chapitre 33
Ecrit par leilaji
Chapitre 33
***Lorelei***
On cogne à ma porte. Je suis tellement crevée que je n’ai pas du tout envie de me lever. Je ne sens plus mes pieds et il est hors de question que je réponde à qui que ce soit. La personne insiste.
- Lola ! Il ne reste plus que cette journée et celle de demain ouvre.
Gabriel ! Mais comment ce mec fait pour être au taquet comme ça tout le temps ? Crier de rage ne servira à rien alors je me lève, enfile un peignoir et lui ouvre la porte.
J’ai envie de lui jeter quelque chose au visage. Lui et moi n’avons pas dormi mais il est frais comme un … comme un Gabriel. C’est la seule expression qui me vient à l’esprit.
- Franchement tu m’énerves ! Comment peux-tu être si poncé (expression gabonaise pour dire très classe) très tôt le matin comme ça.
Il jette un coup d’œil à sa montre.
- Lola, je t’ai laissé dormir. Il est 14 heures de l’après midi. Ce n’est plus le matin depuis très longtemps. Il faut que tu manges…
- Merde. Où est Raphael ?
- Avec sa femme Bénédicte. Dit-il d’humeur badine.
- Cette fille c’est un ange !
Il soulève un sourcil. Il n’a pas l’air très convaincu.
***Gabriel ***
Lola dort presque debout. Elle lève sur moi ses yeux injectés de sang d’avoir trop peu dormi et s’efface pour que je puisse entrer. Ca m’étonne toujours de la voir sur les rotules. Sur scène c’est une vraie pile électrique. Je suppose qu’elle met toute son énergie dans les shows d’où son énorme fatigue d’après prestation scénique. Je m’avance dans la chambre et marche sur du papier. Tiens ! Qu’est-ce que c’est ? Je ramasse les documents et les lui tends. Elle les prend sans y jeter un coup d’œil et traine des pieds jusqu’à son lit où elle s’assoit et me regarde.
- Je te jure que si ce n’est pas vraiment mais vraiment urgent, je te tue sur place. Dit-elle en posant les documents sur son lit.
- Rien que ton haleine pourrait me tuer. Je rétorque.
Elle rigole doucement et met de l’ordre dans sa chevelure tout en se dirigeant vers la douche.
- Je voulais te féliciter pour les deux soirées dans les boites de nuit… Tu as assuré.
J’entends un bruit de brosse à dent puis de l’eau qui coule. Je crois que ça va être long alors je m’assois à mon tour sur le lit.
Je ne pensais pas pouvoir un jour assister à pareille scène tout en gardant mon calme. Lola prend une douche et je suis là assis sur un lit à l’attendre. Ca aurait dû être une scène d’après sexe ça. Je ne devrais même plus penser à ce genre de chose en sa présence.
Je respire et me concentre sur autre chose. Je prends les documents qui trainent sur le lit et y jette un coup d’œil.
Au fur et à mesure que je le parcours, je sens ma fureur décupler.
***Lola***
Après cette douche froide, je crois que je peux affronter la journée qui se présente. Surtout qu’avec Gabriel on ne sait jamais. Ce mec pense en termes de business à tout moment. Je détache mes mèches et enfile un autre peignoir mis à ma disposition par l’hôtel.
Puis je sors de la salle de bain.
- Alors une fois ne t’as pas suffit ? gueule-t-il
- Pardon ?
- Tu passes ton temps à me trahir ! Et moi comme un con…
- Gabriel ?
- Qu’est-ce que c’est que ça ? Deezer veut te récupérer.
- Quoi ?
Je lui arrache les papiers des mains pour les lire. Il se dirige vers la fenêtre de la chambre et regarde la ville s’étaler à nos pieds.
- Mickael te vole à moi et maintenant ça va être cette boite de merde là. J’aurai dû les voir venir avec leurs gros sabots. Ils ont tout fait pour chambouler les plans et me tenir loin de toi…
***Gabriel***
Il propose une somme honorable pour que je me sépare d’elle mais je n’en ai aucune envie. Je me suis lancé à fond sur Lola parce que son talent et le mien sont hyper compatibles. C’est une bosseuse qui agit en diva mais sait mettre la main à la pâte quand il le faut.
C’est une bosseuse qui sied parfaitement au perfectionniste que je suis.
