Chapitre 33 : Libre comme l’air

Ecrit par Mayei

Chapitre 33 : Libre comme L’air

 

...richard...

 

J’atterris à plat ventre sur ce sol glacial. Je veux crier tout mon désarroi mais même ouvrir la bouche est devenu chose difficile pour moi. Je ne sais pas l’heure qu’il fait ni même quel jour nous sommes puisque depuis que j’ai quitté Daloa dans le camion de ces gendarmes je suis enfermé dans cette pièce sombre où il n’y a pas de fenêtre. Tout est sombre au point de ne même pas voir le visage de cette personne qui le roue de coups depuis. Tout ce que je savais était qu’il était bien costaud. J’étais suspendu, les mains attachées à l’aide d’une chaîne en fer, au plafond, exposé comme une vulgaire chaire de bœuf qu’on exposait à l’abattoir. À chaque fois que je recevais un coup de cette brute, mon corps balançait de part et d’autre. Il venait comme ça de me détacher, me libérant de cette douleur.

 

Je sentais dans ma bouche de goût de mon sang. J’avais dû perdre plusieurs dents puisque ma langue passait facilement. Je respirais bruyamment en essayant de calmer toute cette douleur que je ressentais. J’entendais soudain des pas approcher. La personne se baissa à mon niveau et releva ma tête.

 

Lui : tu veux encore être battu ?

 

Moi : non je vous en prie ! Je ne veux pas mourir. J’ai des enfants qui comptent sur moi.

 

Lui (riant) : regarde comment tu trembles ? Es-tu vraiment un homme ? Je ne sais même pas pourquoi je pose la question. Un vrai homme ne tape pas sur une femme pour ensuite venir pleurnicher comme un enfant de cinq ans. Lorsqu’on se dit homme, il faut affronter un homme comme soit et non une pauvre femme sans défense dont la seule erreur a été de t’aimer.

 

Moi : violette ? C’est à cause de violette que je suis ici ?

 

Lui ; je ne connais pas son nom mais oui tu es ici à cause de cette femme que tu as laissé pour morte. Cette femme qui a failli perdre la vie à cause d’un irresponsable comme toi. 

 

Je comprenais tout maintenant. Violette avait décidé de se venger de moi. C’était sa faute si je me retrouvais ici à me faire battre comme un animal. Que me voulait cette femme à la fin ? Je pensais mettre débarrasser d’elle ou du moins avait fait passer mon message clairement. Mais voilà qu’elle me met encore des bâtons dans les roues. D’ailleurs comment avait-elle fait pour guider les gendarmes jusqu’à moi à Daloa ? comment savait-elle que j’étais à Daloa ? La colère grandissait en moi. J’avais envie de me lever sur mes deux jambes et de combattre ce monsieur qui jouait les justiciers. J’essayais un instant mais la douleur vive qui traversa ma jambe gauche me cloua sur place.

 

Lui : qu’est-ce que tu fais ? Tu veux te relever c’est cela ?

 

Moi : ... ... ...

 

Lui : vas-y tu as une minute pour te lever dans le cas contraire tu me sentiras encore passer

 

Moi : ... ... ...

 

Lui : il ne te reste plus que cinquante-neuf secondes 

 

Je ne pouvais faire aucun mouvement au risque de me faire plus de mal que ce que je ressentais déjà. Apparemment cette brute ne l’entendait pas ce cette oreille. Il tira sur mes bras et m’obligea à me redresser. C’est en m’arrachant d’énorme cris qu’il y parvient. La douleur était tellement forte que je respirais bruyamment. C’était bien trop pour une seule personne. Je ne récupérais même pas de cette douleur qu’il m’envoya son poing en plein ventre. Il se déchaîna sur moi pendant de longues minutes. J’avais tellement mal que je ne sentais plus mon corps alors qu’il enlevait la chaîne autour de mes mains. Il me prit par Le Bras et m’entraîna dehors. J’avais l’impression de voir la lumière pour la première fois tant elle m’éblouissant. J’avais carrément mal aux yeux. Je mis ma main pour cacher toute cette lumière qui m’empêchait de voir clairement. Je m’attendais à ce qu’on prenne un moyen de transport pour atteindre la prison mais fus surpris de constater que nous étions déjà sur les lieux. Depuis tout ce temps j’étais dans la prison mais dans une pièce éloignée. En traversant la cours je pu constater toutes ces personnes incarcérées qui me regardaient avec dédain. Ce sauvage qui me torturait m’entraîna jusqu’à un endroit, complètement ouvert, qu’il appelait douche. Je pouvais voir ce sceau d’eau laissé là à cet effet.

 

Lui : lave-toi maintenant 

 

Moi : la ? En plein air ?

