Chapitre 34 : Hallucinations visuelles et auditives

Ecrit par Sandy BOMAS



*** Hélène OVONO***


Hier soir, lorsque le  détective privé Ulrich ANGUILET et moi nous nous  sommes séparés je suis allée directement chez Sidonie.  Je n’aurais jamais cru être recueillie un jour par mon ancienne dame de ménage. Heureusement que j’ai toujours été correcte avec elle. C’est pourquoi dans la vie il faut être aimable avec tout le monde, car on ne sait pas de quoi demain est fait.


Sidonie habite une jolie maison. Certes, elle habite un quartier populaire, mais elle est bien logée. J’ai été agréablement surprise de voir qu’elle a construit cette villa, en grande partie grâce au salaire que je lui versais lorsqu’elle travaillait chez moi. Comme quoi, il n’y a pas de sous métier.


Elle au moins, elle n’aura pas à rougir, à chaque fois qu’on lui demandera comment elle a financé la construction son logement.


Contrairement à moi qui ai longtemps compté sur la richesse de mon mari… Ce qui m’importait jusqu’ici était d’hériter d’une bonne partie de la fortune de Victor.


Il a une très bonne assurance vie, s’il meurt avant moi, je pourrais toucher une bonne partie de cette assurance vie.


La mort de Victor OVONO peut me rendre extrêmement riche.  Mais je ne veux pas me salir les mains, et encore moins  avoir sa mort sur la conscience. Au-delà de tout ça,  il reste le père de mes filles. Si je tue Victor que vais-je dire à Chrisna et Belvie ? Comment aurais-je encore le courage de les regarder en face ?


Non, je ne suis pas une meurtrière. Je sais que la vie se chargera de Victor OVONO. On ne peut faire autant de mal et s’en tirer jusqu’au bout. Je reste convaincue que tout mal se paie ici bas. Il paiera pour tout le mal qu’il a fait.


La nuit a été courte pour moi. Entre cauchemars et réveil en sursaut quasiment toutes les heures, je n’avais envie que d’une chose : être dans le vol qui m’emmènerait loin d’ici.


Munie de mon unique bagage : un sac fourre-tout dans lequel j’avais pris le strict minimum. Deux tenues de rechange, la clé USB dans laquelle se trouvaient les preuves j’avais contre Victor et les SACRAMENTO. Et mes passeports. Depuis chez Sidonie, j’ai pu envoyer un mail à mon frère et à Ulrich le détective privé. Le courrier électronique contenait tout ce qui pouvait incriminer Victor et ses complices. Des photos, ainsi que des transactions financières entre les italiens, le gang du Bénin et lui.


-Bonne chance Madame Hélène ! J’espère que vous réussirez à partir ce soir. 


-Je l’espère Sidonie…


-Que Dieu vous garde !


-Merci Sidonie….Prends soin de toi…


On s’est enlacé longuement. Conscientes toutes les deux que c’était certainement la dernière fois qu’on se voyait. L’émotion était à son comble.


-Bonne chance Madame Hélène ! 


-Merci infiniment Sidonie.


Nous avons essuyé chacune nos larmes, je suis montée à bord d’un taxi et je suis partie.


(…)


Lorsque je suis arrivée chez Yannick je l’ai trouvé dans tous ses états. A peine m’avait-il ouvert la porte qu’il était reparti à l’intérieur, pressé.


-Bonjour Yann ! Dis-je une fois l’avoir rejoint dans le salon. Il y a quelque chose qui ne va pas ?


-On a appris une terrible nouvelle…dit-il d’un air grave.


-Qui a-t-il ? Demandai-je inquiète.


Yannick est quelqu’un qui se laisse difficilement déstabiliser. S’il affiche cette mine décomposée c’est qu’il vraiment un souci.


-Les nouvelles de Cotonou sont mauvaises…


-C’est ta sœur ? Francine a un problème ?  C’est sa grossesse ? 


-ça un lien avec Francine en effet…Mais il ne s’agit pas d’elle directement, mais plutôt de William SACRAMENTO,  le père de ses enfants…


Yannick se massa le front, puis se laissa tomber dans le canapé.


