Chapitre 33
Ecrit par La Vie d'Ielle
Chapitre 33 : Enchanté
**Ginette
J'ai claqué leur porte en partant.
Je ne suis pas là pour sauter de joie parce que Anne-Lily est rentrée, ce n'est pas ma petite fille donc je ne vois pas pourquoi ça devrait me mettre en joie. Je ne sais même pas pourquoi elle est de retour ici, pour que Mira soit à nouveau relayée au dernier plan ?
Pourquoi je demande même ? A peine elle a appris qu'elle est de retour qu'elle a oublié celle pour qui elle était sorti, Mira...
Ce n'est plus à prouver, cette femme n'aime pas ses enfants de la même façon. Oui, elle aime Anne-Lily plus que Mira. Je ne comprends pas pourquoi et comment une mère peut faire.
Elle se demande après pourquoi Mira fait tout ça ?
Non, qu'elle ne se demande pas. Mira se sent mal aimée. Elle est en manque d'attention, cette affection que sa mère a été incapable de lui donner et que moi je lui donne. Avec moi, elle se confie et elle peut se sentir libre c'est pour cela qu'elle me préfère à sa merde
Sa mère quant à elle, je ne l'ai jamais aimé et je ne vais jamais faire semblant de l'aimer pour faire plaisir à quelqu'un... Jamais !!
Elle se permet de me parler et de lever sa main devant moi ? Ce n'est que le résultat d'un relâchement de ma part, ce n'est pas un problème pour moi et je vais régler ça très vite.
Pour l'instant, je dois m'occuper de ramener Mira à la maison. Charles même il est fou pour me mettre l'enfant dehors ? Tout ce monde là, je vais régler cette histoire.
Quand j'ai parlé aussi à Mira, qu'elle ne fasse pas comme sa soeur. Elle n'a pas écouté et voilà qu'elle est enceinte et qu'on la chasse comme l'autre a été chassé.
Est-ce que je sais où Kasseim vit ?
Évidemment que je sais où ma petite-fille dort quand elle quitte ma maison.
Je suis donc allé me pointer devant sa maison et j'ai frappé.
C'est la concernée elle-même qui m'a ouvert.
Moi ( l'embrassant ) : Eeeeh mon bébé, allons à la maison.
Mira ( desserrant mon étreinte ) : Qu'est que tu fais ici nana ?
Moi : Je sais ce qui s'est passé, j'étais chez tes parents. Tu es enceinte ? C'est vrai ça ?
Mira ( baissant la tête ) : C'est vrai.
Moi ( relevant sa tête ) : Eh, relève la. Je ne suis pas du même avis que ton père et il le sait, tu le sais donc tu n'as pas à avoir honte de ce qui t'arrive. Tu seras maman, vous serez parents Éric et toi, c'est bien à ça qu'est sensée aboutir votre relation non ?
Mira ( fuyant mon regard ) : ...
Moi : Qu'est-ce qu'il y'a ? Tu n'as pas l'air heureuse.
Mira : Il n'y a rien a. Que fais-tu ici ?
Moi : Je suis venu te chercher.
Mira : Papa n'acceptera jamais que je reparte dans sa maison, tu as bien vu avec Anne-Lily.
Moi : Parce que tu pense que si je t'y emmène il pourra dire quelque chose ?
Mira : Non.
Moi : Alors pourquoi tu t'inquiète quand je te dis de faire quelque chose ? Avec le temps tu devrais être habituée déjà. Bref, on s'en va... Je te ramène chez moi d'abord.
Mira : Non.
Moi : Comment ça non ?
Mira : Je ne repars pas avec toi.
**Mira
J'apprécie qu'elle soit venu me chercher mais non, je ne repartirai pas avec elle et encore moins chez elle.
Je l'ai dit et je le répète, elle peut gérer tout ce qui se passe avec ma famille mais jamais ce qui se passe dans mon couple. Si je vais chez elle va vouloir s'immiscer et ça, je ne veux pas. J'ai déjà assez à gérer, je n'en veux pas plus.
En plus, j'ai l'occasion de régler définitivement cette histoire avec Éric donc je ne vois pas pourquoi je ne vais pas profiter de cela.
Nana : Qu'est-ce que tu me raconte Mira ?
Moi : Je ne vais pas repartir avec toi nana.
Nana : Comment ça ? Elle pourquoi ? Tu as encore peur ? Je t'ai dit de ne pas t'inquieter pour ton père.
Moi : Il n'est pas question de lui, je n'ai juste pas envie de rentrer avec toi.
Nana : Mais qu'est-ce qui t'arrive Mira ? Depuis que tu es rentrée du Maroc on a l'impression que tu es une autre personne.
Moi : Parce que je le suis.
