chapitre 32
Ecrit par leilaji
Chapitre 32
***Lorelei***
Je suis réveillée ce matin par une délicieuse odeur de café noir. J’ouvre un œil puis l’autre et baille à m’en décrocher la mâchoire. Je suis courbaturée de toute part mais ça en valait la peine. Avec Mickael, on a refait l’amour et la seconde fois c’était intense et sauvage. Il n’a pas dit un seul mot et s’est contenté de m’aimer et de me faire sentir à quel point il adorait mon corps. Il m’a un peu malmenée mais je suppose que je l’ai volontiers laissé me malmener. Puis on s’est endormi, repus et fatigués sur le canapé du salon, en laissant toutes les lumières allumées. Dormir avec ou plutôt sur un homme est moins confortable que je ne l’aurais imaginé. Je finis par me lever et me rhabiller avec mes fringues de la veille et je pars à la recherche de Mickael.
Je ne sais pas comment il va réagir ce matin en me voyant après ce qui s’est passé hier. Je respire un grand coup et je rentre dans sa mini cuisine. Il est assis sur le rebord de la fenêtre et regarde au loin. Ses yeux sont vraiment étranges, selon l’endroit d’où tu le regardes, ils peuvent paraitre bleus ou verts. Ses traits sont fatigués et je devine qu’il n’a pas fermé l’œil de la nuit.
- Hey boo ! Bonjour.
- Bonjour mon ange…
Je reste adossée au chambranle de la porte et il me sourit.
- Viens là, je ne mors pas tu sais.
Moi qui pensais qu’il voudrait un peu d’espace ! Je cours me réfugier dans ses bras et je pose ma tête sur son ventre. Il me caresse les cheveux tout doucement et je soupire de contentement. Je lève la tête pour le regarder. C’est fou ce que j’aime ses taches de rousseur. C’est ridicule je le sais parce qu’il a de très beaux yeux. Mais j’aime plus que tous ces petits points de feu sur sa peau. Ils lui donnent un air vulnérable. Je ne veux pas oublier qu’il est vulnérable.
- Il y a du café. Noir. J’ai pas de lait. Ni de sucre d’ailleurs.
Waouh ! On ne peut pas dire que ce soit un réveil très romantique. J’ai horreur du café noir. Je fais une petite grimace et il comprend que je ne suis pas très intéressée par son menu.
- Moi, j’ai besoin de boire du lait le matin… Et de manger une baguette de pain avec du beurre ou de la margarine.
- Tu me prends pour un grand villageois apparemment …
Il est amusé par mon attitude.
- Je suis allé au Palmier doré (boulangerie-pâtisserie située au centre ville) te prendre des trucs à manger et j’ai appelé ton frère pour lui signaler que tu es toujours en vie. Mais prends la peine de l’appeler tu veux.
- Ok pour mon frère. Et où sont toutes les merveilles que tu as achetées?
- Dans le micro onde. Répond-il en désignant l’appareil du menton.
Ding ! Le micro onde signale son arrêt et une délicieuse odeur de pâtisserie flotte à présent dans la pièce. Je m’en approche et retire le plat garni de différentes viennoiseries. Il y en a pour tous les gouts.
- Lola ? m’appelle –t-il en descendant du rebord de la fenêtre.
Il enfouit ses mains dans les poches de son jean et vient s’assoir à la table en plastique de la cuisine sans me regarder.
- Oui ?
- Je ne suis pas très doué pour … ça. Dit-il en faisant un geste de va et vient entre nous.
Mais que s’imagine-t-il ? Moi non plus. Je lui envoie un sourire bienveillant pour le rassurer. Ca ne sert à rien d’avoir déjà peur pour l’avenir. Ca deviendra compliqué bien assez tôt…
- Mickael. Comme je te l’ai dit. On ne se fait pas de promesse. On va juste vivre notre truc à fond sans se prendre la tête. C’est tout.
Il n’ajoute plus rien et on s’attable.
***En début d’après midi***
Mickael vient à peine de me déposer devant les studios de Valentine. On s’échange un baiser super doux et il s’en va. Je salue Tyson toujours au poste et me rends dans le bureau de Nadine pour un petit briefing puisque Gabriel est trop occupé pour me recevoir lui-même.
Dès que je rentre dans le bureau, je la trouve penchée sur son ordinateur, un crayon à la bouche l’air préoccupé.
- Bonjour Nadine.
- Salut la star. On dit quoi ?
- Rien, je suis là. Quelles sont les news ?
- Tu as un passeport ?
