Chapitre 33

Ecrit par sokil

J’ai bien reconnu sa voix, et lorsque je me suis retournée, je l’ai vu tirer une bouffée avant de jeter le mégot par terre et de l’écraser avec son pied. Il est planté là devant moi, on dirait un gangster; il porte un pardessus noir avec un large col et un jean sale, déchiré de partout. Je fais l’effort de garder tout mon calme.

- Que… fais-tu là ? Comment tu as réussi à entrer ?

- Les gardiens ont tout simplement oublié de fermer le petit portail … J’ai profité de leur petite absence pour pénétrer…
Facile ! On se croit toujours en sécurité, mais au fond nous ne le sommes pas ! Il suffit d’une toute petite seconde d’inattention et PAF ! Le tour est joué !

J’avale ma salive avec peine ; je maudis intérieurement ces gardiens à cause de leur foutu négligence. Je le dévisage encore maladroitement, et un haut le cœur me gagne tout à coup.

- Tu ferais mieux de t’en aller…

- Non !!! Je veux voir mon fils, je veux le voir !!! Et crois-moi, je ne suis pas prêt de lâcher prise ! Tu n’as pas ce droit ! Tu ne peux pas me l’interdire !

- Pardon ??? J’ai mal compris là ! De quel droit parles-tu ? Je n’ai pas envie de te faire une leçon d’histoire ! Tu sembles avoir la mémoire courte on dirait! Maintenant je vais te prier de sortir d’ici, si tu ne veux pas m’entendre crier, tu fiches le camp d’ici ! Non seulement je ne te connais pas, mais je ne sais pas de qui et de quoi tu veux parler… je pense que tu as une épouse qui t’attends, tu ferais mieux d’aller la retrouver! Arrête de me harceler et de rôder ici en permanence, si tu ne veux pas te retrouver en prison ! Alors, Déguerpis sur le champ !!!

Au fur et à mesure que je parle et que le ton monte, Steve s’agite et ne tiens pas sur place. Subitement il fonce droit sur moi et m’empoigne au niveau du cou, ensuite il sort un couteau de sa poche et m’attire vers la pénombre au niveau du jardin et des arbres qui dominent la cour. Tout se passe très vite ; j’ai regretté à la seconde pourquoi je n’ai pas crié plus tôt ; et même si je l’avais fait, à le voir dans cet état les choses auraient peut être empirées, il m’aurait sautée dessus de toutes les façons. Je respire si fort, lui aussi ; j’ai les yeux embués de larmes et sa main est plaquée en même temps sur ma bouche. Les gardiens finissent par réapparaître Dieu merci, mais ils sont affairés à la guérite.

- Si tu tentes de crier je te saigne ! Ils ne peuvent pas nous voir et si tu coopères, les choses vont très bien se passer, je vais enlever ma main et si tu cries, je le fais ! Moi je n’ai rien à perdre ! De toutes les façons, je suis déjà mort ! Je te tue, je me tue ! C’est gagnant-gagnant ou perdant tous les deux ! Tu piges ?

Je secoue la tête en guise d’affirmation. Il finit par lâcher prise, il m’entraîne encore loin, au fin fond du jardin, où il n y a presque pas de lumière ; il m’ordonne de m’agenouiller, je le fais, il m’ordonne de joindre mes deux mains par derrière, j’obtempère. Il s’accroupit et me parle en me pointant le couteau en pleine figure. Je tremble plus qu’une feuille sèche sur le point de se détacher de son arbre.