Tout le monde me dira mais tu gagnes au change. Avec ce qu’ils te donnent tu pourras produire des vingtaines d’autres Lola au Gabon. Mais je n’ai pas envie de produire des vingtaines d’autres Lola. C’est elle que je veux.
J’en ai est assez de passer pour le grand gagnant alors que je passe ma vie à perdre. Tout le monde plaint Mickael et c’est à juste titre j’en conviens. Il a tellement souffert de notre situation mais je n’en suis pas sorti indemne non plus loin de là. Pourquoi penser que je suis le grand gagnant quand j’ai passé mon enfance loin d’un frère jumeau que j’imaginais me haïr parce que j’avais tout l’amour de notre mère. Est-ce que parce que je ne semble pas brisé on me croit heureux. Je ne le suis pas. Je ne l’ai jamais été.
J’ai passé ma vie le cul entre deux chaises : Mickael-maman. Mickael qui me rejetait en permanence et maman qui m’étouffait de son amour sans limite. Je ne pouvais pas faire un pas sans sentir son ombre envahissante derrière moi. J’en grandi hyper protégé et il a fallu qu’une fois adulte j’apprenne de moi-même que la vie ce n’est pas un conte de fée. J’ai dû apprendre par mes échecs que tout ne m’était pas dû comme ma mère me l’avait si malencontreusement fait croire. Papa ce grand lâche n’a jamais essayé de m’aider à y voir clair.
Je me suis bâti tout seul.
Le studio et Lola sont la preuve que l’enfant pourri gâté que j’étais est devenu un homme capable de réussir par la force de sa volonté et de son talent. Et Deezer veut me faire perdre Lola. Le pire c’est que pour être tout à fait franc avec moi-même, à sa place j’accepterai l’offre. Ce n’est pas le genre d’offre que l’on reçoit deux fois dans une carrière.
- Je ne savais pas ! Je te jure que je ne savais pas. Quelqu’un a glissé la feuille sous ma porte. Je suis aussi étonnée que toi. Se justifie t-elle.
C’est vrai que c’est moi qui ai ramassé les documents par terre et les lui ai donné. Merde.
- Que vas-tu faire ?
- Je ne sais pas encore… L’offre expire le jour de notre départ. Donc j’ai jusqu’à demain pour réfléchir et me décider.
Je me lève.
- Ecoute Gabriel je ne leur ai rien demandé.
- Je … sais. Excuse-moi. Mais comprends que ça passe mal. Je ne mérite pas cette trahison.
- Je comprends mais … c’est une chance inestimable n’est-ce pas ?
Je pourrai lui parler et tenter de la convaincre dès à présent de rester avec moi. Mais le mieux c’est que la décision vienne d’elle. Je ne peux pas lui imposer mon choix parce que si les choses tournent mal pour nous au Gabon, elle me le fera payer d’une manière ou d’une autre.
- Il y a la diaspora gabonaise qui t’invite à une soirée qu’elle organise dans un restaurent de la place, alors je leur dis que tu seras là ou pas ? Ce ne sont que des étudiants, il n’y a pas de fric à gagner, je me disais que ça te ferai plaisir de parler face-to-face à des gens qui apprécient ton talent et ta personnalité.
- Merci. Je serai là.
- Ok.
Avant de franchir la porte je m’arrête et lui dit :
- Lola ?
- Oui ?
- Fais-toi belle. Ce sont tes premiers fans. Oublie Deezer pour le moment et donne leur envie d’acheter l’album que tu sortiras un jour ou l’autre. Sois disponible, souriante et polie. Mais s’ils dépassent les limites tu me fais signe et je m’en occupe. De nos jours Lola, sans fans, tu n’existes pas. Les cd dès qu’ils sont sortis sont piratés mais les artistes gagnent quand même leur vie en vendant tout sauf de la musique. Il te faut un noyau d’inconditionnels sur qui tu peux compter pour parler de toi, te faire de la publicité gratuitement, acheter tes parfums, des billets de concert, les vêtements de ta ligne, les produits auxquels tu associes ton nom, etc. Tu me comprends ? Sans fans tu n’es rien !
- Ok.
Je la laisse seule après lui avoir prodiguée mes conseils.
