
CHAPITRE 32: RÊVE OUBLIÉ
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 32 : RÊVE OUBLIÉ.
**LUCIA MANGA MFOULA**
Je viens de raccrocher avec Gaëlle heureuse d’avoir pu lui
indiquer la voie du Seigneur. Je fais une prière pour dire merci à Dieu puis je
me mets à travailler jusqu’à ce que je rentre à la maison, c’est papa que je
trouve à la terrasse.
Moi : (Timide) Bonjour papa.
Il me regarde de la tête aux pieds et inversement avant de
me répondre.
Papa : Hum.
Je n’ai pas essayé de poursuivre la conversation et je suis
rentrée dans la maison, maman était à la cuisine avec la dame de ménage. Je les
ai salués toutes les deux et je suis allée me changer pour les rejoindre.
Maman : Tu as pris le carnet ?
Moi : (Me rappelant en même temps) Non maman, ça m’est
complètement sorti de la tête ces 2 jours. Mais j’irai demain puisque je ne
travaille pas.
Maman : Moi-même je vais te rappeler ça. Ça c’est quel
genre d’oubli à seulement 30 ans ? C’est qu’à mon âge tu vas oublier même
ton nom.
Tantine Nadine et moi rions.
Maman : J’ai épluché tes pommes, c’est dans l’assiette
au frigo.
Mon sourire s’élargit.
Moi : Merci maman.
Maman : De rien. Ton père était sorti ce matin pour
chez ton oncle Blaise, tu sais que leur terrain-là les atangatiers sont partout
non ?
Moi : Oui.
Maman : Voilà. Il a emmené un sac comme je lui avais
dit que c’est la nourriture de son petit-fils, il a aussi emmené un sac de
tubercules. On va éplucher ça tout à l’heure pour conserver au frais.
Moi : D’accord.
Je suis touchée par le geste de papa et en même temps cela
me donne de l’espoir. J’écris à Lucrèce pour le lui dire et elle me dit que ce
n’est que le début, les choses iront de mieux en mieux. Le reste de la soirée
se passe sans encombres et nous avons même la venue de ya Reine et les enfants.
Ils étaient à une sortie et se sont arrêtés là avant de décider de dormir avec
nous pour rentrer le lendemain (…)
Je suis assise dans un bureau en train de regarder une liste
de noms que je coche au fur et à mesure. Pendant que je la parcours, je suis
attirée par un des noms qui y figure '’Mendome Obiang Rail Philippe’’.
Moi : (Parlant toute seule) Le nom de l’enfant là fait
quoi ici ?
Je relève ma tête et j’interpelle un petit garçon qui passe
devant moi.
Moi : Mon fils vient d’abord.
Il s’exécute.
Moi : Va dehors là-bas et appelle moi Mendome Obiang Rail,
tu lui dis que je veux le voir rapidement.
Lui : D’accord.
Il est sorti et j’ai écouté comment il a prononcé le nom de
Rail avant que quelqu’un ne réponde. Il y avait énormément de bruit car
beaucoup de gens attendaient dehors. Peu de temps après, le jeune que j’ai
envoyé le chercher est revenu avec lui. Rail était tout sale avec des vêtements
déchirés comme un sans-abris, il avait une bouteille de vin de palme à l’aisselle
et n’avait pas l’air très lucide.
Moi : Attend c’est comme ça que tu te présentes pour
chercher du travail Rail ?
Il lève la tête et ouvre les yeux comme si c’est maintenant
qu’il essayait de réaliser l’endroit où il était. Quand il reconnaît mon visage,
il laisse tomber la bouteille et court pour venir se jeter à mes pieds en
pleurant. Comme il y avait des agents de sécurité dans la salle, ils ont voulu venir
le soulever pour le faire sortir.
Moi : Non, laissez-le, je le connais. (Le regardant)
C’est, c’est mon fils.
Rail : (Pleurant) Maman s’il te plait, aide moi.
Moi : Arrête de pleurer et relève-toi. Comment tu peux
venir chercher un travail en te présentant comme ça ?
Rail : Ce sont les habits qu’on m’a donnés.
Moi : Qui t’a donné ça ?
Rail : Je ne le connais pas. Il m’a dit que je
travaille pour lui et il m’a donné ça ?
Je le regarde et je ne sais que penser. Comment il va
travailler chez quelqu’un et être habillé comme un fou à la limite. Ou alors
comme il est ivre, il ne sait plus ce qu’il raconte ?
Moi : Lève-toi.
Il a du mal à le faire alors j’attrape ses mains pour
essayer de l’aider et je constate qu’il y a des trous au milieu de ses 2 mains.
