Chapitre 32
Ecrit par sokil
-
Je n’en peux plus de jouer les matrones en permanence ! Tout le monde
me déteste… Ça a toujours été comme ça, mais j’avais le contrôle, je me
suis toujours sentie plus forte… Quand Ferdinand me quitte pour
Juliette, je n’ai même pas versé une larme tu … tu te rends compte ?
Même si je me suis sentie bien seule après ; mais j’avais tout pour moi,
les biens, je les gérais comme je
voulais… j’ai mis tout ça en avant, même au nom de vous mes enfants ;
j’ai appelé Élodie, je lui ai dit que j’aimerai la voir, la revoir ; je
l’ai suppliée, afin qu’elle m’accorde juste une minute ! Tu vois, elle a
accepté, elle m’a dit 5 minutes, pas plus ! Je t’assure que pour moi
ces minutes valent bien plus, elles représentent beaucoup pour moi…
même si je l’ai perdue ! C’est la même chose que je veux faire avec
toi…
- Carine…Je vais te dire... Élodie, tu l’as détruite !
Elle ne sera plus la même…Mais moi tu ne vas pas me détruire… ni moi, ni
ma femme…
Elle accuse le coup, elle se rassoit et se renfrogne
sur son siège. Elle relève ensuite la tête, elle me regarde pendant
quelques secondes avant de reprendre.
- Je ne veux qu’une seule chose, c’est de pouvoir mériter votre pardon ! J’aimerai…
- Tu peux t’en aller! Klariza tu viens ?
Je me tourne vers Bill, qui est sur le point de tourner les talons ;
son intransigeance face à sa mère est telle qu’il ne lui donne plus
l’occasion d’en placer une.
- Bill ? Attends, moi j’ai quelque chose à dire !
Je me retourne et je m’adresse à Carine.
- Je ne te connaissais que de nom ; toutes ces dernières années j’ai
cherché à comprendre, à savoir qui tu étais je n’ai pas obtenu de
réponses ; et aujourd’hui, contre toute attente, j’ai fini par savoir,
j’ai compris ! Je ne juge personne, je ne condamne personne, je veux
tout simplement avancer…Alors moi, tout comme ma mère et tout le reste,
nous avons décidé de tourner la page ! Si tu es sincère, moi je te
pardonne !
Elle coule des larmes et pose sa main sur sa poitrine.
- C’est vrai, je le suis… Je ne veux que votre bonheur et rien d’autre ! Bill ? Dit quelque chose s’il te plait !
- Je n’ai rien à dire Carine, c’est trop facile ! Tu peux t’en aller maintenant !
Bill me prend par la main et lui tourne le dos. Je lui jette un
dernier coup d’œil à Carine et je lis entre ses lèvres un « Merci ».
Neuf mois plus tard…
- Oulalaaaaa ! Quelle jolie petite frimousse !!! Un savant mélange
bien dosé ! Elle vous ressemble tous les deux… Bill et Klariza, toutes
mes félicitations !!!
Notre petite Claudia Jelena Morrison est
née il y a 10 jours ! Je l’ai ainsi prénommée en l’honneur de ma feue
tante Claude. Les congratulations abondent, ça fuse de partout, de tous
les quatre coins de la planète. Nul ne peut imaginer ce qui nous anime,
cette plénitude toute particulière que nous ne cessons de diffuser
autour de nous, et autour de ce petit être… Bill la tiens et la câline
tendrement ; ses yeux sont si empreints d’une tendresse et d’un amour
hors pair. C’est fou ce qu’il a changé Bill ; en neuf mois la
métamorphose a été telle que je ne l’imaginais pas devenir encore plus
tendre et si affectif pendant toute cette grossesse. On aurait dit
qu’il la subissait plus que moi, qu’il ressentait les mêmes malaises que
moi. Contrairement à ma première grossesse, il a été présent et ma
tenue la main jusqu’à la délivrance...
J’ai déménagé avec Rick pour Los Angeles un mois avant le terme ; Bill s’est arrangé pour venir nous chercher.
- Ta place n’est plus ici ! Tu viens vivre avec moi ! Ta maman arrive
la semaine prochaine ! Ça tombe bien, nous parlerons de tout ça !
- Elle est excitée comme puce !
- Je ne te le fais pas dire !
