chapitre 34

Ecrit par leilaji

Chapitre 34 


***FLASH BACK 12 ans plus tôt***


***Lorelei 12 ans***


Depuis que papa est malade, maman passe tout son temps à prier à l’église pour que Dieu lui ouvre les portes d’une meilleure santé. Aujourd’hui encore, j’ai dû aller à l’école en marchant sur un bout du chemin car je n’avais que 200 francs sur moi donc pas assez pour faire le trajet aller et retour. Quand je suis enfin arrivée, le portail du lycée était déjà fermé. Je me disais que peut-être que Flora allait me trouver l’argent de taxi pour rentrer à la maison mais là, c’est fichu. Flora c’est ma meilleure amie et elle a tout de temps de l’argent sur elle. Elle m’en donne quand elle peut. 


Je m’assois sur un des bancs en béton qui fait face à la route et le menton posé dans la paume de ma main, je regarde paresseusement les voitures défiler comme des flèches devant mes yeux. Une voiture noire se gare et un élève en descend. Comme je n’ai rien à faire et que je n’ai pas encore la force de rebrousser chemin, je l’observe longuement. Il regarde avec dédain la façade du lycée et fait un signe au chauffeur qui démarre puis s’en va. Dès que le chauffeur s’éloigne, il vient s’assoir à mes côtés un sourire aux lèvres.


- Salut. 

- Salut. Je réponds en regardant ailleurs. 


Le soleil commence à monter haut dans le ciel. Il sort des lunettes de soleil noires qu’il pose avec style sur ses yeux. Et pendant près d’une heure, il reste à mes côtés sans m’adresser la parole. Ce n’est que lorsque mon ventre commence à gargouiller qu’il ôte ses lunettes pour me regarder. 


- Apparemment t’as faim !

- En quoi ça te regarde ? je réponds agressivement. 


Oui j’ai faim, depuis hier soir je n’ai rien mangé et le fait d’avoir autant marché m’a vidé le peu d’énergie qu’il me restait. Le pire c’est de devoir l’avouer devant un inconnu. Il va me prendre en pitié. Je me lève, décidée enfin à rentrer chez moi. Peut-être que maman se souvient enfin qu’elle a une fille qu’elle doit nourrir et que papa aussi à besoin de sa présence physique et non seulement de prières !!!


- Hé la petite du calme. On va bientôt ouvrir le portail et je pourrai t’acheter un sandwich si tu veux. 

- Pourquoi tu ferais ça on ne se connait même pas. 

- Bah moi, je sais que tu chantes dans le club d’anglais. 


Moi qui m’éloignais de lui, je reviens sur mes pas. Il me connait ?


- Teddy a été transféré au lycée Léon M’ba.  Et c’est moi qui vais le remplacer à la tête de la chorale d’anglais. Je suis en classe de terminale B, je m’appelle Hugues. Et toi ? 

- Lorelei. 

- J’adore ton prénom. T’es en quelle classe ? 

- 5e. 


Il fait une petite moue quand je lui dis ma classe. Comme je suis toujours maquillée pour aller en cours, les garçons pensent souvent que je suis plus grande que je ne le parais. C’est juste que je suis pressée de grandir pour enfin pouvoir me débrouiller toute seule.  Je le regarde encore. Il a l’air gentil et poli. A son tour il me détaille des yeux. Ce qui est étonnant c’est qu’il ne me regarde pas comme un bout de viande. Beurk Tonton Issa lui par contre quand il me regarde, ses yeux luisent comme des billes neuves. A chaque fois que je vais acheter des pains au chocolat dans sa boutique, il me touche les mains et parfois il m’en offre gratuitement en souriant.  


Gouloulouuuuu. 


C’est le bruit que fait mon ventre. Il a dû l’entendre, je ne sais plus où me mettre. Même moi ce bruit étrange m’a fait sursauter. J’ai très faim c’est vrai mais ce n’est pas une raison pour accepter qu’il m’achète à manger. Maman ne serait pas contente de me voir parler avec un garçon que je ne connais pas.  Déjà que même quand je les regarde tout simplement, elle a tendance à me gifler en me traitant de tous les noms. Je ne suis pas particulièrement intéressée par les garçons mais elle semble croire que c’est la seule chose que j’ai à l’esprit alors pour l’embêter, je traine avec eux dès que je le peux.  Comme ça au moins quand elle me frappe, je me dis que c’est bien mérité. 


