû laisser certaines choses de côté pendant tellement d’années, je profite maintenant du temps qu’on passe ensemble pour me rattraper.
-Elle est enceinte. Ne l’oublie pas.
-Je sais fis-je en gloussant. C’est un peu bizarre de faire connaissance par téléphone n’est-ce pas ?
-Oui je dois l’avouer…Essaie de te lever et de t’éloigner de ma sœur s’il te plaît. Je ne voudrais pas qu’elle nous entende.
J’ai adressé un sourire radieux à Francine et je me suis dirigé vers l’extérieur.
-C’est bon. Je suis dehors. Il y a un problème ?
-Oui. D’abord je voudrais te présenter mes condoléances. Perdre un père est douloureux même s’il était un mafieux. Il nous a privé de notre père, mais il ne méritait pas de mourir assassiné.
-Merci mais comment sais-tu qu’il a été assassiné ? L’information est encore confidentielle.
-Raison pour laquelle tu devais t’éloigner de Francine. Écoute, je sortais avec une femme mariée. Elle s’appelle Hélène et elle est mariée à un certain OVONO. L’histoire est assez longue mais le plus important est qu’OVONO est aussi un mafieux qui était en affaire avec l’organisation de ton père. Hélène lui a volé des millions et a rejeté le tort sur Nathan. Et ensuite j’apprends que Nathan est mort. Tu me comprends ?
Oui je le comprenais. Il essayait de me dire que j’étais menacé et par ricochet Francine et la petite. Le nom OVONO ne me disait rien du tout.
- Ce serait lui qui aurait demandé l’assassinat de mon père depuis le Gabon ? Il est donc très puissant.
-Oui. Donc je pense que tu es en danger ainsi que ma sœur. Elle m’a dit qu’elle doit se rendre en France. Alors fais la sortir du pays au plus vite. Ces futurs bébés sont très importants pour la survie de Yasmine et je ne veux pas qu’il arrive un drame.
-Il n’arrivera rien de tel. Merci pour cette information. Et si je peux me permettre, tu devrais arrêter de fréquenter la dame en question.
-Je ne la fréquente plus.
-Bah voyons…les mots choisis avec soin pour parler d’elle sont plus qu’évidents. Et ta sœur m’a dit que tu étais avec Stella.
-Nous y voilà ! …
-Stella mérite d’être heureuse. Elle a besoin d’un homme qui l’aimera et fera d’elle une priorité. Ne joue pas avec elle si tu sais que tes intentions ne sont pas honorables.
-Et qui s’adresse à moi ? L’homme qui l’a larguée le jour de leur mariage ou celui qui tente de se racheter une conscience ? Fit-il sur un ton dur.
-J’essaie juste de te donner un conseil. Jouer sur plusieurs tableaux n’est pas facile Yann.
-Je sais…Mais ça c’est ma vie privée. Cependant, j’ai pris bonne note et je te remercie pour tes conseils.
-Je voulais aussi te remercier pour tout ce que tu as fait dans la vie de ma fille. Francine m’a raconté que tu t’étais toujours comporté comme un père pour elle et que tu aurais été présent si tu ne devais pas t’occuper du restaurant. C’est encore toi qui remplit les comptes en banque. Merci Yannick !
-Il n’y a pas de quoi…Francine est ma sœur et Yasmine est comme ma fille. Prendre soin d’elle est quelque chose de normal pour moi. Tu n’as pas besoin de me remercier pour ça. Prends bien soin d’elles. On se verra très bientôt !
-Bien.
Dès que j’ai raccroché, j’ai appelé Fitz pour lui donner l’information. Je lui avais déjà fait part de mon désir de sortir de cette organisation. Papa était mort maintenant et je n’avais plus rien à y faire. Je voulais lui laisser le soin de démanteler le réseau.
-Qu’est-ce qui se passe ? demanda Francine derrière moi.
-Rien ! Ton frère voulait parler entre hommes sans oreilles indiscrètes. Maintenant que les choses se précisent comme il faut, je veux qu’on fasse les réservations. Tu iras avec ta mère et je te rejoindrai.
-Non. On part ensemble comme tu avais promis.
-Je dois rester pour finaliser les papiers de mon divorce. Je ne sais pas pendant combien de temps on restera là-bas et ce serait vraiment méchant de laisser Alex comme ça.
-D’accord fit-elle en faisant la moue. Tu me dirais s’il y avait autre chose n’est-ce pas ?
-Bien sûr ma louloute adorée.
-Arrête de m’affubler de sobriquets aussi ridicules fit-elle en riant.
Je l’ai attiré à moi et j’ai réussi à lui poser un léger baiser sur les lèvres. Avec son ventre qui pointe en avant, il est difficile de l’enlacer à souhait. J’ai tellement hâte que ce cauchemar se termine, afin qu’on puisse vivre nos vies sans regarder incessamment en arrière.