C’est avec un sourire accompagné de larmes de joie que je l’ai
accueillie ma mère. Elle est tombée dans mes bras et nous sommes
restées ainsi pendant plusieurs minutes sans rien dire ; nous sommes
restées ainsi à nous regarder, à nous étreindre encore plus, comme si ça
faisait une éternité que nous nous étions perdues de vue, et que nous
nous retrouvions par la force des choses. Elle m’a caressé le ventre et
la joue par la suite. Un peu intimidée du fait qu’elle me trouve dans
cet état si avancé de grossesse et de surcroit chez Bill, j’ai voulu
m’expliquer.
- Maman désolée je n’ai …
- Ne t’en fait
pas, ton fiancé ma tout expliqué au téléphone ; il m’a dit qu’il a
trouvé mieux que tu viennes ici chez lui, seule tu ne peux pas t’en
sortir ! Je suis là aussi, tout va bien se passer… je n’arrive pas
encore à y croire ; quand tu m’as annoncé que tu étais enceinte, j’ai
levé les yeux vers le ciel et je me suis dit, pourvu que ce soit la
bonne, pourvu que Bill soit près de toi et ne change pas ! J’ai pleuré
de joie, je t’assure… Et mes prières ont été exaucées ; il ne reste plus
qu’à attendre le jour J ; je t’avais bien dit que je viendrai ! Et ce
jour – là tu ne m’a pas crue ! Moi j’ai cru et j’ai gardé la foi !
Ma mère et Bill sont tous les deux aux bons petits soins avec moi et le
bébé ; je n’ai pas souvent besoin de faire trop d’efforts, ils sont là ;
il arrive parfois que je les surprenne tous les deux dans la chambre de
Claudia quand cette dernière fait ses nuits, à vouloir essayer de la
calmer. Ils me devancent toujours. Et ça se répète comme ça une nuit
sur deux.
- Je crois que je lui ai mal mis la couche tu ne trouves pas Juliette ?
- Non tu l’as bien mise ! Mais ne sois pas étonné qu’elle la mouille encore !
- Ou bien alors il lui faut …
Et c’est à ce moment précis que je fais irruption.
- Du lait n’est-ce pas ? II n y a que moi sa maman qui peut lui en procurer et pas vous !
Cette entente mutuelle entre Bill et ma mère me surprend tous les jours
; la complicité et le respect qu’ils se manifestent l’un envers l’autre
me ravit énormément. Comme je l’ai dit plus tôt, c’est un moment de
plénitude, de calme et de sérénité qui plane depuis un bon bout
au-dessus de nos têtes. J’ai un fiancé que j’aime et qui m’aime, nous
avons prévu de nous marier dans les 6 prochains mois, j’ai un fils que
j’aime, et par-dessus tout, je viens de donner naissance à une adorable
petite fille ; sans oublier la présence de ma mère qui nous comble.
Tout ça c’est beau, et je ne peux en rêver mieux. Mais Il peut
m’arriver parfois de ressentir le poids d’une immense culpabilité dont
je ne saurai expliquer l’origine…
Assise au salon entrain de
donner la tétée à ma fille, j’ai le regard au loin ; Bill est sorti avec
Rick, Aymeric ne vit plus chez Bill depuis des mois, il a trouvé du
travail, un très bon boulot et il a décidé de se prendre en main ; il
vit désormais seul et pas très loin de chez nous, ce qui est très
encourageant. Mais je crois que tout est parti de la vive dispute qu’il a
eue avec son grand frère au point d’en arriver presque aux mains. Il
se sont tout dit, en passant par les insultes de tout ordre. J’étais à
terme et impuissante, je ne pouvais rien faire que de les regarder en
arriver jusque-là. Bill l’a violemment empoigné par le col et lui a
demandé de sortir de chez lui et de ne plus jamais revenir ; j’ai eu de
la peine, j’ai supplié Bill de ne pas le faire, mais il n’a rien voulu
entendre. Aujourd’hui, Aymeric commence à relever la pente ; de temps en
temps je lui passe un coup de fil pour m’enquérir de ses nouvelles ; il
n’est jamais venu voir le bébé.
- Aymeric comment tu vas ?
- Bien et toi ? Et le bébé ? Désolé je ne suis pas encore venu la voir… Je le ferai !