Papa me manque. Il est là mais c’est comme s’il n’était pas là. Il n’est plus tout à fait lui-même. Il a des pertes de conscience inexplicables. Sa nièce Sheila, qui est infirmière lui a demandé de consulter un médecin. Mais il dit que ce n’est rien, juste de la fatigue. Je crois plutôt que les problèmes qu’il rencontre avec maman qui s’est complètement adonnée à l’Eglise lui embrouillent le cerveau. Je ne suis plus sa petite princesse, j’ai grandi et lui, il a changé. Il dit que bientôt je ne lui laverai plus les pieds, que je vais m’intéresser aux garçons et que les problèmes vont commencer. C’est vrai que tout le monde m’appelle Lola la star et que parfois certains me proposent de faire des trucs de grands mais moi, je ne veux pas. Ce n’est pas parce que j’aime porter des shorts et des mini-jupes que ça veut forcément dire que je veux qu’un garçon me touche. 


Papa donne tout son salaire à maman et elle, elle reverse tout à l’Eglise pour que Dieu guérisse papa. Moi je crois qu’elle ferait mieux de l’emmener à l’hôpital. Dieu n’a jamais interdit d’aller chez le docteur n’est-ce pas ?  Enfin, peut-être que c’est mal de penser comme ça. Je ne sais plus. Je me sens perdue. 

Il me manque. Quand je pense à lui surtout dans les moments difficiles que nous traversons, j’ai juste envie de pleurer…

Ohh la la. Ca y est. Je m’y mets là. J’essaie de forcer mes larmes à remonter dans mes yeux mais c’est très difficile. Je tourne le dos au garçon et je m’éloigne à petits pas. 


J’ai encore une très longue route à faire. 


***Le lendemain***


Ce matin maman m’a remis un billet de 500 francs. Je suis soulagée parce que normalement on a devoir de maths et que ce n’est pas facile de faire un devoir avec pleins de chiffres quand on a le ventre vide. Et puis, je ne voulais pas rater une seconde fois un devoir… Je vais finir par avoir moins de 5/20 de moyenne générale si ça continue ainsi.  


Je finis mon devoir aussi vite que je peux pour pouvoir aller m’acheter des gâteaux (beignets de farine spécialité de l’Afrique de l’ouest adopté par les gabonais) et du lait caillé pour la pause de 10 heures. J’ai troooop faim et pour une fois je ne veux pas que ce soit Flora qui m’achète à manger! 


Quand j’arrive, il y a une queue longue comme celle des juifs pour traverser la mer ouverte en deux par Moise. Ca c’est les petites expressions que je pique à maman. Je ne sais pas très bien ce qu’est un juif mais ça la fait rire alors je suppose que c’est drôle.


Un garçon passe à côté de moi et s’arrête net en me reconnaissant. Zut ! C’est le garçon d’hier. 


- Hé salut !

- Salut. Dis-je en me plaçant dans le rang 


Je lorgne rapidement sur les énormes sandwiches qu’il a dans ses mains ainsi que les bouteilles de coca qui les accompagnent. Hum, apparemment, on n’a pas tous les mêmes problèmes dans la vie.  


Il se met à rire tout doucement en coinçant mon regard. J’ai envie de disparaitre. Il me tend un sandwich et un coca que je n’ai pas envie de prendre mais que je prends quand même. Puis ses potes l’appelle et il s’en va sans rien ajouter ni attendre un merci de ma part. Je n’en crois pas mes yeux. Je cours m’assoir dans un coin derrière une salle vide et je me mets à manger telle une ogresse. Le sandwich au saucisson bourré de je-ne-sais-pas-quoi ne survit pas bien longtemps à ma faim vorace. 


***Trois jours plus tard***


J’arrive en retard à la répétition de chant du club d’anglais. Tout le monde est déjà là et en entrant dans la salle, je vois Hugues bavarder gentiment avec les choristes. Il a enlevé sa chemisette et porte un tee-shirt de marque. 