 

Lui : tu penses qu’il y’a une douche avec baignoire juste pour toi ici ? Dépêche-toi !

 

L’eau à l’intérieur pouvait à peine suffire pour me permettre de me laver convenablement. Ne voulant pas susciter la colère de mon bourreau, je fis de qu’il me demandait de faire. L’eau fit ruisseler le sang qu’il y avait sur moi. Je me défis du seul boxer que je portais depuis qu’on m’avait pris à Daloa. Je mis ma main pour cacher mes attributs masculins. 

 

Moi : je n’ai rien à me mettre sur le dos !

 

Lui : tiens 

 

Il me jeta des habits au visage. Ce n’était rien de bien bon mais juste pantalon délavé et un t-shirt de publicité. Il resta avec moi jusqu’à ce que je finisse de me vêtir. Je fus trimballé encore une fois à un autre endroit que je ne connaissais pas. J’étais en tout cas prêt à recevoir une bonne baston si jamais c’était le cas.

 

Lui : assieds-toi ici, tu as de la visite 

 

Moi : de la visite ?

 

Lui : tu es dur d’oreilles ou quoi ? Je t’ai déjà dit que je n’aimais pas me répéter.

 

J’étais surpris, soulagé et en même temps rassuré de voir venir ma mère et mon père. C’était comme si mes poumons venaient d’être remplis d’une bouffée d’air frais. J’étais comme régénéré. Ma mère se précipita vers moi et se jeta dans mes bras. J’émis un petit gémissement de douleur à cause de mes blessures et elle recula un peu. Elle avait les yeux mouillés. Certainement qu’elle avait mal de me voir ainsi.

 

Maman : tu es blessé ? Ils t’ont fait mal quelque part ?

 

Moi : légèrement mais ça ira.

 

Lui : vous avez trente minutes...je suis devant 

 

Nous avons attendu qu’il sorte de la pièce avant de nous mettre à parler. 

 

Moi : maman et amandine ?

 

Papa : c’est qui cette amandine ?

 

Maman (se raclant la gorge) : hum c’est une petite nièce au village là-bas,

 

Papa : une petite nièce que je ne connais pas et pourquoi richard demande-t-il de ses nouvelles. Depuis quand-t-il va au village pour jusqu’à connaître tes nièces ?

 

Maman : c’est une longue histoire. Nous n’avons que trente minutes à passer ici autant poser les bonnes questions. 

 

Papa nous regarda à tour de rôle comme s’il soupçonnait quelque chose. J’avais complètement oublié que seule maman était dans la confidence et que mon père n’en savait absolument rien. Je comptais le mettre sur le fait accompli. Il avait toujours aimé violette et pris sa défense au détriment de moi son fils. Si je lui annonçais que j’allais épouser une autre fille, il m’aurait sûrement fait la peau. Il irait jusqu’à s’associer avec cet homme qui me bat depuis.

 

Papa : sais-tu au moins pourquoi tu es ici ?

 

Moi : je ne le savais pas au début mais je viens d’apprendre que c’est à cause de violette !

 

Papa/maman : quoi ???

 

Moi : en tout cas en fonction de ce que l’homme devant la porte a dit, tout laisser penser que violetée est derrière tout ça !

 

Maman : j’ai dit ! J’ai dit que cette fille allait causer ta perte !

 

Papa : tais-toi ! Si violette a porté plainte contre toi, c’est qu’elle a sûrement une bonne raison. Qu’est-ce que tu as fait ?

 

Moi : tu es toujours prêt à prendre sa défense n’est-ce pas ? Pourquoi cela m’étonne encore ? Je devais pourtant être habitué. C’est ta fille ou c’est moi ton fils ? 

Papa : il n’est pas question de ça. Qu’as-tu fait cette fois ? je me rappelle toujours l’état dans lequel elle était lorsque nous t’avons laissé avec elle la dernière fois.

 

Moi : eh bien Sache qu’une fois en rentrant chez moi j’ai surpris violette dans la voiture de son amant, garée juste devant le portail. Il s’agissait d’un grand type c’est là la vraie raison de son désir de vouloir divorcer. Certainement que cet homme a usé de ses relations pour me jeter en prison et me faire disparaître de l’équation. Il veut avoir le terrain libre et quel meilleur moyen que de faire disparaitre le cher et tendre richard ? En tout cas son message est bien passé car dès que je sors d’ici, violette et moi, c’est terminé. Je n’aurai pas besoin qu’on nous fasse asseoir pour nous faire entendre raison.

 

Maman : voilà que tu parles bien !

