Chapitre 33 : Triste réalité
Ecrit par Sandy BOMAS
***Joëlle SACRAMENTO***
-Victor ? Tu as vu les informations ? demandai-je en souriant
-Oui…je suis même cablé actuellement. C’est tellement bon quand un ordre est exécuté de façon si rapide et propre. Tu n’aimais pas ton cousin apparemment.
-Les apparences sont bien trompeuses crois-moi. Je porte le deuil autant que les autres membres de la famille.
-Alors mes condoléances Joëlle. On peut maintenant parler affaires. J’ai une cargaison importante de coke qui sera transportée vers ton pays. Je pense diminuer considérablement les prix mais tu devras quand même payer plusieurs millions de francs pour pouvoir le récupérer.
-Le compte en banque de Nathan est rempli. Ne t’inquiète pas du tout. On s’appelle demain ?
-Oui. À demain.
Il raccrocha. Je me servis un nouveau verre de vin et j’avalais le contenu d’une traite. J’ai porté plusieurs toats en la mémoire de William. Il restera à jamais gravé dans mon cœur.
« Désolée Will…C’était une question de vie ou de mort. Je prendrai bien soin des affaires de la famille. Tu peux compter sur moi »
Un coup frappé contre la porte du bureau de Will m’alerta. Je me levai et saisis mon arme.
-Qui est-ce ?
-Ton père Jöelle. Ouvre cette putain de porte !
J’ai poussé un soupir. Je pensais quand même que les réprimandes auraient pu attendre le lendemain. Je suis allée lui ouvrir et je suis retournée à ma place.
-Qu’as-tu fait ? hurla-t-il.
Mon père ressemblait énormément à son cousin. Quand je le vois, je me rappelle de Nathan et du fait que j’ai son sang sur mes mains.
-Je n’ai rien fait papa. Arrête de crier comme ça.
-Tu vas peut-être me dire que la mort de William est juste accidentelle ? Tu es assise dans son bureau en train de fêter n’est-ce pas ? Je suis sûr que c’est toi qui l’as tué.
-Je n’ai tué personne ! Je l’ai juste aidé à partir plus tôt que prévu.
-Sa fiancée était enceinte. Et la petite fille Yasmine malade. Tu n’as pas eu un peu peur en les privant de l’amour de cet homme ?
-Ha papa arrête ! Tu n’es pas non plus un saint. Tu m’as pratiquement jetée dans ce monde. Alors si aujourd’hui, j’ai fait des choix qui ne te plaisent pas, ne viens pas pleurnicher. C’est ta faute !
Il s’est mis à faire les cent pas dans la pièce comme s’il était un fauve dans une cage. Je me suis allongée dans le canapé et les effluves du parfum de William sont venues me narguer. J’ai fondu en larmes.
-Et tu pleures pourquoi maintenant ? Tu fais le cinéma ?
-Je l’aimais papa…je l’aimais vraiment mais Victor ne m’a pas laissé le choix. J’ai quand même gagné le droit de diriger cette entreprise. J’y travaille depuis mon adolescence et William ne s’y était jamais intéressé. Ensuite il revient avec la bouche en cœur et tout lui tombe dans la bouche ?! C’était injuste. Je voulais mon heure de gloire.
-Tu l’as ! Maintenant tu devras gagner le respect des hommes. Dois-je te rappeler qu’ils n’ont jamais été dirigés par une femme ?
-J’y arriverai papa ! Tu peux compter sur moi.
-Les comptes de l’entreprise.
-Je connais le mot de passe. William a vérifié l’état des comptes la dernière fois devant moi et j’ai réussi à avoir le mot de passe. Avant-hier aussi, j’ai revérifié. Nous sommes riches papa !
-Montre moi fit-il en prenant place près de moi.
Je me suis assise à nouveau et j’ai pris mon portable. Je suis entrée dans l’application et j’ai tapé les identifiants. Le compte s’est affiché.
-Je t’avais bien dit que je connaissais le mot de passe. Tu dois penser à me donner un gros cadeau parce que…
-Parce que ?
Mon cœur faillit s’arrêter de battre. Le compte en ligne était vide ! J’ai cligné des yeux à trois reprises mais c’était à chaque fois la même réalité quand j’ouvrais les yeux.
-C’est quoi cette merde ?! m’exclamai-je.
-Qu’est-ce qui se passe ?
Essayant de garder mon calme, je suis remontée dans le fichier des transactions et j’ai remarqué que ce matin, le compte avait été totalement vidé. Des larmes de rage montèrent à mes yeux en même temps qu’une forte envie de gerber me prenait par les tripes.
