Chapitre 30 : Rencontre

Ecrit par Moktar91

Chapitre 30 : Rencontre



Cotonou


Ministère de l'intérieur


Secrétariat particulier du Ministre


Cella attendait d'être reçue par son père. Elle n'avait pas voulu se présenter à la secrétaire. Quand elle avait dit vouloir rencontrer le ministre, la secrétaire la regarda de haut vers le bas, la confondant sûrement à une de ses nombreuses filles qui venaient assouvir leurs soifs d'argent par quelques gémissements dans ce précieux bureau. Elle la lorgna presque. Elle en était jalouse, oui, elle qui se faisait prendre tous les soirs par "Monsieur le Ministre" comme elle aime l'appeler. Elle avait voulu pendant longtemps être la seule qui ferait lever le membre de "Monsieur le Ministre". Des féticheurs, elle en avait fréquenté. Mais quand en se libérant en elle, il y a une dizaine de mois, le ministre lui fit comprendre que rien, ni personne ne pouvait l'avoir pour lui seul, elle su qu'elle savait et se décida à tenir sa place. Elle voyait toujours d'un mauvais œil la présence d'une autre femme dans ce bureau. Une autre femme qui lui était concurrente. N'était ce pas grâce à ses "missions-hors-services" qu'elle avait pu construire sa maison, trouver du travail à son mari et envoyer son unique fille à l'extérieur ? Ça payait bien les "extras" surtout quand c'était avec le ministre.


Elle reporta son attention son attention sur son ordinateur après avoir détaillé Cella.


La jeune dame tapa du poing sur la table et ordonna : <<Je veux voir mon père.>>


Le silence se fit dans la salle pendant que la secrétaire venait de réaliser que Cella n'était nullement de ses filles insipides qui déambulait dans le bureau.

Mais la fille du boss n'était-elle pas morte ?


Elle lui indiqua le divan en prenant soin de lui apporter un café avant d'ajouter que <<Monsieur le Ministre était en réunion avec le Président et qu'il serait bientôt de retour.>>


Elle voulut en savoir plus sur Cella mais la jeune dame n'était pas d'humeur à faire la causette.


Six jours sont passés depuis et elle avait perdue énormément de poids. Elle n'avait plus que la peau sur les os.


Ce soir là, alors que la voiture de Maître Assou, quittait Ouidah, avec à son bord Cella et Amos, une fine pluie se laissa abattre à quelques kilomètres de Comè. Alors que le chauffeur roulait avec prudence, un camion poids lourd sorti de nul part fonça droit sur le véhicule en sens inverse. Le choc fut violent et inattendu. 


Quand Cella ouvrit les yeux des minutes après, elle était hors de la voiture, projeté sûrement par l'éclat de la pression. Elle avait des blessures et quelques égratignures.  Elle rampa vers le véhicule. Le chauffeur était mort sur le coup. Amos était inconscient alors que maître Assou respirait à peine. Ils avaient été transférés au Centre Hospitalier Départemental quelques minutes après. Sûrement quelqu'un dans la foule avait alerté le SAMU. 


Depuis, Amos était resté inconscient, comme bloqué dans un monde parallèle à mi chemin entre la mort et la vie. Les médecins l'avait déclaré mort le lendemain de leurs hospitalisation.


Mais quand ils amenèrent son corps à la morgue, Naimath apparût, aux côtés de Cella et lui fit comprendre qu'il fallait l'amener à la maison. Ils avaient donc prit la direction de Cotonou. Naimath avait fait installé Amos chez elle. Jaël, qui était étudiant en sixième année de médecine venait lui administrer des soins.


-<<Il est stable, avait-il dit avant hier. Mais je me demande bien pourquoi il ne veut pas se réveiller...>>


Il haussa les épaules avant de s'en aller.


Amos était vraiment mort. Son âme s'en était allée et divaguait dans l'infini en pleurant de partir si tôt.


Dieu nous aura donné à chacun de nous la capacité à pouvoir vivre pendant une période donnée avant de mourir. Et quand vient notre mort, provoquée par une tierce personne, l'âme divague pendant 41 jours avant de se réincarner ailleurs pour finir cette mission à lui assigner par Dieu. Ce qui est à la base de nombres de réincarnation ou de morts qui vont se remarier et fonder des foyers...


Quand le corps de Amos fut disposé dans une des chambres de la villa, Naimath le veilla seule toute une nuit. Au petit matin, elle souffla en lui trois fois de suite, en implorant Dieu de faire revenir son âme. Elle jouait sur les liens de sangs qu'elle avait avec son grand frère. 