Quand on est dans un lycée public, les seules choses qui nous différencient les uns des autres puisqu’on porte tous la même tenue (chemisette blanche et pantalon bleu ciel du Lycée d’Etat) ce sont les détails du genre : chaussure de basket de marque, chainette en or, montre de marque, tee-shirt sous la chemisette de marque, sac à dos de marque …. Et Hugues en possède la panoplie complète. Je regarde mes pieds où trônent des baskets vertes immondes griffée « nikkeu ». C’est maman qui me les a dégotée. Je les déteste mais bon. Je crois que pour mon âge ce n’est pas grave. J’ai tellement de style que ça efface cette faute de gout.  Vaut mieux ça que des spartiates ! Du moins c’est ce que me dit Flora pour me remonter le moral. Elle peut bien parler elle, elle porte de puma !


- Hé Lorelei. Viens ici. 


Les autres filles de la chorale me regardent bizarrement. Elles sont surement étonnées qu’il connaisse déjà mon prénom. Je me félicite intérieurement de leur causer cette petite jalousie et avance vers lui. 


Tout l’après midi, il nous fait chanter notre répertoire afin de s’en imprégner et de connaitre le style de la maison. 


Il n’y a aucun autre endroit où j’aime être comme ici dans cette chorale, noyée parmi toutes ces belles voix. J’en oublie tous mes problèmes surtout quand on chante des chansons d’amour. C’est trop la classe !


On finit deux heures plus tard et tout le monde range ses affaires avant de quitter la salle. Mais Hugues me retient quand les autres partent. 


- Pourquoi tu te caches parmi tout le monde ? 

- Pardon ? 

- T’as une très belle voix ! Ca ne te dirait pas d’être lead vocal ? 

- J’ai que 12 ans, je ne peux pas être lead vocal. Les autres filles ne vont pas l’accepter…

- L’âge n’est qu’un chiffre tu sais ! dit-il en s’approchant un peu plus de moi. 


Je recule. Il respecte la distance. Je ramasse mon sac et pars en courant. Pourtant je sais déjà que j’ai hâte de le revoir la semaine prochaine. 


***La semaine suivante***


Aujourd’hui j’ai vraiment besoin de m’évader… Papa a encore eu une absence et quelque chose dans mon cœur me dit que c’est peut-être grave mais maman ne veut pas m’écouter.


On chante en cœur pendant quelques minutes puis Hugues interrompt  les répétitions pour me proposer comme lead vocal devant toute l’assistance ébahie. J’ai envie de disparaitre. 


- Viens ici princesse. 


Mon cœur cesse de battre pendant de brèves secondes. Il m’a appelée princesse. Ce mot est si doux dans sa bouche que j’ai envie de fondre en larmes. Jusqu’à présent seul papa pensait que j’étais une princesse et là, Hugues m’appelle comme cela devant tout le monde. Je m’avance les jambes flageolantes. 


Et il me demande de chanter quelque chose que je n’avais encore jamais chanté. Il me demande de révéler ma voix, et de montrer à toute l’assistance que je mérite d’être lead vocal. Il pose sa main sur mon ventre et me demande de faire sortir ma voix de là, du plus profond de moi. Sa main est chaude et pour la première fois de ma vie, mon corps réagit à un garçon ! Je suis tellement estomaquée par cette découverte et cette chose qui me donne des frissons que je recule tout d’abord avant d’être de nouveau captivée par son regard. 


- S’il te plait princesse ! 


Je me mets à chanter un gospel que m’a appris papa. Je le chante tellement bien que lorsque je me tais à la fin de la chanson, il me soulève dans ses bras et me fais tournoyer en l’air pour nous avouer qu’il va nous faire participer à une compétition de chorale avec moi comme lead vocal. 


Toute la chorale crie sa joie. 

Mais moi je ne suis fière que d’une chose. 

D’avoir été dans ses bras. 


***Quelques temps plus tard***


Tout le monde m’appelle désormais la petite princesse d’Hugues. Il est l’un des élèves les plus populaires du lycée alors ça gloire rejaillit un peu sur moi. Tout le lycée me connait maintenant et les élèves surtout les filles prêtent attention à moi pour que lui aussi prête attention à elle. Elles m’offrent des choses que je ne demande pas et sont super gentilles avec moi. 