***Lorelei ***
Pour ne pas que ma tête explose, je me suis recouchée après avoir appelé Raphael pour avoir de ses nouvelles. Il arpente encore les coins et recoins d’un énorme centre commercial de Johannesburg avec Bénédicte. Je la sens en attente de quelque chose et je comprends que c’est elle qui m’a glissée le contrat sous la porte. Mais je ne me suis pas encore décidée alors je ne lui dis rien. Après tout, elle aurait pu en parler à Gabriel et moi tranquillement au lieu de lui jouer le coup en douce et de me mettre en porte à faux avec lui. Peut-être espérait-elle qu’ainsi il n’aurait pas le temps de me convaincre de refuser et que je resterai à Deezer.
Deezer, Deezer… je soupire et je m’endors.
En début de soirée, j’ai enlevé mon tissage, fais un bon champoing et prodigué des soins à l’huile d’argan à mes cheveux puis je les ai nattés pour mettre une perruque blonde à frange. Je ne sais pas pourquoi, je trouve toujours que le blond me va bien. Le blond et le roux flamboyant !
Je cherche quoi mettre un bref instant puis je me décide pour une courte robe noire sans prétention qui me permettra d’être à l’aise dans mes mouvements. Une soirée avec des étudiants, on sait comment ça commence mais jamais comment ça va finir !
***Gabriel***
A dix neuf heures tapante, je cogne à sa porte et elle vient m’ouvrir en sautillant sur un pied pour mettre ses escarpins sur l’autre. Comme d’habitude, elle est époustouflante. On échange des sourires complices et l’accord tacite de ne pas parler de Deezer pour le moment et on va à la fête des étudiants.
Chaque seconde qui passe ne me donne qu’une seule envie : lui dire de ne pas me quitter une seconde fois.
Je veux dire, la première fois j’ai fini par comprendre qu’elle avait bien fait d’être aussi … vache ! Sinon, j’aurai passé mon temps à espérer son retour dans mes bras. Je ne pouvais lui imposer de rester avec moi tout en ressentant des choses pour mon frère, ça aurait été ignoble !
***Le lendemain matin***
***Lorelei***
Je suis assise sur le rebord de la fenêtre qui surplombe la ville et ses tours. Ce matin, il fait un peut froid alors je porte un bon gros sweet shirt et une jupe en laine. Je me sens … dépassée par les événements et le pire c’est que la personne à laquelle j’aurai demandé des conseils professionnels, c'est-à-dire Gabriel, ne peut pas me conseiller objectivement. Je sirote ma tasse de lait chaud et regarde une nouvelle fois la ville. Peut-être à force d’insistance pourrai-je entendre ses chuchotements ! Si je tends l’oreille, l’entendrai-je me dire reste ou fuis ?
La soirée de la veille a été très chouette. J’ai fait tout ce que Gabriel m’a conseillé. J’ai souri, rigolé à des blagues, dansé, chanté, bu un peu pour accompagner tout le monde, signé des tee-shirts au feutre noir, fais des tonnes de photos et accepté de donner une interview tchat au site Facebook : love lola. J’ai été parfaite. Et même quand on me posait des questions trop personnelles, je répondais toujours poliment sans me vexer de ce que ma vie privée les intéresse autant.
Moi je leur donne ma musique. Mais apparemment ça ne leur suffit pas. Il leur faut des bouts de moi pour emballer le tout. Gabriel a dit que c’est comme ça que ça fonctionne. Je suis la bande son de la vie de certains de mes fans donc j’entre dans leur intimité. Alors à leur tour, ils ne veulent pas être les seuls à donner, il leur faut aussi un peu de mon intimité.
Qui est ton mec ? Comment ta famille vit ton succès ? Quelle est ta profession ? Quel est ton niveau scolaire ? Que fais-tu de l’argent que tu gagnes ? Dis-nous des choses sur toi ! On veut te connaitre…
J’ai participé comme j’ai pu.
Et maintenant que je dois bientôt partir, j’ai le blues. Je n’ai qu’une hâte ! Retrouver les bras de Mickael parce que ses messages de trois mots maximum ne me suffisent plus. Ses silences et ses regards me manquent. Je descends du rebord de la fenêtre pour aller me recoucher sur le lit. Je devrais être en train de faire les courses mais je n’en ai pas la force. C’est bien la première fois de ma vie qu’acheter des fringues ou du maquillage ne me dit absolument rien. Je suis trop naze, mes piles sont à plat. Mon corps en arrêt technique. Seule ma tête continue de fonctionner parce qu’il faut que je me décide.