- Ok ! C’est parfait… J’ai toujours su que tu étais une fille docile, sage, qu’on pouvait manipuler comme on voulait ! Tu as ça en toi, on ne change pas au fond ! Moi j’ai pas changé ! Je suis le même… Tu vois, j’ai tout raté dans ma vie, les études, la cuisine, et même ce faux mariage ! J’ai jamais rien fait de bon ; tout est faux, je n’ai que le Brevet, le reste est faux, j’ai tout falsifié, tout, ainsi que mes diplômes ! La fille du maire, je la baisais comme je voulais, et je lui ai fait croire que je faisais partie des mecs pauvres mais qui se battent et réussissent tant bien que mal… Elle a fini par me découvrir et ma largué comme un malpropre… Je suis recherché par son père ! Il veut ma tête… Mais j’ai toujours des relations, et je suis sur le point de partir…Et toi je t’amène avec moi, tu as toujours été mienne, je t’ai aimé, sincèrement, mais je n’avais pas le choix, alors j’ai choisi de partir avec la fille du maire parce que tu aurais fini par me découvrir de toutes les façons ! Tous ces mensonges, ta mère et ta tante l’avait pressenti depuis longtemps, elles me connaissaient mieux que personne, mieux que toi ! Alors j’ai préféré partir à la dernière minute ! Dommage que tout ai coïncidé avec mon mariage ce jour là où mon fils venait au monde ! J’avais pas l’intention de t’abandonner, mais j’ai fais un choix de raison…Mais c’est mon fils et j’ai le droit de l’avoir avec moi ! Vous m’appartenez tous les deux ! Quand j’ai appris à la télé que Tsoungui Ferdinand est aux arrêts, j’ai éclaté de rire je te jure ! Ça m’a donné envie d’aller le voir… J’y suis allé et devine quoi ? Il est dans un délire total, il n’en revient pas et clame carrément son innocence… Il m’a regardé dans les yeux et m’a dit que j’étais la seule personne qui soit venue lui rendre visite et que tout le monde l’a abandonné; il a parlé de toi, de ta mère de tout le monde et même de sa femme qui l'aurait aussi abandonné! Tout le monde l’a lâché ! J’ai pu enfin le regarder moi aussi dans les yeux et lui dire qu’il n’a eu que ce qu’il mérite ; c’est ce que je tenais à lui dire… Il m’a haï ce type il a passé son temps à me cracher dessus comme un chien ! Aujourd’hui qui est ce qu’on traite de chien ? C’est bien lui. En lui tournant le dos, il m’a dit ceci, et c’est ça qui attire mon attention : « Tu n’auras jamais Klariza !! Jamais ! C’est pas ma fille mais je l’ai aimée comme ma propre fille ! Je suis content qu’elle épouse Bill au final ! C’est un homme maintenant, c’est un type bien je le reconnais, ils seront là bientôt d’après ce que j’ai appris ! Tu ferais mieux d’aller te rincer les yeux ! Parce que figure-toi qu’entre toi et moi, c’est toi qui est perdant dans l’histoire… » Voilà ce qu’il me balance ! Que tu es entrain de te marier! Félicitations !!! Il me mets au parfum de ta venue ici et je prends la décision de faire ce que j’ai programmé depuis lors… Attendre ta venue, récupérer mon fils et de partir… Oui !!! Je t’amène avec moi sur le champs ! Je t’ai dégoté un nouveau passeport avec un nouveau nom, on va vivre au Cap en Afrique du sud !

- Mais… tu …tu es malade !!! Je ne …

- Ferme là ! Je vais nous trouver le moyen de nous sortir d’ici !

- Jamais ! Jamais je ne vais abandonner mes enfants !!!

- Tes… Tu en as deux ? L’autre est de qui ? Bill ??? Sale pute ! Tu… tu me fais ça ? Attends je vais te saigner juste un peu !

- Noooon ! S’il te plait! S'il te plait!

Steve craque par la suite et se met à pleurer comme un enfant.

- Si tu savais comme je regrette !!! Je n’aurai pas dû partir ! Je te jure ! Je savais que tu m’aimais ! Je le sentais, mais je n’étais pas bien, je ne méritais pas de te mentir en permanence, j’avais honte au fond de moi, car j’étais faux, tout était faux en moi… Aujourd’hui, c’est le vrai Steve qui te parle… je te prie de venir avec moi… Laisse tout ça et allons-nous-en ! Je te promets de te mettre à l’aise ! On va vivre au Cap tu te rends compte ? J’ai pu obtenir un visa et je ferai en sorte que toi aussi tu aies ton visa avec notre fils…

- Alors… Laisse-moi aller le chercher !

- Tu me crois si naïf que ça ? Petite salope ! Donne-moi ton téléphone !

Il le prend lui-même dans la poche de mon pantalon jean et me le tend.

- Tu vas appeler quelqu’un, je sais pas moi… Tu lui demandes de t’amener rapidement mon gosse ; il doit le faire discrètement ; au moindre faux pas je te blesse, je te préviens ! On meurt tous !!!

- Ok ! Ok ! Je vais appeler quelqu’un !

- Fais-le ! Nous sommes appelés à cheminer ensemble, jusqu’à la mort bébé !

Je compose fébrilement un numéro, n’importe lequel, mais au fond je n’appelle pas n’importe qui… Lorsque je raccroche, je garde mon calme… Steve pressent du louche et me demande d’une voix autoritaire.