 

Papa : tu penses peux être que je suis né de la dernière pluie ? Ou que ma mémoire me fait défaut à ce point ? Tu penses que je ne me souviens pas du nom de cette femme sur la carte d’invitation que violette nous avait montrée ? (Se tournant vers maman) tu étais donc au courant de toute cette mascarade ? (Se tournant vers moi) je t’ai toujours répété richard qu’il n’y a pas quelque chose qui condamne plus que l’ingratitude. Lorsqu’une personne t’a aidée avec tout son cœur et qu’en retour tu montres ta mauvaise foi attends toi aux représailles. Ses parents avaient souhaité nous voir mais nous n’étions pas présents. Dès que nous sortirons d’ici nous irons comme ça chez eux. 

 

Moi : mais...

 

La porte s’ouvrit, nous interrompant. Il s’agissait de ce monsieur dont je ne connaissais pas le nom. Au moins maintenant je voyais son visage si dur et manquant cruellement d’expression. Je comprenais pourquoi il était assigné à cette sale besogne. Il nous indiqua que le temps mis à notre disposition était écoulé. Mes parents devaient donc me quitter. Maman eut juste le temps de me remettre le panier qu’elle avait envoyé avec elle. Il s’agissait de la nourriture et des bouteilles d’eau minérales. 

 

Lui : je vois que tu as reçu un bon panier ! (Me prenant le panier des mains) voyons voir ce qu’il y a à l’intérieur. 

 

Il ouvrit la soupière pour laisser échapper une odeur de riz gras. 

 

Lui : je ne pense pas que tu aies besoin de ça ! Tu sais il y’a la cuisine de la prison ça pourra très bien faire l’affaire. Garde les bouteilles d’eau et je garde le riz.

 

Ma limite était atteinte. J’avais incroyablement faim. Je n’avais rien mangé depuis Daloa. Dieu seul savait comment je faisais pour rester en vie et cet imbécile usait de sa position de force un peu trop. Il en faisait même trop. Je me levais et frappais des poings sur cette table qui était juste devant moi en exigeant qu’il me rendre mon panier immédiatement. J’en avais ras-le bol.

 

Moi : vous en faites un peu trop.

 

Lui (se moquant) : je pense que quelqu’un a eu une montée d’adrénaline après la visite de ses parents. Tu veux te mesurer à moi ? Tu sais ce qu’on va faire ? Viens, viens mesure toi à moi. Si tu gagnes tu prends tout le panier dans le cas contraire je prends tout. Allez en commence. 

 

J’analysais tout. J’avais déjà l’estomac vide et j’étais très faible. Inutile de venir me ridiculiser pour en plus perdre mon panier de nourriture. Je laissais entendre au gars que je ne voulais pas de de face à face mais c’était mal le connaître. Allait-il refuser une occasion de me montrer sa force encore une fois ? Il m’envoya par terre dès le premier coup. 

 

...Salomé...

 

Je ne suis pas sortie de cette maison depuis ce jour-là où j’avais claqué la porte en quittant la chambre d’hôpital de Linda. J’ai tourné la question dans plusieurs sens et je pense que la meilleure chose à faire est de rester loin des filles pour un bon moment, ou de façon définitive, qui sait. Je ne voulais pas être le vilain petit canard de la bande. Je pense qu’entre fille nous ne connaissons très bien et plus rien ne peut être pareil avec votre amie une fois que celle-ci a couché avec votre petit ami à plus forte mari carrément. Même si ce n’était que la dote, ils avaient des enfants et vivaient ensemble. De plus comment suis-je sensée justifier que ma sœur se marie avec ce même homme ? Toute cette histoire me donnait des céphalées. C’était décidé j’allais m’éloigner un peu. 

 

Toc toc 

 

Moi : rentre Georges ! 

 

Georges (passant sa tête) : ah tu es debout petite maman ? Je pensais que j’allais te réveiller.

 

Moi : arrête de m’appeler petite maman lol

 

George : tu lui ressembles comme deux gouttes d’eaux et en plus tu prends soin de moi.

 

Moi (émue) : hum...

 

George : je suis venu te remettre le papier pour faire le dernier versement de l’année à L’école 

 

Moi : oh ok ! Je vais faire ça au plus vite 

 

George : ok ! Je bouge maintenant. Je ne veux pas être en retard. C’est le de français et dès qu’il met pied dans la salle personne d’autre ne peut le faire après.

 

Moi : dans ce cas file alors. 

 

Il s’en alla après m’avoir prise dans ses bras. Voilà une autre paire de manche. Économiser est très difficile lorsque tu as des charges, surtout que je n’avais pas prévu que Pat ne renouvelle pas mon contrat. Il ne faut pas oublier que j’ai quitté Malabo en claquant la porte au nez de Jeff, le boss de l’agence. Mes derniers sous je les avais utilisés pour le loyer du mois passé et la date pour payer le loyer de ce mois-ci était passée de quelques jours. Il va encore falloir payer le loyer. Je ne sais vraiment pas d’où faire sortir l’argent pour m’acquitter de ces frais et voilà qu’il y avait le dernier versement pour l’école de Georges. 