- Elle va bien ne t’en fais pas ! Tu viens quand tu peux, la porte t’es grandement ouverte tu sais ! Bill ne te…
- Écoute… Euh… Bill avait raison ! Je ne suis qu’un vaut rien ! Tous
ces temps je réfléchis beaucoup, j’essaie de m’en sortir grâce ce
travail, c’est une chance, mais je …
- Viens nous voir ! Ça va bien se passer ! Vous êtes des frères !
- Il ne voudra pas m’ouvrir la porte ! Je lui ai envoyé des messages
d’excuses, mais il n’a jamais répondu ! Je l’ai appelé pour m’excuser
mais quand il voit que c’est moi qui appelle il raccroche…Il ne veut
plus de nous Klariza, mais je le comprends !
- Ne dis pas ça, ça me fait mal !
- La preuve… Il m’a repoussé, tout comme … Maman la dernière fois!
Assise là au salon, seule et pensive, je la regarde ma fille et je
soupire ; ma mère vient me trouver et sur le champ elle devine que je ne
suis pas tranquille.
- Ça va ? Donne-la moi, le temps qu’elle fasse son rôt et je la couche !
- Ok !
- Pourquoi fais-tu cette tête ?
- Je suis un peu dérangée !
- A propos de quoi ? C’est Bill ?
- Bill a coupé les ponts avec tout son monde ! Il ne veut voir
personne, ni son frère, pire sa mère…Tu sais la dernière fois, lorsque
Carine est revenue, elle nous a demandé pardon, ses yeux étaient remplis
de regrets, elle a tellement pleuré ce jour-là, j’ai eu mal je t’assure
; mais Bill, il n’arrive pas ! Plusieurs fois je lui ai demandé de
tourner la page et de pardonner !
- L’a-t-il fait ?
-
Non ! Mais moi si ! Je l’ai fait ; toi tu connais mon cœur comme il
est, je suis très sensible, j’ai eu de la pitié pour elle, peut-être
parce que je suis aussi une mère et je peux ressentir ça ; elle a commis
beaucoup d’erreurs qui ne pourront jamais s’effacer, mais elle est
venue simplement et s’est rabaissée.
- Moi non plus je ne
suis plus à ce stade ! Je vis ma vie avec mon mari et tout, ça me
suffit nous avançons ! La seule chose que je voulais vous épargner
c’était que Carine vous laisse respirer… Si elle revenue avec de bonnes
intentions, je crois qu’il faut passer à autre chose… Ça ne sert à rien
de ruminer toutes ces choses négatives en permanence, on finit par en
devenir malade !
- Maman … J’ai… j’ai contacté Carine !
- Ah bon ?
- Oui ! Par le biais d’Aymeric ! Elle était très contente, très
gentille et quand je lui ai annoncé la naissance du bébé elle a pleuré
encore et m’a dit qu’elle n’était au courant de rien ! Elle m’a demandé
la permission de voyager uniquement pour venir voir l’enfant, je n’ai
pas refusé ! Mais Bill s’est fâché… Tu sais Bill est très patient et
tout, mais il se fâche très mal et très souvent il ne revient jamais sur
ses décisions ! Il m’a interdit de lui parler, il tient à ce que la
distance soit maintenue !
- Laisse faire ! Ce n’est pas facile
pour lui non plus ! Je crois qu’il prend le temps d’étudier et
d’observer sa mère ! Il n’a pas confiance ! On verra bien comment ça
va se passer pendant votre mariage !
- Je me pose la même question.
Ma mère a dû retourner au pays, après un séjour de trois mois passés
avec nous. Le mariage prévu également dans trois mois, les préparatifs
vont bon train ; tout va se passer au Cameroun ; Bill n’a trouvé aucune
objection.
- Tu vas voir chéri, au pays l’ambiance est plus
chaleureuse, plus conviviale, et je te dis pas, la musique commence le
matin et fini le lendemain matin !
- Sans oublier le bon vin de palme venu tout droit du village !
- Comment tu connais ça ?
- Je te rappelle que je suis parti de là à 12 ans, j’ai encore quelques
brefs souvenirs… Avec mon grand-père, le père de ma mère, il en
ramenait toujours ! Il m’invitait toujours à m’assoir à ses côtés, il
exigeait qu’on m’en donne aussi ! J’aimais bien ça !