Grace à ça, j’ai oublié toutes les souffrances de la maison et les délires de maman et de son prêtre pour me consacrer à Hugues et à la chorale. 


Nous nous préparons pour la compétition des chorales des différents lycées et Hugues nous offre à toutes des tenues de scène. Et moi, il m’achète des chaussures à talon pour que je fasse plus grande que je ne le suis réellement. Ca ne me dérange pas du moment que ça lui fait plaisir. 


- Hé ces chaussures m’on couté chère alors prends en soin d’accord…

- T’inquiète je te les rendrais juste après notre prestation.  

- Non … dit-il en plongeant ses yeux dans les miens. Je veux que tu les gardes. C’est un cadeau. 

- Mais tu as dit que c’était cher. 


Il éclate d’un rire joyeux et me caresse la tête. 


- Princesse, mes parents sont très riches. C’est rien pour moi. D’ailleurs si on gagne, je t’offrirais autre chose d’encore plus chère tu verras… 


J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure. Non pas à cause du cadeau qu’il a promis offrir mais parce qu’il m’a caressé les cheveux. 


Je crois que je suis amoureuse de lui. 

Je suis amoureuse d’Hugues et je crois qu’il m’aime aussi, même si je n’ai que 12 ans et qu’il en 22.

C’est lui-même qui a dit que l’âge n’est qu’un chiffre. C’est lui qui l’a dit. Mais j’ai d’abord envie d’en parler avec papa. Il saura me dire si je peux être la princesse d’un autre garçon que lui. 


Quatre heures plus tard, on a gagné la compétition. 

Flora est venue me chercher parce-que, son père qui est le patron de mon papa a dit qu’il était arrivé quelque chose de grave à papa. 


J’ai vraiment cru que la peine allait me tuer lorsque j’ai su ce qui c’était passé … 


***Quelques jours plus tard***


Nous sommes à l’hôpital avec maman et seul un neveu de papa est venu voir comment nous aider. On dit toujours que les fangs sont solidaires entre eux ! Mais où sont les autres membres de la famille aujourd’hui ? Ils ont déserté les rangs ! Papa a toujours été là pour les autres alors pourquoi aujourd’hui les autres ne sont-ils pas là pour lui ? 

Maman pleure c’est tout ce qu’elle sait faire celle là. Je ne comprends pas qu’une femme aussi forte soit devenue aussi faible. Que lui dit-on à l’église là-bas ! Le neveu de papa a donné tout ce qu’il pouvait mais ce n’est pas suffisant. Ce n’est jamais suffisant. C’est comme si les docteurs se disent plus ils seront occupés par les examens à faire et moins ils nous embêterons. Hééé. Hôpital général ! Tout ce qui est généralisé ici c’est l’indifférence oui ! Je n’ai peut-être que douze ans mais je sais quand une situation est compliquée et que les adultes eux-mêmes ne savent pas comment faire pour s’en sortir. 


Il nous faut de l’argent. Et si maman ne veut pas aider papa, moi je l’aiderai. Après tout je suis sa princesse. 


Le lendemain dès que je le vois, j’attire Hugues dans une classe vide pour lui parler. 


- Hé princesse ! t’as filé comme une fusée sans me dire au revoir à la compétition ! Je te dois un cadeau. On a gagné. 

- Je ne veux pas de cadeau, je veux de l’argent. Dis-je froidement.


Je suis moi-même tellement étonnée par mon audace que je cligne des yeux très fort pour m’empêcher de me mettre à pleurer de honte. 

Je n’ai pas été éduquée ainsi. Ce n’est pas ce que papa m’a appris, mais si je ne fais rien il ne sera plus là pour m’apprendre quoi que ce soit. 


- Alors toi aussi t’es comme toutes les autres finalement, tu n’en veux qu’à mon argent. Hurle t-il soudainement. 


Je me sens alors si minable que cette fois ci je me mets à pleurer pour de bon. 


- Ce n’est pas ça et tu le sais. Je ne suis pas comme les autres mais c’est juste que …

- Alors pourquoi ? dit-il en se rapprochant de nouveau de moi. 


Mes yeux sont tellement remplis de larmes que je ne le vois presque plus. 