 

Heureusement qu’Amandine s’en était allée sinon comment allais-je faire. Elle allait avoir une autre raison en plus de ma maison que je loue, pour se payer ma tête. Il fallait que je trouve une solution pour venir à bout de cette impasse. Mais comment ? Par où passer ? Pendant un bref instant l’image de Rachidi s’imposa à moi. C’était vrai qu’il m’avait toujours aidé lorsque j’étais dans la détresse mais après l’épisode de Malabo je ne pense pas que notre relation reste toujours la même à nouveau. Il valait mieux pour moi que je trouve une autre issue.

 

Alors que je pensais à tous ces problèmes qui m’accablaient, on sonna à la porte. Je pestais dans le lit. J’étais bien sous mon drap et sortir de ma chambre jusqu’à atteindre la porte d’entrée était bien trop difficile. Avec ma mauvaise humeur j’ouvris la porte sans demander l’identité de la personne qui frappait. Avant même que je ne réalise, Amandine poussait la porte et s’invita dans mon salon. Je me retournais tout doucement, incrédule, la détaillant. Elle avait les lunettes de soleil sur la tête comme les villageoises qui venaient d’arriver en ville sans compter son maquillage exagéré sous ce chaud soleil. Sa culotte arrivait à peine à lui couvrir le quart des cuisses et ce chewing-gum qu’elle mâchouillait comme si elle travaillait à la rue Mercedes.

 

Moi (reprenant mes esprits) : je peux savoir ce que tu fous ici ?

 

Amandine : tu penses que tu peux jouer avec moi ? Ça te fait aussi mal que je sois avec maxime ? Ça te ronge qu’il ait préféré se présenter à la famille pour moi et non pour toi ?

 

Moi : tu délires sérieusement Amandine. À ton âge, tu devrais être en train de te soucier de tes études pour ne pas à avoir à subir la vie mais non, ce sont les histoires d’un homme marié que tu soulèves pour charger comme ton poids.

 

Amandine : arrêtes moi tes balivernes ! Homme marié mais tu ne te gênais pas pour coucher avec lui n’est-ce pas ? c’est maintenant que tu as pris conscience qu’il est marié ?

 

Moi : je n’ai pas à me justifier auprès de toi. Maintenant, sors d’ici ! 

 

Amandine : je ne sortirai que lorsque j’aurais fini de parler. Comme tes frères n’ont pas pu stopper le mariage avec leur refus catégorique de voir maxime demander ma main, tu as envoyé les policiers pour l’arrêter n’est-ce pas ? Quel faux motif as-tu inventé ? Tout ça pour gâcher mes fiançailles ! (Fouillant dans son sac) mais regarde bien cette carte d’invitation (me la jetant au visage) tu seras aux premières loges pour voir ce mariage, tu seras même le témoin. Pour te dire que quel que soit ce que tu as manigancé, Maxime sortira de ce trou et nous célèbrerons ce mariage.

 

Moi : tu es tellement idiote ! Je perds mon temps à parler avec toi (ouvrant la porte) sors maintenant ma patience a des limites. 

 

Elle marcha vers la sortie en me précisant qu’elle n’en avait pas encore fini avec moi. Je la poussais et refermais la porte. N’importe quoi. Venir jusqu’à chez moi pour chercher maxime ? On aura tout vu. Qu’il pourrisse en prison si tel est le cas. Je n’en ai rien à cirer. Elle voulait un homme, qu’elle aille le voir en prison. Ils peuvent même célébrer leur mariage là-bas pendant qu’on y est. Elle est bien idiote cette petite. Je pris la carte d’invitation que je déchirais en mille morceaux avec colère avant de jeter le tout dans la poubelle de la cuisine. A peine j’essayais de m’asseoir qu’on sonna à la porte encore une fois. Mais merde ! Qu’est-ce qu’elle me voulait encore cette petite sotte. J’ouvris avec toute la colère du monde.

 

Moi : je t’ai dit de foutre le camp de chez moi 

« Je vois que vous être bien énervée mademoiselle Gnahoré »

 

Moi : oh monsieur Kipré ! Je suis désolée je pensais qu’il s’agissait de... (me poussant) rentrez, rentrez s’il vous plaît. 

 

Monsieur Kipré était le prioritaire de cet immeuble qui abritait tous ces appartements. Il rentra et je l’installais confortablement dans l’un des fauteuils. Je devinais déjà ce pourquoi il était présent chez moi aujourd’hui. Depuis tout le temps que j’étais ici dans cette maison, la seule fois qu’il s’était approché, c’était pour me remettre les clés. IL n’avait même pas franchi le pas de la porte. Je lui proposais à boire pour gagner du temps mais il déclina prétextant qu’il était bien pressé.