***Hélène OVONO***
Je ne supporte plus de vivre sous le même toit que Victor et pourtant il faudra que je prenne mon mal en patience, jusqu’à ce que je parte. Yannick a promis de m’aider. Je sais que je peux compter sur lui. Même si ces derniers jours il m’a paru assez occupé. Je sais qu’il ne me laissera pas tomber. C’est un homme de parole. J’aurais vraiment aimé m’en fuir avec lui. Partir et recommencer une vie ailleurs lui et moi dans un pays vierge de toutes tracasseries. Mais il m’a bien fait comprendre que sa vie est désormais ici. J’aurais peut-être dû me décider plutôt…Peut-être que...
« Arrête de vouloir refaire l’histoire Hélène ! »
Même plus tôt, les choses n’auraient pas pu aller plus loin qu’actuellement.
Yannick est mon cadet de dix ans. À un moment il aurait eu envie de fonder une famille. Je n’aurais pas pu lui donner des enfants, car malheureusement je ne peux plus enfanter. Mes trompes ont été ligaturées à mon insu par mon chirurgien, un ami de Victor.
Il a réalisé cette intervention à la demande de mon mari…Alors qu’il devait seulement me retirer des kystes aux ovaires, il a condamné mon ventre à ne plus porter la vie.
J’essuyai des larmes qui venaient de m’échapper.
«Encore trois jours à tenir et enfin je m’en irai d’ici ! »
J’ai pris le téléphone et j’ai composé le numéro de Laurent, mon frère.
Ça fait plusieurs années que mon frère aîné et moi nous ne nous adressons plus la parole.
Laurent n’aime pas Victor depuis le début de notre histoire. Pour tout dire il était contre le fait que je me marie avec lui et que je vienne m’installer au Gabon.
D’après lui je commettais une énorme erreur en l’épousant.
Je me suis entêtée et je suis venue au Gabon me fichant pas mal de l’avis de Laurent.
Aujourd'hui, je suis contrainte de reconnaître qu’il avait raison.
Mon frère avait vu juste depuis le début. J’ai été aveuglé par mes sentiments et aussi l’opulence. Oui Victor m’a offert une vie de château. Et avant de devenir autant méprisant et vil, il m’aimait. Mon mari était fou de moi. Je n’aurais jamais imaginé que notre mariage prendrait cette tournure. J’ai mis du temps à voir le vrai visage de Victor et même lorsque je me suis rendue compte qu’il y avait un grand nombre de choses qui ne tournaient pas rond, j’ai fait la politique de l’autruche, refusant de voir la vérité en face. Mais aujourd'hui je n’ai plus envie de me mentir à moi-même. Je ne suis plus heureuse avec Victor…C’est triste, mais c’est la vérité. Il est temps que je parte !
À l’autre bout du fil, la sonnerie retentit.
-Laurent DUVAL j’écoute.
-Laurent, c’est moi…Hélène….
-….
Un silence lourd s’est installé entre nous.
-Quel bon vent t’amène, après toutes ces années, où tu es restée sans donner signe de vie ?
« Mon frère peut tout me dire…Je prendrai sur moi... »
-J’ai besoin de ton aide…Je n’ai personne d’autre vers qui me tourner…
-Je t’écoute…
-J’ai décidé de quitter Victor…Commençai-je.
-Ah enfin tu te réveilles !
Je préférais ne rien répondre. Le fait que mon frère m’adresse la parole relevait d’un véritable miracle. Alors même s’il devait me sortir toute une tonne de réflexions désagréables à entendre, j’avais décidé de ne rien répondre.
-….
-En quoi puis-je t’aider ?
« Mon frère est flic. Je pense déjà à ma sécurité lorsque je serai en France ».
-Tu sais que Victor est très influent…Il a le bras long…Il n’acceptera jamais que je le quitte.
Je crains le pire…Alors je viens vers toi afin que tu assures ma protection une fois que je serai sur le territoire français. Si tu trouves que ma demande est un peu décalée, après toutes ces années où nous ne nous sommes pas côtoyés… je comprendrais parfaitement….
Il eut un silence pesant. Puis Laurent pris la parole.
-Tu es, et tu resteras ma sœur...Je ferai tout ce qu’il faut pour assurer ta sécurité une fois que tu seras en France tu peux compter sur moi.
-Merci Laurent ! Merci !
-Ne me remercie pas…C’est normal. Quand comptes-tu partir du Gabon ?
-Le plus tôt possible. J’ai pris beaucoup d’argent à Victor et je lui au fait croire que j’avais été braquée par les hommes de mains de son pire ennemi. Connaissant Victor, il ne s’arrêtera pas à mes dires. J’ai également des preuves contre lui que je te ferai parvenir.
-Ok. Il faut agir rapidement. Car si ton mari venait à se rendre compte que tu te joues de lui, il serait capable de te faire du mal.
-Laurent ?
-Oui ?
-Merci d’avoir accepté de m’aider.
-C’est normal.
-Merci infiniment frangin.
(…)
***Victor OVONO***
Je rêve où je viens d’entendre une conversation entre Hélène et son frère ? Elle a bien dit Laurent ? Des Laurent on en connaît pas des masses. Pourquoi appelle t-elle ce con ? Ça fait plusieurs années qu’ils ont coupé les ponts et voilà qu’ils se parlent comme si de rien n’était.
