Chapitre 29 : L' alliance

Ecrit par Sandy BOMAS



À Libreville


***Hélène OVONO***


« Heureusement que j’ai mentionné le gang du Bénin. Sinon Victor serait encore entrain de me rosser à l’heure qu’il est ! »


Je suis montée dans ma chambre et je me suis nettoyé le visage. L’arcade sourcilière gauche était ouverte. J’avais du mal à ouvrir l’œil droit. 


« Il m’a bien amochée le salaud ! Victor va payer pour tout ce qu’il m’inflige. Bientôt je ferai basculer son monde. Il ne s’en sortira pas. Pas cette fois ! La vengeance est un plat qui se mange froid…»


Quand je suis redescendue au premier. Mon mari n’était plus là. Seule Sidonie était dans Le salon. Sa valise à ses pieds. Quand elle me vit descendre les marches d’escaliers elle arriva précipitamment vers moi.


-Madame…Je vous attendais...Je ne voulais pas partir sans vous avoir dit au revoir.


-Merci Sidonie…C’est très gentil…Je suis vraiment désolée que ton intervention de tout à l’heure t’ait coûté ta place.


-Si j’étais restée sans rien faire, Dieu seul sait dans quel état vous auriez été.


-Je te suis infiniment reconnaissante. Tiens…prends ça. Tu en auras besoin pour les jours qui viennent.


Je glissai une liasse de billets de banque dans sa main. Surprise par mon geste, elle se mit à pleurer.


-Merci beaucoup Madame….


Elle m’a prise dans ses bras.


-Vous allez beaucoup me manquer.


-Tu me manqueras aussi…Victor t’as renvoyée parce que tu as pris mon parti. Tu as fait preuve de courage pour me sauver, je ne l’oublierai jamais. Ne t’inquiète pas pour ton travail. Je te trouverai quelque chose d’autre. J’ai pas mal d’amis qui seraient ravis de t’embaucher.


-Merci Madame…


Sidonie a pris sa valise puis elle est partie.


(…)


***Yannick MIKALA***


Stella et moi ne nous sommes pas quittés depuis des jours.  Après la cérémonie de mariage de Stanley et Vanessa, nous sommes rentrés chez moi. 

C’est la première fois depuis longtemps, que je passe plusieurs nuits d’affilé avec la même femme.


Je sentis un sentiment particulier naître dans ma poitrine. En quelques jours seulement, Stella a réussi à marquer mon esprit. Ma chambre est empreinte de son parfum sucré. Ma peau est marquée par des griffures et des suçons.


Stella est partie très tôt ce matin. Elle était stressée à cause de sa nouvelle émission,  mais je sais qu’elle va assurer, elle est brillante. Aujourd'hui, je me suis accordé une matinée de repos. J’essaye de laisser le champ libre à mes collaborateurs. 


Hélène trouvait que j’étais trop sur leur dos. J’ai décidé de suivre ses conseils.


« Tiens ça fait un moment qu’elle n’a pas donné signe de vie ».


La dernière fois que je l’ai vue, c’est le jour où elle a débarqué déguisée, et elle  avait une valise remplie d’argent.


« Mince ça fait plus de deux semaines que j’ai son pognon ! Il faut absolument qu’elle le récupère ! Ça ne sent pas bon du tout. Je risquerais de me retrouver dans de sales draps »


Je suis sortie de ma chambre et je me suis rendu dans la cuisine, pour préparer mon petit déjeuner. 

À peine avais-je commencé à manger qu’on sonna au portail. J’ai reposé ma tasse de café. Et je suis allé voir quel était cet invité surprise qui débarquait chez moi de bon matin.


Grâce à l’écran relié à ma caméra de surveillance, je vis Hélène qui se tenait devant le portail.


« Heureusement que Stella n’est pas là ! Autrement j’aurais été dans l’embarras »


-Oui ?


-Yannick c’est moi, Hélène tu m’ouvres s’il te plait ?


J’ai hésité pendant quelques secondes puis j’ai ouvert.


Elle est rentrée en trombe.


-Bonjour Yann. 


Elle m’a gratifié d’un baiser furtif. 


-Bonjour Hélène. Qu’est-ce qui t’amène chez moi de si bon matin.


-Victor sait pour l’argent. 


Elle marchait nerveusement dans mon salon.


-Calme toi je t’en prie ! Te voir marcher en rond me donne le tournis. 


-Je suis désolée…


-Pourquoi gardes-tu ses énormes lunettes ?


Ne lui laissant pas le temps de me répondre, je les lui ai ôtés. À la vue des énormes bleus qu’elle avait sur le visage je suis rentré dans une colère noire.


-Qui t’a fait ça ?!