 

Mr Kipré : mademoiselle Gnahoré vous n’êtes pas à ignorer la raison pour laquelle je suis ici aujourd’hui.

 

Moi : ... ... ...

 

Mr Kipré : le loyer était dû depuis trois jours déjà et je n’ai rien reçu. Vous avez toujours été à jour dans vos paiements et même quelques jours en avance. Je venais juste vérifier si tout allait bien, si je n’avais pas de raison de m’inquiéter.

 

Moi : pas du tout. C’est juste qu’il y’a eu un problème avec mon compte et le virement de mon salaire n’est pas encore passé. Dès que cela sera possible je vous paierai le loyer.

 

Mr Kipré (se levant) : c’est ce que je pensais ! Je vais devoir m’en aller et merci pour votre compréhension.

 

Moi : merci à vous monsieur Kipré. 

 

Je le raccompagnais jusqu’à la porte. En revenant, j’avais presque les larmes aux yeux. Comment allais-je m’en sortir ? où allais-je bien pouvoir trouver la solution pour me sortir de là ? Il ne me restait plus qu’une seule chose à faire pour essayer de me sortir de là au plus vite : MAUDE, elle saura m’aider. Je me jetais donc sur mon téléphone pour joindre Maude en espérant qu’elle réponde à mon appel. Après notre dernier voyage je n’avais plus répondu à ses appels. Je savais que Jeff passerait par elle pour m’avoir. Je croisais donc les doigts. Ça sonnait depuis mais elle ne répondait pas. J’ai dû essayer une deuxième fois « Maude décroche s’il te plaît ». Me disais-je intérieurement.

 

Maude : allo !

 

Moi : Maude ! Maude comment vas-tu ?

 

Maude : c’est qui s’il vous plaît ?

 

Moi (touchée) : Maude c’est moi ! C’est Salomé. Tu ne reconnais plus ma voix ? Même si tu veux dire que tu n’as plus mon numéro ? 

Maude : je ne connais pas de Salomé.

 

Moi : arrête de jouer comme ça Maude. J’ai besoin de ton aide. J’ai besoin que tu m’aides à parler à Jeff, comme la première fois. Afin qu’il me reprenne dans la bande.

 

Maude : j’ai dit que je ne vous connaissais pas !

 

Clic !

 

Moi : Maude ? (Regardant l’écran de mon téléphone) Maude ?

 

Elle avait simplement raccroché. Elle venait de me raccrocher au nez. Je n’en croyais pas mes yeux et mes oreilles. Si Maude me tournait le dos avec tout ce qui se passait dans ma vie qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire ? Oh seigneur !

 

...Violette...

 

Je n’arrive pas à me sortir de la tête ce que le docteur m’a dit ce jour-là. Comment cela pouvait être possible ? Pourquoi apprendre une telle nouvelle ? Voilà pourquoi je n’aimais pas les hôpitaux. Tu y allais pour quelque chose et c’est tout autre chose que tu apprenais. En dehors de Nancy personne ne savait ce que le docteur a découvert. Je préférais attendre avant de prendre une décision et avertir mon entourage si jamais cela devait se savoir. Je tirais mon tiroir et fis sortir l’un des médicaments prescrits par le médecin. Mon téléphone se mit à sonner. J’étais surprise de voir le numéro de maman s’afficher. Depuis que j’étais sortie de l’hôpital, son attention envers moi avait doublé pour ne pas dire triplé.

 

Moi : allo maman ?

 

Maman : Amah comment tu vas ? Ça va mieux ?

 

Moi : ça va beaucoup mieux maman merci et toi ?

 

Maman : ça va nous sommes là ! Mais la mère de Richard est venue faire tout un tapage ici la dernière fois. Elle exige une réunion au plus vite comme si nous n’étions pas d’abord passé chez eux pour avoir cette même réunion. J’avais envie de très mal lui parler mais je me suis retenue.

 

Moi : cette femme ne changera jamais ! Donc qu’est-ce qui a été décidé ?

 

Maman : il faut en tout cas que tu sois là pour qu’on puisse parler. Je ne sais pas si tu veux venir ou qu’on se déplace chez vous là-bas !

 

Moi : c’est bon je vais faire le déplacement.

 

Maman : ok donc donne-moi la date comme ça j’avertis ton père pour qu’il puisse tenir les autres au courant.

 

Moi : ce dimanche sera mieux comme ça on en finira une bonne fois pour toute avec cette famille. 

 

Maman : d’accord on se voit dimanche alors. J’embrasse les enfants. 

