Chapitre 33
Ecrit par Myss StaDou
Chapitre 33
Nous sommes dans la voiture en route pour la maison. La nuit est tombée depuis un moment déjà. C’était vraiment cool, cette sortie piscine. Victor est assez bizarre ce soir. On dirait que ses yeux sont chargés d’une détermination inconnue. Il me tient parfois serré contre lui comme si sa vie en dépendait ! Est-ce toujours l’amour qui le rend comme ça ? Je n’ai pas compris grand-chose à ce qui s’est passé dans la douche de la chambre d’hôtel tout à l’heure. Il m’a paru absent, perdu. Je voulais bien lui parler, essayer de comprendre ce qui se passait dans sa tête. Mais je ne pouvais pas lui dire non. Mais je ne vais pas vous mentir… C’était bon jusqu’à, pensé-je en mode envie. Il n’y a Victor qui sait comment enflammer mes sens.
Je ne comprends pas ce que cette Claire veut. J’ai observé son cinéma durant tout l’après-midi. Mais j’ai fait des efforts pour ne pas faire d’éclat. Tout à l’heure dans la douche de la piscine, c’est parce Jeanne lui a répondu que je l’ai laissé, mais la prochaine fois, elle n’aura plus autant de chance. Qu’elle ne tente même pas d’approcher mon Vic, sinon elle aura affaire à moi ! Je vais enlever sa fausse brésilienne là de sa tête avec mes dents. Elle saura !
Jeanne somnole à l’arrière de la voiture. Nous sommes tous un peu fatigués. Arrivés à la maison, nous décidons de nous allonger un peu pour pouvoir profiter de la soirée. Victor et moi nous couchons dans sa chambre sur son lit, juste habillés de nos sous-vêtements. Collés l’un contre l’autre, le sommeil nous emporte tout doucement.
Je marche dans un parc. Il fait beau et les arbres font des bruits dus au vent qui passe. J’entends des voix assourdies au loin, des bruits bizarres, mais je ne vois personne. Je marche un moment, me demandant où je me trouve. Je ne reconnais pas l’endroit. Pourtant les odeurs, les bruits me semblent familiers. Je m’assieds dans un coin sur l’herbe verte, fermant les yeux. Pourquoi ne pas profiter de la quiétude de l’endroit ? Juste écouter la nature. Soudain j’entends des voix fortes :
− Ça ne se passera pas ainsi ! Tu prends trop de risques.
− Oui, ce n’est pas ce qui était prévu.
− Ce n’est pas comme ça ! Pas avec elle !
−nous allons tout perdre à cause de toi. Décide-toi à la fin !
Qu’est-ce qui se passe ? Je ne reconnais aucune des voix. Soudain j’entends un homme qui supplie. C’est Victor.
− S’il vous plait. Laissez-moi faire.
− Non, il est hors de question qu’on laisse cela passer.
− Non et Non !
J’entends plusieurs personnes crier le nom de Victor. Ce sont des voix féminines. Je ne comprends rien et ça me perd. J’essaie d’ouvrir les yeux, mais je n’y arrive pas. Je fais des efforts, je fais une prière et récite le « Notre Père ». Seulement après, j’arrive à ouvrir les yeux pour apercevoir un Victor qui se tient la tête entrain les mains. Je distingue des ombres un peu loin devant lui. Je me lève et cours vers lui. Je lui tiens le coude, essayant de le tirer pour l’éloigner de cet endroit.
− Victor !
Il ne réagit pas.
− Vic, s’il te plaît. Viens. Partons d’ici.
− Non ! hurle-t-il.
− Viens.
− Non ! Je n’ai pas peur !
Les ombres s’approchent dangereusement de nous et je prends peur. Comme Victor ne veut pas bouger, je me mets à courir à perdre l’haleine, très loin de tout ça. Je suis fatiguée. C’est comme si une force me pousse pour que j’avance. Mais mes jambes sont si lourdes… Je cours un moment avant de tomber sur le sol dans la poussière, le visage plein de larmes.
− A Tara oh (Eh Dieu)… C’est quoi tout ça ?
Je sens senti une pression, beaucoup plus une caresse sur mon épaule droite. Sursautant, je me relève avec précipitation avant de reconnaitre un visage que je connais, une personne que j’ai tant aimée : ma grand-mère maternelle. Je plonge vers elle. Elle me tient dans ses bras un moment, me caressant le dos.
− Mami oh, je pleurniche dans ses bras.