-C’est rien…Yann…


-C’est rien ?! Tonnai-je. C’est ton mari qui t’a fait ça ?!


-Il était en colère à cause de l’argent…


-Je vais aller le trouver ! Il veut cogner ? Et bien il n’aura qu’à s’en prendre à un homme comme lui ! 


-Où tu vas Yann ?


-Je vais trouver Victor OVONO ! Il se croit malin en se permettant de frapper une femme ? Tu n’es pas sa propriété Hélène ! Tu mérites mieux que ce monstre que tu as pour mari !


-Arrête Yannick s’il te plait …


-Non justement ! Je n’arrête pas ! Jusqu' à quand vas-tu le laisser te maltraiter ainsi,  hein ?! 


-….


-Voilà….C’est bien ce que je me disais ! Tu es le seul vers qui je peux me tourner, si tu m’exposes, Victor nous tuera tous les deux ! Il me tuera d’abord, puis il s’occupera de toi.


Ignorant ses jérémiades, je suis allé dans ma chambre et je me suis habillé à la quatrième vitesse. 


-Yannick, je t’en supplie…ne vas pas trouver Victor ! Il est dangereux !  Je t’en supplie Yannick ne fais rien que tu puisses regretter par la suite…


Hélène pleurait à chaudes larmes. Elle m’agrippait et essayait de me retenir tant bien que mal.


Poings et mâchoires serrés, je dus lutter de toutes mes forces pour me calmer.


-Que comptes-tu faire ? Demandai-je d’un ton froid 


-Je veux quitter le pays le plus tôt possible…Je veux rentrer en France…Je veux que tu viennes avec moi Yann…


«Hein ?! »


Elle s’approcha de moi et se blottit dans mes bras. Je fermai les yeux un court instant et je vis le visage de Stella.


« Elle m’aurait fait cette proposition il y a quelques mois j’aurais peut-être essayé d’y réfléchir. Mais là, je suis passé à autre chose…J’aime bien Hélène, je la respecte beaucoup, mais je crois que ce n’est pas une femme pour moi».


-Ce n’est pas si simple que ça Hélène…


-Qu’est-ce qui n’est pas simple ? Tu m’aimes et je t’aime aussi ! On n’aura qu’à s’en fuir et on pourra enfin vivre notre amour librement !


Je me détachai de son étreinte.


-Ma vie est désormais à Libreville Hélène…Dis-je calmement. J’ai déjà fui le Bénin à cause de mon père et son gang…Je n’ai pas envie d’être un fugitif à vie…


-Ton père ? Son gang ?! Qu’essayes-tu de me faire comprendre Yann ?


Elle battait nerveusement des paupières et faisait de grands gestes avec ses bras.


-Viens, assieds-toi. Je vais tout t’expliquer.


Je me suis lancé dans un long récit. J’ai raconté à Hélène combien mon père était dangereux et influent. Je lui ai fait part des problèmes qu’il a rencontré avec le gang rival et aussi comment il a été assassiné par Nathan SACRAMENTO son pire ennemi.


Elle me regardait ébahie. Elle avait du mal à croire ce qu’elle entendait. 


-Attends…Finit-elle par dire. Tu viens de dire que ton père a été tué par Nathan SACRAMENTO ?!


-Oui, pourquoi cette question ?


-Victor est en contact avec un certain Nathan SACRAMENTO, et je pense qu’il s’agit de la même personne…


-Tu en es sûr ? Nathan est en prison.


-Laisse-moi te dire qu’il dirige encore beaucoup de choses depuis la taule. Ils veulent relancer les affaires et d’après ce que j’ai compris, mon mari par le biais de ses nombreuses sociétés, aidera à faire circuler l’argent sans éveiller les moindres soupçons. Mais ça c’était avant que je ne dise à Victor que c’est Nathan SACRAMENTO  qui est derrière le vol des cinquante millions.


-Tu lui as dit ça ?! fis-je atterré


-Oui pendant qu’il me frappait...J’ai des preuves qui peuvent faire tomber le gang SACRAMENTO et Victor par la même occasion.Je veillerai personnellement à ce que Victor aille en prison ! 

Oui je lui ai menti en disant que ce sont les hommes de main de Nathan SACRAMENTO qui m’ont braqué. Ils n’auront qu’à se retourner les uns contre les autres, je m’en fiche !

 

J’étais à la fois surpris et content de voir qu’Hélène se réveillait enfin. Et puis mon cerveau a fait le lien entre Nathan, William et ma sœur. Je me suis levé d’un bond. 


-Qu’est-ce qui se passe ? demanda Hélène. 


-Tu ne pouvais pas régler tes problèmes sans impliquer d’autres personnes ? Tu ne sais pas ce que tu viens de provoquer ! 