 

Je raccrochais en réfléchissant encore et encore. La mère de richard n’avait tout de même pas honte. Aller faire le scandale chez mes parents pourtant son fils était à deux doigts de me faire passer de vie à trépas. C’est plutôt ma mère qui devait aller faire tout le bruit du marché chez eux. J’espère cependant que cette histoire n’affectera pas la longue amitié qui existait entre mon père et celui de richard. Après tout ce monsieur était bien gentil. 

 

Je quittais la chambre pour le salon. L’endroit était bien calme sans les enfants. J’avais pu les voir à ma sortie de l’hôpital mais ils étaient restés avec Nancy afin que je puisse mieux me reposer. Je les prendrai avec moi le dimanche à mon retour du village. C’était là l’avantage d’avoir un village qui se trouvait à moins de deux heures d’Abidjan.

 

Pour ce qui est de Martin, il avait insisté sur le fait que je devais emménager avec lui. Il souhaitait aussi que je vienne avec les enfants mais c’était un peu trop rapide pour moi. J’avais besoin d’un peu plus de temps pour me projeter. Un peu plus de temps pour me faire à l’idée de tout reprendre avec un autre homme. En plus de ça il y avait la nouvelle du docteur que je devais inclure dans mes plans. Cette nouvelle n’était certainement pas la bienvenue. J’étais complètement seule dans cette maison. Même Soraya était chez Nancy pour aider avec les enfants. 

 

... ... ...

 

Nous sommes dimanche aujourd’hui et je n’ai jamais autant souhaité qu’un jour arrive aussi vite. La réunion était prévue pour quatorze heure. Il était midi lorsque j’empruntais un taxi pour me rendre à la gare de Bonoua. Il faisait extrêmement chaud au point que ce soit difficile de respirer. Heureusement pour moi nous étions dimanche et il n’y avait pas tellement de personne. Le mini car ne tarda pas à prendre la route et en moins d’une heure je descendais et foulais le sol de mon village. Je serais contre moi mon sac qui contenait tout ce que j’avais à présenter durant cette assemblée. 

 

Je marchais jusqu’à notre cours. Les enfants dans les environs se ruèrent sur moi en me voyant arriver. Je fouillais dans mon sac et leur tendis un billet de cinq cents francs qu’ils devaient se partager entre eux. Lorsqu’enfin je m’assis sur le tabouret que me présentais ma mère, j’exigeais un verre d’eau bien glacé pour étancher ma soif. Je descendis ce verre d’eau d’un coup en poussant un soupir de soulagement. Certains disaient que l’eau n’avait pas de goût mais dans ces moments-là, le goût était intense. 

 

Maman : nouvelles Amah !

 

Moi : ah je suis là ! Tu sais déjà pourquoi !

 

Maman : tout à fait ! Il est déjà l’heure même. On va faire la réunion avec le chef du village et les notables de la famille.

 

Moi : il faut vraiment que toutes ces personnes soient présentes ?

 

Maman : toutes ces personnes étaient là le jour de ton mariage n’est-ce pas ?

 

Moi : hum ! 

 

Il a fallu que mon père vienne nous chercher afin que nous rencontrions les autres. La famille de richard y était déjà. Il fallait voir le regard que sa mère porta sur moi. Si elle avait eu le pouvoir de m’enterrer là maintenant je serais déjà dans ma tombe. Je n’y prêtais pas attention. Je saluais le père de richard et pris place à l’endroit qui était destinée à ma famille. Celui qui était censé prendre la parole se plaça au milieu, versa la boisson au sol pour les ancêtres comme la coutume le souhaitait et commença à parler. Il se tourna d’abord vers la mère de richard pour débuter.

 

Notable : Affoua c’est toi qui a demandé cette réunion-là de toute urgence ! De quoi est-il question ? Nous tous ici présents t’écoutons.

 

La mère de richard : si je vous ai réuni aujourd’hui c’est parce que l’heure est grave. Mon fils richard que tout le monde connaît ici...

 

Notable : Richard qui ne met jamais ses pieds dans ce village ? Est-ce du même richard dont il est question ?

 

La mère de richard : hum...oui 

 

Notable : il faut dire les choses telles qu’elles sont ! Reprends « mon fils richard qui ne vient jamais au village »

 

On sentait l’embrassement sur le visage de cette sorcière. Ma mère tira sur mon habit et se baissa pour rire sans que l’on ne puisse la voir. La mère de richard se racla la gorge et prit à nouveau la parole.

 

La mère de richard : mon fils richard (tout doucement) qui ne vient jamais au village est présentement en prison. Les policiers sont venus le prendre un jour comme ça sous nos yeux sans donner d’explications. Nous sommes allés le voir il était mal en point et c’est là que nous avons appris que c’est l’amant de violette qui est derrière tout ça ! Elle s’est débrouillée pour qu’on le mette en prison pour pouvoir vivre avec son amant. 