- Prouve-moi que ce n’est pas pour l’argent. Prouve-moi que tu m’aimes alors…

- Mais … comment ? Je n’ai rien à te donner, rien … 


Il se rapproche de moi et je peux sentir son corps toucher le mien. Je n’ai pas les idées très claires.


- Prouve-moi que tu m’aimes. Donne-moi ce que tu ne pourras donner à aucun autre. 

- Mais quoi ? 

- Reste avec moi cette nuit. 


J’ai douze ans. Je ne sais pas de quoi il s’agit vraiment mais les garçons avec lesquels je traine habituellement au quartier quand maman est à la prière en parle tout le temps. Il faut être nue et laisser le garçon faire ce qu’il veut. Après il crie et c’est fini. 


Je ne suis plus une enfant. Je sais ce qu’il veut. 


- Mon père est malade et toi …

- Je veux juste être sûr que tu m’aimes vraiment princesse. Coupe –t-il. Si tu le fais, je te donnerai tout ce que tu voudras parce que tu seras ma princesse. 

 

Je ne suis pas très sure de vouloir le faire mais en même temps, il a beaucoup d’argent. 

Lorsqu’il lit l’hésitation dans mon regard, il recule. 


- Pff. De toute manière je ne sais même pas pourquoi je t’imaginais différente. T’es qu’une gamine !

- Non ! je ne suis pas une gamine. 


Mais il s’en va sans demander son reste. 


Lorsque je rentre à la maison, papa est installé au salon mais tout une partie de son corps est paralysée. Ca a été vraiment compliqué de le ramener à la maison. Dans la maison qu’il a bâtie de ses mains et qu’il comptait terminer un peu plus tard. 


Ca me fait mal de voir mon père dans cet état. Ce n’est pas juste que la vie le frappe si durement alors que c’est un homme si doux qui s’est consacré à sa famille toute sa vie. 


Je m’assois à ses côtés pour lui parler :


- Papa ? Tu crois que je peux être la princesse d’un autre garçon ? 


Il ne me répond rien. Il ne me regarde pas. 

Je vois s’envoler sous mes yeux, les jours heureux où il me faisait danser en me faisant monter sur ses pieds. J’ai su danser du Franco à l’âge de quatre ans.  Comment va-t-on danser maintenant s’il ne peut plus bouger comme avant ? Comme il ne me répond pas, je me lève pour lui apporter un peu d’eau à boire et tombe sur la table du salon sur une ordonnance kilométrique. 


Qui va pouvoir payer une somme aussi énorme et tous ces examens complémentaires ? Qui ? 


***Le lundi de la semaine suivante***


Hugues me fait appeler par un de ses potes. 

Je n’ai pas la tête à parler de quoi que ce soit avec lui car Flora et son père sont partis définitivement à Port-Gentil. Je me sens plus seule que jamais. Elle au moins sait que sous mes airs de petite junkie se cache une fille qui fait juste semblant d’être rebelle pour énerver sa mère. Mais maintenant qu’elle est partie. Il n’y a plus personne … qui me comprend. Plus personne. 


Lorsque j’arrive devant lui, il demande à son pote de nous laisser. 


- Hé princesse, excuse-moi pour la dernière fois. 


Il a l’air si gentil. C’est peut-être moi qui suis bête de refuser de lui faire plaisir… 

Je prends mon courage à deux mains et pose une main tremblante sur son torse pour lui murmurer à l’oreille : « je suis d’accord ». 

Puis il a promis de me venir en aide et de me donner tout ce que je voudrais. 


***Après la nuit avec Hugues***


Papa aurait dû me dire qu’un garçon peut t’appeler princesse et ne pas en penser une miette. 

Si papa n’était pas malade, je suis sure qu’il m’aurait dit : «  fait attention mon bébé, tout le monde ne t’aime pas comme je t’aime, loin de là. »

Mais papa n’est plus papa… et quand les princesses n’ont plus leur papa, leur chevalier servant pour les protéger des dragons, elles se font manger par les dragons…   


Comment je le sais maintenant ? 


Je le sais parce que j’entends Hugues ricaner avec ses amis. Il dit des mots méchants qui me transpercent comme autant de poignards. 


