Chapitre 32 : Aubes nouvelles

Ecrit par Moktar91

Chapitre 32 : Aubes nouvelles



Cotonou


Haie Vive


Le soleil luisait lentement dans le ciel parsemé de nuages. À l'horizon, un semblant de vagues ondoyantes se détachait des cimes endormies et bienfaisantes. Les oiseaux dans le ciel étaient egayaient de leurs chants mielleux la rue avec les passants qui, pour certains recherchaient un taxi moto pour allé au boulot, ou d'autres, qui rejoignaient leur poste située dans la haie vive. Quelques dames étalaient leurs marchandises. Elles leur servira à la vente et à se faire de revenus.


Naimath, depuis presque une heure de temps déjà était accolée à sa baie vitrée. Elle suivait du regard tout ce manège et par moment, un sourire luisait sur son visage, celui d'un geste anodin qui l'aurait faire rire.

Sa tasse de café en main, elle carressait par moment son ventre. Haraël Mawouna lui gratifiait quelques fois de coups de pieds. Elle était heureuse et ce bonheur, rien ni personne ne pouvait le lui retirer.


Quarante huit heures sont passées depuis les tragiques événements qui l'ont vu rejoindre la maison grâce à l'élu. 


La maison n'avait cessé depuis d'être un havre de chants de louanges et de cantiques. Sa mère et Cella ne se faisaient pas prier pour inonder la maison des vertus du Christ. Naimath restait à l'écart de toutes cette prière. Elle lassait faire même si elle savourait énormément des ondes positives qui avait embellie la maison telle un encens de myrte. D'ailleurs, des bribes de chants lui parvenaient depuis l'intérieur du couloir. Sûrement sa mère qui serait à la cuisine. La bonne dame aura pris l'habitude depuis le début de ces incidents et de la grossesse de sa fille de se reconnecter à sa foi originelle. Aujourd'hui, elle vibre sous la puissance du Seigneur.


Elle se décida à rejoindre sa mère à la cuisine. En se traînant, telle une baleine, Naimath retrouva sa mère, échangea quelques mots avec elle avant d'aller vers le couple Zinsou.


Amos était étendu dans le lit. Il ne s'était pas encore rasé et sa barbe lui donnait un autre aspect. À ses côtés dans le lit, Cella se trouvait. Elle gardait fermement la main de son homme comme si elle ne voulait pas le perdre à nouveau. Naimath s'assit à côté. Une bible était ouverte sur la commode. Naimath y jeta un regard.


-<<Tu veux la prendre ?>>


Cella avait remarqué son regard pesant. Elle semblait lutter contre une envie irrépressible de se saisir du saint livre. Elle n'avait jamais d'ailleurs été trop portée sur l'aspect religieux de la vie. C'est vrai qu'elle priait, enfin par moment... Mais elle se définirait plus comme une spiritualiste plutôt qu'une religieuse. 

<<Et puis, ces religieux, peux-t-on en avoir confiance avec ce que nous avait fait vivre Florent ? >> Se dit-elle, comme pour se dédouaner de ne pas vouloir prendre le livre.


-<<Non ! >> 


Sa réponse à la question de Cella fut suivie d'un violent cri qu'elle poussa en se gardant le ventre. Alors que Amos essaya de la prendre dans ses bras, la voix lui parla de nouveau : <<Prends-le.>>


Cette voix, elle le connaissait. Elle ne lui était plus étrange. C'était son fils. 


Elle prit le saint livre et l'ouvrit sans plus attendre. En essayant de lire, elle fut poussée par une envie pressante de lire le passage qui lui sautait aux yeux.


"Je puis tout par celui qui me fortifie. Ph 4,13"


Alors qu'elle finissait de lire, l'enfant tressaillit en elle. Elle sourit et s'enivra de ce bonheur. Des larmes de joies coulaient et elle embrassa le saint livre. Désormais sa résolution était prise. S'engager pour Dieu et avec Dieu. 


Les jeunes dames se levèrent pour laisser Amos seul. 

L'homme se leva à son tour pour récupérer sa malette. Cette malette était dans sa main lors de l'accident. Et malgré le choc, il ne l'avait pas abandonné jusqu'à ce que sa femme ne le récupère. Il composa le code et sorti tous les documents qu'elle contenait... Son sourire se fit plus lumineux. Rien n'avait disparu. Toutes les preuves contre le Père Florent et le Ministre y était. Il les feuilleta avant de les ranger soigneusement à leur place, et referma la malette qu'il déposa près de son lit. 


Il alla sous la douche et fit couler le robinet de l'eau... Dans le silence de ces instants, il sentit remontrer en lui toute la rage qu'il avait accumulé depuis tout ce temps. Il savait qu'il devrait pardonner comme le lui avait demandé sa femme. Mais avait-il le cœur à cet ouvrage ? N'avait-il pas perdu son travail ? Florent n'avait-il pas tué son père biologique, grand sectaire soit-il ? Des questions se ressassaient en lui...


Il pensa un moment envoyer toutes ces preuves aux oubliettes en laissant la justice divine faire ses preuves.

D'ailleurs Dieu n'était-il pas déjà entrain de châtier ses adversaires ? 

Le Père Florent était depuis sept mois déjà interné à l'hôpital psychiatrique Jacquot de Cotonou. 


Quand Naimath lui avait fait fuir son esprit lorsque sa frontanelle s'était ouverte lors de la jouissance, il était depuis devenu fou. 



(L'âme étant l'essence de l'homme, elle doit faire un avec le corps et l'esprit pour permettre la symbiose et l'harmonie parfaite de l'être humain. C'est l'évasion de l'esprit du corps qui est à la base du caractère fou de certains.)


Les journaux en ont fait leurs choux gras. L'église catholique a essayé d'étouffer l'affaire en parlant d'une "retraite indéterminée pour le Père Florent."


En ressortant de la douche, Amos fut attiré par une sonnerie de portable. C'était celle de Naimath. Elle l'avait oublié dans la chambre. En regardant l'écran, c'était Marvin. Il laissa sonner et se promit de le lui remettre une fois au salon.


Quand il les rejoignit quelques minutes plus tard, l'ambiance bon enfant, signalait de cette renaissance pour ces jeunes gens qui voyaient les nuages se dissiper au large de leurs vies qui reprenaient de couleurs...


Amos observa tout ce beau monde et se dit que Dieu agira d'avantage.


Si tout semblait aller pour le mieux, il fut toutefois interpellé par une voix qui venait du poste téléviseur allumé. C'était son beau père qui présentait son discours de pré campagne...


Un autre cas à régler, se dit-il...


Demain s'annonce déjà bien meilleur...


Pour l'instant, il lui faut se laver de touy soupçons et retrouver son boulot et ensuite demander officiellement la main de Cella...


L'avenir sera radieuse...

Il en était certain.

Meurtres au paradis