-William a eu un accident, après avoir accompagné Francine à l’aéroport…


-Oh ! Yannick !....


-La voiture a pris feu…


-Je suis désolée…


-Mouais….Il semblerait que les SACRAMENTO courent tous un danger….Heureusement que ma sœur a quitté le pays…Quelqu’un semble vouloir en finir avec eux...


« J’ai tout de suite pensé à Victor. Est-ce lui qui est derrière tout ça ? »


(…)


Quelques heures plus tard


***Ulrich ANGUILET ***


Mon smartphone m’indiqua que j’avais reçu un nouveau mail. Hélène a été réactive ! C’est très bien. 


Je me suis dépêché de lire le mail. 


« Ulrich, tu trouveras en pièces jointes, les documents qui permettront d’envoyer Victor en prison pour le restant de sa vie ».


J’ai sauvegardé les pièces jointes.


Au même moment, mon téléphone s’est mis à sonner.


-Oui allô ?


-Victor OVONO  à l’appareil.


-Ah Victor ! Comment vas-tu ?


-Je viens aux nouvelles. Où en es-tu avec l’enquête sur ma femme ?


-Je suis entrain d’éplucher tous ses contacts…


-Huuummm je vois…


-Dès que j’ai du nouveau, je reviens vers toi.


-Ce n’est pas la peine que je te rappelle que je compte sur toi Ulrich. Tu as toujours fait du bon boulot, je tiens à ce que cela continue…


-Tu peux compter sur moi dès que j’ai des infos je te les fais parvenir.


-Très bien ! Je te dis alors, à très vite !


-A très vite Victor.


Il ne faut surtout pas que Victor se doute de quoique ce soit. Faire partir Hélène reste ma priorité. Il faut que je l’appelle tout de suite.


(…)


***Victor OVONO ***


J’ai l’impression qu’Ulrich me cache quelque chose, si c’est le cas, je me chargerai personnellement de lui régler son compte ! Il n’a pas intérêt d’essayer de me doubler.


Assi dans mon bureau. Je savourais la mort de William SACRAMENTO, en fumant un cigare. A la télévision ils ne parlent que de ça. Ils n’ont pas arrêté de faire passer l’info en boucle. Tout compte fait cette Joëlle SACRAMENTO est plus efficace que je le pensais. J’avoue que je l’ai sous estimée, vu comment elle a réglé le cas à son cousin, cela prouve qu’elle pourra également assurer avec notre deal actuel. Le container de drogue est bien arrivé au Bénin. Je lui laisse le temps de sortir la marchandise du port, d’assurer la distribution aux dealers avant de lui réclamer mon fric.


Deux jours plus tard au Bénin


***Joëlle SACRAMENTO***


Je mis mon portable sur silencieux. Victor ne faisait que m’appeler depuis hier. Est-ce que je pouvais alors lui répondre ? Je réfléchis sans cesse pour essayer de trouver une solution à mon problème. Je jette un dernier coup d’œil à mon reflet dans le miroir. Aujourd’hui, c’était l’enterrement de William. Si avant j’étais peinée de l’avoir tué, maintenant je peux dire que ce n’est plus le cas. L’enfoiré m’a laissé avec les problèmes jusqu’au cou. 


-Ma fille, tu as de la visite cria papa depuis le bas. 


-Je viens ! 


« Tu pourriras en enfer William ! Tu es un gros con ! Ou as-tu mis tout l’argent qu’il y avait sur ce compte ? Qui t’a mangé le cerveau ? Tsuip ! »


« Et voilà que je m’adresse aux morts maintenant ! Si ce n’est pas la folie, qu’est-ce que cela peut être ? »


 Je poussai un soupir de frustration et ramassai mon sac à main. Je pense que c sera une cérémonie rapide. On n’a rien pu récupérer du corps de William. Il s’agit juste une messe pour confier son âme au Seigneur. Ma tenue est juste parfaite. Je suis sortie de la chambre avec le sourire aux lèvres. Je vais mettre des oignons dans le sac et une fois à l’église, je commencerai mon spectacle. Quand je descendis les escaliers, un homme de taille courte et à l’allure peur recommandée m’attendait. Instinctivement, je serrai mon sac dans lequel se trouvait mon arme contre moi. 