Nana : Tubas un problème ?
Moi : Nana s'il te plaît...
Nana : Mais parle moi, depuis quand tu me cache des choses ? C'est Éric c'est ça ? Dis-moi.
Moi : Tu m'as déjà entendu te raconter ce qui se passe en profondeur dans mon couple ? Non ! C'est parce que je veux pouvoir gérer toute seule. Certainement tu es pleine de conseils mais non, je n'ai pas envie que quelqu'un vienne donner son point du vue qui par la suite deviendra envahissant.
Nana : Eeeh !!!! Tu me parle maintenant comme ta mère ? Donc maintenant mon avis est envahissant ?
Moi : Nana s'il te plaît, ce n'est pas ce que je dis.
Nana : Et c'est quoi alors Mira ? C'est quoi ? C'est comme ça que tu me remercie ? C'est comme ça que tu me parle maintenant ?
Moi : Nana je n'ai dit ça nana, ce que je te dis c'est que je veux pouvoir gérer ce qui se passe dans mon couple toute seule. Je n'ai pas non plus envie de rentrer avec toi.
Nana : Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Tu me reproche de quelque chose ?
Moi : Nana !!
Nana : J'aimerais juste savoir pourquoi tu réagis ainsi avec moi. Tu deviens très sournoise et tu me cache tout.
Moi : Pitié nana, épargne moi.
Elle a fini sa crise après elle est parti.
Je suis retourné m'asseoir dans le salon pour continuer ma réflexion sur ce qui se passe actuellement. Éric n'est pas là, il n'est pas rentré depuis qu'il est sorti.
Tout ça me dépasse surtout qu'il n'est pas prêt pour qu'on discute. Après je comprends, qu'il soit toujours dans le choc de la situ. Ce n'est toujours pas évident pour lui, ce qui est évident c'est que je suis bien enceinte et que mon couple va certainement se briser.
Ça fait quelques minutes déjà que je suis sur internet à rechercher tout ce qu'il y'a à savoir sur l'avortement.
Je ne pense pas pouvoir supporter d'élever cet enfant, c'est dur à imaginer. Sans Éric ce sera dur, je ne vais pas non plus l'obliger à l'élever.
Kadir, ce que je souhaite sur sa vie est proportionnel à ce qu'il m'inflige présentement.
Décidée, je cherche le papier de l'échographie mais il n'est pas avec moi puisque Maman l'a gardé avec elle. Je décide de regarder sur le net, j'espère trouver le numéro de la clinique au moins.
Bien tombée !! J'ai eu le numéro et j'ai lancé l'appel.
Moi : Allô ?
Réceptionniste : Réception de la Clinique vie verte, bonjour.
Moi : Bonjour Madame.
Réceptionniste : Bonjour madame, à qui ai-je l'honneur ? Madame ?
Moi : OVONO
Réceptionniste : Madame OVONO, en quoi puis-je vous aider ?
Moi : J'aimerais avoir le gynécologue s'il vous plaît.
Réceptionniste : Pourrai-je avoir la raison de votre appel ?
Moi : Il attend mon appel depuis quelques minutes mais j'ai perdu son numéro par conséquent, j'aimerais savoir si c'est possible d'avoir son contact ou si vous pouvez directement transférer mon appel.
Réceptionniste : Vous avez de quoi noter ?
Moi : Oui, allez-y.
Elle m'a passé le numéro et j'ai appelé le gynécologue.
Je lui ai fait part de ce que je voulais faire afin qu'il me dise ce qu'il faut. Il m'a dit qu'il me faudra avoir 80.000 et garder quelque chose pour l'ordonnance qui suivra l'intervention.
Ça me fait peur, j'en tremble même mais je ne vois pas d'autre solution ou du moins je ne sais pas quoi faire d'autre.
[ Sonnerie de téléphone ]
Moi ( décrochant ) : Allô ?
Linda : Man depuis que je t'appelle.
Moi : Ah.... Je n'avais pas vu.
Linda : Tu es à la maison ? Je suis en train d'arriver là-bas.
Moi : Je suis chez Éric.
Linda : Aaaahhh !!! Finalement tout fini bien.
Moi : Papa m'a chassé de la maison.
Linda : QUOI !!?
Moi :...
Linda : J'arrive là-bas tout de suite.
Moi : Hummm.
Le temps qu'elle arrive je suis allée ranger mes affaires dans l'autre chambre. J'avais tellement faim et un vertige de dingue que j'ai dû Faire sauter quelque chose pour manger, j'ai même gardé un plat à Éric.
Quand je me suis mise avec lui je ne me voyais pas être dans une relation stable. J'étais avec Junior et Éric était juste celui là qui devait m'assumer financièrement. C'est d'ailleurs dans un de ses magasins qu'on s'est rencontré parce que j'étais avec Linda pour faire des courses. Il m'a abordé pour me demander mon numéro et voilà.