Je sais ce que je vais faire. Je viens de me décider. Je prends mon téléphone et me fais un selfie (autoportrait fait par l’appareil photo d’un téléphone portable) pour immortaliser le moment de l’une des plus grandes décisions de ma vie. Je tente ma chance. Oui ! Je tente ma chance !
***Gabriel***
Tout l’après midi, j’ai prié pour que Lola sorte de sa chambre et aille faire des emplettes. Pourquoi ? Parce que si elle n’en fait pas c’est qu’elle a décidé d’accepter l’offre de Deezer et de rester à Johannesburg.
Je vais la perdre une seconde fois. Il faut que je m’y fasse. Putain, j’ai envie de tout casser !
Ce voyage c’était un piège que j’aurai dû voir venir. Je vide mon verre et avec la goulée de whisky, avale ma propre amertume.
Quelques minutes plus tard, je me rends dans la chambre de Lola pour lui souhaiter bonne chance et lui dire que ça ne me fait pas mal qu’elle choisisse Deezer alors que rien n’est plus faux.
Quand, je la rejoins dans sa chambre, elle y est avec son petit frère et Bénédicte. C’est la pagaille dans la chambre car elle fait ses valises.
- Tu fais tes valises ?
- Bah oui, on part n’est-ce pas ?
- Tu rentres à Libreville ?
Elle me regarde comme si j’étais le dernier des idiots !
- Quoi t’avais l’intention d’aller ailleurs ? on ne peut plus rester Raphael a manqué assez de cours comme ça. Sa mère qui est aussi la mienne soit dit en passant va me tuer. Depuis le matin, elle ne fait que me biper pour demander son fils… Alors on rentre n’est-ce pas ?
J’ai besoin de m’assoir quelques minutes pour digérer la nouvelle. Bénédicte comprend la situation et emmène Raphael déjeuner au restaurant de l’hôtel pour nous laisser en tête à tête.
- Je pensais que tu choisirais Deezer.
- J’y ai pensé figure-toi.
Merde !
- Juste deux secondes. Continue-t-elle en pliant ses robes étalées dans toute la chambre.
Je respire mieux.
Puis elle m’explique, en rangeant ses affaires :
« C’est grâce à toi que je suis là aujourd’hui. J’en ai pleinement conscience. Je ne suis pas prête à me lancer comme ça sans filet. Et c’est toi mon filet. J’ai du talent, ça je le sais personne ne peut m’en faire douter. Mais tu m’as fait comprendre qu’aujourd’hui, le talent seul ne suffit pas. Tu comprends le monde du show business, tu t’y prends à l’américaine et ça c’est nouveau pour le Gabon. Je n’ai qu’une chanson à mon actif. Et je n’ai pas envie d’être une étoile filante qui va illuminer pendant quelques secondes le ciel de la musique et disparaitre aussitôt. Je veux être un astre auquel on se réfère. Par ailleurs, je n’ai pas aimé leur manière d’agir dans ton dos. Il t’aurait conservé à mes côtés, j’aurai dit oui sans hésiter et tu serais devenu mon manager, de toute manière tu l’es déjà. Mais ils ont voulu t’évincer, ça prouve bien qu’ils ne savent pas tenir parole. Alors dès que je ne leur servirai plus à amasser du fric, ils me jetteront. Je suis peut-être ambitieuse mais je ne suis pas stupide ni pressée. »
Voilà, tout est dit. On va retourner à Libreville avec le buzz qu’on a créé ici à notre actif plus le succès d’umbrella. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Ensemble.
***Lorelei***
Quand nous rentrons à Libreville, je redescends un peu de mon nuage pour me rendre compte que je n’ai pas passé une seule seconde avec mon frère. Ca ne me ressemble pas ça. J’étais tellement accaparée par tout ce mouvement autour de moi que j’en ai oublié de m’occuper de lui comme à mon habitude. Par ailleurs, on aurait pu profiter de ce voyage pour consulter un spécialiste de l’audition mais j’avais trop de choses à faire. J’en ai le cœur lourd parce que lui y a pensé mais il n’a pas voulu me déranger moi et ma fichue carrière. Je suis en colère contre moi-même mais je me dis aussi que j’aurai une autre chance de réparer les dégâts.