- Huuuum papa Abessolo !
- Yes !
- Et que comptes-tu faire ? Le mariage ? Comment ça va se passer avec les gens de ta famille ?
- Mes frères, ma tante et mon oncle seront présents!
- C’est tout ? Et… ta mère ?
- Juste ceux-là que j’ai cité et quelques amis! C’est suffisant !
- Je comprends, mais la fête au pays, c’est au moins avec un bon nombre
de personnes, ce n’est pas comme ici ou même avec trois ou 4 personnes
c’est assez !
- Je n’ai pas de problème chérie ! Si toi, tu es
heureuse, c’est bon ! Que nous le célébrions ici ou ailleurs ça aurait
été pareil pour moi ; le nombre de personnes m’importe peu !
-
Alors là franchement tu me dépasses ! Je pense qu’il faut inviter
Carine, ne serait-ce qu’ à titre honorifique ; même si elle n’a pas son
mot à dire ! Elle broie du noir en permanence!
- Nous avons bien mieux à faire tu ne penses pas ?
Je ne m’en sors jamais sur ce terrain avec Bill, il ne plie pas
l’échine ; et même si tout le reste se passe merveilleusement bien, je
me sens interpellée et j’ai bien le devoir en tant qu’épouse et mère de
faire régner la paix et une certaine harmonie dans cette famille, mais
au final j’ai été d’accord et j’ai accepté que nous gardions une
certaine distance avec Carine et tout le reste ; j’ai respecté cela et
ça fait bientôt un an que ça dure. Aux dernières nouvelles, Ferdinand a
été mis aux arrêts pour détournement de fonds publics, c’est la version
officielle ; Carine se serait battue pour l’aider à rembourser une
bonne partie en vendant tous leurs biens, maisons et autres, mais ça n’a
pas suffit. Elle a été surprise découvrir que ce dont on accusait
Ferdinand était bien plus grave qu’elle ne l’avait imaginé…
Engagé dans la politique depuis quelques années, nul n’a su que
Ferdinand a été impliqué dans la sombre affaire du massacre des
villageois d’un petit village situé dans la région du centre du pays ;
la zone serait réputée très riche en diamant. Et pour couronner le
tout, il aurait entretenu une relation secrète avec la fille de son
meilleur ami, monsieur le premier ministre du gouvernement ; Carine
n’était au courant de rien. Elle vit seule actuellement dans leur
résidence, la seule qui leur reste d’ailleurs. Bill a préféré ne pas se
prononcer à ce sujet, il est resté de marbre …
L’événement
approchant à grand pas, j’ai avancé la première avec les enfants au
pays; Bill lui est censé arriver avec sa sœur et son frère quelques
jours plus tard. Au pays, l’ambiance bat déjà son plein, à moins d’un
mois ; je vois ma famille mettre le paquet, je vois ma mère se donner à
fond dans les préparatifs, je vois Richard tout planifier, diriger et
organiser avec beaucoup d’entrain, même si j’ai parfois l’impression que
rien n’est prêt et que tout va à vau l’eau ; je râle, je peste, je
m’emporte à la moindre occasion. Ma mère n’arrive pas à me calmer,
malgré ses paroles rassurantes ; il n y a que Richard qui y parvient
sans trop d’efforts.
- Mais regarde la tête que tu fais ? On dirait une tigresse déchaînée ! De quoi as-tu peur ?
- J’ai l’impression que tout va de travers ; on n’avance pas ! La
salle n’est pas prête ; nous n’avons pas encore de service traiteur, les
filles d’honneur ne sont pas prêtes, sans oublier le nombre importants
de personnes invitées, c’est trop !!! Maman a carrément invité tout son
village, tu as invité toutes tes connaissances en France, mes amis je
ne sais même pas comment faire…
- Calme-toi ! Calme- toi ! Tu
risques faire une dépression nerveuse pour rien ! Malheureusement les
centres psychiatriques ici c’est pas trop ça ! Penses plutôt à te
ménager ma petite ! Tout ce que tu as à faire c’est de te reposer, tu
en as besoin ! Veiller sur tes enfants et surtout, et surtout,
maximiser sur tes séances beauté machin truc !
- Quoi ?