Quand j'ai commencé à ressentir des choses pour lui je me suis dit que c'était l'habitude mais c'était bien l'amour et aujourd'hui c'est un amour fort.
Les choses auxquelles on ne s'attend pas sont toujours les plus belles.
Linda est venu et je lui ai dit ce qui s'est passé et ce que je compte faire, elle m'a insulté copieusement.
A peine elle quitte la maison que Chérile la remplace et dans tout ça, Éric n'est pas rentré... Il est 20h...
Moi : Je te donne quelque chose à boire ?
Chérile ( s'asseyant ) : Oh ne te tracasse pas pour moi.
Moi ( m'asseyant ) : D'accord !! Alors, ça va ?
Chérile : Oui oui et toi ?
Moi : Je vais bien.
Chérile : Tu es sûre ?
Bien sûr que ça ne va pas.
Moi : Oui.
Chérile : J'ai vu Éric tout à l'heure.. Il est venu voir Tom pour discuter et j'ai entendu toute leur conversation. Au final, il a fini par me dire ce qui se passe entre vous.
Moi : D'accord... ?
Chérile : Est-ce que tu es sûre que tu vas bien ? Je n'imagine pas ce que tu peux bien ressentir.
Moi : Non, je ne vais pas bien Chérile.
Elle est venu vers moi me prendre dans ses bras.
Je n'ai pas pleuré mais je me suis laissée aller intérieurement.
Chérile : Je lui ai parlé, je lui ai rappelé que dans tout ça c'est toi la victime.
Moi : Peut-être bien mais il se trouve que lui aussi ressent de la douleur dans cette histoire.
Chérile : Je le sais ma belle, c'est difficile pour tous les deux mais si vous ne vous asseyez pas pour en parler rien ne va s'arranger. Vous voulez que ça se termine, votre relation ?
Moi : Non... Ce n'est vraiment pas ce que je souhaite.
Chérile : Et je ne pense pas qu'il le souhaite aussi. Vous avez mal tous les deux mais prenez le dessus sur tout ça afin de discuter. Ce qui s'est passé s'est passé et voici maintenant que tu es enceinte. Qu'est-ce que tu vas faire ? Il m'a dit que tu lui as parlé de ton envie de te fait avorter ?
Moi : Je ne sais pas quoi faire.
Chérile : Ce n'est pas la solution. Tu pense qu'en faisant cela ça règlera la situation, n'est-ce pas ?
Moi : Oui.
Chérile : Mais ce n'est ça le problème... Le problème est le fait qu'il s'agisse de son frère qui est passé sur toi. Tu sais que ces gens là ont une mentalité différente de la nôtre. Tu ne l'as pas trompé, tu as été abusée et il le sait. Il n'arrive juste pas à dépasser ce qu'il a vu. Asseyez vous et discutez. Ne réagissez pas à chaud au risque de prendre de mauvaises décisions. Tu es ici, même si c'est parce que tu as été chassée de chez toi, profite pour percer l'abcès. Le ton va monter quand vous en parlerez, ça va crier mais c'est ce qu'il faut. Il faut que ça sorte.
Moi : Oui oui, je...
Éric : Bonsoir.
Chérile : Bonsoir Éric.
Moi : Salut.
Chérile : Je vous laisse ( se levant ).
Éric : Tu n'es pas obligée de t'en aller parce que je suis là.
Chérile ( prenant son sac ) : Oh non, j'attendais juste que tu viennes.
Éric : Je te dépose ?
Chérile : Non, je vais prendre un taxi. Ne t'inquiète pas.
Moi : Allons que je t'accompagne en route.
Éric : La ruelle n'est pas éclairée donc je vous suis.
Nous sommes allés la laisser en route.
C'est quand elle a pris son taxi que nous avons retroussé chemin. Retour en silence, personne ne parle.
Éric : Tu ne veux pas prendre quelque chose à manger ?
Moi : J'ai fait à manger à la maison, je vais réchauffer ton plat.
Éric : Ok.
Jusqu'à ce qu'on arrive il n'a plus dit un mot.
J'ai réchauffé son plat et quand il s'est attablé je suis allée m'enfermer dans ma chambre.
Je me suis mise dans le lit avec mes habits pour les plier. Je n'ai même pas le minimum de mes vêtements et sous-vêtements, heureusement que j'en ai un peu ici mais même là ça reste insuffisant.
Dans un sachet ? Papa met mes vêtements dans un sachet.
Éric : Tu en auras d'autres demain.
Je lève la tête, je n'ai pas entendu la porte s'ouvrir.
Moi : Pardon ?