-Mais de quoi parles-tu ? J’ai envoyé Victor vers SACRAMENTO !


-Mais il se trouve que ma sœur Francine a un lien avec le fils SACRAMENTO ! Yasmine est la fille de William SACRAMENTO. Et si ton imbécile de mari s’en prenait aussi à eux ? 


-Mince…le monde est décidément trop petit. 


« Je dois prévenir Francine ! Il est hors de question que je laisse un malheur menacer sa vie et celle de la petite ! » 


-Tu sais Hélène…Je suis vraiment content de voir que tu veuilles sortir des griffes de ton mari…Et je ne le dis pas par jalousie. Tu es une femme bien et tu mérites d’être heureuse.


-Serais-tu entrain de rompre Yannick ?


J’ai évité de croiser son regard.


-Tu as rencontré une femme c’est ça ?


Je choisis de ne pas répondre à sa dernière question.


-Écoute Hélène…Nous deux…Ce n’est pas le plus important pour le moment...Ce qui m’importe le plus c’est que tu puisses quitter le pays en toute sécurité. Je t’aiderai à quitter le Gabon. Tu as ma parole.


« Je ne peux pas rompre avec Hélène pour l’instant elle a besoin de moi. Je vais lui apporter tout mon soutien. Et pour le reste, on avisera »


Elle soupira et se leva à son tour puis se blotti contre moi.


-Merci d’être là pour moi Yann…


Elle se hissa sur la pointe des pieds et ses lèvres rencontrèrent les miennes. Après quelques secondes d’hésitation, je répondis à son baiser.


Ses mains commencèrent une descente vers la braguette de mon pantalon. Je l’arrêtai dans son élan.


-Je ne crois pas que ce soit une bonne idée…


Elle me regarda, étourdie.


-Pourquoi Yann ?…


-Écoute...Vu comment les choses se présentent, je préfère qu’on ne prenne pas de risques.


 Elle inspira profondément.


-Tu as raison…


Je la désire ardemment, mais je reste prudent.  L’aider à quitter le pays reste la priorité. 


- Quand comptes-tu partir ?


-Je ne sais pas...Vu le mensonge que j’ai pondu à Victor, il faut que je me prépare à partir le plutôt possible, car s’il se rend compte que j’ai tout inventé et qu’en plus c’est moi qui ait les sous, il n’hésitera pas à me faire la peau.


-Bien…Je vais t’aider à élaborer un plan. 


-Il faut déjà que tu places l’argent un peu partout.


-Non ! Justement ! Il ne faut pas qu’il y ait de traçabilité sur tes comptes ce serait trop facile.


-Comment faire alors ?


-Le restaurant sera ta couverture.


-Ton restaurant ?! Et ta sœur ? Que va-t-elle dire ?


-Francine j’en fais mon affaire.


-Yann…


 -Tu garderas dix millions avec toi. Les quarante millions restants, je les placerai sur mes comptes et je te les ferai parvenir au moment opportun.


-Merci infiniment Yann…


-Tu me remercieras lorsque tu auras quitté le Gabon. Dis-je en souriant.

As-tu encore un endroit en France où tu peux te réfugier sans que Victor ne te retrouve ?


Elle se mit à réfléchir.


-En excluant l’apparemment de mes filles à Paris, notre maison de vacances à Biarritz, la maison de mes parents dans le Finistère, il me reste une seule option : aller à Marseille chez mon frère…Mais il y a un souci…


-Lequel ?  


-Ça fait des années que nous ne nous sommes pas parlés…On a coupé les ponts il y a plusieurs années.


-Il faut que tu fasses la paix avec lui.


Elle rit nerveusement.


-Tu n’as pas le choix ma belle…Je pense que tu seras beaucoup plus en sécurité chez lui. Il est flic n’est pas ?


Elle a tiqué.


-Tu n’as pas oublié ? Je t’ai parlé de Laurent juste une fois !


-J’ai une mémoire d’éléphant.


On a éclaté de rire.


-Bien, je te laisse appeler ton frère, de mon côté je fais le nécessaire pour l’argent. On se donne trois jours maximum pour que tu quittes le pays. 


-Je ne sais pas si je pourrais encore tenir trois jours avec cet assassin….


-Tu y arriveras, je te fais confiance.


Elle sourit faiblement.


-Je m’occupe de ton billet d’avion. On se retrouve chez moi dans trois jours. Pour ne pas éveiller les soupçons de ton mari, tu prendras le strict minimum.  


-Ok.


- Tiens-moi au courant rapidement pour ton frère.


-Je l’appelle dès que je rentre.


(…)


Au Bénin


***William SACRAMENTO***


Francine dort à poings fermés. Je ne me lasserai jamais de la regarder. Je l’aime tellement. Je n’arrive toujours pas à croire que nous sommes enfin réunis, elle, moi et Yasmine. Bientôt nous serons cinq ! 

