Chapitre 34
Ecrit par La Vie d'Ielle
Chapitre 34
**** Chidi ****
Depuis la sortie de l'hôpital et le diagnostic, tout est un peu différent à la maison.
C'est normal vu que maintenant on passe nos journées à être consultés ou à faire des activités pour Cécile.
Notre psychologue a dit que ça fait partie de sa guérison et que ça l'aiderait à aller mieux plus vite et à retrouver plus vite son état.
Ça ne me dérange pas, ça me fait plutôt plaisir de savoir qu'il y a quelqu'un pour nous aider.
J'ai juste hâte que les choses s'arrangent, que je puisse retrouver ma femme, que mon fils puisse retrouver sa mère et que notre famille soit tranquille.
Cette situation est pesante et j'ai dû arrêter de travailler.
Je ne dis pas que ça me dérange du fait que je ne puisse pas travailler, je dis que c'est pesant parce que émotionnellement je me sens toujours coupable et je m'en veux toujours pour son état. Cette culpabilité ne s'arrêtera que quand elle aura retrouvé sa santé parce que je suis responsable d'elle et j'étais sensé éviter ce genre de chose.
Elle me manque ma femme, me manque sérieusement. Ce n'est pas comme si rien n'allait e tre nous, c'est juste que j'ai besoin qu'elle soit ma Cécile que je connais.
À l'heure d'aujourd'hui, je la chaperonne. Elle ne passe pas assez du temps avec notre fils donc je suis assez présent pour lui.
C'est moi qui l'ai tout le temps sauf quand il faut lui donner à manger vu qu'il prend encore le sein. On nous a dit que ce moment entre elle et Godwin, ce moment où elle lui donne le sein, est un moment important qu'il faut qu'elle ait parce que ça pourrait l'aider plus vite le fait d'avoir son bébé dans les bras. Malheureusement, quand ce moment-là arrive, elle a juste envie que ça se termine assez vite.
Je n'avais jamais eu conscience de cet état pour les nouvelles mamans et maintenant que j'en sais quelque chose et que je vis la situation, c'est éprouvant.
C'est éprouvant parce que je ne peux pas l'aider correctement, je peux au contraire risquer de faire mal les choses. Je l'aide du mieux que je peux, mais j'ai aussi peur de mal faire les choses.
Ça me fait tellement peur, j'ai peur que ça s'éternise. Quand je demande à notre psychologue si tout va bien, si les choses s'arrangent ce qu'il me dit c'est qu'il sait que les choses vont s'arranger et ce sera à son rythme. Il dit aussi que si ça prend trop de temps on va l'interner .
Tout ceci me fait peur.
Depuis la fois où on était rentré, où on avait discuté, entre nous j'ai envie de dire que ça va. Je suis plus compréhensif en fait même si je sais qu'il y a une chose qui ne cesse de revenir, son travail. C'est peut-être la seule chose qu'elle parvient à faire en prenant tout son temps et sa patience. J'ai déjà été averti à ce sujet, même si ça m'énerve je sais que c'est... instinctif si je puis le dire ainsi.
Je sais qu'elle en souffre aussi.
Je sais que du plus profond d'elle, ce qu'elle veut c'est que tout s'arrange afin de prendre soin de nous, de notre fils.
Une chose est sûre, je suis là pour elle et je ferai ce qu'il faut pour qu'elle aille mieux. C'est ma femme, je veux qu'elle retrouve sa santé.
Je viens de prendre ma douche, je sors de la salle de bain et tente de m'habiller mais j'entends Godwin pleurer.
Je me dirige vers le salon vu que c'est là-bas où je l'ai laissé endormi. Cécile l'a avec lui, elle est en train de lui donner le sein.
Elle l'a pris elle-même sans que je ne lui demande, c'est déjà un pas non ?
Sauf que Godwin ne cesse de pleurer.
Moi : Pourquoi il pleure ?
Cécile ( soupirant ) : Je n'en sais rien, c'est ce qu'il fait depuis quelques minutes.. Il tête durant quelques secondes plus il se met à pleurer.