- Qui t’as appelé ? Réponds-moi ! Est-ce que la personne là vient avec mon fils ?

- Oui !

- Très bien ! Quand cette personne va arriver tu vas lui demander de se démerder pour éloigner les vigiles ! J’ai une voiture dehors on va sortir et filer en toute vitesse !

- Et tu penses que cette personne va rester là sans alerter tout le …

Steve me coupe la parole et soulève son blouson et me montre une arme qu’il a accroché à sa ceinture. Je manque d’avoir le souffle coupé. Je commence à pleurer et à le supplier.

- C’est … c’est de la folie ! Tu vas tuer …

- Tout doit fonctionner comme j’ai dit, sinon on meurt tous ! Je m’en fou, je vais te tuer, je tue le petit, et moi aussi ! La personne que tu as appelée n’a qu’à bien se tenir !

Dès cet instant je vois toute ma vie défiler, de mon enfance jusqu’à maintenant, mais ce qui m’anéantis encore plus c’est le fait de me retrouver encore là, à sa merci, sans défense ; je pense à mes bébés, à Bill qui doit arriver, je fond en larmes ; je jette un coup d’œil à la guérite je ne vois plus personne ; ils se sont encore déplacés ; je prends peur parce que j’imagine que Steve peut profiter de cette absence et de me traîner à l’extérieur. Steve est toujours accroupi et moi à genoux ; il perd patience et s’irrite encore plus quand il me voit pleurer.

- Arrête de chialer comme ça tu me saoules ! Ferme là ! Je vais te frapper !

Je ne l’écoute pas et je continue de plus belle. Il lève sa main pour m’assener une gifle ; je ferme les yeux…

- Lève-toi rapidement et fais quelques pas en arrière!!! Si tu fais le moindre faux pas je t’abats comme un animal sur le champs !

Je sursaute, Steve aussi ; Je reconnais la voix de Richard ! Quand j’ouvre les yeux, je constate qu’il tient un fusil qu’il pointe en direction de Steve ; aussitôt les vigiles, eux aussi armés, accourent vers nous et l’un d’eux me dégage rapidement des mailles de Steve. Tout le monde a accouru pour voir la scène, pétrifié. Je me jette dans les bras de Richard, ma mère pleure et tape sans cesse des mains.

- Tout va bien ! Il ne t’embêtera plus, c’est terminé ! Beau travail les gars !

Plus tard, Richard m’explique qu’il avait déjà signalé aux vigiles la présence de Steve qui rôdait sans cesse aux alentours…

- Je voulais vraiment qu’on l’attrape et le prenne sur le fait accompli, nous n’aurions aucune raison de le prendre comme ça, il se serait bien défendu ; Alors les vigiles lui tendent un piège et le laisse pénétrer dans l’enceinte de la maison. Ils sont sur le point de le prendre lorsque tu apparais en raccompagnant tes amis. C’est là où je panique ! Ta mère n’étant pas au courant, elle m’aurait tué bien sûr !

- Mais il pouvait me tuer !!! Il… il fallait le voir, les yeux tous rouges, on aurait dit un drogué !

- Oui mais… Tant qu’il n’avait pas atteint son but il ne pouvait rien te faire ! Alors avec les vigiles on décide de le prendre à l’improviste lorsqu’il te traîne au fond du jardin ! Et coup de chance tu m’appelles ; et je comprends vite le message…

- Oui au fond je savais que tu devinerais tout de suite que quelque chose ne va pas !

- Voilà ! Mais nous savions déjà qu’il te retenait alors on a foncé ! Je suis nul en maniement des armes, mais il fallait bien que je joue le jeu !

- J’ai eu la peur de ma vie !

- Tout est bien qui finit bien ! Dans quelques jours on a un mariage à célébrer dans la paix, la joie et avec beaucoup d’amour ! Hein ? Ma Chérie ?

Il se tourne vers ma mère qui le toise timidement.

- Elle aurait pu se faire tuer Richard !

- Mais elle ne s’est pas fait descendre…On dit qui veut la paix prépare la guerre, il a fallu qu’on passe par là ! Nous avions le contrôle !

- Tu te prends pour un acteur de films toi !

- J’ai bien raté ma vocation chérie ! On m’aurait appelé le « Brad Pitt Kamer » je t’assure !

- Heureusement que tu es conscient que tu te serais fait huer en permanence par le public !