Il y a quelques moi encore, j’étais angoissé à l’idée de ne jamais être papa et puis Francine est réapparu dans ma vie et comme par enchantement, elle a fait de moi un père. Je suis un homme comblé.

Les mains sur son ventre je savourais l’instant présent. 


-Bonjour Will…


-Bonjour mon amour…


Je sentis cogner contre ma main.


-Tes fils te disent bonjour dit-elle en souriant.


Je me mis à parler contre le ventre de Fran. 


-Bonjour mes fils ! C’est Papa.


Au son de ma voix, les fœtus ont réagi de manière plus dynamique. 


-Tu as vu ça Fran ? Ils m’ont répondu ! 


-Oui, je l’ai surtout senti !


On a éclaté de rire.


-Je suis tellement heureux ! Dis-je en posant ma tête sur sa poitrine.


-Moi aussi Will…J’ai l’impression de rêver  toute éveillée !


-Tu veux que je te pince ?  


-Vas-y pince moi, mais pas trop fort quand même.


On a badiné encore pendant un bon moment encore.


-Il faut qu’on pense à ton accouchement. Tu rentres dans le septième mois de ta grossesse n’est ce pas ?


-Oui c’est cela…


-Je n’ai pas encore une grande expérience dans ces choses là mais je sais qu au-delà de sept mois tu ne seras plus autorisée à prendre l’avion.


-J’ai déjà pensé au voyage. Ne t’inquiète pas. Je vois mon gynécologue demain pour la dernière visite avant le départ.


-Ok après la visite on choisira notre date de voyage.


-On ? Notre date de départ ? Serais-tu entrain de me dire que tu viendras avec nous ?


-Oui…Mon amour…Nous sommes désormais une famille.


-Oh Will ! Je ne sais pas quoi dire !

Elle se mit à pleurer de joie. Je la gratifiais d’un baiser et essuyai ses petites larmes.


On frappa à la porte.


-Maman ! Maman ! Ouvre-moi  ! 


-Tiens Yasmine est réveillée. Allez rhabillons-nous vite ! Je ne tiens pas à lui expliquer comment on fabrique les bébés, dit Francine an riant.


-Et pourquoi pas ?


-Will ! Dit-elle d’un ton menaçant.


-Je plaisante !


-Heureusement ! 


On a rit de bon cœur, avant de nous habiller à la hâte et d’ouvrir la porte à Yasmine.


(…)


***Joëlle SACRAMENTO***


-Oui allô Victor, le travail a été correctement fait. Nathan est bel et bien mort. 


-Ok Joëlle c’est parfait. Vous montez dans mon estime. Et dire qu’au départ j’ai hésité à travailler avec vous…


-Parce que je suis une femme ?


-Il y a un peu de ça…Mais j’avoue que vous m’avez agréablement surpris. La mort de Nathan SACRAMENTO me permettra d’étendre mon réseau jusqu' au Bénin. Avec votre père et vous-même comme collaborateurs les affaires reprendront beaucoup plus vite.


-Je ne vous le fait pas dire ! 


-Daniel MIKALA et Nathan SACRAMENTO morts plus de guerre de gangs. 


-À nous le monopole !


-Je vais vous faire une confidence. Daniel était un véritable ami. Je me suis rapproché de Nathan SACRAMENTO uniquement pour affaires. 


Il marqua une pause.


-Aussi, lorsque vous m’avez dit que vous et votre père désiriez prendre la direction du gang. J’ai tout de suite songé à éliminer Nathan, non seulement pour venger Daniel MIKALA, mais aussi pour nous laisser le champ libre sur tout le territoire. Les cinquante millions volés m’ont juste permis d’accélérer le processus. Tôt où tard j’aurai tué Nathan.


-Je suis désolée pour mon oncle mais en affaires on ne mêle pas les sentiments.


-Tout à fait !


-Si vous saviez depuis combien de temps j’ai attendu ce moment !


-Dites-moi Mademoiselle SACRAMENTO ? 


-Oui Monsieur OVONO ? 


-Que pensez-vous de votre cousin William ?  Est-ce qu’il constitue une menace pour nous ?


-Vous voulez savoir s’il voudra reprendre les rênes ? 


-Oui…Il est l’héritier direct de Nathan, ne l’oublions pas.


-Il est l’héritier certes mais je suis plus impliquée dans l’organisation du gang que lui. Je pense que William est un maillon faible…Je le sens hésitant…Il pourrait nous faire plonger…


-Qu’on l’élimine alors ! 


-C’est comme si c’était fait !


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PLUME 241 ET ELSA


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