− Ne pleure pas, ma petite, dit ma grand-mère en langue. Tu dois être forte. Le chemin sera long, semé d’embûches. Mais tu ne dois jamais baisser les bras, tu m’entends ? Sinon tu vas tous les perdre.
− Qui ça ?
− Fais attention à toi. Tu dois les protéger. Je continuerai à veiller sur toi.
Je la regarde, perdue par son discours.
− Va… Va, ma petite… Mais n’oublie pas. Ne fuis pas devant l’adversité. Bats-toi.
Soudain mes yeux se ferment. Je ne la sens plus. J’essaie de me débattre. Il faut qu’elle m’explique. Je ne comprends rien. De qui parle-t-elle ? Ma famille serait-elle en danger ? Je me mets à crier. Deux bras vigoureux me secouent.
− Nicole, ouvre les yeux.
− Mami !
− Nic, ouvre les yeux. Ce n’est qu’un rêve.
− Non !
− Calme-toi et ouvre les yeux. Je suis là.
Ce n’est qu’avec beaucoup d’efforts que j’ouvre les yeux pour découvrir un Victor apeuré.
− Tout va bien. C’est fini.
Les larmes ruissèlent sur mes joues. Je suis complètement déboussolée. Vic me tient dans ses bras, me berçant comme ma grand-mère l’a fait il y a quelques instants. Lorsque je me calme enfin, il se risque à me poser des questions :
− Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi criais-tu ainsi ?
Je reste sans répondre le regard vide. Comment lui expliquer que je l’ai vu dans mon rêve ? Et ces ombres… Comment lui dire que je viens de parler avec ma grand-mère décédée il y a six ans de cela ? Elle ne m’apparaissait que rarement en songe. La dernière fois, c’était en février de l’année où je passais le BAC. J’étais très malade et les examens ne montraient pas de cause à ma souffrance. Je maigrissais à vue d’œil et tout le monde avait peur pour ma vie. a grand-mère m’était apparue en rêve une nuit et m’avait dit que tout irait bien. J’ai bien cru que je délirais et que mon heure avait sonné. Mais quelques jours plus tard, mon état de santé s’améliorait.
Comment parler à Victor ? Il ne me comprendra pas… Ou il prendra peur et me quittera. Et ça, je ne supporterais pas. Non, je ne peux pas lui dire quelque chose que moi-même je ne comprends pas. Je secoue la tête et lui souris.
− Ce n’est rien. Je ne sais même plus de quoi il s’agissait.
− En es-tu sûre ?
− Oui. Rassure-toi, c’est passé.
Il me regarde un moment suspicieux avant de poser un baiser sur mon front. Je suis un peu étourdie.
− Il est quelle heure ? J’ai dormi sans mettre le réveil.
Victor jette un coup d’œil sur son téléphone.
− 22h17. Nous devons nous lever. Sinon nous arriverons en retard.
− Ok.
Je me lève péniblement, le corps lourd et fatigué, comme si la course de mon rêve a eu des effets sur mon corps. Magie noire ! Je secoue la tête et décide de ne plus penser à tout ça. Je suis ici pour passer un bon weekend. Je ne veux pas en perdre un seul instant juste pour un rêve bizarre.
Trente minutes plus tard, nous sommes tous les trois super chics et sexys pour partir nous amuser. Moi dans une jolie robe bleue ciel très près du corps, mon chéri en chemise, Jeans et All Star, Jeanne en chemisier rouge et culotte courte. En marchant vers la voiture, j’en profite pour appeler Josy. Je lui ai promis de lui faire signe pour lui dire où on irait ce soir. Ça sonne, mais elle prend du temps à décrocher. Il y a beaucoup de bruit autour d’elle.
− Allô ? crie Josy.
− Josy, c’est Nicole. C’est comment ?
− Ah, c’est toi. Je suis là, ma sœur. Où es-tu ?
− Nous allons au Safari. Peux-tu nous retrouver là bas ?
− Bien sûr. Je suis dans un faux snack à Essos, dis donc, dit-elle en tchipant. Je me mets en route immédiatement.
Elle raccroche. Et je me tourne vers les autres. J’avais déjà demandé plus tôt la permission à Victor et il m’a dit qu’il n y avait pas de souci qu’elle nous rejoigne. Nous rions et blaguons de tout et de rien. Je me moque de la tête de Victor quand je l’ai poussé dans la piscine. De temps en temps en conduisant, il pose une main sur ma cuisse. Il paraît plus détendu. Je suis heureuse qu’il soit là, que tout aille bien. Nous arrivons devant le Safari Night Club et une grande horde de personnes nous attende. Tout le groupe de l’après-midi est là.