- Pour quoi faire ? Même à Port-Gentil qui est tout près je n’ai jamais mis les pieds.
- Ah, ça c’est bien la mentalité des noirs ça. Pff. Et maintenant, il va falloir qu’on se précipite pour le faire.
Elle imprime des documents et prend son sac. Je ne comprends rien à ce qui se passe. Elle a l’air stressée et sur les nerfs alors je ne pose pas trop de questions.
Gabriel entre dans le bureau.
- Alors, elle a un passeport où pas ?
- Non monsieur Valentine. Vous avez toujours vos contacts au Cedoc (centre de documentation où on établit les passeports et les cartes de séjour)
Gabriel sort son téléphone de la poche intérieure de la veste de son costume et lance l’appel. Il s’éloigne quelques minutes pour parler puis revient.
- Prends-la et allez faire le nécessaire avec Opiangah. S’il y a un souci tu m’appelles.
Il lui note le numéro sur un bout de papier, puis s’en va.
- Tu peux m’expliquer ce qu’il y a et pourquoi vous êtes si tendus ? je demande en croisant les bras sur ma poitrine.
- Il ne te l’a pas dit ?
- Dis quoi ? je m’énerve.
- Ta chanson cartonne à Johannesburg. Les ressortissants de l’Afrique centrale, Afrique de l’ouest et surtout les étudiants gabonais qui sont nombreux là bas sont en train d’en faire une tuerie. La maison de production te veut pour une interview exclusive et une prestation dans une émission et depuis ce matin Gabriel bouscule tous ces contacts là-bas pour te décrocher des shows dans deux grandes boites.
Nadine parle trop vite et je ne comprends rien. Johannesburg ? Interview ? Elle parle de moi ou je rêve ?
- Quoi t’es sérieuse là ?
- Il faut qu’on y aille Lola. Si je ne reviens pas aujourd’hui avec ton passeport Monsieur Valentine va m’étriper.
Je la suis sans regimber. Dans sa voiture, elle m’explique enfin que normalement, il devait m’annoncer la nouvelle et on devait s’envoler la semaine prochaine mais sans prévenir, la maison de production a tout avancé et Gabriel se retrouve au pied du mur. Il lui reste deux jours pour tout boucler et le perfectionniste en lui stresse à mort. Et évidemment quand le patron stresse, son assistance qui lui aplanit toutes les difficultés professionnelles, stresse aussi.
Quand je fais un saut chez moi pour récupérer mes documents afin de les transmettre pour la création d’un passeport à mon nom, je prends aussi ceux de mon petit frère. Après tout, il faut savoir saisir ce type d’occasion. Je sais qu’on va nous délivrer le sésame en moins de deux, alors que si je me rends au Cédoc toute seule en tant que mademoiselle-tout-le-monde ça va me prendre un mois dans les meilleurs cas. Je fais profiter de ma chance à Raphael comme cela lui aussi aura un passeport et sera prêt pour voyager à tout moment.
On passe prendre Raphael à ses cours et nous filons immédiatement à Oloumi au Cédoc.
On arrive au camp à 13 heures 20. Les agents sont en poste et un monsieur débarque de je ne sais où pour nous prendre en charge. Nous passons devant les autres en catimini et en fin de journée notre dossier est prêt. Il nous donne rendez-vous pour le lendemain matin très tôt. Nadine est soulagée et envoie un message à son boss pour lui indiquer le déroulement des évènements. Pendant que Raphael prend discrètement des nouvelles de sa fille, j’envoie un message à Mickael pour lui dire ce qui se passe et on discute pendant un moment par messagerie.
Quand vient l’heure de se séparer, j’embrasse Nadine qui nous laisse à l’entrée de chez nous et court retrouver sa famille.
***Bénédicte***
- Gabriel si elle ne vient pas, ça va être la catastrophe là-bas.
- Je le sais déjà ça. Dit-il sans cacher son agacement.
- Ok. Ok. Pas la peine de répondre comme ça.
Je lui fais de nouvelles propositions de chansons qu’il refuse toutes les une après les autres.
- Ecoute, peux-tu au moins m’expliquer pourquoi elles ne te plaisent pas ?
- Question de feeling.
- Umbrella aussi ne te plaisait pas. Et aujourd’hui on voit ce que ça donne chantée par Lola.
- Oui remixée par moi avant d’être chantée par Lola.
Je soupire. Nos relations se sont aggravées depuis que j’ai tenté de lui parler. Il est encore plus sur la défensive.