Ça finit par un fou rire ; je tremble encore, mais je rigole quand même, heureuse de savoir que tout est bien qui finit bien. Steve a été conduit à la police, je n’ai pas cherché à savoir ce qui va se passer par la suite pour lui ; trop de mobiles pèsent sur lui ; il n’est pas prêt de retrouver la liberté de sitôt. Et ma mère d’ironiser dans ce sens.

- Eh bien ! Il va aller retrouver son acolyte Tsoungui Ferdinand ! Entre eux la vraie bande de brigands !

Je dirai encore ainsi, que tout est bien qui finit bien … Bill est arrivé, enfin ! Avec tout son petit monde… Je ne connaissais Élodie que sur photo, elle est la jumelle de sa mère, à la seule différence qu’elle est plus posée et très timide ; le courant est très vite passé entre nous. Sa tante Flavie, la sœur de leur mère faisait également partie du voyage ; c’est avec cette dernière qu’Élodie habiterait en France. Ils ont décidé de loger à l’hôtel, bien que nous leur avons offert l’hospitalité ; seul Bill est resté deux ou trois jours avec nous, le temps de voir sa fille et de peaufiner les derniers préparatifs, avant de se rendre lui aussi à l’hôtel. Intriguée, j’ai compris le climat qui règne avec leur mère et du fait que Tsoungui père soit détenu, ils ont préféré l’éviter encore plus.

C’est un climat de tension générale qui règne dans la famille de Bill ; seuls ses frères, sa tante Flavie et un de ses oncles à lui qui représentent valablement la famille sont présents à cette cérémonie de la demande de la main, le « toquer à la porte » comme on dit chez nous ; et de mon côté, c’est un grand cousin de Richard venu tout droit de Paris, tonton Jean Paul, qui a parlé au nom de toute la famille... Les vraies choses ont commencé malgré tout, sans la présence de Carine… Au bout de trois heures de pourparlers et de petites scènes montées de toutes pièces afin pimenter la soirée comme le veut bien la tradition, Bill ne s’est en aucun cas trompé ; il a su à quel moment je me trouvais cachée sous le pagne, etc… Bref ce n’était qu’un jeu d’enfant pour lui… A la fin, nous nous sommes étreints devant tout le monde qui a applaudit et nous entouré en dansant et en chantant. Rick est venu nous rejoindre ainsi que notre petite Claudia, portée par ma mère.

Plus tard au milieu de la soirée, Richard qui n’avait pas non plus droit à la parole a voulu dire un mot. Il se lève et se racle la gorge pour attirer l’attention de tout le monde.

- Je sais que je n’ai pas le droit de parler ce soir, mais en tant que maître des lieux, je me permets de le faire… Avec ta permission, cher cousin Jean Paul et à vous aussi, la famille de William, j’aimerai dire un mot, juste un petit mot ; je veux m’adresser à toi particulièrement, William… Cher fils ! Je t’appelle ainsi parce que je te considère comme tel, tu es notre fils à tous et tu es le bienvenu parmi nous, mais je vais déplorer un fait, une situation qui nous embarrasse tous, les vraies choses ont déjà commencé, et j’aimerai te dire, en toute franchise que moi que tu vois ici présent, je n’aurai jamais accepté que ma fille se marie avec toi, tout simplement parce que tu es le fils d’une femme que tout le monde connait bien, on s’en fou que tu ne sois pas comme elle, que tu déplores ses actes, on s’en fou de tout ça ! Dans l’ensemble, on ne regarde que la généralité, tu es et tu restes son fils ! Je pouvais dire à ma fille NON ! Tu n’épouses pas un Tsoungui, c’est la poisse ! NON ! Même s’il n’est pas de lui, même s’il est parti de là très tôt quand il portait encore les couches on s’en fou !!! Tu es le fils de Carine c’est clair !!! Tu viens de là-bas, tu es un des leurs ! … Mais qui suis-je moi pour juger ? Hein ? Je ne suis personne ! Je n’ai aucun problème moi, je t’ai accepté comme un digne fils qui se respecte, et pourquoi parce que je sais que tu as beaucoup de valeurs, je sais que tu l’aimes ma fille et qu’elle t’aime en retour, aujourd’hui vous avez conçu un enfant dans l’amour… Aujourd’hui je te considère aussi comme le père de Rick ! Mais sais-tu au moins ce que cela signifie ? Adopter un enfant ? Qui n’est pas le tien mais qui est de ta femme ? NON ! Je sais quand même que tu ne commettras pas les mêmes erreurs que nous, que ta mère, ainsi que son mari ! J’espère que vous servirez d’exemples à ces enfants qui sont les vôtres et qui demain seront vos juges ! J’ai promis ne pas être long, mais je vais terminer avec ce proverbe et je vous incite tous à méditer là-dessus :

« Ne pas pardonner et se nourrir de rancœur, c’est comme te nourrir toi-même d’un poison, et espérer que ce soit l’autre qui en meurt »

A vous de voir et de savoir ce qui vous reste à faire … Je n’ai plus rien à dire ! J’ai parlé !