-Non…il n’a pas osé. Mon Dieu ! On est fichu. Seigneur ! William va au diable. Tu m’entends ? hurlai-je.
-Joëlle ? Mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu cries ?
-C’est Will papa ! Il a vidé le compte. Il y a avait plus de six milliards sur ce compte. Qu’est-ce-qu’il en a fait ? J’ai l’impression qu’il n’arrêtera jamais de me pourrir la vie. Qu’est-ce que je ferai sans argent ? Qui fera affaire avec moi ? Qui va payer les hommes à la fin du mois ? Qui va payer la location de cet immeuble ?
-Nous sommes finis ! Voilà qu’il est mort maintenant. Ou va-t-on retrouver cet argent Joëlle ? Il a été plus intelligent que toi.
-Je le sais papa. Pas besoin de le répéter.
J’avais la haine. Le pire dans l’histoire était que je ne pouvais plus aller interroger Will. J’aurais peut être mieux fait de le kidnapper et de le forcer à me donner cet argent. Maintenant, il est dans un lieu inaccessible. Comment vais-je me sortir de ce pétrin ? OVONO m’évincera de cette affaire s’il apprend que je n’ai pas un rond pour payer la marchandise. Merde !
Au même moment
***Alexiane AISSO***
-Alex ! cria maman me faisant sursauter.
-Oui.
-Seigneur ! Viens voir les informations.
Je me suis étirée sans bouger de ma place. Maman passait son temps à me pourrir l’existence. Je ne vais donc pas me lever pour aller me faire tourner en bourrique.
-Alex ! On parle de William à la télévision. Il a eu un accident.
J’ai tiqué et je me suis levée immédiatement. J’ai couru jusqu’au salon, pile au moment les images d’une voiture en feu étaient diffusées sur le petit écran. Comme dans un rêve, j’entendis le journaliste liée la voiture en feu à celle de William. Il ajouta que ce dernier n’avait pas pu être sauvé à temps des flammes. Je m’appuyai contre le fauteuil pour ne pas m’évanouir.
-William est mort ? demandai-je incrédule.
-C’est ce qu’ils disent Alex fit maman dépassée. On l’a vu la dernière fois seulement. Hé Dieu ! La mort est vraiment méchante hein !
-C’est faux ! Il ne peut pas être mort ! C’est faux ! Je lui ai parlé ce matin maman !
Je me suis mise à pleurer. J’ai augmenté le volume de la télévision et je me suis assise. Tout ce que j’ai retenu à la fin était que William était bel et bien mort. Je n’arrive pas à y croire.
-Qu’est-ce que cela signifie ? Dis-je en sanglotant. Il allait être papa. Sa petite lutte actuellement contre la leucémie. Il était si confiant malgré tout. C’est injuste maman.
J’avais encore du mal à croire à ce que j’avais entendu. Les images de la voiture en feu dansaient encore devant mes yeux. William n’est pas un adepte de la vitesse au volant. Qu’est-ce qui s’était alors passé ?
-Sa maîtresse est où ?
-Elle a voyagé ce matin.
-Heureusement que tu es encore sa femme ! Comme ça, son héritage te reviendra.
J’ai écarquillé les yeux choquée. Je n’arrivais pas à croire au fait que ma mère qui m’avait élevée et inculquée les valeurs qui avaient fait de moi une femme respectable, pouvait être si intéressée et si méchante.
-Il est mort ! Criai-je en colère. Il est mort maman et tout ce qui t’intéresse est son argent ?! Comment peux-tu te comporter ainsi ? Mon mari est mort maman !
-Oh je suis triste pour lui, mais ne viens pas jouer à la veuve ici. On sait toutes que c’est pas de toi dont il rêvait la nuit.
Agacée, je lui ai tourné le dos et j’ai décidé de ne plus lui parler. Je me suis dirigée vers ma chambre que j’ai fermé à clé avant d’éclater à nouveau en sanglots. C’est la sonnerie de mon portable qui m’a fait lever la tête. J’avais un espoir que ce serait William mais j’ai déchanté assez vite quand je ne reconnus pas la voix que j’entendis à l’autre bout du fil.
-Madame SACRAMENTO ? Inspecteur Fitz BRUN à l’appareil.
-Bonsoir fis-je en reniflant.
-Toutes mes condoléances. William était une connaissance à moi et sa mort brusque m’attriste énormément.
-Donc il est vraiment mort ! Je n’arrive pas à y croire.
