Chapitre 31
Ecrit par Auby88
Maëlly FREITAS
A travers la vitre de la limousine, je regarde le lieu de la cérémonie.
- Il y a déjà beaucoup de monde.
- Oui. Une population, je précise ! Je trouve tout ça superflu !
- Maman ! C'est quand même moi qui se marie. Un instant, il faut que j'appelle l'organisatrice de mariage pour m'assurer que tout est bien prêt comme convenu. Parce que je ne veux aucun raté. Aucun !
Quelques minutes plus tard. Je viens de raccrocher.
- Attends, Maelly ! C'est un mariage princier ou quoi pour que tu aies besoin d'autant de reporters !
- C'est mon mariage, maman. Un événement que j'attends depuis des années. Et je veux que tout le monde voit la grande Maëlly FREITAS devenir madame MONTEIRO Eliad. Je veux que tous les béninois en parlent pendant des millénaires, maman. Et si cela ne tenait qu'à moi, la cérémonie se tiendrait non pas ici mais à Dubaï. Dommage qu'Eliad ne voie pas les choses comme moi.
- Heureusement qu'il ne partage pas ta folie des grandeurs, ton "m'as-tu-vuisme". Et moi encore moins, Maëlly. Le mariage n'a rien à voir avec tout ça. On peut se marier dans un coin perdu du monde, avec juste deux témoins. Ce n'est pas bien grave. Car l'essentiel c'est de se sentir heureux(se) avec la personne qu'on aime !
- Oui, je le suis. Je suis heureuse. Mais je tiens à clouer le bec à tous mes détracteurs, à tous ces gens qui pensaient que je finirais vieille fille. Je veux que tous ces jaloux, tous ces envieux meurent de jalousie. Et en particulier, une idiote qui a failli me voler mon Eliad !
Maman secoue la tête.
- Plus je te regarde et moins je te reconnais, Maëlly. Où est passée la gentille et altruiste fille que j'ai élevée et à qui j'ai inculqués tant de principes de vie !
J'ai bien envie de lui dire : "Si j'étais restée cette fille-là, Eliad ne serait jamais mien aujourd'hui. La vie est une jungle. Si tu veux y survivre, il vaut mieux être un loup qu'un agneau ! ".
Mais je m'en ravise. Maman ne comprendrait pas mon point de vue.
Je ne réponds donc pas. Je détourne la tête et me contente de regarder à travers la vitre.
L'organisatrice vient vers moi.
- Miss Maëlly, il est temps d'y aller. On n'attend plus que vous.
- Enfin, m'exclamé-je.
***********
You're Still The One
(Tu Es Toujours le Seul)
When I first saw you, I saw love
La première fois que je t'ai vu, j'ai vu l'amour
And the first time you touched me, I felt love
Et la première fois que tu m'as touchée, j'ai senti l'amour
And after all this time, you're still the one I love
Et après tout ce temps, tu es toujours le seul que j'aime
Looks like we made it
On dirait qu'on a réussi
Look how far we've come my baby
Regarde tout ce qu'on a traversé mon bébé
We mighta took the long way
On a sûrement pris la route la plus longue
We knew we'd get there someday
Mais nous savions qu'un jour on y arriverait
They said, I bet they'll never make it
Ils disaient : Je parie qu'ils ne le feront jamais
But just look at us holding on
Mais regarde nous, on a patienté
We're still together still going strong
Nous sommes toujours ensemble, on a réussi.
You're still the one
(Tu es toujours le seul)
You're still the one I run to
Tu es toujours le seul vers qui je cours
The one that I belong to
Le seul à qui j'appartiens
You're still the one I want for life
Tu es toujours le seul que je veux pour toute ma vie
(...)
You're still the one that I love
Tu es toujours le seul que j'aime
The only one I dream of
Le seul dont je rêve
You're still the one I kiss good night
Tu es toujours le seul que j'embrasse le soir pour dire bonne nuit
Ain't nothin' better
Il n'y a rien de mieux
We beat the odds together
On a battu les autres tous les deux
I'm glad we didn't listen
Je me réjouis de ne pas les avoir écoutés
Look at what we would be missin'
Regarde ce qu'on serait en train de manquer ! (...)
Shania Twain - You're still the one
Source avec traduction : https://www.lacoccinelle.net/"
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Maëlly FREITAS
Sur l'instrumental de la magnifique chanson de Shania Twain, j'avance lentement vers mon futur mari. Aux bras de mon papa.
J'avance telle une reine vers son roi, en regardant droit devant moi.
Je porte une robe bustier, ornée de cristaux de Swarovski et de diamants blancs, et qui se termine par une longue traîne qui s'étend sur des mètres.
Aujourd'hui, c'est mon jour. Un jour que j'attendais depuis des années. Je suis si émue. Tellement que j'ai envie de pleurer. De joie, oui. Parce que j'en déborde. Personne ne peut comprendre tout ce que ce moment signifie pour moi. Un rêve d'adolescente devenue realité.
Il m'a fallu tant d'années de patience pour en arriver là. Et je remercie Dieu de m'avoir gardée en vie jusqu'à maintenant pour vivre un moment pareil...
Je suis près de mon homme. Cet idiot d'Edric est proche de lui. J'ai bien envie de le lorgner ouvertement. Mais je ne le fais pas. Je lui souris plutôt. Ce qui semble l'étonner. Aujourd'hui, je ne dois laisser rien ni personne entraver mon bonheur.
- Tu es divine, Maëlly !
- Merci Eliad.
Vers l'officier d'Etat civil, nous nous tournons.
*******"
Eliad MONTEIRO
La cérémonie civile se déroule normalement. Nous en sommes à un tournant décisif.