Le temps de se mettre d’accord sur le prix d’entrée et les consos de ce soir, Josy est là quinze min plus tard avec son accompagnateur et un ami à lui. Les deux hommes vont rejoindre le groupe de gars qui discute avec le portier, sûrement pour donner leur contribution, tandis que Jeanne, Josy et moi restons dans un coin à bavarder. Un taxi se gare soudain devant la boite, laissant sortir une Claire habillée d’une minirobe jaune qui couvre à peine sa poitrine et son derrière. C’est plus un morceau de tissus qu’une robe ! Les filles et moi restons ébahies devant ce spectacle. La fille ci n’a plus honte... Elle a dû donner sa honte au chien depuis longtemps ! Elle passe devant nous sans un regard pour se diriger vers le groupe d’amis de Victor et leur faire des bises.
Finalement, les gars nous demandent d’entrer et nous remplissons la boite qui est déjà envahie par des jeunes désireux de s’amuser. Je m’installe avec Victor. Juste à côté de nous, Jeanne fait tout pour atterrir près de Pascal. Josy et ses amis vont dans l’autre groupe de fauteuil avec d’autres amis de Victor. Claire se retrouve assise de l’autre côté de la table, face à nous. C’est mieux comme ça ! Je ne la veux pas à côté de mon chéri.
Nous discutons, mais ce n’est pas facile avec la musique qui est forte. Victor a passé un bras sur mes épaules et je me sens la femme la plus heureuse de la terre. Je vais de temps à temps danser, avec Jeanne, avec Josy ou un ami de Victor. Je reviens d’une série de Bikutsi essoufflée et m’installe à côté de mon chéri. Je discute un peu avec jeanne. Nous nous murmurons des trucs à l’oreille, quand je crois voir quelque chose de fou. Malgré la pénombre, les lumières de la salle m’ont fait voir la magie….
Madame Claire a encore frappé ! Sa robe étant extrêmement courte, elle est remontée depuis qu’elle assise. Comme si ça ne suffit pas, la bonne dame écarte de temps en temps ses jambes. Le pire est qu’elle ne porte visiblement rien en dessous ! La personne en face d’elle est Victor. J’ai été gentille jusque là… Mais le message est très clair. Je tourne la tête vers Victor qui a un visage pâle. Il est plus qu’évident qu’il s’est rendu compte de ce qui se passait devant lui. À la vue de mon regard, il me tire vers lui :
− Calme-toi, Nic. Ce n’est rien.
− Quoi ?!
− Laisse-la faire. Elle s’essouffle pour rien.
Je le regarde avant de tourner la tête vers Claire qui joue les ignorantes. Ok, ce n’est pas grave. Heureusement qu’elle est loin de moi. Je fais part de la situation à Jeanne qui écarquille les yeux en m’écoutant. Elle se promet de surveiller la fille. La musique continue à nous mettre de bonne humeur. Soudain le DJ lance un remix de «Bobaraba » de DJ Mix Elot. Mince… Je me suis senti appelée. Je tire Victor sur la piste pour lui démontrer la vigueur de mon tour de hanche. C’est la danse sensuelle que vous voulez voir ? Je tourne les fesses sur les hanches de mon gars jusqu’à sentir une belle bosse se former. J’ai tout de même des arguments.
Victor me soulève le haut du corps et passe une main sur mon ventre. Il me chuchote ensuite à l’oreille.
− Tu veux que mes reins prennent feu ?
Je ris.
− Si tu allumes, tu vas seulement éteindre hein.
Je souris et on continue à danser un moment sur un enchainement de musiques ivoiriennes. Ça a un violent goût de danser ainsi. Je me rends compte qu’il m’a vraiment manqué. Victor se plaint de la fatigue et d’un excès d’excitation et on décide de retourner s’asseoir. Arrivés devant nos sièges, Jeanne me fait signe de l’accompagner aux toilettes. J’accepte et vais demander à Josy si elle vient aussi. Elle accepte.