C’est un silence gênant qui règne ; Richard a mis tout le monde dans un embarras total; son oncle s’est levé et n’a pas pu expliquer grand-chose. J’ai regardé Bill qui m’a regardé aussi avant de détacher son regard. Il a murmuré quelque chose à l’oreille de son oncle qui a pris une seconde fois la parole.

- Euh...Mon cher frère, je te le dis, nous sommes une grande famille (…) notre fils William est d’accord avec tout ce que tu viens de dire…

Tout le monde a applaudit, moi également, encore surprise de constater les effets des paroles de Richard. Bill ne dit rien, il est tout juste sonné, ému. Je lui prends la main et il me la serre si fort.

- Ton père a raison !

Il se lève et se dirige vers Richard et son cousin qui à leur tour se lèvent et l’embrassent. Richard reprend la parole et dit.

- Eh bien qu’on aille la chercher ! Juliette, vas-y !

Personne ne s’y attendait, ni Bill, ni moi, encore moins les membres de sa famille. Quand je vois ma mère apparaître, elle avance la première et cède le passage à … Carine qui entre timidement et salue d’un simple geste de la main toute l’assemblée ; c’est la surprise du siècle ! Bill sursaute et fait un pas en arrière. Sa mère est terriblement gênée, voire honteuse. Elle lui fait un petit sourire et sait qu’elle n’attend pas grand-chose en retour venant de Bill. Et c’est vrai, Bill est planté là, rien aucune réaction. Elle n’est pas très surprise non plus, elle semblait s’y attendre ; elle salue encore l’assemblée d’un geste de la tête et fait demi-tour. C’est alors que Bill se lâche…

- Carine ? Ma… Maman ?

Elle se retourne et tous les deux se jettent l’un sur l’autre. Je vois Bill prendre sa mère dans ses bras et la consoler de ses pleurs, je le vois lui essuyer les larmes ; je vois sa mère se presser contre lui de toutes ses forces, sur son torse, elle pleure de joie et de bonheur… C’est l’euphorie totale, je suis moi aussi émue jusqu’aux larmes, ça n’en finit pas, je vois Élodie et Aymeric se lever à leur tour et venir entourer leur mère ; tous ensemble nous faisons pareil, mes parents m’embrassent, et moi j’embrasse mes enfants. Nous partageons ce bonheur incommensurable qui a duré ainsi toute la nuit, et ce, jusqu’à l’autel à l’Église lorsque nous nous sommes dit OUI devant Dieu et devant les hommes…

Plus tard à la fin de tout ça, lorsque la soirée de mariage bat son plein, Bill et moi nous nous sommes éclipsés, pour aller prendre un peu d’air au balcon, loin de tous…Il m’entoure encore de ses bras …

- Comme au bon vieux temps tu te souviens ? Quand je te faisais la cour assidument …Tu avais si peur !

- Je me souviens très bien de cette première fois lorsque tu m’as ramenée à Charlotte pour aller danser… J’avais peur de tout ! J’avais peur de t’aimer ! Désolée !

- Moi je n’ai jamais douté un seul instant de nous !

- Moi je t’ai aimé tout de suite Bill, ça tu ne le sais pas !

- Si, je l’ai su !

- Comment ça ?

- Tu étais si différente… Tu ne m’a jamais regardé, ni considéré comme une proie, une croqueuse d’hommes, prête à tout pour m’avoir à cause d’un intérêt particulier, tu m’as accepté comme je suis, tu as su puiser et faire sortir ma vraie nature… C’est qui m’a frappé en premier chez toi ! Je l’ai su lorsque j’ai ramassé ton classeur par terre… Mais je luttais contra ça, j’étais quand même ton Directeur, ce n’était pas décent !

- Et voilà tu m’as épousée contre vents et marées !

- J’espère que ça va durer !

- Toute l’éternité, j’en suis sûre !