Amos se réveilla un instant avant de sombrer dans le coma. Ce coma dans lequel il est depuis quelques jours.



Ce matin, Cella voudrait confronter son père. 

Hier Maître Assou était décédé. Alors qu'il avait retrouvé ses esprits et avaient même fait des Vannes, il était décédé par la suite d'un arrêt cardiaque. C'était ce qu'indiquait le rapport médical. Cella en doutait, d'autant plus qu'elle l'avait vu convulser avant de rendre l'âme, comme si on l'avait tuer. 

Elle pensa directement à son père qui détestait son oncle de toute son âme. Elle pensa qu'il en était à la base. Elle se sourit et l'idée de savoir que jamais il ne saurait où était caché son homme à elle... Elle frissona à l'idée d'imaginer ce qui lui serait arrivé si son père l'avait retrouvé.


Avec la mort de maître Assou, elle n'eut plus aucun doute. Son père avait provoqué cet accident pour les tuer et les faire disparaitre.



Quand il fit son apparition dans les quartiers du troisième étage du ministère de l'intérieur, Trokpo Agossou marqua une pause quand il vit Cella assise dans la salle d'attente. Il se reprit rapidement avant de lui demander de le suivre. Une fois installée derrière son bureau, il prit le plaisir de détailler la ravissante femme qu'il avait devant lui. Il comprit combien de fois sa fille l'avait manqué. Oui c'était sa fille et il l'avait su ce jour quand l'accident s'était produit. Le rapport de son homme de main lui faisait état de la présence d'une jeune femme dans le véhicule. La photo de cette jeune fille fit remplir ses yeux de larmes. C'était sa fille. Il le savait. Comment était-il passé à côté de la vérité depuis tout ce temps ? L'heure n'était plus aux questions. Il avait presque failli renoncer à continuer son plan mais son poste en dépendait. Il devrait en finir avec toute cette bande avant le début des primaires. 

Ce matin, il était plutôt fier de la jeune femme qu'était devenu sa fille. À coup sûr, elle ferait une femme de poigne pour diriger ses affaires par la suite.


Il attendit qu'elle puisse prendre la parole mais en vain. La jeune femme ne faisait que l'observer, sans cligner des yeux. 

Il se décida alors à rompre le silence monotone qui brisait le vent glacial de son bureau.


-<<Que puis-je pour toi Cella ?>>


Il avait décidé d'entrer dans le vif du sujet sans chercher à contourner la vérité.


Le mur de silence qui lui répondait l'obligeait à continuer. Pour une première fois, quelqu'un le destabilisait. Il le savait. Cela ne lui sera pas facile mais tout en cette jeune fille lui rappelait sa femme...


-<<Je ne suis pas à la base de cet accident et quoi que tu aies pu apprendre sur moi, ce n'était pas une vérité. Je t'en fais la promesse.>>


La jeune fille se leva. Le pointa du doigt et lui dit : <<Je t'aurai. Dans cette vie ou dans une autre. J'aurai ton sang sur mes mains et je me ferai un plaisir machiavélique de venger toutes ces âme innocentes que tu as détruit par ta cupidité, ton sale caractère et ta méchanceté. Rassure toi que je vais frapper quand tu vas t'y attendre le moins. Et ce jour, tu me supplieras de te tuer, tellement la douleur de l'enfer serait plus douce comparée à ce que je t'aurais infligée. Sois en sûre, sur la tête de ma mère.>>


La jeune fille se retourna et sorti de ce bureau. Elle marcha droit devant elle avant de prendre les ascenseurs et de descendre vers la sortie.


Trokpo Agossou la regarda s'en aller à travers les diverses caméras qu'il avait dans son bureau. 


Le discours de sa fille l'avait cloué sur place. À vrai dire, il en avait eu peur. Elle était d'un calme olympien, presque indécent et indifférent. Elle l'avait menacé sans jamais osé le ton. Il en blêmit en repensant à son discours.

C'était bien sa fille. Il fallait être de son sang pour avoir un sang froid pareil.


Il se décida de sortir se détendre...


Il est temps qu'il lâche du lest. De toutes les façons, son frère était déjà mort et Amos introuvable. Si tel n'était pas le cas, sa fille ne se serait jamais pointé à son bureau. 


Il lui fallait tout de même mettre les gardes fours car, pour avoir le sang des Agossou il faut être un intrépide.


Et Cella l'était.

Meurtres au paradis