Moi : (Fronçant les sourcils) Ça c’est quelle histoire ?
Je sens quelqu’un me bousculer et j’ouvre les yeux, c’est le
fils de ya Reine qui est au-dessus de moi, son dernier, 5 ans.
Moi : (Souriant) Qu’est-ce qu’il y a mon bébé.
Lui : (Répondant à mon sourire) Je suis venu dormir
avec toi maman Lucia.
Moi : Tu n’es plus bébé hein.
Il élargit son sourire et je lui fais de la place à côté de
moi mais le bon monsieur monte sur moi comme quand il était plus jeune.
Moi : (Amusée) Mais tu vas m’étouffer avec ton poids.
Lui : Non maman, je surveille mon petit frère.
Je souris en lui caressant la tête puis il s’endort. Je
tourne la tête pour regarder le réveil, il est 4h du matin. Je me mets à prier
dans cette position mais je me rends compte que j’ai oublié le rêve que j’ai eu
cette nuit. J’ai fini par me rendormir.
Ya Reine : (Entrant dans la chambre) J’ai dit quoi, que
l’enfant là est venu dormir chez sa mère non ?
Maman : Il est là-bas ?
Ya Reine : Il est bien là.
Maman : (Rentrant à son tour) Oh. Attends donc tu veux
m’étouffer l’enfant avec ton gros corps là ?
J’ouvre les yeux en
riant et le concerné aussi se réveille en s’étirant.
Maman : Regardez, l’enfant d’Abessolo là est
normal ?
Diva : (Derrière) Pardon respectez le nom de mon père,
c’est monsieur Abessolo.
Nous avons tous éclaté de rire.
Maman : Ah va là-bas. Si ton père c’est un monsieur,
c’est pour vous, moi quoi dedans ? Quand ton vilain frère là vient dormir
sur mon enfant, il ne voit pas que c’est un vieux ?
Diva : Alexandre
n’est pas vieux, maman Lucia doit le soulever. Elle s’entraîne pour notre petit
frère qui arrive. C’est pour son propre bien.
On a continué à rire avant que ya Reine ne les envoie à la
douche puis je me suis levée et j’en ai fait de même toujours avec difficulté.
Ya Reine : (M’enroulant la serviette autour du corps)
Vraiment je ne comprends pas ton affaire du bain là.
Moi : (Grelottant en essuyant les larmes sur mes yeux)
Ya Reine : Viens. Donc depuis là c’est toujours comme
ça ?
Moi : (Petite voix) Oui.
Ya Reine : On attend d’abord que le mois-là finisse. À
partir de 4 mois normalement ça doit arrêter.
Je ne dis rien et elle m’aide à m’essuyer et m’habiller
avant que nous ne descendions toutes les 2 rejoindre les autres. On ne tarde
pas à passer à table en parlant de tout et rien. Maman me rappelle d’aller
chercher mon carnet et je décide de le faire en même temps que les Abessolo qui
retournent chez eux. On se sépare à un carrefour et je continue chez Lucrèce.
J’ouvre le portail et rentre la voiture, pendant que celui-ci veut se refermer
quelqu’un profite à rentrer.
Moi : Eh mais vous vous croyez où ? (Descendant du
véhicule) Sortez im (écarquillant les yeux et la bouche de surprise)
Bhernie : Bonsoir Lumière.
Moi : (Silence)
On se regarde pendant je ne sais combien de secondes sans
que personne ne parle. Il a beaucoup changé depuis le week-end dernier où il
était là. Il a repris du poids, le teint est ressorti, les cernes et l’air
fatigué qu’il avait, y a plus. Ses vêtements sont impeccables, il a refait des
civiles au milieu de sa tête en rasant les bords et l’arrière, ses lèvres son
bien roses. Je ne vais pas me mentir, il est beau, un peu trop même à mon goût.
Je me suis fait violence pour me ressaisir.
Moi : (Arborant un visage neutre) Qu’est-ce que tu fais
là ?
Bhernie : Je suis venu pour vous voir et prendre de vos
nouvelles.
Moi : J’ai été claire avec toi la dernière fois
Bhernie.
Bhernie : Je le sais.
Moi : Alors pourquoi tu es revenu ?
Bhernie : Je te l’ai
dit.
Moi : (Soupirant) Je n’ai pas l’intention de me prendre
la tête avec toi.
Bhernie : Moi non plus.
Je le regarde.
Bhernie : Je veux juste avoir de vos nouvelles.
Moi : Nous allons bien comme tu peux le voir. Tu peux
t’en aller.
Bhernie : Tu m’avais dit la dernière fois que nous
n’étions pas des ennemis.