-Bonjour Mademoiselle SACRAMENTO attaqua-t-il. 


-Bonjour. A qui ai-je l’honneur s’il vous plaît ? 


-Je m’appelle Thomas. Je suis l’un des hommes de mains de Rapha. Il m’envoie chercher l’argent que vous lui devez.


J’ai faillis vaciller sous l’effet de surprise…Rapha est un autre dealer de drogue dangereux qui ne s’amuse avec ce qui lui appartient. Il est impulsif et a la gpachette facile. 


-Je ne savais pas qu’on était endetté vis-à-vis de lui. 


-Si…Près de vingt millions de francs CFA. William avait refusé de payer les arriérés que vous aviez accumulés en son absence. Il m’avait dit de me référer uniquement à vous. 


-Quoi ? Mais je pensais qu’il avait payé toutes nos dettes ! Il était à la tête de l’organisation. 


-C’est tout ce que je sais…Il m’avait donné un rendez-vous ce jour pour vous rencontrer. Mais malheureusement, il est mort. 


« William ! Fils de…même mort, tu continues de me pourrir l’existence ! Que t’ai-je même fait ? Je vais me faire tuer ! Où vais-je trouver cette somme pour le remboursement ? J’avais misé sur le fait qu’il paye ! Est-ce que cela veut dire que toutes nos autres dettes sont également en instance ? »


-Je suis surprise…Je ne sais pas quoi dire...Bafouillai-je. 


-Donc vous n’avez pas cette somme ? fit-il sévèrement. 


-Je ne savais même pas que je vous devais encore ! 


-Vous êtes maintenant à la tête de l’organisation si je ne m’abuse. Alors vous devriez avoir accès aux comptes en banque pour nous rembourser. On a attendu trop longtemps. 


-…


-A moins, que William ne vous ait laissé un cadeau empoisonné. 


-Euh…je suis encore sous le choc de sa mort. Je n’ai pas eu le temps de voir les comptes. 


-Vous avez une semaine. Après, je reviendrai si le payement n’est pas fait. 


-Merci fis-je avec un sourire crispé. 


Une heure plus tard 

 

***Alexiane AISSO***


-Comment vas-tu ? Je m’inquiète pour toi. 


-Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Tant qu’on vit, tout peut encore se passer. Seuls les morts n’auront plus de seconde chance. 


Le ton laconique employé par Francine me mit mal à l’aise. Elle me semblait vraiment bizarre. Depuis l’annonce de la disparition de William, j’avais l’impression qu’elle ne vivait pas réellement sa perte. On avait discuté à trois reprises déjà. A chaque fois, elle me donnait la chair de poule. 


-Tu déprimes Francine ? Tu dois penser aux bébés que tu portes. William aurait aimé qu’ils aillent bien. 


-C’est pour eux que je tiens encore le coup Alexiane. On peut parler d’autre chose ? 


-Comment va Yasmine ? 


-Bien. 


-Elle sait ce qui s’est passé ? 


-Non. Elle est trop petite pour l’apprendre. Et en plus, elle doit être sereine. 


-Mais elle demande d’après lui n’est-ce-pas ? 


-Oui et je lui réponds que papa n’est pas là. Qu’est-ce que je peux lui dire de plus ? s’écria-t-elle. Comment suis-je supposée annoncer à une petite souffrant de leucémie que son père qu’elle a rencontré depuis seulement quelques mois est mort brûlé dans une voiture ? Comment puis-je lui avouer qu’on soupçonne qu’il a été assassiné ? Comment vais-je lui expliquer la méchanceté de certains des êtres humains ? Je n’en ai aucune idée ! Alors ne me pose plus ce genre de questions ! 


Des larmes montèrent à mes yeux. Je me trouvais à l’intérieur de l’église. La messe n’avait pas encore débuté. J’avais jugé bon de demander une cérémonie d’adieu à l’intention de Will. Il était chrétien même s’il n’allait pas tous les jours à l’église. Quand je l’ai connu, j’étais une régulière et je lui faisais des reproches. 


