Chapitre 33 : Naissances

Ecrit par Moktar91

Chapitre 33 : Naissances



Hôpital de la mère et l'enfant Lagune


Naimath traînait dans la salle d'attente. Son gros ventre devant elle l'obligeait à se tenir parfois le creux de ses reins. Elle marchait nonchalamment, faisant un effort surhumain pour ne pas crier. Elle se demandait bien ce qu'elle faisait là, dans cette salle. Avec ses tongs aux pieds, elle semblait ne plus porter attention à qui que ce soit. Sa mère et Amos, faisaient leurs chapelets, assis sur les bancs de fortunes que contenaient la salle. L'écran plat qui trônait au beau milieu diffusait les spots publicitaires de protection et de gestion des mères et des enfants. 

On entendait de temps à autres des pleurs de bébé et des médecins, venaient annoncer aux parents que c'était la délivrance de la paturiante et de l'enfant. On pouvait alors lire les cris de joies, les soulagements sur les divers visages. Heureux à priori que tout s'était bien passé.


Amos levait de temps à autres la tête vers le long couloir où avait disparu sa femme. Il attendait avec impatiente qu'on vienne lui annoncer la naissance de son enfant. Son cœur battait et ses mains ne tenaient pas.


Quelques heures plutôt, alors que toute la famille était à table, Cella avait perdu les eaux. Elle avait senti un mince filet couler de son entrejambe, pensant que c'était de l'urine, elle voulut allée se changer. Mais se rendit compte très vite de ce qui se passait. Les douleurs avaient commencé et elle s'était crispée au beau milieu du salon, se tordant d'affreuses douleurs. 

Alors qu'il relevait la tête de ses pensées, le docteur se présenta devant eux. Il carressait délicatement son stéthoscope. Quand il se décida à parler, c'était pour leur annoncer que Cella était maman d'une petite fille.

Dix neuf heures. Dix neuf heures de travail au bout duquel, sa fille naquit. Il se laissa tomber genoux contre terre et rendit gloire à Dieu. Alors que d'autres patients jubilaient à côté, heureux eux aussi de voir que leurs enfants étaient soulagés, Naimath vint prendre Amos dans ses bras et le serra très fort. Elle savait que bientôt, se serait son tour à elle. Elle savait que bientôt elle allait y passer. 


Alors qu'elle avait passé le cap des neuf mois, elle ne ressentait aucune douleur, aucun avant coureur d'une quelconque probable naissance, comme si son fils Haraël se faisait désirer voulant voir parsemer de bonheurs le paysage qui l'entourait.


Elle lui parlait parfois, quand elle était seule, elle lui disait qu'il n'avait pas le droit de fatiguer maman, qu'il était bien entendu au chaud à l'intérieuaais que maman rêvait de le serrer dans ses bras...et son fils lui répondait par de légers coups, parfois de mains, parfois de pieds. Elle en souriait et en riait parfois.... Ce bonheur si parfait d'être mère... Elle en était folle.


Elle se détacha de Amos quand l'infirmière vint lui présenter sa fille.

Elle la prenant dans ses bras, il se rapprocha de son oreille et fit cette prière : <<Bienvenue à toi dans ce monde. Que Dieu te garde et te guide, que Son Esprit Saint soit ta lumière, que la Sagesse soit tienne et que l'espérance ni l'avenir ne s'assombrissent jamais pour toi. À tes côtés, Dieu a déjà placé ces anges et archanges pour qu'ils te défendent en tout combat. Tu n'es pas mon enfant, mais celui du Seigneur qui a voulu que tu passes par nous afin que nous te donnons le model familiale. Sois bénie ma fille et que vive le Seigneur, notre Dieu.>>


Cette courte prière lui était inspirée alors qu'il recevait l'enfant entre ses mains. Il voulait le placer sous le sceau du divin. Il ne saurait dire exactement pourquoi mais depuis qu'il avait décidé de laisser Dieu combattre à sa place, sa vie n'est que prières et louanges. Il se demanda bien quel nom portera sa princesse quand le bonnet de couleur rose qu'avait le bébé sur la tête attira son attention. Elle portait une petite étoile scintillante et des lettres brodées en hébreux... Il se rappelait avoir pris le soin de préparer le sac qu'ils avaient amenés à l'hôpital et ce bonnet ne s'y trouvait pas.

