Chapitre 33 : La ligne de non-retour
Ecrit par Dalyanabil
Deal breaker : motif de rupture.
Chapitre 33 : La ligne de non-retour
Farid
Le sourire aux lèvres j’embrasse l’épaule de ma femme, Fadia est ma femme. C’est encore tellement irréaliste pour moi que je la ramène encore plus dans mes bras pour humer son odeur. La sentir ainsi contre moi est un bonheur dont je ne me lasse pas. Fadia est ma femme, mon épouse, elle à moi. Sur l’île les filles ne mettent pas toujours le voile certes, mais entre voir et toucher ses cheveux il y’a une grande différence.
Les premiers jours de notre lune de miel j’ai passé plusieurs heures à la regarder dormir, trop effrayé de m’assoupir et qu’elle ne soit qu’un mirage. Les yeux fermés je pourrais dessiner chaque courbe de son corps, décrire chaque tic, la façon qu’elle a d’éclaté de rire, de fronce son nez quand elle est plongée dans ces pensée, l’excitation dans ces yeux quand c’est l’heure des repas. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui soit aussi enthousiasme face à la vie, et qui ai le rire aussi facile que Fadia. Ici, dans notre bulle, on rit d’un rien, parlons de tout, le temps es comme suspendu pour nous. J’avais peur parce que j’ai beau avoir plus d’expérience qu’elle en ce qui concerne les relations humaines, je n’ai jamais vraiment jamais réfléchi à la façon dont les relations se construisent. La notion même de couple est quelque chose que je croyais avoir cerné pourtant l’amitié, l’intimité, la complicité le partage que Fadia et moi expérimentons depuis quelques jours m’émeut, m’effraie de par son intensité tout en m’apaisant comme jamais avant.
Ma femme. Ma femme, mon cœur à un raté. À chaque fois que je le dis, dans ma tête ou à haute voix il me faut quelques minutes pour retrouver mon souffle, pour vraiment réaliser que malgré toutes les choses qui ne vont pas, toutes les horreurs qu’il y’a dans le monde, ma famille qui… Ma famille, je pose ma main sur mes yeux me couche sur le dos en essayant de ne pas réveiller Fadia. Ça fait quelques jours que je fais l’autruche, j’ignore mes mails, ne décroche pas mon téléphone. Nous avons beau avoir atterrir dans un coin de paradis à chaque fois que je me mords la langue en me retenant de m’ouvrir complètement à Fadia par peur de ne pas trop en dire, je me sens comme un salaud, un fraudeur.
Je pousse un lourd soupir avant de me retourne pour la serre plus près de moi, Ya Allah fait qu’elle ne me quitte pas quand elle saura. Coincé entre le marteau et l’enclume j’ai envie de courir révèle toute la vérité à A, de me débarrasser une fois pour toute de ce sentiment de culpabilité que ne cesse de me noyer depuis que je suis au courant des vrais intentions de ma famille ou plutôt devrais-je dire mon autre famille. Un courant d’air chaud m’envahit, je me sens fiévreux, au début tout était tellement clair, retrouvé ma sœur et mon frère les ramenés à la maison, pour qu’ensemble, en tant que famille on puisse affronter la tempête qui allait s’abattre sur nous. Alors à quel moment mon dieu mes parent et Nana sont devenus les ennemies ? Est-ce que A pourra comprendre le moment venu ? Et c’est quand le moment venu ? Et la pire question de toutes : est-ce qu’il est vivant ? Je n’ai même pas eu le temps de faire son deuil à elle, je ne suis pas prêt à les perdre tous les deux. Je sais que ça semble ironique, que ça n’a pas de sens de souffrir pour des personnes qu’un a pas connu mais Ya Allah, je ne suis pas prêt. Je veux le rencontre, pouvoir attester de mes yeux de l’homme exceptionnel qu’il a été, le voir élevé ces enfants, lui présenté ma femme, qu’ensemble on pleure notre sœur, qu’il retrouve ces parents. Nos parents, sa grand-mère. Je prends une grande inspiration pour ravaler le sanglot que j’ai dans la gorge mais rien n’y fait. Je serre les yeux très forts parce que je sans avoir besoin de me toucher les joues que ce sont mes larmes. Pitié faites que Fadia ne se réveillé pas, je n’ai absolument pas la moindre idée sur comment lui explique tout ce que je ressens.