-Tu te dis chrétien et tu ne pars pas à l’église. Pourquoi ? Sais-tu que c’est un péché ? 


-Est-ce que cela veut dire que tous ceux qui vont à l’église ne pèchent pas ? On est tous des pécheurs par excellence. Je vais à l’église quand je le veux et non par obligation comme toi ! 


Finalement il avait réussi à m’avoir. J’étais devenue moins régulière. Les propos de Francine traduisaient sa souffrance intérieure. Et du coup, ils trouvaient un écho en moi. Du coin de l’œil, je vis Michaël  s’approcher de moi. 


-Je te rappelle quand la messe commencera.


-Merci.


Je raccrochai pile au moment où Mike se positionna près de moi. Il avait enfilé un costume noir qui lui allait à la perfection. Son regard triste me sonda rapidement.


-Tu es venu. 


-Je suis venu.  


-Merci. 


-Ce n’est rien tu sais. C’est dans ces moments de tristesse qu’on se rend compte que la vie n’est rien du tout et qu’on peut passer de vie à trépas en quelques minutes. Toutes mes condoléances Alex. Il était quelqu’un de bien. 


-Merci fis-je en retenant au mieux mes larmes. 


Mike me prit la main et la serra. Je m’appuyai une seconde contre lui. J’avais tellement besoin de réconfort et de chaleur humaine. Il dû le sentir car il me prit dans ses bras. Je le serrai très fort contre moi en fermant les yeux. Quand je les ouvris, je vis entrer les membres de la famille SACRAMENTO. Ils étaient au nombre d’une dizaine vêtue de noir. Je ne les connaissais pas vraiment puisque William avait tenu à ce que je ne m’approche pas d’eux. Ils me virent également et se dirigèrent vers moi. Joëlle était dans le lot. Elle avait porté des verres fumées qui m’empêchaient de voir ses yeux. 


Ils me présentèrent leurs condoléances à tour de rôle. Joëlle fut la dernière à passer. Les autres s’éclipsaient automatiquement après. 


-Je vois que tu n’as pas perdu de temps. Tu t’es déjà trouvé un autre arbre sur lequel te poser. Il est mort, il n’y a pas si longtemps Alexiane. 


-Je ne te permets pas de…


-Je n’ai pas besoin de ta permission !  Dit-elle en retirant ses verres. On est là pour une mascarade. William était si peu apprécié dans la famille. On voulait tous son argent. Je suppose que toi aussi. En tout cas, je n’ai pas honte de l’avouer. 


-Je comprends pourquoi il vous méprisait autant. Vous êtes tous  des vautours ! 


-Tu n’es pas mieux que nous. Je parie que tu dois espérer un héritage. Mais laisse-moi te dire que tu n’auras rien. Il  ne nous a rien laissé.


-Ha bon ? Il est très prévoyant alors…Personne ne dansera sur sa tombe alors fis-je en pouffant de rire. 


-Misérable. 


Je lui ai asséné une gifle à la volée. Elle a tressailli. Mike s’est placé systématiquement entre nous. 


-Tu as osé ! cria-t-elle. 


-Oui et si tu tends la seconde joue, j’oserai à nouveau. Tu n’as pas honte ? Tu viens ici te pavaner en médisant sur un homme mort. S’il a vidé les comptes, c’est bien fait ! Des charognards comme toi ne méritent pas d’être heureux et cela compte pour tous les autres charognards qui t’ont accompagnés. Avez-vous un corps à bouffer ici ? Il n’y a rien. Nada ! 


-Fait très attention à ce que tu racontes ! fit Joëlle menaçante. 


-Sinon quoi ? Tu vas me tuer comme tu as tué mon mari ? 


-Alex arrête ! s’écria le Dr Obame. On est à l’église pour la messe de William. Il pourrait se retourner dans sa tombe s’il te voyait. 


-Se retourner dans sa tombe ? Tu as un humour noir ! Il va retourner comment ? Il n’y a pas de corps ! Criai-je. Et je ferai un scandale si je veux ! Je défends mon mari et sa mémoire. Il a été injustement assassiné et si cela ne te plaît pas, la porte est grande ouverte ! 