Moi : (Silence)
Bhernie : Alors pourquoi me parles-tu comme si c’était
le cas ?
Moi : (Silence)
Bhernie : Je ne suis pas là pour t’importuner Lumière,
je veux juste prendre des nouvelles de l’enfant.
Je soupire avant de me retourner et tirer ma sacoche et mon
sachet de pommes puis je marche vers la maison et m’assois à la terrasse. Il me
rejoint et s’assoit sur l’une des 2 chaises restantes.
Bhernie : Je suis devant le portail depuis plusieurs
minutes et j’ai sonné en vain. Je m’apprêtais même déjà à m’en aller quand j’ai
vu ta voiture venir.
Moi : Ok. Je ne suis pas venue pour durer ici. Nous ne
sommes pas là pour le moment.
Bhernie : Et vous êtes où ?
Moi : Je ne pense pas que cela te concerne.
Bhernie : Sans vouloir te contredire Lucia, je pense
que tous les endroits où loge mon enfant me concernent.
Moi : (Riant nerveusement) C’est la meilleure ça. Eh Dieu.
Lucrèce c’est toi qui avait raison oh, c’est vraiment toi. (Le regardant) Ce
n’est pas de ta faute Ello, c’est moi qui ai mal fait de te dire que tu es le
père de mon enfant, c’est de ma faute à moi.
Bhernie : (Silence)
Moi : Ton enfant est chez ses grands-parents et il sera
là-bas jusqu’à nouvel ordre.
Bhernie : (Silence)
On se fixe dans les yeux pendant un moment avant que je ne
détourne les miens pour les fixer sur mon sachet de pommes.
Bhernie : Qu’est-ce que c’est ?
Je le lorgne sans lui répondre.
Bhernie : Lumière.
Moi : (Le regardant) C’est comment avec moi Ello ?
C’est quoi ? On t’a envoyé pour me persécuter ?
Bhernie : Je
veux juste savoir ce que tu manges.
Moi : (Piaffant) Tchuip.
Il se rapproche et met sa main dans le sachet avant de
prendre une tranche pour la porter dans sa bouche. Je le regarde en même temps
dépassée par le culot dont il fait preuve.
Bhernie : (Léchant son doigt) La pomme Cythère. Erine
aussi aimait croquer ça quand elle était enceinte de Lucia. Avant son
accouchement, Fred avait acheté tout un sac.
Moi : (Le regardant, silence)
Bhernie : Je
Moi : Nous ne sommes pas des amis pour que tu viennes
me raconter tes histoires et je ne me rappelle pas t’avoir donné l’autorisation
de tremper tes mains dans mes choses.
Bhernie : Je peux manger les pommes avec toi ?
Moi : En fait tu te fous de moi ?
Bhernie : Comment ça ?
Moi : Oui tu te fous de moi et je sais que c’est moi la
responsable. Comme j’avais fait l’erreur de te faire penser que l’on pouvait
s’asseoir sur la même table et faire comme si on était des amis, c’est pour ça
que tu es là. On va mettre les choses au clair. Nous ne sommes pas amis alors
ne me raconte pas tes histoires car je n’ai rien à foutre de ça. Tu as une
femme, tu peux aller le faire avec elle. Deuxièmement, tu es certes le père de
mon enfant, mais cela s’arrête là, je ne veux pas de toi auprès de moi, je ne
veux pas que tu viennes ici ou ailleurs. Si tu veux avoir des nouvelles, un
simple message fera l’affaire, j’ai débloqué ton numéro pour ça. Je ferai
l’effort de te faire un compte rendu de mes visites à l’hôpital mais c’est
tout. Je ne veux et n’attends rien de toi. J’espère avoir été claire avec toi.
Maintenant tu te lèves et tu pars d’ici.
Je me suis levée et je suis rentrée dans la maison après
l’avoir ouverte. Je suis allée récupérer le carnet et je suis ressortie le
trouver au même endroit en train de manger mes pommes.
Moi : (Poussant un rire de gorge) Hum. Ello tu blagues
avec moi hein ?
Bhernie : (Se levant) Du tout. Je voulais simplement te
dire au revoir. Je reviendrai à ton retour ici pour te voir.
Moi : Je t’ai dit de ne plus venir.
Bhernie : Prends soin de vous.
Il a trempé sa main dans mon sachet et est parti sous mon
regard incrédule.
Moi : (Parlant toute seule) C’est mon bon cœur qui va
me tuer.
J’ai fermé la porte et je suis partie à mon tour à la maison.