-Je suis désolé…Je parlais avec lui quand il m’a dit qu’un camion le serrait un peu trop…je lui ai demandé le lieu ou il se trouvait…Il m’avait à peine répondu que j’entendis le bruit effroyable du camion qui le cognait par derrière. Malheureusement, je suis arrivé sur les lieu trop tard. Les ambulanciers aussi. On n’a pas pu le sauver.
Je pleurais à chaudes larmes. William était mort brûlé dans les flammes. La phrase « Poussière tu es et tu redeviendras poussière » me revient en tête. L’être humain n’était rien du tout au final. On avait beau faire le paon et baser nos existences sur des choses futiles mais la réalité est affreuse. William était mort et heureusement que Francine lui a donné Yasmine déjà et lui donnera deux autres bébés.
-Je suis encore Madame SACRAMENTO, c’est vrai, puisque le divorce n’a pas encore été prononcé, mais la femme qu’il aimait est en France.
-Vous avez partagé sa vie également et je me devais de vous appeler. J’aimerai qu’on puisse se voir pour parler d’une probable cérémonie d’adieu. Francine ne pourra pas revenir avant des mois.
-C’est trop tôt Inspecteur…Je viens juste d’apprendre qu’il nous a quitté.
-Contactez moi quand vous serez prête alors. Une fois encore, toutes mes condoléances.
-Attendez ! Le propriétaire du camion…Il est où ?
-Il s’est enfui ! On ne l’a pas retrouvé.
-C’est bizarre…William n’avait pas d’ennemis en dehors des membres de sa propre famille. On l’aurait-on fait assassiné ?
-C’est une hypothèse que nous ne pouvons écarter. J’ouvre dès demain une enquête pour élucider les circonstances de sa mort.
-Cela ne le ramènera pas !
-J’en suis conscient, mais les coupables seront punis comme cela se doit Madame.
-Au revoir.
Je raccrochai et me pris la tête entre les mains. Je ne savais plus quoi dire ou quoi faire. Je ne savais plus quoi penser ni comment faire face à cette douleur qui me rongeait de l’intérieur. J’avais aimé Will et je sais que c’était réciproque. Il m’avait fait beaucoup de mal, mais c’était un homme bon, intégre et toujours prêt à aider son prochain. Il avait un sens poussé des responsabilités et aimait sans retenu…
« Que la terre te soit lègère mon grand… »
Je me recroquevillai sur moi-même et laissait à nouveau libre court à mes larmes.
Le lendemain matin en France
***Francine MIKALA***
-Le portable de William ne passe pas maman. J’en ai marre ! Je vais appeler un des triplés. Je ne sens pas cette affaire ! Il sait que je vais tenter de le joindre mais il se met hors zone ?
-Tu t’inquiètes pour rien ma fille. Il va bien. J’en suis certaine. Tu es tellement concentrée sur William que tu oublies la petite.
-Elle dort maman… Et je te rappelle que William est son père, et c’est normal que je m’inquiète. J’ai comme l’impression que tout le monde s’acharne à nous mettre des bâtons dans les roues. Je ne suis quand même pas maudite maman ? Je mérite un peu de bonheur, est-ce trop demander ? Je mérite de me marier et de me poser dans une maison avec ma famille. Je mérite de me réveiller auprès de l’homme que j’aime !
-Je sais et je suis désolée d’avoir contribué à ton mal-être mais tu dois être forte comme toujours ! Appelle Bryan alors. Je suis sûre qu’il n’y a rien.
Je me suis connectée rapidement à mon compte en banque en ligne. Je voulais vérifier si j’avais assez de liquidés. William avait ouvert un compte aux enfants avant notre départ. Une fois rassurée, quelque chose me poussa à me connecter sur le compte des enfants. Je poussai un hoquet de surprise. Il y avait plusieurs milliards disponibles sur le compte.
-Un problème ? demanda maman.
-Non…non.
Je jetai à nouveau un regard sur l’écran de mon portable. Pourquoi William a-t-il mis tout cet argent sur le compte des enfants ? Un souvenir me revient en mémoire. Hier matin, il est entré dans la chambre avec les papiers de la banque en main. Il s’est assis près de moi.
-Je suis allé à la banque ce matin. J’ai pensé qu’il était plus judicieux de créer un compte pour les petits. Je sais qu’on en avait parlé jusque là mais vois-tu, je suis l’homme et je gagne très bien ma vie . En plus, mon père m’a laissé beaucoup d’argent.
-On ne va pas utiliser cet argent sale Will avais-je murmuré.
-Certes, mais il existe différentes manières d’utiliser de l’argent sale. Que dirais-tu de créer une fondation par exemple ?