Bien sûr je n’ai pas cette chance, « ça va ? » Sa voix est hésitante, rempli d’inquiétude « tu as mal quelque part. » Elle est debout en train de me palper tout en parlant « Farid ? »
J’ai la gorge tellement noue que je me contente de secouer la tête, quelque part dans ma tête mon cerveau a répondu ‘’non je n’ai mal nulle cependant aucun mot n’as franchi mes lèvres.’’
Elle stoppe, je sens son regard sur moi mais ma main ne quitte pas mes yeux, je suis sûr que couché inerte, les joues scie de larmes je dois être pathétique. Elle revient se coucher dans mes bras, essuie mes larmes, me donne un baiser, me hume. Son pied gauche entre les miens, elle se colle à moi, pose sa tête sur mon torse et attend. Comme l’air de dire prend tout ton temps, quand tu seras prêt je serais juste ici pour toi.
Quand j’arrive enfin à me reprendre je murmure d’une voix que je ne reconnais pas « désolé. » Un seul mot que j’espère lui dit toutes les autres choses que je n’arrive pas à dire, je me sens tellement idiot, je suis effrayé car je sais qu’elle vas vouloir savoir pourquoi je suis dans un tel état. Effrayé parce que je pourrais ne plus avoir la force de lui servir de demi vérité si jamais elle me pose une question, je me sens épuisé.
« Je souhaiterais qu’on puisse rester ici pour toujours ? » Elle a parlé en me serrant très fort dans ces bras.
Le temps se suspend, que vient-elle de dire ? Ces mots me figent sur place, qu’elle me demande des explications, oui mais ça, qui est donc cette femme ? « Fadia, pourquoi ? »
Fadia
Mon cœur se serre devant sa tristesse, je voudrais tellement le soulager, qu’il me fasse assez confiance pour me confier ces tourments de lui-même. Je sais mieux que quiconque, ce que c’est que de porter en soi des souffrances qu’on ne peut pas partager avec les autres, je veux être sa meilleur amie, je veux qu’il puisse me parler cependant je sais aussi qu’il doit faire le premier pas, le bousculer serait contre-productif. Observé ma thérapeute adopté le même comportement avec moi ce qui finit toujours par me délier la langue alors même si ça me coûte de ne pas lui poser plein de questions je lui donne la seule réponse qui ait du sens pour moi, « parce que nous ne sommes pas encore partis que le monde extérieur à déjà une emprise sur nous. »
« Oh ma Fadia » il marque une pause comme si ça lui coûtait de parler, il pose un pied à terre pour relancer le tarmac tout en me tenant dans ces bras « ce n’est pas le monde extérieur le problème plutôt tous mes secrets qui reviennent me hanter, je suis effrayé à l’idée de t’en parler, à l’idée qu’entre nous ça soit un deal breaker quand tu sauras, par-dessus tout je suis impuissant face la catastrophe qui est en train de frapper ma famille. » Je continue de l’écouté en silence « ça serait tellement plus facile si Jafar était vivant, tellement plus facile. »
« Jafar ? Comment le connais tu ? » Je me sens un peu coupable mais au nom de Jafar toutes mes sens sont en alerte, mon impatience me fait froncé les sourcils. Je n’ai pas beaucoup entendu le nom de Jafar Hassan mais à chaque c’était avec beaucoup de déférence, d’amour, et tellement de douleur.
Une larme coule sur sa joue cette fois, il ne cache plus son visage derrière son bras, son regard est hanté, perdu « Je pense que c’est mon frère. »
IL EST FOU, c’est officiel ! Ce qu’il me dit n’a tellement pas de sens que je ne sais quoi répondre à ça.