Éric ( venant devant moi ) : Je me suis permis de regarder et j'ai pu voir que tu n'as pas le nécessaire. Demain quelqu'un t'apportera un ballot certainement.
Moi : Merci ( reprenant ce que je faisais ).
Éric : Mira ?
Moi : Oui ( le regardant ).
Éric ( soutenant mon regard ) : Ne mets pas ta vie et ton avenir en danger s'il te plaît, ne te fais pas avorter.
Moi : ...
Éric : Je voyage dans deux jours, je vais au Maroc. Je ne vais pas mettre de temps, j'ai quelque chose à faire et à mon retour on va discuter. Accorde moi ce temps, tu veux bien ?
Moi : D'accord. Tu parleras de la situation à tes parents ? Ton père ?
Éric : Il le faut... Kadir ne peut pas dormir sur ses lauriers tandis que notre couple est touché.
Moi : Tu pense que c'est la solution ?
Éric : Je pense que Kadir a agi très mal, il t'a fait du mal et savoir qu'il est tranquillement assis me dérange. Les parents doivent savoir...
Moi : Tu leur parlera aussi de la grossesse ?
Éric : ...
Moi : Ton père n'en sera que conforté dans ses propos.
**Anne-Lily
Nous sommes à sauce créole.
C'est bien silencieux entre nous.
Ce n'est pas de sa faute, c'est juste que je suis devenue moins bavarde... Déjà que je ne le suis pas au départ.
Jérémie : Ça va ?
Moi : Oui.
Jérémie : Je sais que physiquement tu vas bien mais est-ce que ça va réellement ?
Moi : Non.. Il me manque toujours autant.
Jérémie : Tu es forte.
Moi : Ai-je seulement le choix ? Puis, ce n'est que d'apparence parce que intérieurement je pleure chaque jour que Dieu fait. C'est juste que si je m'abandonne à cette douleur je risque de mourir, mourir de douleur.
Jérémie : Et c'est que tu dois faire. Transformer cette douleur en force et avancer. Ça a l'air facile quand je le dis mais je sais que c'est une chose vraiment difficile à faire. Avec l'aide de ta famille tu vas t'en sortir.
Moi : Pas uniquement eux, toi aussi tu m'aide beaucoup. Tu as été là dès le début de mon calvaire.
Jérémie : Et je serai là jusqu'à ce que tu retrouve une forme émotionnelle et même après.
Moi : Merci.
Jérémie : Prête pour lundi ?
Moi : J'ai peur d'avoir perdu les bases du métier.
Jérémie : Je ne sais pas pourquoi mais je suis sûr et certain que les choses se passeront bien pour toi.
Moi : Ah oui ?
Jérémie : Oui. J'ai confiance en toi.
Moi : Merci !
Jérémie : Qu'est-ce que tu compte faire en dehors de ça ?
Moi : Rien... Boulot et maison, rien de plus.
Jérémie : Pas d'activités autres ?
Moi : Rien !! Je ne suis pas du genre à aimer les sorties d'ailleurs.
Jérémie : Tu ferais des exceptions ?
Moi : Ça dépend.
Jérémie : Je prends la responsabilité et la charge de te faire sortir désormais. Te créer des activités pour que tu ne reste pas cloîtrée à la maison. Tu veux bien ?
Moi : Si tu veux. De toutes les façons, de moi-même rien de tout ça n'arrivera.
A la base je ne sors pas beaucoup et avec cette saveur qui me manque désormais je n'en ai même plus envie. Boulot et maison me conviennent amplement. Maintenant si quelqu'un veut traîner mon corps dehors, peu m'importe tant que ça me change les idées et quoique de moi-même ça n'arrivera pas.
Moi : Tu n'as rien d'autres à faire ? Tu ne travaille pas ?
Jérémie : C'est vrai que tu ne connais rien de moi.
Moi : Oui.
Jérémie ( me tendant sa main ) : Jérémie KOMBILA, logisticien à SOBRAGA... J'ai 29 ans.
Moi : SOBRAGA ( saisissant sa main) ?
Jérémie : Oui, tu connais ?
Moi : J'ai droit à la boisson gratuite ?
Jérémie : Uniquement dans la SOBRAGA ( reprenant sa main ).
Moi : Alors j'ai trouvé une de mes activités autres que le boulot, venir te rendre visite.
Jérémie : L'intérêt guide l'esprit.
Moi : Bha...
Jérémie : Et toi alors ? Présentation ?
Moi : Qu'est-ce que tu ne connais pas ?
Jérémie : Aller !! Joue le jeu.
Moi : Anne-Lily KOUMBA, stagiaire à Loxia banque dès lundi... J'ai 25ans.
Jérémie ( souriant ) : Enchanté.