J’ai rangé les choses et je suis venue devant la télé avec maman jusqu’à ce que
mon téléphone sonne en appel vidéo de Lucrèce. Je me déplace et elle m’explique
son rendez-vous avec Loyd cet après-midi, elle dit qu’elle s’est finalement
rendue avec les enfants (Timé et Désir) et que les parents n’ont pas discuté.
Elle me parle du fait que c’est confirmé pour ce lundi pour sa reprise de
travail et plein d’autres choses. Je lui parle aussi du fait que j’ai fait un
tour à la maison et c’est avec des pincettes que je lui dis que Bhernie est
passé là-bas pour me voir. Elle ne fait aucun commentaire et on zappe vite ce passage
pour parler d’autres choses notamment des courses pour les fournitures
scolaires des enfants et de ses neveux. Je lui dis que je la rejoindrai en
semaine pour rester avec eux et on ira les faire, puis on raccroche. Je vais
manger et à mon retour, j’ai des messages WhatsApp.
-Bhernie Ello : Ça m’a fait plaisir de te voir ce
soir.
-Bhernie Ello : Entendre le son de ta douce voix
m’avait terriblement manqué Lumière et je me suis rappelé ô combien tu as
toujours su apaiser mon âme.
-Bhernie Ello : Je le pensais avant et je te le redis
aujourd’hui, tu es magnifique dans ta grossesse et encore plus avec l’éclat qui
brille au fond de tes yeux. Cet éclat qui s’était éteint ce jour à l’hôpital à
Bruxelles quand nous avions appris cette terrible nouvelle. Mais aujourd’hui,
elle est à nouveau là. Ma lumière que j’avais rencontrée il y a 13 ans
maintenant un après-midi du mois de Janvier à SBG. Cet éclat qui avait bousculé
mon âme jusqu’à dans ses tréfonds et qui jusqu’alors n’a pas changé. Ma Lumière
est de nouveau présente, complète et si lumineuse.
-Bhernie Ello : J’ignorais que les dieux m’auraient
fait cette grâce de te voir à nouveau dans ton entièreté. C’était cela mon plus
grand regret mais c’est passé maintenant et je suis tellement reconnaissant.
-Bhernie Ello : Prends soins de vous. Mon cœur
t’appartient !
J’ai regardé ses
messages et je n’ai pas répondu. Le lendemain, je suis allée à l’église avec
les parents et j’ai envoyé la localisation à Gaëlle qui est également venue mais
que je n’ai pas pu voir car elle m’a vue au loin avec ma famille et n’a pas voulu
s’approcher. Elle m’a juste fait un message pour me dire qu’elle rentrait et
que nous parlerions par messagerie et c’est ce que nous avons fait. En soirée
c’est le coup de fil d’Erine que j’ai reçu et elle m’a dit qu’elle viendrait me
chercher au boulot à la pause lundi pour aller manger toutes les deux (…)
Moi : (Après nous être installées) Presqu’un mois dans
la même ville mais on n’arrive pas à se voir, la vie d’adulte c’est compliqué.
Erine : (Esquissant un faible sourire) C’est vraiment
compliqué mais on va essayer de mieux nous organiser. Comme ya Bhernie aussi a
regagné son domicile là, je serai plus libre de mes mouvements.
Moi : D’accord.
Nous avons passé notre commande et après le départ de la
serveuse elle s’est mise à me fixer étrangement.
Moi : (Souriante) C’est comment tu me fixes comme si y
avait un problème comme ça ?
Erine : Excuse-moi mais c’est parce que j’ai appris
quelque chose depuis samedi soir et je ne sais pas que penser.
Moi : Et cela a quelque chose à avoir avec moi ?
Erine : Oui.
Moi : (Intriguée) De quoi s’agit-il ?
Erine : Tu étais
heureuse avec papa Viclaire non ?
Moi : (Balançant une mèche de mon tissage derrière pour
libérer mon visage en arquant un sourcil) Pourquoi tu me demandes ça ?
Erine : Je veux juste savoir pour essayer de comprendre
quelque chose.
Moi : (Silence)
Erine : Tu n’étais pas heureuse avec lui ? Il ne
te traitait pas bien ?
Moi : Si, j’avais tout ce qu’il faut avec Viclaire.
Érine : Dans ce cas pourquoi tu as choisi la
souffrance ?
J’arque un sourcil.
Erine : (Les yeux rouges) Pourquoi tu es encore
retournée dans les bras de mon frère ya Lucia ?
Moi : (Silence)
Erine : (Coulant
des larmes) Pourquoi tu as choisi de revenir subir des combats avec ma
famille ? Pourquoi tu as fait ça ?
Je la regarde incapable de répondre à sa question…