Il cherchera le mystère plus tard. Pour l'instant, il fallait plutôt voir sa femme.

En voulant remettre la fille à Naimath, cette dernière eut un mouvement involontaire de recul et de bloqua sur ses pieds. Elle laissa couler quelques larmes quand elle remarqua qu'elle avait perdue les eaux. Alors qu'elle était pris en charge par les infirmières, Amos se dirigea vers la salle où sa femme avait été installée.


Son regards devint rayonnant de joies quand elle vit son homme avec sa fille venir elle. Quand elle prit son bébé dans ses bras, elle fixa longuement le bonnet qui lui avait été porté.


- <<Dis moi chéri, quel est ce bonnet que porte la petite ?>>


Amos resta bloqué sur la question. Il fixa sa femme qui soutint son regard.


-<<Je pensais que c'était toi...,>> Lui avait-il répondu. 

Alors qu'ils voulaient lui retirer le bonnet, une dame fit irruption dans la salle. Elle vint près du berceau de la petite, souria à Amos et Cella. En fixant le bébé enveloppé et couché dans le berceau, elle leur dit : 


-<<Cet enfant sera grand. Appelez la Imela, comme inscrit sur le bonnet en hébreux. Elle jouera un grand rôle au côtés de deux autres enfants qui vont naître très bientôt. Surtout, ne la laissez jamais s'approcher de ces hommes qui lui veulent du mal...>>


De sa voix nasillarde, elle debita le discours avant de s'en aller comme elle était venue. 


Un léger vent glacial parcoura la salle.


Le cri de la petite se fit entendre.


Imela... Merci Seigneur.



Godomey


Hôpital Biosso



Au même instant 



Marvin et Moriane arpentaient rageusement les couloirs de la salle d'attente. Bientôt 35 heures qu'ils étaient là et que Meredith était en salle d'accouchement. 

Quand elle vint voir sa grande sœur, quelques heures plutôt, elle se tordait outrageusement de douleurs. 

Alors qu'ils avaient à peine franchis les portes de la clinique, elle s'évanouissait. Il aura fallu l'intervention de toute une équipe pour qu'elle reprenne ses esprits.

Moriane se décida à s'asseoir. Elle se refit le film de toutes cette aventure qui avait conduit sa sœur à la salle d'accouchement, elle qui était si pleine d'envie et de vie, quoique très ambiguë. 


Quatre mois plus tôt, elle avait remarqué que sa sœur s'était arrondie. Elle qui était si svelte avait considérablement doublée de volume. Elle ne sortait presque plus et s'enfermait dans cet appartement qu'elle avait acquis quatre mois plus tôt. Elle gérait les affaires depuis son appartement. Elle évitait soigneusement tout le monde.

Mais ce jour là, alors qu'elle devrait lui rendre un dossier en urgence et qu'elle ne répondait pas à son téléphone, Moriane débarqua en furie chez sa sœur. Elle fut surprise de la trouver à la maison, assise un plateau de fruits en main et la télécommande dans une autre. Elle fit un large sourire à sa grande sœur avant de se redresser. C'était à cet instant qu'elle avait découvert l'état de sa sœur. 

La première consultation prénatale à laquelle elle l'avait traîné avait révélé quelle était enceinte de six mois. Il lui aura été très difficile d'apprendre le nom de l'auteur de cette grossesse. 

Elle se mordit presque les lèvres en pensant à cet ordure.


Elle se leva et voulut allée se prendre un repas quand le médecin vint à leur encontre.

Le visage fermé et triste qu'il avait n'annoncait rien de bon...


-<<Je suis désolé, commença-t-il par dire. Nous n'avons pu sauver que l'enfant. C'est un garçon.>>



Elle se retena de tomber alors que Marvin vint la prendre dans ses bras. 


Une de plus...


Après Murielle, Meredith s'en allait, laissant la famille triste à nouveau. 



Cotonou


Hôpital de la mère et de l'enfant Lagune (HOMEL)


Au même instant


Quand le médecin vint leur annoncer que Naimath avait accouché sans aucune difficulté, personne était surpris. Elle avait donné naissance à un garçon, comme prédit. Son petit ange, son fils. Haraël.


Il naquit à 16h07, l'heure exacte à laquelle avait trépassé Meredith quand son fils vint au monde...

Meurtres au paradis