- Ecoute Mickael, ça ne se répétera plus.
- Quoi ? dit-il en continuant de feuilleter les pages noircies par mes chansons.
Il sait très bien de quoi je parle mais il préfère pratiquer la politique de l’autruche. Il ne veut juste pas en parler avec moi. Et bien, grand bien lui fasse !
On était au restaurant pour fêter umbrella et je me suis dit qu’il était peut-être d’assez bonne humeur pour qu’on discute sereinement de notre passé commun et avoir enfin l’occasion de lui présenter les excuses qu’il mérite. Mais ça ne s’est pas particulièrement bien passé. Il a payé l’adition et m’a plantée en plein Maisha sous le regard éberlué des autres clients. Mais je n’avais pas honte ! J’étais trop saccagée par son départ pour avoir le temps d’être honteuse.
J’ai une grande gueule. Ca je le sais puisque toute petite déjà, cette partie de ma personnalité me jouait de très vilains tours. En grandissant, j’ai essayé de faire la part des choses dans ma tête mais ce n’est pas facile quand il s’agit de Gabriel Valentine. Ce mec a un tel ascendant sur moi que je suis capable de faire n’importe quoi pour lui. Et ce n’importe quoi, je l’ai déjà fait.
Il sait me mettre dans tous mes états par un simple regard. Il sait … C’est Gabriel quoi. Il lui suffit d’entrer dans une salle et de se mettre à faire son sourire de tombeur et il obtient ce qu’il veut de qui il veut. C’est quelqu’un de lumineux et de généreux quand il le veut.
Mais lui et moi, c’est du passé. Je dois avancer. Comme lui avance lorsqu’il s’agit de Lola.
- Rien. Dis-je en me plongeant à mon tour dans mes notes.
- Tu ne pourrais pas changer de registre et plutôt décrire ce qu’elle est en train de vivre en ce moment. On a assez parlé d’amour non ?
- Gabriel il n’y a que le sexe et le fric qui font vendre des disques. Du moins à l’international…
- Bénédicte !
- Oui.
- Fais ce que je te dis. Dit-il d’un ton sans réplique que me fait sursauter.
Puis il quitte son bureau dans lequel nous nous étions réunis pour parler de la possibilité d’enregistrer quelque chose dans les studios de Deezer avant de rentrer au Gabon.
Ok Gabriel, si tu le prends comme ça…
***Deux jours plus tard***
***Lorelei***
Raphael tripote tout ce qu’il peut dans l’avion. On dirait Alice au pays des merveilles. Ni lui ni moi n’avons jamais voyagé mais moi au moins je suis assez grande pour ne pas le faire paraitre. Le siège de Gabriel n’est pas très loin du notre. Il est dans la seconde rangée à droite et il dort profondément. Avec Nadine, ils ont fait un boulot extraordinaire pour rendre ce voyage possible tandis que moi, j’ai répété la nouvelle chanson de Bénédicte avec elle au cas où j’aurai l’occasion de l’enregistrer à Johannesburg.
Bénédicte est juste un siège devant moi et griffonne encore des notes dans un de ses nombreux carnets. Cette fille est … bizarre. Bizarre dans le sens où je n’arrive pas très bien à cerner sa relation avec Gabriel. Amoureuse ? Pas amoureuse ? Ca varie selon les jours où ils ne se clashent pas sauvagement.
Après avoir fini de tout bidouiller, Raphael daigne enfin m’accorder son attention.
En LSF
- Je vais rater un devoir… signe-t-il tout content de ce fait. C’est la première fois que je vais rater un devoir.
- J’ai contacté ton prof et j’ai menti en disant qu’on voyageait pour te faire des examens donc dès que tu rentres, tu feras le devoir de rattrapage.
Il semble très déçu.
- Tu sais, je n’aurai jamais cru que maman aurait accepté que tu partes.
- Fallait me voir la supplier. Je me suis même forcé à pleurer pour l’attendrir ! signe-t-il de manière espiègle.
J’éclate de rire bruyamment et les autres passagers qui essaient de dormir froncent les sourcils en me regardant.
Franchement, ils peuvent froncer les sourcils autant qu’ils veulent, ils ne pourront pas gâcher ma bonne humeur pour autant. Pourquoi ? Parce que je suis dans un avion… Je voyage… C’est trop cooool. Toutes les souffrances des répétitions défilent dans ma tête et je suis très heureuse des débouchés qui commencent poindre à l’horizon.
- Bon allez, on va dormir… Tout le monde nous regarde.
- J’ai pas sommeil !