Pendant qu’on se câline, toute la horde d’amis, venus de tous les côtés de la planète, France, États – Unis et j’en passe, sans oublier bien sûr Christelle ma copine de tous les temps, viennent nous chercher, ils nous attirent tous les deux à l’intérieur et nous amènent à nous trémousser aux sons des décibels, et c’est chacun qui à son tour se joint à nous dans le cercle qu’ils viennent de former, avec une liesse sans pareille, au rythme et aux pas bien cadencés de tous. Je ne suis pas au bout de mes surprises, lorsque je vois mon demi-frère débarquer, Sébastien ! Je l’ai tout d’abord ignoré, mais lorsqu’il est venu nous saluer mon mari et moi, j’ai compris que lui aussi avait changé et mûri. Il s’est remis avec Arlette et ils élèvent très bien leur enfant. Quant à Jamal il m’a envoyé ses vœux ; il n’a pas pu faire le déplacement, nous avons gardé de très bonnes relations amicales…

A la fin, c’est tout le monde qui a préféré nous laisser sur la piste et nous regarder. Ils veulent nous voir danser ce slow, ils veulent nous voir nous regarder dans les yeux, ils veulent nous voir nous embrasser sans cesse sous les lumières bien tamisées, ils applaudissent tous au même moment, au même rythme de cette valse, ils veulent tout simplement que nous leur fassions rêver et enfin, ils veulent partager avec nous cet amour si fort…

Voilà ce qu’est ma vie ; je vous ai raconté mon passé, mon présent et peut être mon futur…Je le dis parce que mon futur je le construis de toutes pièces, une par une, brique par brique, avec ma petite famille. Ça fait 6 mois que nous sommes de retour ; je vis avec Bill et les enfants à Los Angeles ; ce n’est pas parfait, mais c’est le bonheur lorsque nous nous retrouvons tous les jours, tous les soirs à table ou ailleurs, entrain de partager notre quotidien ; c’est le bonheur partagé avec nos enfants qui nous apprennent tous les jours à être de bons parents ; c’est un pur bonheur de recevoir ou encore de prendre des nouvelles des nôtres, de mes parents, de Carine, qui est devenue une fervente croyante ; il se pourrait qu’elle se fasse consacrer prochainement ancienne d’Église chez les protestants…

- Qui l’eut cru Bill ?

- Eh oui ! Qui l’eut cru ? Pas moi en tout cas !

Ceci est mon histoire, ma vraie histoire ; elle n’est pas inventée, j’ai décidé de la mettre sur écrits pour vous faire partager ce que j’ai vécu, mon enfer, mes galères, jusqu’à ce que la lumière, signe d’espoir, de réussite, de bonheur apparaissent dans ma vie.

Steve mon ex dans la vraie vie il a fini par se suicider en prison, c’est triste, mais il a fait des mauvais choix qui l’ont conduit à la perdition. Bill est mon mari dans la vraie vie, nous nous sommes rencontrés par hasard aux USA, nous étions vraiment collègues! Il est cinéaste, il a bien réussi à se faire un nom dans ce monde. Il a des frères et sœurs, il n’est pas le fils de Ferdinand; sa maman Carine, vit toujours au Cameroun ; Bill l’a toujours appelée Carine ! C’est tout drôle ! Richard est le vrai mari actuel de ma mère ; mais ma mère été mariée à Ferdinand auparavant ; il l’a répudiée et nous a chassées toutes les deux de la maison, il ne m’a jamais reconnu, car je suis née de père inconnu ! Dans la vraie vie Ferdinand est devenu paraplégique en prison ; il était de nature très égoïste et aimait par-dessous tout les femmes ; à la fin, délaissé par tous, il a finit par écrire une longue lettre à ma mère et à Richard pour leur demander pardon. Il n’a jamais été marié à Carine Abessolo. Qui d’autre ? Ahhh tante Claude ! Ma chère tante ! Elle est vraiment décédée d’un cancer, paix à son âme. Ma fille est son homonyme dans la vraie vie…Je ne sais pas si j’ai cité tous les personnages centraux, mais sachez que Steve a été mon premier gars, celui avec qui j’ai grandi et conçu Rick, il m’a vraiment quittée quand j’accouchais Rick. Bill est mon second homme et c’est l’homme de ma vie…
Le livre est en cours d’édition et sortira très bientôt.

Je ne saurai vous quitter sans partager cette citation de Stephen Lawhead avec vous :

« Celui qui a vécu dans les ténèbres, connait et apprécie vraiment la lumière »

J’ai vécu une partie de mon existence dans les ténèbres et de là a jailli la lumière, et pour moi elle est plus précieuse que jamais !

F-I-N

Une lumière dans les...