 

Je n’en croyais pas mes oreilles ! Cette femme était bien folle ou tout simplement avait une bonne imagination pour inventer de pareilles insanités. N’était-elle pas une sorcière ? je comprenais maintenant ce mauvais côté qui habitait en richard. Il tirait ça de sa chère et tendre mère. Le père de richard arrivait à peine à me regarder. Lorsqu’il leva les yeux vers moi, il semblait me demander pardon pour les écarts de sa femme qu’il ne maîtrisait pas. 

 

Notable : Amah voilà les accusations qui sont portées contre ta personne. L’adultère est très grave et motif de divorce. Qu’est-ce que tu as à dire pour ta défense ? 

 

Je ne pris pas la parole automatiquement. Je fouillais d’abord dans mon sac pour faire sortir le rapport du docteur. Je pris bien soin de garder celui de l’autre nouvelle à la maison. Je fis passer ce rapport au fur et à mesure à tous les notables qui étaient là et aussi chez les représentants de la famille de richard. Même si sa mère a refusé d’en lire le contenu lorsque la feuille arrive à son niveau. 

 

Moi : nous savons tous lire ici. Et personne ne peut douter de l’originalité de ce document. Le cachet, la signature et les numéros y sont bel et bien. Vous pouvez appeler si jamais vous doutez. Ma famille, celle de richard et DIEU savent ce que j’ai pu faire comme sacrifice pour celui que j’appelais mon mari afin qu’il soit là où il est aujourd’hui. On ne m’a pas forcée je l’ai fait de bon cœur et je n’attendais rien en retour. S’il n’a pas été reconnaissant c’est son problème à lui. Richard m’a battue et ma laissée à la maison entre la vie et la mort. 

 

La mère de richard : c’est une menteuse cette fille. Elle ment pour rejeter la faute sur mon fils. 

 

Ma mère : plus jamais tu ne traites ma fille de menteuse. Bande d’assassins ton fils et toi. Des sorciers vous êtes 

 

Ces deux femmes se sont mises à se chamailler. Elles criaient à tue-tête. Maman supportait que la famille de richard avait eu de la chance. Elle criait que si quelque chose m’était arrivé ils n’allaient plus mettre les pieds dans ce village tant elle se serait occupée d’eux. La mère de richard aussi qui soutenait que son fils n’avait rien fait et que j’avais inventé cette histoire de toute pièce pour nuire à la réputation de son fils. Je comprenais maintenant pourquoi elle avait refusé de lire le rapport médical. Il a fallu que les hommes les calme pour que le silence revienne dans l’assemblée. On me donna de nouveau la parole puisque je fus coupée de façon brusque par les insanités de celle qui était ma belle-mère. 

 

Moi : je disais donc que j’étais laissée à mon triste sort. C’est ma fille, la petite aurélie qui a eu l’idée de prendre le téléphone et appeler une amie qui DIEU merci est arrivée à temps pour me conduire à l’hôpital. Peut-être qu’aujourd’hui je serais morte qui sait ? Le père de richard a lui-même vu les blessures que j’avais sur le corps la veille lorsqu’il est venu nous parler.

 

Le père de richard : oui ça c’est vrai ! 

 

Moi : tout ce que je veux c’est que la dote soit annulée. Je ne veux plus de richard et je ne compte pas revenir sur ma décision 

 

Notable : on ne peut pas divorcer si richard n’est pas là. Il ne sera peut-être pas consentant. 

 

Moi (sortant la carte d’invitation) : richard était déjà en train d’aller se marier avec une autre comme vous pouvez le lire ici encore une fois. 

 

Le père de richard : ça aussi c’est vrai ! Même que Affoua ici présente l’a accompagné voir les parents de cette fille et c’est là-bas que richard a été arrêté.

 

La mère de richard (s’énervant) : tu es de quel côté finalement ? Et tu te dis père de famille ?

 

Le père de richard : et tu te dis mère de famille ? Tu penses que c’est comme ça qu’une mère remplit ses fonctions ? Soutenir tous les actes mauvais de ses enfants ? Tu es toujours en train de cautionner les mauvais comportements de tes enfants. Regarde tes enfants ! Richard est en prison actuellement car il a failli tuer la pauvre fille, l’enfant de quelqu’un aussi. Regarde tes filles, chacune un enfant hors mariage en train de se pavaner un peu partout, dans les maisons des hommes sans qu’une seule famille ne soit venue me voir pour demander leurs mains. (Se tournant vers les notables) mes frères, Amah ici à vraiment fait pour mon fils des sacrifices que nous-mêmes ses parents n’avons pas fait. (Se tournant vers moi) Amah (se mettant à genou) 

 

Je me précipitais pour l’empêcher de faire son geste. Ce monsieur avait été bon avec moi il ne méritait pas de s’humilier ainsi pour son fils.