- Je dis, tout ce que tu as à faire c’est de voir et réfléchir comment
tu demeureras la plus belle ce jour-là à côté de ton chéri qui n’aura
d’yeux pour toi ! Attention même s’il aura déjà la corde au cou, les
panthères comme on dit, ça rôde toujours ! Alors concentre toi là-dessus
et rien d’autre ! Pour le reste nous avons la situation en main… Au
fait tu ne devais tu pas y aller aujourd’hui ? A l’une de tes séances ?
Ta mère a tout payé ! Tu devrais donc en profiter au max !
- Mais…
Il m’a fait un joli sourire plein de malice, il me tapote l’épaule et
me tourne les talons. Christelle qui a assisté à toute la scène se tord
de rire et n’arrête pas de me titiller un peu.
- Oooko !!! Le
pater ci ! Je crois qu’il a raison ! Calme-toi ! Moi-même je vois de
mes propres yeux comment ça évolue ! Ils sont très bien organisés !
- Tsuip ! J’ai les nerfs en lambeaux, je ne sais où donner de la tête !
Bill arrive la semaine prochaine et je veux que tout soit parfait tu
vois ?
- T’inquiète ! On fait le maximum, je serai là ne t’en fait pas !
- Merci ma chérie ! Heureusement que tu es là !
- Pour rien au monde je ne pouvais manquer ça ! Je veux voir ça, mais
surtout je veux voir ton Bill de mes propres yeux ! Les photos là ça
ment souvent !
- Il est pareil que sur les photos !
-
Mamami ! Il est trop mignon ! J’allais m’évanouir quand tu m’as dit
qu’il était le fils de… Mince ! Je dis hein ! Un gigantesque pays
comme les States ! Il fallut que tu tombes sur lui ! Je suis dépassée !
- Je t’avoue que moi non plus je n’ai rien compris… Mais le hasard ça existe !
- C’est vrai, je crois plutôt que le hasard parfois n’arrive pas pour
rien ! Je crois que c’était lui, il était pour toi… Il t’a apporté
beaucoup de joie, tu es heureuse ça se sent, tu as embellie, tu as de
l’assurance et en plus vous avez eu une très jolie princesse…J’ai pleuré
de joie pour vous lorsque tu m’as annoncé qu’elle venait de naître et
que tu lui as donné le prénom de ta feue tante…Mais là où c’est fort
c’est quand tu m’as dit que Bill est resté avec toi jusqu’à la naissance
du bébé !
- Oui… Il l’a fait ! Il est resté et il me tenait
la main pour pas que je souffre et à chaque contraction il me pressait
la main…Quand j’y repense !
- Ouais ! Pour moi c’est ça le bonheur, il n y a pas mieux…Ce bonheur vous le construisez tous les jours et ensemble !
- Ensemble…Je suis juste inquiète pour lui ! Tu sais, sa famille… Sa
mère avec tout ce qui s’est passé, sa mère semble être revenue aux bons
sentiments, elle a demandé pardon !
- Waouh !!! C’est le père Tsoungui qui croupit en prison ! Un meurtrier comme ça !!!
- Tu as appris ? Il a du sang sur les mains !
- Sans compter la fille du ministre qu’il se tapait, une petite fille mon Dieu !!! C’est un démon !
- Alors Carine elle doit être dans une très mauvaise passe !
- Je te dis ! Mais elle ne sera pas au mariage de son fils ?
- Ça je n’en sais rien ! Bill est catégorique ! Il veut pas la voir, ni même la sentir.
- Ça ne doit pas être facile pour lui, mais il faut qu’il comprenne
qu’il doit apprendre à passer à autre chose ; tout ça c’est le passé
maintenant…J’espère que les choses vont s’arranger d’ici là ! Bon, Je
vais m’en aller, il se fait un peu tard, mes gens commencent à me
réclamer !
- Ok je te laisse au portail !
- Eh !!!
J’ai même oublié de te dire…Chaque fois que je viens ici et que je
rentre, je remarque toujours la présence de quelqu’un, qui rôde devant
votre maison ; au départ j’ai pensé que ce n’était qu’une pure
coïncidence, mais là non ! Il a toujours les mêmes vêtements et comme
je suis en voiture et c’est la nuit en plus, j’ai pas le temps de bien
le dévisager, encore que dès qu’il aperçoit un véhicule, il se retourne
et cache son visage…
- Depuis quand ça dure ?