- J’ai dit on dort.
- T’es aussi méchante que maman toi.
Je le toise.
- Hé ne me compare pas à maman. S’il elle t’avait eu plus jeune… C’est pas en quatrième que tu serais mais en terminale tellement elle était dure et me faisait travailler sans relâche. Toi, elle te donne tout ce que tu veux. Je n’ai eu droit qu’à des réprimandes et des taloches pour me discipliner…
- Elle a dit que tu les méritais…
- Oui. J’ai fait les quatre cents coups… souvent, juste pour la mettre en rogne. Dis-je ne souriant.
Il me regarde avec intérêt. J’ai été très avare en anecdotes sur mon passé avec lui, je dois bien l’avouer. Il ne sait que les rares choses qui ont transpirées des albums photos de papa.
Ah maman et son éducation à l’ancienne. J’ai eu droit à de bonnes bastonnades étant enfant. Certaines largement méritées, comme quand je volais avec mes cousines les fruits qu’elle cachait dans sa cuisine. D’autres un peu moins … nécessaires comme quand elle me talochait parce que je regardais avec envie les voisines jouer et qu’elle prétendait que je reluquais les petits garçons qui passaient alors que ça ne m’effleurait même pas l’esprit.
Raphael étant venu sur le tard, elle s’était déjà beaucoup … diluée si on peut voir les choses ainsi.
- Allez, dors maintenant.
Quelques heures plus tard, on descend à l’OR Tambo de Johannesburg.
La ville me prend aux tripes directement. La vache ! Rien de comparable à Libreville. C’est tout de suite plus vaste … plus, plus tout. Je serre la main de Raphael qui regarde tout avec des yeux émerveillés et je reste concentrée. Je ne suis pas venue faire du shopping ou jouer les stars. Je suis en mission commando pour démontrer qu’au Gabon, on a aussi des talents !
Après avoir récupéré nos bagages et retrouvé le chauffeur envoyé par la société Deezer, on a à peine le temps de les déposer à l’hôtel et d’y laisser Raphael pour qu’il s’y repose sous la surveillance de Bénédicte qui ne voit pas d’inconvénient à jouer les baby sitter. Puis le chauffeur mis à notre disposition, nous conduit aux dirigeants de Deezer qui nous attendent pour un déjeuner d’affaire. Ils sont drôles eux, un déjeuner d’affaire alors que je n’ai qu’une seule envie ? Dormir. Dans la voiture, je tresse mes mèches en une longue natte sombre pour les empêcher de voler dans tous les sens. J’ai les traits fatigués et ça se voit à cent kilomètres mais je prends sur moi de ne pas me plaindre à Gabriel, alors qu’il fait déjà le maximum. C’est le moins que je puisse faire pour l’aider. Rester professionnelle !
Le déjeuner se passe bien. Gabriel discute avec le directeur général de Deezer et moi j’étale toutes les palettes de mon charme au directeur technique pour permettre à Gabriel de négocier tranquillement sans être dérangé à tout bout de champ. Heureusement qu’il parle le français parce que moi et l’anglais des affaires ça ne marche pas très fort. Apprendre une chanson c’est une chose mais tenir une longue conversation en est une autre. Mickael et moi n’avons pas besoin de beaucoup de mots pour communiquer. Je sais quand quelqu’un l’agace particulièrement et ce Monsieur Van-je ne-sais-plus-trop-quoi, l’agace.
- Alors Lola ? Prête pour la prestation de ce soir ?
Je palis. Ce soir ? Avec toute cette fatigue ?
- Oui évidemment. J’ai hâte. Dis-je un large sourire aux lèvres que j’espère convainquant.
- Nous aussi. Nous sommes très fiers de vous avoir dans notre écurie.
C’est au tour de Gabriel de pâlir. Je comprends pourquoi. Ils parlent de moi comme si Gabriel était tout simplement mon agent et que c’était eux qui me produisaient.
Je pose la main sur celle de Gabriel sous la table et la presse légèrement. Je ne suis peut-être pas allée très longtemps à l’école mais je sais au moins une chose : c’est toujours bien de paraitre plus idiot qu’on ne l’est réellement. Ca permet de préparer de très mauvaises surprises à ses adversaires. Il faut qu’il reste calme et tire partie au maximum de notre collaboration avec les sud africains.
Le déjeuner prend fin quelques minutes plus tard et nous rentrons en prenant un autre taxi. Gabriel desserre le nœud de sa cravate avant de prendre la parole.