 

Moi : papa lève toi !

 

Le père de richard : Amah je te demande pardon pour mon fils ! Les hommes peuvent être fous parfois. Je te demande pardon pour son ingratitude. Je t’en prie ne lui garde pas rancune.

 

La mère de richard : tchrrrr 

 

Moi : j’ai compris papa.

 

Le père de richard (aux notables) : accordez-lui le divorce ! Mon fils est d’accord 

 

Notable : en es-tu sur ?

 

Le père de richard : et certain. Je ne souhaite non plus que la dote soit reversée. 

 

La mère de richard : mais...

 

Le père de richard : tu te tais tout de suite avant qu’on ne divorce aussi.

 

Le notable envoya un enfant qui passait par la prendre une igname. Lorsque l’enfant fut de retour on plaça l’igname en plein milieu. Le notable demanda de nouveau aux deux familles si nous étions conscients de notre choix. Nous répondions par l’affirmative. Après les paroles lancées en langue, le notable coupa l’igname en deux signifiant que les fiançailles avaient été rompues et que les deux familles n’avaient plus d’attaches. La mère de richard fut la première à quitter les lieux. Nous quittions à notre tour lorsque le père de richard me pris sur le côté.

 

Le père de Ricard : Amah je suis conscient de tout ce que mon fils t’a fait subir mais je t’en prie permets qu’il sorte de cette prison. Je pense qu’il a retenu sa leçon 

 

Moi : je verrai ce que je peux faire. 

 

Ce soir-là je quittais Bonoua avec la joie dans le cœur. J’avais divorcé de richard. Il n’y avait pas meilleure raison de fêter. Ma mère insista pour que je passe la nuit-là mais il fallait encore que j’aille chez Nancy et récupérer les enfants. Ils ne sont pas encore en vacances. Je lui laissais trente mille francs qu’elle prit avec le sourire. Sur le chemin du retour je passais devant le portail de Ma’Aimby qui était assise juste devant. Elle m’interpella et me donna les bouteilles pour le traitement de Nancy. Maman me raccompagna jusqu’au bord de ma route où j’attendis et montais dans le premier minicar qui se présenta à moi. Le gardien de Nancy me reconnut et c’est avec le sourire qu’il me laissa passer. De loin je voyais les enfants jouer. Aurélie leva la tête et se mit à courir jusqu’à moi. Hugo l’imita et iris traînait derrière courant du mieux qu’elle le pouvait. Ils se jetèrent tous sur moi. J’étais tellement heureuse de les sentir que mon cœur se rempli d’émotion et très vite mes yeux se sont humidifiés. Je respirais un peu pour reprendre contenance. 

 

Moi : ça va ma puce ?

 

Aurélie : oui maman ! 

 

Moi : et toi Hugo ? 

 

Hugo (bougeant) : regarde mon ballon ! Il est tout à moi.

 

Moi : il est beau ton ballon 

 

Il était tellement excité par ce ballon qu’il ne me calcula pas plus. Je pris iris dans mes bras et lui fis plein de bisous, ma petite puce de trois ans qui en aura bientôt quatre. 

 

Moi : aurélie et tata Nancy ?

 

Aurélie : elle est au salon ! 

 

Je laissais iris là et rejoignit Nancy au salon.

 

Nancy : tu n’es pas censée être chez toi à te reposer ?

 

Moi : j’ai une très bonne raison d’être sortie de mon lit...

 

Nancy : attends j’envoie quelque chose à boire et ensuite on pourra en parler.

 

Elle disparut derrière la porte de la cuisine puis revint avec un plateau rempli de tout et n’importe quoi qu’on pouvait grignoter et boire. 

 

Nancy : tu disais ?

 

Moi : je viens de Bonoua comme ça ! C’est définitif mes fiançailles avec richard ont été rompues.

 

Nancy : oh Villette ! Ça ne doit pas être facile.

 

Moi : au contraire je suis la femme la plus heureuse de la terre crois moi.  Au fait, j’ai rencontré Ma’Aimby. Elle m’a dit que tu devais passer prendre tes médicaments mais tu as oublié. Elle me les a remis.

 

Nancy (prenant le sachet) : merci énormément ! Ça m’est complètement sortit de la tête.

 

Moi : mais ce ne sont pas les mêmes bouteilles que la dernière fois.

 

Nancy : on a commencé avec les anciennes bouteilles et là c’est la suite du traitement.

 

Moi : ah je vois.

 

Nancy : au fait violette...il faut qu’on parle…de ce que le docteur a dit.

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