-Qui sera gérer par qui ? J’ai mon restaurant au Gabon Will et il me rapporte assez de sous.
-Est-ce une raison pour ne pas penser à venir en aide aux autres ? Et ce n’est pas parce que c’est toi qui crée l’entreprise, que tu dois forcément la diriger. Tu vas créer des emplois et faire vivre des familles. Tu offriras un toit aux enfants défavorisés et Dieu te bénira encore plus.
-Si tu le dis.
-On en reparlera...Mais s’il te plaît, ne parle de l’existence de ce compte à personne.
-À qui veux-tu que j’en parle ? Je n’ai pas d’amies.
-Tu as une famille et je me méfie aujourd’hui de tout le monde. Les gens deviennent bizarres quand il s’agit d’argent. Même si je disparaissais de ce monde demain, je partirais avec le cœur tranquille parce que j’aurai assuré l’avenir de mes trois enfants.
-Pourquoi parles-tu comme ça ?
Ignorant ma question, il poursuivit.
-C’est un compte familial, mais je te donne les identifiants. On ne sait jamais.
Mon portable se mit à sonner me ramenant à l’instant présent. C’était Yannick. Je braquai mon regard sur le portable sans bouger le moindre muscle. Tout mon corps était sous tension et j’avais mal au dos. Les jumeaux prenaient du poids et ne me facilitaient pas la vie.
-Tu ne décroches pas ? demanda maman.
J’avais envoyé un message à Yannick depuis trois heures de temps. Il l’avait vu mais n’avait pas réagi. J’ai appelé mais il n’avait pas non plus décroché. Voir son nom s’afficher maintenant sur l’écran de mon portable me donnait bizarrement des sueurs froides. Je me suis reprise et j’ai décroché en mettant sur haut-parleur.
-Francine ? J’étais vraiment pris et je n’ai pas eu le temps de te répondre depuis. Tu es bien arrivée ?
-Oui.
Un silence pesant s’installa. Je lançai un regard rapide à Maman avant de ramener mes yeux sur mon portable.
-Dis-le Yann…
-Dire quoi Francine ? Je ne sais pas…
-Stella travaille dans une chaîne de télévision. Elle est donc forcément au courant de quelque chose. Tu ne voulais pas prendre mes appels parce que tu ne savais pas comment te comporter n’est-ce pas ?
-Non pas du tout…
-Yann…J’ai l’air fragile mais je peux encaisser. C’est William n’est-ce pas ? Il lui est arrivé malheur ?
-….
-Yannick, s’il te plaît. Je mérite de savoir.
-Il a eut un accident hier en revenant de l’aéroport.
Mon cœur se mit à battre plus vite. Mes yeux se remplirent de larmes. Je me mis debout. Je savais qu’il y avait un problème. Maman se rapprocha de moi.
-Et comment va-t-il ? demanda-t-elle.
-…
-Yann ?
-La voiture a fait plusieurs tonneaux maman et a pris feu. Aux informations, on dit qu’on n’a pas pu retirer grand-chose de la carcasse…
Je n’entendis pas la fin de la phrase. Mes oreilles se mirent à bourdonner et ma vision se brouilla. Je perdis connaissance.
Retour en France
***Francine MIKALA***
Je m’étais retrouvée depuis quelques minutes mais je n’avais pas tenté de bouger le moindre muscle. Je ne voulais pas que maman sache que j’avais repris connaissance. Je voulais juste quelques minutes de silence pour prendre conscience de ce qui se passait. William est mort ! Pourtant hier, je le serrais encore contre moi. Il me faisait encore plein de promesses qui finalement ne se réaliseront jamais. Il est mort. Je me répétai ces trois mots à maintes reprises silencieusement en fixant le plafond de la chambre dans laquelle j’étais allongée.
Il n’y a pas pire façon de mourir que de périr sous les flammes. J’essaie d’imaginer ses derniers instants de vie, sa douleur physique et morale, ses cris alors que le feu léchait son corps.
« J’aurais préféré que tu quittes ce monde dans ton sommeil William. Mais pas cette mort douloureuse. Pourquoi Seigneur ?! Pourquoi maintenant ? Comment vais-je vivre maintenant ? »
Les propos de Will à l’aéroport me revirent en mémoire. Il avait raison. J’étais revenue vers lui avec un but et je devais m’assurer que tout ceci aurait un sens. Je dois être forte pour mes enfants…Je dois vivre pour eux, car ils n’ont plus que moi.