-Je n’ai pas assassiné William ! Rouspéta Joëlle. 


L’inspecteur Fitz BRUN venait de faire son entrée dans l’église. Il s’avança vers nous. 


-Si ! Tu l’as tué ! Il n’y a qu’à vous que sa mort profite réellement. Vous n’avez pas eu honte d’éliminer un père de famille. Vous avez tué le père et le fils mais pourquoi ? L’argent visé à disparu. Vos rêves de grandeur sont partis en fumée et c’est William même qui viendra vous tirer par les pieds. Je jure sur la tête de William…Aucun des ceux qui sont impliqués dans sa mort ne verront cette année se terminer. On se réunira à nouveau dans cette église pour célébrer une messe en votre intention et je viendrai vêtue de ma plus belle robe. Je poserai une photo de William sur votre cercueil et on vous enterrera avec. Bande de pingouins…sombres crétins. 


-Cesse de me maudire ! Arrête de me menacer !


-Dans tout mon palabre, tu n’as entendu que ton nom ? Tu n’as pas l’esprit tranquille ? Voici l’inspecteur Fitz en charge de l’enquête. Prends déjà son numéro au cas où…Mais je ne pense pas qu’il pourra te protéger des âmes en quête de justice. 


-Maudite sois-tu Alexiane. Tu ne l’emporteras pas au paradis. 


-Si c’est une menace, elle est vaine et de nul effet ! Si jamais quelque chose m’arrive dit-elle en criant presque. Si jamais je meure, sachez que c’est cette femme Joëlle SACRAMENTO et sa famille qui m’aurait assassiné pour l’héritage de mon mari. Ils ont tué aussi mon mari. Mais vous allez le payer. Je n’ai même pas besoin de preuve avant de t’inculper Jojo. Tout ton être respire le meurtre. Tu as le sang de mon mari sur tes mains. Tu vas en baver ! William te rendra visite. 


-Mais tu vas la fermer s’écria-t-elle avant de lever la main vers moi mais Mike l’en a dissuadé. 


-Je suis innocente ! 


-Pffff mon œil oui ! Il va te hanter jusqu’à ce que tu deviennes folle ! 


Un silence terrible s’installa. Je plantai sur place Mike et Joëlle et je me dirigeai vers les bancs de devant. Arrivée au niveau des premiers bancs, je constatai que des oncles et tantes de William étaient assis. Je faillis leur demander de se lever de là, mais je me tus. J’avais déjà dit ce que j’avais à leur dire. Je pris place et Mike vint s’asseoir près de moi. 


-Désolée pour l’esclandre fis-je en me mettant à pleurer. 


-Tu dois penser au bébé. 


-Je sais…


-S’il t’arrivait quoi que ce soit, je ne m’en remettrais pas. 


-On se remet toujours…Il faut du temps mais on y arrive. Ceux qui ne se remettent jamais sont les vrais meurtriers. 


-Tu penses qu’elle l’a vraiment tué ? 


-Je suis prête à mettre tout mon bras au feu. Mais il reste à le prouver. Elle en a après l’argent. 


-Et où est-ce que William aurait mis son argent ? 


-Je ne sais pas et je m’en fous. Tant que cette tête de nœud ne l’a pas, ça me va. 


J’espérais secrètement que William avait assuré l’avenir des enfants de Francine avant de disparaître. Il y tenait tellement. 


-Je vais appeler Francine. Elle tient à suivre la messe en direct. 


-Okay. 


Je poussai un soupir. Je suis trop jeune pour être veuve. Cela n’a aucun sens en fin de compte. J’aurai tellement voulu que Will apparaisse dans la pièce et que cette folle de Joëlle devienne folle. Elle va payer, n’importe comment, elle payera. 


(…)


Dans la soirée. 