Vous-même vous savez que les femmes aiment trop aller ensemble aux toilettes. C’est toujours le moment de refaire le maquillage et les commérages sur les hommes. Nous nous faufilons à travers la piste avant d’arriver aux toilettes. Comme d’habitude, le rang est long devant la porte. Nous arrivons à y aller à tour de rôle. En sortant, je vois Claire qui attend son tour. Je n’ai pas pu résister et me suis dirigée vers elle en tirant Jeanne avec moi. Elle a directement compris le code. Jeanne vient se placer devant la fille qui nous regarde un peu étonnée et craintive. Josy nous observe seulement et reste un peu en retrait.
− Claire, ma puce. Ça va ?
− Oui… Tout va bien, dit Claire, craintive.
− Tu es sûre ? Ça n’en a pas pourtant l’air.
− Pourquoi ?
− Parce qu’il semblerait que tu es un sérieux problème de ventilation ! intervient Jeanne.
Claire est ébahie :
− Hein ?
− Oui, tu as bien compris ! Apprends à fermer tes jambes de criquet devant mon mec ! Il n’a que faire la sale vue sur le machin que tu as entre tes jambes là et que tu n’as pas la décence de cacher.
Les gens nous observent, mais personne n’ose se mêler. Claire est devenue tout d’un coup pale et baisse la tête.
− Toi et moi n’avons aucun problème ensemble, dis-je Moi d’une voix étonnement calme. C’est parce que tu es mon aînée que je te respecte même.
Claire hausse un sourcil.
− Mais si tu continues… Je t’assure que si tu continues… On ne va pas te dire !
Jeanne éclate de rire et se déplace devant la fille. Je tire les filles pour qu’on s’en aille quand j’entends souvent Claire parler à voix basse.
− Vois l’autre, murmure-t-elle en ricanant. Petite, si c’est pour Victor, tu cours dans le sac. Tu ne l’auras jamais.
Je me retourne vers elle, étonnée parce qu’elle vient de dire.
− Tu as dit quelque chose ?
Claire ne se retourne pas. Elle m’ignore et se dirige vers la porte des toilettes. Mais pourquoi raconte-t-elle cela ? Victor lui a clairement dit que nous sommes ensemble ! Elle délire cette pauvre fille. Nous retournons nous asseoir à nos places. Claire est revenue et a pris son sac et est partie sans rien dire. Quelques minutes plus tard, Jeanne me chuchote qu’elle va s’en aller avec Pascal. Ils ont besoin d’un endroit calme pour parler ensemble. Parler hein ? C’est ça même ! Prenez-moi pour votre petite sœur.
− Ne m’attendez pas, dit-elle. Je te sonne quand j’arrive demain.
− Demain ?
− Ah, toi aussi ! Tu as compris.
Ils se lèvent et prennent congé. En regardant sur mon téléphone, je me rends compte qu’il est bientôt 4h. Déjà ?! Victor surprend mon geste d’étonnement et me demander si je veux rentrer.
− J’ai déjà dansé ma part, remboursé le prix d’entrée jusqu’à j’ai même dansé le bonus.
− Tu me fais rire, chou. On fait comment ?
− On y va alors.
Victor prend le temps de dire au revoir à ses amis. Je vais aussi faire un bisou à Josy, trop triste de la laisser. Mais nous nous promettons de nous revoir au plus vite. C’était vraiment une belle journée. Victor me rejoint et nous sortons. Devant l’entrée de la salle, il me fait un baiser et me demande de l’attendre devant l’entrée de la boite, le temps qu’il aille chercher la voiture. À part quelques couples qui discutent dans des recoins, je suis seule devant l’entrée. Soudain, je vois Claire sortir de nulle part et venir vers moi. Hein ? Celle-ci n’est-elle pas rentrée tout à l’heure ? Étonnant vu la façon dont elle est partie fâchée… Elle s’arrête à environ deux mètres devant moi et secoue la tête.
− Rira bien qui rira le dernier. D’autres ont essayé avant toi mais… De toutes les manières, profite bien. La chute sur le sol de la réalité sera rude pour tes petites fesses d’effrontée !
J’ouvre la bouche, choquée. Elle vient de me menacer ou quoi ? Elle passe à côté de moi pour rentrer dans la boite, sous mon regard médusé. Juste à l’entrée elle s’arrête et dis tout doucement.
− La fin de votre mascarade est prochaine.
Cette situation m’a perdue dans mes pensées. Je n’y comprends rien à ce qu’elle vient de raconter. C’est le klaxon de la voiture de Victor qui me ramène à la réalité. Je me dirige et m’installe dans la voiture sans mot dire et nous nous éloignons dans la nuit. Eh Ah Nicole, pourquoi ta vie ne peut jamais être simple !