Je me rendis compte que mes yeux étaient secs. La douleur qui faisait rage en moi était si forte que je ne voulais pas perdre le temps à pleurer. Pourquoi pleurer ? Est-ce que cela me ramènera mon homme ? Est-ce que je reverrais l’homme pour qui j’ai sacrifié tellement de choses ? Est-ce que cela pourra m’aider à ne plus l’aimer ?
« Les morts ne sont pas morts. Ils vivent en nous, dans nos cœurs, nos pensées et nos souvenirs. William, n’est pas mort. Il vit à travers mes trois enfants. Et je m’occuperai bien d’eux afin que sa mémoire reste intacte »
-Francine ? murmura maman en ouvrant la porte de la chambre.
-Maman...
-Comment vas-tu ? Tu as mal quelque part ? Tu veux qu’on aille à l’hôpital ?
-Non, je n’ai pas mal. Et Yasmine ? Elle s’est réveillée ?
-Oui. Elle prend le petit-déjeuner dit-Maman en s’asseyant sur le lit. Je suis tellement désolée que tu doives passer par cette souffrance ma fille.
-Tant d’années gâchées…Tant d’opportunités d’être ensemble gâchées par tant de facteurs. On s’est appesanti sur le « qu’en dira t-on ? ». On a misé notre avenir sur les avis extérieurs. Dieu vient de nous rappeler que nous ne sommes que de passages sur cette terre Maman si c’était son destin, je l’accepte...
-Ne parle pas comme ça.
-Que veux-tu que je dise d’autre Maman ? Il n’y a rien à ajouter. Et quand Yasmine demandera des nouvelles de son père, qu’est-ce que je lui dirai ?
-Pleure un bon coup Francine…Pleure.
-Je ne pleurerai pas maman. J’ai versé tellement de larmes depuis que j’ai connu William. Cette fois-ci, je n’en ai plus. Je veux que Dieu même se rende compte que je ne plierai pas devant lui et tout ce qu’il me fait endurer.
-Dieu est amour ma fille.
-Alors pourquoi s’acharne-t-il contre moi ? Suis-je maudite ? Quels crimes ai-je commis dans ma vie antérieure pour qu’il continue de me punir ainsi ?
-Francine, ne pense pas ainsi répondit Maman qui se mit à pleurer.
-Laisse moi seule maman s’il te plaît.
Elle obtempéra et après quelques minutes, je me retrouvai seule. Je me levai à mon tour et sorti de la chambre. Je me rendis au salon et je récupérai mon portable. Yasmine me vit depuis la salle à manger.
-Maman ? Je suis réveillée !
-Je vois ça ma puce. Bon appétit.
-Merci…Papa a déjà appelé ? Il avait promis le faire avant mon réveil.
-…
-Maman ?
-Non, il n’a pas encore appelé ma puce. Finis ton repas s’il te plaît.
Je regagnai la chambre comme une automate. Je ne dirai pas à la petite que son père à rejoint le ciel. Non ! Elle sera opérée d’ici là et a besoin d’être pleine de vie. Elle n’a pas besoin de mauvaises nouvelles. Cette décision prise, je cherchais le numéro d’Alexiane dans mon portable et je lançai l’appel.
-Allô ?
-Bonjour Alexiane. C’est Francine à l’appareil. Je t’appelle pour…
Ma voix se bloqua brusquement. Je ne pus me résoudre à continuer.
-Je suis désolée murmura-t-elle en éclatant en sanglots. Je suis tellement désolée Francine. Il est parti…Je sais…Tu dois être forte pour ton bébé. N’oublie pas que tu es enceinte.
-….
-Francine, tu vas bien ? demanda-t-elle surprise.
-Je vais bien…je voulais demander si tu comptais demander une messe en sa faveur. Tu es toujours sa femme après tout et…
-Tu l’étais plus que moi-même si c’est mon nom qui se trouve sur le contrat de mariage. William t’aimait tellement.
-Il nous aimait…Mes sincères condoléances.
-L’inspecteur de police pense qu’il a été assassinée pour une raison inconnue. Il m’a dit que Will parlait avec lui au téléphone quelques minutes avant sa mort et lui disait qu’un conducteur de camion le serrait de trop. Ensuite, il est mort.
-….
-Francine, tu es là ?
-Je dois te laisser bafouillai-je avant de raccrocher immédiatement.
Assassiné ? Je lui avais demandé d’être prudent. Peut-être que si j’avais été plus ferme avec lui…La douleur que je ressentais s’accrut à un tel point que j’eus envie de prendre des comprimés pour dormir.
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PLUMES 241 ET ELSA
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