- Ils ne m’ont transmis le nouveau planning que ce matin. Une artiste s’est libérée d’un show et la place était vacante pour une émission qui passe en direct à 20 heures. Comme ça on laisse tomber l’émission de 22 heures. 20 heures est une heure de grande écoute. J’ai dit oui sans penser au fait que tu serai fatiguée. T’as des cernes et le voyages était épuisant. On va annuler ne t’inquiète pas.
- Non. Hors de question.
Il me regarde étonnée.
- Quelle image de nous donnes-tu si tu annules ? Genre nous les gabonais on est paresseux et non professionnels. Non. Je vais le faire parce que je dois le faire. Je vais me maquiller et tu verras… ca ira comme sur des roulettes.
***Minuit. ***
***Gabriel***
Lola s’est maquillée et le résultat avant-après est spectaculaire. Elle a clippé des mèches de couleur brun caramel dans sa chevelure et porté une robe et un rouge à lèvre rouge incendiaire.
Une chose est sure, elle est faite pour la scène. L’interview et le show se sont parfaitement déroulés. Raphael était dans le public et elle lui a rendu un vibrant hommage en l’appelant sous les projecteurs. Le public était ému par les liens évidemment étroits qui unissaient la sœur à son petit frère. La présentatrice, une blonde prénommée Emilie, habituellement vorace avec ses invités a été très tendre avec elle. En fin de tournage, on a même fait un selfie-souvenir elle et moi. Il faut dire que j’ai largement préparé le terrain. Enfin… elle et moi nous revoyons ce soir…
…dans ma chambre.
Je fais une pause sentimentale alors je crois que j’ai bien le droit de m’amuser comme je le peux. On a rempli une partie de notre mission haut la main et une petite gâterie nocturne est largement méritée.
Le lendemain, après m’être séparé d’Emilie plus que ravie de notre petite nuit et qui a promis sans que je le lui demande de faire jouer ses contacts pour moi, j’ai bouclé deux prestations dans deux boites de nuits différentes. Je ne savais plus trop si c’était une bonne idée mais dès que j’en ai parlé à Lola, elle a tout de suite accepté.
Les deux soirées ont été phénoménales. Elle a surchauffé les deux boites et en fin de compte avec ce petit voyage, j’ai ajouté un petit zéro à ma mise de départ. Je suis assez content de moi. Assez content de nous.
***Bénédicte***
J’ai devant les yeux une proposition mirobolante pour Lola de la part de Deezer. L’Afrique du sud lui ouvre les bras et tout le sous continent aussi. Ils ont entendu les échos des deux soirées et comptent se l’approprier une bonne fois pour toutes.
Le seul problème c’est que le contrat écarte complètement Gabriel d’elle pour donner les pleins pouvoirs sur sa carrière à ma société. Ils sont même prêts à le dédommager puisqu’ils savent qu’elle est encore liée au studio Valentine. Ce que je sais c’est que Lola est ambitieuse et qu’elle est du genre à saisir toutes les opportunités qui se présentent à elle. Elle est venue en Afrique du sud et pour le moment, elle n’a fait que bosser et parler au téléphone avec son mec. C’est Raphael qui profite de la visite de la ville avec moi.
Un contrat pareil, ça ne se présente pas deux fois à un artiste. Elle va l’accepter je le sens.
Je le glisse sous la porte de Lola. Je ne peux pas faire autrement, je ne travaille pas pour Valentine mais pour Deezer. A elle de le lire et de prendre sa décision.
En repartant dans ma chambre, je reçois un coup de fil d’Emilie qui est une vieille amie et qui me demande combien de temps va rester Valentine.
- Je ne connais pas son planning Emilie.
- Allez aide-moi…
- Mais pourquoi ça t’intéresse autant ?
- Devine !
Après un bref instant de réflexion, je comprends.
- Tu … as couché avec lui ?
- Et je compte recommencer le plus tôt possible. J’ai envie de lui offrir un truc. A ton avis qu’est-ce qui pourrait lui plaire ?
Je l’imagine elle et ses longs cheveux blonds sur lui. Sur mon Gabriel. Ce n’est pas juste.
Gabriel et ses groupies. Ca recommence. Je raccroche au nez d’Emilie sans prévenir. Elle m’agace !
A l’époque déjà, toutes ces filles qui cherchaient à attirer son attention m’avaient rendu folle et fait échafauder un plan merdique sur les conseils de mes amies. Si au moins j’avais réellement couché avec son frère, j’aurai surement pu me l’enlever définitivement de la tête et du cœur !