Mickael nous a attendu à l’aéroport. Je suis hyper contente de le voir mais en présence de son frère je me retiens. Les blessures cicatrisent à peine alors je ne voudrais pas avoir une attitude déplacée quand ils se voient. Ils se saluent, puis Gabriel s’en va au studio parce qu’il y a fort à faire comme il dit. Mickael lui a loué un taxi ! Grande première et Raphael et moi sommes montés avec nos bagages.
Lors du trajet nous avons un peu bavardé et je lui au fait un bref résumé de notre séjour et de la décision que j’ai prise.
- T’as eu raison. Finit-il par dire.
- Tu crois ? Pourquoi ?
- J’aurai très mal pris que tu ne choisisses pas mon frère.
Non mais c’est ça son argument ? Il finit par me sourire pour me faire comprendre qu’il blague et je lui donne un coup de coude dans les cotes.
- Ta carrière, je ne m’en mêle pas. C’est Gabriel qui gère ce côté. C’est comme ça que je vois les choses.
Ce que j’aime avec Mickael c’est qu’il va toujours droit au but. J’aime qu’il raisonne ainsi. Ca me permet de bien séparer mes deux vies et de ne pas créer d’imbroglio.
Par ailleurs, j’ai pu bien réfléchir à ma vie et à ce que je veux continuer d’en faire pour décider qu’il est temps que je quitte le nid. Passer par la fenêtre pour voir Mickael, je ne suis pas sure que ça le fasse sourire longtemps.
J’ai un travail et une vie intime à protéger. J’ai 24 ans et ce n’est pas trop tôt pour prendre mon indépendance, du moins il me semble. Il faut que j’en parle à quelqu’un. Puis que je me décide.
***Un mois plus tard***
Nous somme en train de fêter la pendaison de crémaillère du petit studio d’une chambre que je me suis dégotée dans un quartier pas trop pourri.
Gabriel fait le DJ avec ses groupies tout autour de lui comme des fourmis sur du sucre.
Raphael discutent par texto avec Keith Ashley qui est plus jolie que jamais.
Eloïse s’est excusée de ne pouvoir venir et m’ a fait envoyer par le biais de son frère une caisse de champagne. Franchement je ne sais pas qui va boire tout ça.
Papa et maman assistent à la fête coincés sur un fauteuil qu’ils n’ont pas quitté depuis qu’ils sont venus.
Nadine la super assistante discute avec son mari. Elle ne le quitte pas un seul instant des yeux et lui n’arrête pas de lui sourire.
Je viens de lancer une nouvelle chanson.
Tout le monde ne parle plus que de moi comme la révélation RNB de l’année, je ne sais plus où donner de la tête. Gabriel s’est débrouillé pour faire diffuser en boucle l’émission de Johannesburg sur pas moins de trois chaines privées ici. Il continue de réfléchir sur la suite à donner à ma carrière et moi je m’entraine plus fort que jamais.
Les cours vont bientôt reprendre et cette année je compte bien décrocher mon diplôme vaille que vaille !
Et moi je suis dans les bras de l’homme de ma vie.
Je crois que nous sommes au complet et qu’il est temps de sabrer le champagne si généreusement offert par Eloïse. Une personne cogne à la porte et comme j’ai les mains prises par la bouteille et les flutes je demande à Raphael d’aller ouvrir. Le studio n’est pas très grand alors je verrai vite qui s’est invité au dernier moment à ma fête.
***Raphael ***
J’ouvre la porte et un monsieur se présente qui me semble étrangement familier. Je m’efface pour qu’il entre et il me sourit comme s’il me connaissait. Je lui fais signe de s’avancer, ce qu’il fait d’un pas nonchalant accompagné par deux hommes qui restent derrière lui.
Lola lève la tête et son visage se fige.
Le champagne et les flutes s’écrasent par terre.
Tout le monde tourne la tête vers le nouveau venu qui a provoqué une telle réaction de sa part.
Mickael inquiet se lève et se rapproche d’elle tandis que Gabriel fronce les sourcils et arrête la musique.
Maman se met à pleurer tout doucement alors que papa ne quitte pas l’homme des yeux.
L’homme en question ignore royalement Lola pour me parler :
- Bonjour mon fils, va dire à ta mère Lola que je suis venu te récupérer.
***