- Mademoiselle FREITAS Amelia Maëlly, consentez-vous à prendre pour époux monsieur MONTEIRO Leandro Eliad, ici présent ?
Je l'entends répondre OUI avec assurance, suivi des ovations de la foule, trop nombreuse à mon avis.
- Et vous, monsieur MONTEIRO Leandro Eliad, consentez-vous à prendre pour épouse mademoiselle FREITAS Amelia Maëlly, ici présente ?
Je m'apprête à prononcer un OUI aussi fort que celui de Maëlly, quand mes yeux croisent ceux de ma fille.
Elle est là, tête baissée, assise sur une chaise, ses pieds grattant je ne sais quoi au sol. Elle lève les yeux vers moi et je remarque ses yeux tristes, au bord des larmes et son air perdu. Cette image d'elle me fend le cœur.
Je me tourne un instant vers la femme près de moi, puis regarde à nouveau en direction de ma fille...
- Mon amour, murmure Maëlly, le maire attend ton OUI pour continuer la cérémonie.
-….
- Eliad, tu m'entends ? Eliad !
Je me penche vers Maëlly et lui dépose un bisou sur le front.
- Je suis désolé, Maëlly. Mais je ne t'épouserai pas.
- Quoi, comment, qu'est que…? balbutie-t-elle. Tu ne peux pas me faire cela, Eliad ! Pas aujourd'hui ! Pas devant tout ce monde. Tu me l'avais promis !
- Je viens de changer d'avis, Maëlly. Je ne t'aime pas et je saurai jamais te rendre heureuse.
Ses dents commencent à grincer. L'officier nous regarde, sans dire mot. Des têtes semblent braqués sur nous. Maëlly essaie d'attraper mon bras, mais je l'en empêche.
Je la délaisse pour me diriger vers ma fille, qui me sourit grandement. Dans mes bras, je la prends et nous quittons les lieux. Sans nous précipiter. Personne n'essaye de me retenir. Même pas les parents de Maëlly, ni mon père, ni Edric. Tous, y compris la multitude de reporters présents, ont les yeux rivés sur Maëlly.
Ses parents se précipitent vers leur fille qui vient de se laisser tomber sur le sol. J'entends Maëlly crier mais je ne me retourne pas. Elle s'en remettra, me dis-je intérieurement, convaincu que j'ai pris la bonne décision pour tous, mais surtout pour ma fille.
*********
Edric MARIANO
Le cri strident que je viens à l'instant d'entendre me touche au plus profond. Je n'ai jamais vu Maëlly autant affligée. Je n'ai jamais senti autant de douleur en une personne. C'est comme si on la brûlait vive.
Et plutôt que d'être apaisé qu'Eliad ait dit non, je me sens mal. Mal pour être à la base de la souffrance de la femme que j'aime. Maëlly devait vraiment aimer Eliad ! C'est sûr.
Je n'aurais peut-être jamais dû intervenir entre eux et laisser les choses se faire comme prévues, accepter que Maëlly ne sera jamais mienne. Parce que je souffre de la voir souffrir ainsi.
J'ai envie d'aller vers elle, de la serrer dans mes bras. Mais je n'ose pas.
Des flashs crépitent dans tous les sens. Des gens jasent à n'en plus finir J'entends des moqueries. Où va le monde, si le malheur des uns réjouit tant les autres, si les reportes à la recherche de scoops ne respectent plus la souffrance des gens ? Hmm ! Quel monde que le nôtre !
Elle est inconsolable, ma Maëlly, malgré les paroles reconfortantes de sa mère. Son père, quant à lui, ne mâche pas ses mots.
- Voilà Maëlly. T'as 25/20 pour ton mariage. Quelle belle réussite, ma fille ! Je t'avais pourtant prévenue qu'Eliad était un malade, qu'il ne t'aime pas et ne t'aimera jamais. Mais tu ne m'as pas écouté. Tu t'es entêtée et voilà le résultat ! Vois combien tu nous as mis la honte ! La honte, Maëlly !
Le père d'Eliad pose une main sur l'épaule du père de Maëlly.
- Je suis vraiment désolé que les choses se terminent ainsi !
- Tu n'as pas à te sentir mal, cher ami. Tu n'y es pour rien. Ton fils encore moins. La seule à blâmer ici, la véritable fautive ici, c'est ma fille. Elle et cette obsession maladive qu'elle a toujours eue pour ton fils !
Vers sa fille, il se retourne pour compléter :
- J'espère que ceci te servira de leçon !
Je me sens davantage coupable en ecoutant son père, surtout quand les yeux de Maëlly croisent les miens.
Ses yeux sont rouges. Rouges d'avoir pleuré ou rouges de colère, je ne saurais dire. Je sais juste que quelques secondes plus tard, les mains de Maëlly étaient accrochées à ma chemise et qu'elle me donnait des coups avec furie.
- C'est toi, j'en suis sûre ! C'est toi salaud. Je te hais, Edric MARIANO et je te haïrai jusqu'à la fin de mes jours. Et crois-moi, tu me le paieras !
Je n'oppose aucune résistance à Maëlly. Je secoue juste la tête. Des gens viennent la dégager de moi. J'ai à peine le temps de reprendre mes esprits qu'un coup de poing subit m'atterrit en plein visage. Je me retrouve au sol, face à mon père.
- Qu'est-ce que tu as fait à cette pauvre fille ?
- Rien, papa !
- Je te maudis, sale vaurien ! En parlant, il crache au sol.
- Allez, fiche le camp d'ici et que je ne te revois plus jamais à proximité !
Je me relève péniblement, puis quitte les lieux. Une dernière fois, je regarde en direction de Maëlly qui continue de pleurer son malheur.