« Je sais que pour toi ça l’air dingue » il laisse échapper un rire ironique « je pense parfois que je le suis ou que je vais le devenir à cause de tellement douleur. Imagine ma tête quand j’ai appris que j’avais des frères ainés, que je n’étais pas fils unique. Que toute ma vie la tristesse dans les yeux de ma mère avait une origine aussi abracadabrante ? »
« Tu en ai sûr Farid ? » Mon cœur à plusieurs ratés parce que ce n’est pas possible « Il est orphelin tu sais, ni A, ni May n’en parle beaucoup mais j’en sais assez pour savoir ça. »
Il prend ma main dans la sienne la pose sur son cœur, se met en position assise pour me regarder dans les yeux avant de commence à parler « Jafar Hassan est le prince héritier du royaume du Mandras et ce n’est pas tout il est la moitie d’une paire tout comme Elias et Farisa. »
Le son de surprise qui m’échappé ne le surprend pas, il me raconte alors la nuit où il a appris la vérité sur le passé de sa famille, son serment, son départ du Mandras, sa rencontre avec Smith, la Somalie, Le Cameroun, le pire de tous sa récente dispute avec sa famille. Je suis pris de tristesse, de douleur, et d’effroi. D’effroi car si c’est avéré A vas considérer ça comme une attaque sur sa famille pur et simple, et qu’Allah nous préservé si les souverains du Mandras s’empennent à Amsetou Mahmoud croyant avoir affaire à quelqu’un qu’ils pourraient écraser facilement.
« Si ta famille s’attaque à A, ils vont être sacrement surpris parce qu’elle va rendre coup pour coup et crois-moi ça va faire mal. » Ces derniers mois à travailler pour elle, j’ai découvert que s’il y’a une chose qu’elle avait c’était des relations, son networking est impressionnant « Farid ça va être moche. »
« Je sais que A ne se laissera pas faire. »
« Non ce que je veux dire c’est qu’elle a les moyens de se défendre, » la panique fait monter ma voix dans les aigus « et que toi tu devras choisir. »
« Comment je fais pour honorer mon serment tout en protégeant la famille de mon frère, comment je fais ? »
Mon cœur se serre pour lui, je voudrais lui en vouloir de n’avoir rien, d’un autre côté comment aurait-il pu ? A lui aurait claquer la porte au nez, pour elle rien n’est plus important que la sécurité des jumeaux. « À nous deux on devrais pourvoir faire y arrivé, tu n’es plus seul, tu m’as maintenant. »
Le choc le plus total se lit sur son visage « tu ne m’en veux pas ? »
« Ça serait facile en effet » je pleure s’en m’en rendre compte car tout ça a dû bien être lourd à porter tout seul « je suis ta femme, ton amie, ta partenaire quand on aura réconcilié ta famille, rappelé le moi, ok ? » Je dis avec un petit sourire en coin.
À ces mots il se jette sur moi et me serre à m’étouffer tout en répétant mon nom encore et encore, je lui rends son étreinte, sa bouche trouve la mienne, ses mains mes courbes. Pendant quelque instant nous somme deux personnes à qui les mots font défaut, qui n’ont comme moyen de communication que cette étreinte, ces caresses, ces soupirs qui disent à la fois merci de me comprendre, et pleins d’autres choses que nos cœurs trop fragilisés par les épreuves ont peur d’admettre à voix haute déjà. Quand on se sépare, respirant comme deux coureurs en fin de piste, le regard encore voilé de tout ce que nos corps viennent d’exprimer je me contente de pose ma tête sur sa poitrine, d’humer son odeur car rien de ce que je pourrais dire ne sera assez fort pour exprime ce que je ressens. Je sais avec certitude que jamais il ne fera quoique ce soit contre A et les jumeaux, pas seulement parce que c’est sa famille mais c’est aussi la mienne. « Tu dois savoir sans le moindre doute si Jafar est bien ton frère. »
Ça sera juste une confirmation car je le sais ici. » il place sa main sur sa poitrine juste à côté de mon visage à l’endroit où bat son cœur quand il répond. « Je ne peux pas me servir des jumeaux pour ça. »
« Je sais. On trouvera une solution. » J’ai beau savoir que nous procure l’ADN du père des jumeaux sera difficile voire impossible, je le rejoins sur ce point. « Si on se sert des enfants de cette façon, jamais A, May ou Malick ne nous pardonneras. ça c’est la ligne de non-retour, celle qu’on ne doit pas franchir. » Sinon on les perdras, je ne le dis pas à voir haute mais c’est tout comme.