Ça cache quelque chose. J’en suis sûr et certain. Le courant n’est jamais passé entre mon beau frère et moi. Il s’était farouchement opposé à mon union avec sa sœur et il avait tout tenté pour éloigner Hélène de moi. En vain. Aujourd'hui, je suis surpris de constater qu’ils se parlent. Je suis resté un petit moment dans le patio pour essayer de capter des bribes de leur conversation. J’ai choisi de lui faire remarquer ma présence lorsqu’elle a raccroché .
-Bonsoir chérie…
Elle sursauta et porta sa main sur sa poitrine.
-Ah Victor !...C’est toi ! Tu m’as fait peur.
Je m’avançai vers elle, le pas lent.
-Qui était-ce ? Demandai-je plus pour tester sa sincérité.
-Pardon ? Dit-elle en battant nerveusement des paupières.
Je vois qu’elle cherche à me sortir un mensonge.
-Avec qui étais-tu en train de parler au téléphone ?
-Heu... avec…Une cliente…J’ai du retard sur une livraison...Elle s’impatiente.
-Huuummm je vois.
Hélène me ment. Elle continue de me raconter des cracs. La correction de la dernière fois ne lui a visiblement pas suffit. Je finirai par savoir ce qui se trame entre son frère et elle.
-Ta journée s’est bien passée ? S’enquit-elle.
Nerveuse, elle essayait de cacher son embarras.
Je m’approchai d’elle au point où nos visages se touchaient quasiment. Je posai sur elle mon regard le plus sondeur. Elle fut troublée.
-Oui, on va dire que oui.
Je pris son menton entre mon pouce et mon index, l’obligeant à lever sa tête vers moi et l’embrassai.
Au contact de mes lèvres sur les siennes, je la sentis se raidir.
« Madame se refuserait-elle à moi ? »
-Il y a quelque chose qui ne va pas ? Demandai-je en la prenant dans mes bras.
-Tout va bien...Je suis juste un peu préoccupée par…
-Par ta livraison ?...
-Oui…
-Es-tu sûre que c’est la seule chose qui te préoccupe ? Demandai-je suspicieux.
-Oui…
-Alors pourquoi je te sens distante ?
-Je…C’est sûrement dû à la fatigue…
Elle esquissa un sourire sans joie.
-Je ne demande qu’à te croire Hélène…
Je me détachai d’elle.
« Je ne vais pas la brusquer. Pas cette fois ».
-Bien, je me retire dans mon bureau, j’ai du travail. Je ne veux, être dérangé sous aucun prétexte.
-D’accord…
Je sais qu’Hélène me ment. Elle ne sait pas que je l’avais testée en lui confiant l’argent. Elle était sensé effectuer les virements vers les comptes de Gian en Suisse et faire des placements en bourse comme je le lui avais demandé.
Mais cinquante millions de Francs ont disparu et elle dit avoir été braquée. Et ce n’est pas tout, elle dit que les braqueurs auraient parlé du gang de SACRAMENTO.
Je ne pense pas que Nathan se soit amusé à envoyer ses acolytes me voler, alors que nous étions en pleine négociation et que j’étais chargé d’assurer la libre circulation des devises grâce à mes chaines hôtelières.
Mais Nathan mort. Je l’ai fait éliminer, j’ai vengé mon ami et partenaire Daniel MIKALA. Quant à Hélène, je vais lui coller un de mes hommes. Tous ses faits et gestes seront désormais surveillés.
J’ai ouvert mon carnet d’adresses et j’ai relevé le numéro de téléphone de Ulrich un ami, détective privé et je l’ai appelé de suite.
-Allô ?
-Ulrich ?
-Oui c’est bien moi.
-Victor OVONO à l’appareil
-Tiens ! Quelle belle surprise ! Comment vont les affaires ?
-Tout va très bien ! Et de ton côté ?
-Ça va également. Alors quel bon vent t’amène ?
-J’ai besoin de tes services
-Je t’écoute…
-J’ai besoin que tu suives ma femme.
-Victor…Tu ne vas quand même pas me demander de suivre Hélène !…
-Si je te le demande…
-Victor…
-Oui je sais, ça peut te paraître un peu fou, mais ma femme a été braquée il y a un mois. On lui a pris plusieurs millions.
-Ah mince ! As-tu une idée de qui ça peut bien être.
-Non, je n’en ai aucune idée c’est pourquoi je te sollicite. Je veux que tu suives ma femme dans tous ses déplacements. Que toutes ses conversations téléphoniques soient enregistrées. Je veux que tous ses faits et gestes soient passés au peigne fin.
« Ulrich estime bien Hélène alors lui mentir qu’il agira pour la sécurité de ma femme le motivera plus »
-Très bien. Considère que c’est fait.
-Je te remercie.
-Je t’en prie.
-A bientôt Ulrich.
-A bientôt Victor.
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PLUMES 241 ET ELSA
On lit, On like, On commente, On encourage les chros