***Joëlle SACRAMENTO***


Je suis sortie de la salle de bains le corps ruisselant d’eau. Les évènements de la journée ne cessaient de me hanter. Les propos d’Alexiane me travaillaient. Avais-je l’air d’une coupable ? Je ne pense pas que la prison soit un endroit pour moi. L’inspecteur Fitz avec son visage de coco taillé est venu me voir après la messe pour me demander de me rendre à ses bureaux le plus tôt possible. Il voudrait m’interroger. J’ai gros à perdre dans ce jeu. Si je ne sais pas faire, je pourrais même être inculpée pour les différents crimes commis quand Nathan était en prison. Je ne pourrais pas porter le fardeau seule. Et ceci est hors de question ! Si je tombe, je vends tous les autres. Mon portable se mit à sonner à nouveau. Je décrochai. 


-OVONO ? 


-Tu te fiches de moi Joëlle ? Je t’appelle depuis des heures sans réponse. 


-Qui a-t-il  ? 


-La marchandise est là. Tu ne la veux plus ? 


-Pas pour le moment…


-Pourquoi ? Tu n’as pas de liquidités ? 


-Les flics sont sur mon dos depuis la mort de William. Je veux faire profil bas. 


-J’espère que tu ne me mens pas. 


-Pourquoi mentirai-je ? Dois-je te rappeler que je ne tomberai pas seule ? 


-Tu me menaces ? Dit-il en pouffant de rire. Tu as du cran.


-Je te rafraichis juste la mémoire oh. Bon je dois te laisser. 


La coupure de courant m’arracha un soupir. Les dirigeants de la société d’électricité sont trop bêtes. Et je n’ai même pas mis de carburant dans le groupe électrogène. 


-Attention Joëlle…Tout comme je me suis débarrassée de William, je peux en faire autant avec toi.


-Vas au diable ! 


J’ai raccroché et j’ai passé une robe avant de descendre prendre une torche. Je me trouvais dans la maison familiale des SACRAMENTO appartenant à William. J’aime tellement cette demeure. J’ai vite fait de trouver une torche et de l’allumer. Je me suis dirigée vers le salon quand une ombre est passée vite fait. Mon cœur a failli sortir de ma poitrine. 


-Qui est là ? M’écriai-je. 


Silence. J’ai secoué la tête, certaine d’avoir rêvé. Je suis allée vérifier que les portes étaient fermées, puis je suis montée. Une fois dans la chambre, mon portable s’est mis à sonner. Sur l’écran, s’affichait le nom de William. Je suis restée paralysée. William est mort. Son portable a brûlé avec lui. L’appel a continué. Les mains moites, j’ai décroché. 


-Allô ? Fis-je d’une voix tremblante. 


-Comment vas-tu Joëlle ? Tu es prête pour le voyage ? 


-Le….le…voy…voyage ? 


-Oui…Je suis venu te chercher pour m’accompagner dans ma nouvelle demeure. 


Certaine que l’alcool et la drogue que j’avais consommés me donnaient des hallucinations, je jetai le portable au loin. Un claquement de portes en bas me fit sursauter. 


« J’ai fermé toutes les portes ! Je les ai toutes fermées ! »


Je me saisis de mon arme. J’entendis un bruit derrière moi. Je me retournai et me mis à tirer à l’aveuglette. Je vidai mon chargeur en criant. Un bruit de corps qui tombe m’alarma. Je me précipitai vers l’endroit ou gisait un corps…


-Oh mon Dieu !….Non !  Non ! Papa ? Oh Seigneur ! Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai fait ?! 


Papa était mort sur le coup. Ses yeux vitreux me regardaient. Je me mis à hurler. 


-C’est ta faute William !…C’est ta faute !


«  Papa, je suis tellement désolée. Je ne voulais pas….papa, reviens. Tu me laisses avec qui ? »


-William ! M’écriai-je…Tu vas me le payer !….Oh mon Dieu. Qu’est-ce que j’ai fait ? 


J’ai tué mon père sous le coup d’hallucinations. Tout ça c’était la faute de cette femme qui m’avait mis des idées en tête. Elle aussi me le payera. 


« Papa excuse-moi…je ne le voulais pas. Je ne savais pas que c’était toi. Excuse-moi papa. Seigneur ! Que vais-je dire ? Comment vais-je expliquer ta mort ? »



PLUMES 241 et ELSA 



Course Contre la mor...