- Alors frangin c’était comment avec la petite…

- Franchement… avec tous les efforts que j’ai dû fournir là pour l’amadouer … 

- Oh raconte man… 


Je ferme les yeux comme si en les fermant ils allaient disparaitre de ma vie. Mais lorsque je les ouvre, ils sont encore là et continuent ce qu’ils ont si joyeusement commencé :


- J’ai dû faire semblant et lui dire : tu ne m’aimes pas, prouve moi que tu m’aimes… cette tarée a plongé droit dans le truc quoi !

- Ah man toi aussi t’es grave hein. C’est encore une petite…

- Mais elle a voulu voir le grand méchant loup non ! 


Ils éclatent tous de rire. 


- C’est vrai ça, elle n’est plus si petite que ça puisqu’elle lui a demandé le miang (l’argent) non ? 

- En tout cas je lui ai donné une bonne dose ! Et même un franc elle ne va pas voir ça. Bon moi j’ai rendez-vous ce soir avec Vanessa. Franchement, je me rends compte que les vierges ça ne vaut jamais un bonne cha… bien mure !


Ils éclatent tous de nouveau d’un rire gras avant de se séparer. 


Et je me dis une nouvelle fois que : LORSQUE LES PRINCESSES N’ONT PLUS LEUR PAPA, LEUR CHEVALIER SERVANT POUR LES PROTEGER, ELLES SE FONT MANGER PAR LES DRAGONS…   


Et Hugues est … un horrible dragon. 


***FIN DU FLASH BACK***


De nos jours


***Lorelei***


Est-ce que j’ai le droit de demander à Dieu d’ouvrir un fossé juste là à l’endroit où je me tiens pour m’y engloutir et me faire disparaitre entièrement ?  

Raphael Oh mon Dieu Raphael ! A-t-il lu sur ses lèvres ? Ce n’est pas possible que cet homme apparaisse ainsi et dise une telle insanité à mon ... Oui à mon fils. Je ne pensais pas pouvoir me le permettre un jour. J’ai mis tellement de barrages mentaux sur ce mot simple : fils. Même dans ma propre tête je n’osais pas le prononcer de peur un jour de dire ce qu’il ne fallait pas dire. Seigneur je vais mourir aujourd’hui même. Il ne peut en être autrement. Mon bébé, son visage complètement décomposé. Il essaie de savoir si ce qu’il croit avoir lu est vrai ou s’il s’est trompé… 


Mais il suffit de voir tout le monde réuni ici pour savoir qu’il se passe quelque chose de grave. 


Je vais mourir !

Je vais mourir Seigneur, je vais mourir. 

Oh Dieu. 


Quand tous ces souvenirs remplis d’amertume remontent à la surface, je comprends pourquoi je n’ai jamais voulu que Raphael se débrouille tout seul parce que je sais ce qui peut arriver quand un enfant est livré à lui-même… quand un enfant se dépêche de grandir. 


Oui, je suis tombée enceinte d’un monstre d’égoïsme, enfant pourri gâté par ses parents…

Et tomber enceinte n’a été que le début de mon calvaire …


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Si tu le veux, bien sur ! 


***


Petite info de santé, ça peut toucher n’importe qui dans votre famille alors soyons tous vigilants :


Un AVC peut être traité – c’est pourquoi il est si crucial d’en reconnaître les signes avant-coureurs :


Faiblesse - Perte soudaine de force ou engourdissement soudain au visage, à un bras ou à une jambe, même temporaire. 


Trouble de la parole - Difficulté soudaine d’élocution, de compréhension ou confusion soudaine, même temporaire. 


Trouble de vision - Problème de vision soudain, même temporaire.


Mal de tête - Mal de tête soudain, intense et inhabituel.


Étourdissement - Perte soudaine de l'équilibre, en particulier si elle s’accompagne d’un des autres signes. 


Si vous ressentez l’un ou l’autre de ces signaux ou qu’un de vos proches ressent ces signaux, rendez-vous prêt d’un médecin.


 Si le diagnostic est un AVC causé par un caillot, les médecins ne peuvent administrer au patient un médicament capable de dissoudre les caillots qu’à l’hôpital et uniquement pendant les quelques heures critiques qui suivent l’apparition des symptômes.* Par conséquent, il est primordial d’être en mesure de reconnaître les signes avant-coureurs pour sauver des vies.

LOVE SONG