- Je ne sais pas mais je crois que c’est depuis que tu es arrivée ! Tu penses comme moi ?
- Mon Dieu…Steve ! Qui d’autre ?
Bill arrive bientôt, et plus le temps passe plus l’adrénaline monte !
Tout le monde est au four et au moulin ; y compris moi, malgré les
éternelles recommandations de mes parents ; mais c’est ma fête, alors
j’y mets du mien aussi, et personne ne peut m’arrêter. Aujourd’hui
Christelle m’a fait la surprise, elle est venue avec un groupe d’anciens
camarades de la fac avec qui je m’entendais très bien, on a bien
rigolé, nous n’avons fait que nous rappeler les bons et les mauvais
souvenirs de la fac, ça m’a fait beaucoup de bien et détendu aussi. Ils
m’ont félicitée doublement, pour le mariage qui a lieu très bientôt et
pour la naissance du bébé. Selon les recommandations de ma mère, mes
enfants sont bien gardés et tenus à l’écart de tout ce monde ; elle a
pris des dispositions pour ça et ils ne sont en contact avec personne,
sauf les intimes, à savoir eux mes parents, Christelle et ma nounou.
Après un bon moment passé avec mes camarades, ils prennent congé et me promettent d’honorer de leur présence à mon mariage.
- Vous avez intérêt à être là hein !
- Qui va manquer ça ? On va seulement gâter le coin ma sœur ! Confiance ! C’est dans la sauce ! Ou bien ?
- Confiance les amis !
En raccompagnant mes hôtes, je me souviens de ce que Christelle m’a dit
à propos de Steve et de ces apparitions mystérieuses ; je prends la
précaution de ne pas m’aventurer plus loin et je les laisse au niveau du
portail. En faisant la bise à Christelle je lui demande à voix basse.
- Hier soir quand tu rentrais, l’as-tu encore aperçu ?
- Non ! J’ai l’impression qu’il s’est défilé !
- Oui j’ai signalé ça présence suspecte ici, et tout de suite on a pris de précautions ! Les gardiens sont là pour veiller !
- Ouf ! Tant mieux ! Aller je file moi aussi !
- Merci pour tout ma belle !
Curieuse de constater que les gardiens ne sont pas à leur poste, je
m’assure et me rassure d’avoir bien fermé le portail. Rassurée en même
temps de savoir que ce Steve n’ait plus refait surface, je me dirige
d’un pas lent vers l’intérieur de la maison, tout en y repensant
bêtement qu’il serait certainement au courant de ma venue et aussi de ce
mariage. Je ne sais pas ce qu’il espère mais il ne perd rien pour
attendre, me dis-je intérieurement. Steve aurait fait tout un tapage
pour prétendre mériter la garde exclusive de Rick, mais il s’est heurté à
un mur, celui de mes parents. J’ai juste appris qu’il serait entré
dans une rage monstre quand il a appris que je vivais avec Rick hors du
pays.
Avec le temps j’ai appris à mes dépends à être assez
ouverte ; Bill est au courant de tout, il sait tout, il sait que Steve
est le père biologique de Rick, mais nous savons tous au fond qui se
sent plus responsable de qui. Bill est par excellence plus paternel et
de toutes les relations que j’ai eues, il est le seul qui se sente plus
proche et plus engagé dans cette relation « père-fils ! » avec Rick ;
nous avons tous les deux un passé commun dans ce sens, et de ce fait il
prend très au sérieux ce rôle de père. Tout en me dirigeant vers
l’intérieur, je longe l’allée centrale bordée de fleurs et de palmiers,
mais un léger pressentiment me gagne, j’ai l’impression d’être observée,
suivie, épiée. Je me retourne brusquement et je ne vois personne,
rassurée je hâte le pas, je dois aller retrouver Rick et sa petite
soeur…
- Pas si vite !!!
Je m’arrête ! Je mets du
temps à réaliser, mais surtout à me retourner ; je me mets à respirer
très fort mais je garde mon sang froid.
- Bonsoir…Bonsoir… Klariza ! Chou ? C’est moi… Retourne-toi ! S’il te plait ! Ne me tourne pas le dos comme ça !
En me retournant, je le vois, Steve ! Il tient une cigarette entre ses
doigts, il tire une dernière bouffée avant de la jeter au sol…