Moi : As-tu vérifier sa couche ?
Cécile : J'ai vérifié et je l'ai même déjà changé mais il n'arrête pas.
Moi : Tu veux que je le prenne ?
Cécile : Oui je veux juste qu'il se calme parce que l''entendre pleurer commence par me faire mal à la tête.
Moi : Donnes le moi.
Je le prends et me mets à faire quelques pas avec lui en chantonnant, il se calme.
C'est après qu'il se soit calmé que j'ai remarqué que Cécile était habillée pour sortir.
Moi : Tu vas quelque part ?
Cécile : C'est aujourd'hui la présentation.
Moi : C'est pour quelle heure ? Tu sais que bientôt il viendra donc on va être là tous les deux, surtout toi.
Cécile : C'est pour dans quelques minutes.
Moi : Tu comptes revenir dans combien de temps ?
Cécile : Je ne saurais te dire exactement.
Moi : Mais tu sais que...
J'ai été interrompu par la sonnerie de mon téléphone.
Je le prends, je regarde l'écran et je vois que c'est maman qui m'appelle avec son numéro du Gabon.
Je soupire de colère tout en espérant que ce ne soit pas ce à quoi je pense.
Moi : Tu le prends un instant ?
Cécile : Il faut que j'y aille.
Moi : Laisse-moi juste prendre cet appel s'il te plaît.
C'est en boudant presque qu'elle l'a pris.
Moi ( décrochant ) : Maman ?
Maman : Bonjour mon chéri.
Moi : Bonjour Maman.
Maman : Comment vas-tu ?
Moi : Maman pourquoi m'appelles-tu avec ton numéro du Gabon ? J'espère pour toi que ce n'est pas ce à quoi je pense ?
Maman : À quoi penses-tu ?
Moi : Maman je ne suis vraiment pas en train de rigoler, je veux que tu me réponde s'il te plaît.
Maman : Je suis présentement à l'aéroport et je n'ai pas encore pu changer mon argent donc il faut que tu viennes me chercher pour m'emmener chez toi. Je tente de joindre Vincent mais il ne répond pas.
Moi ( rire nerveux ) : Tu es à l'aéroport ? Quel aéroport ?
Maman : Comment ça quel aéroport ? Si je te dis que tu dois venir me chercher c'est que je suis à l'aéroport du Gabon.
J'enlève le téléphone de l'oreille un instant juste pour soupirer violemment.
Moi : Maman !!!!!!!
Maman : Chidi viens me chercher s'il te plaît.
Moi : Maman je t'ai toujours dit avant d'arriver chez moi tu dois m'informer de ton voyage. Tu refais encore la même bêtise, tu prends un billet, tu arrives au Gabon et tu m'appelles quand tu es à l'aéroport pourquoi ? Pourquoi maman ?
Maman ( tonnant ) : J'ai le droit de venir voir mes enfants surtout si ces derniers ne me donnent pas de nouvelles. Tu penses que quand tu restes silencieux ça ne m'inquiète pas ? Que suis-je sensée faire ? Rester là sans avoir de vos nouvelles ? Ne me fais pas attendre ici.
Maman est toujours en train d'exagérer.
Qu'est-ce qu'elle entend par rester absent sans donner de nouvelles ?
Je l'appeleais pour prendre de ses nouvelles même si ce n'était pas tous les jours, je sais qu'elle utilises cette raison juste pour voir Godwin.
Elle raccroché sans que je ne dise un mot.
Je regarde Cécile qui a toujours Godwin dans ses bras, il s'est endormi.
Cécile ( posant Godwin dans son berceau ) : Il faut que j'y aille.
Moi : Attends une minute s'il te plaît.
Cécile : Il faut que j'y aille chéri.
Moi : C'est Maman qui vient de m'appeler et ...
Cécile : Et rien, je ne veux pas savoir.
Moi : Pourtant il le faut. Elle a encore recommencé, elle a voyagé sans me dire et elle vient de m'appeler pour me dire qu'elle est à l'aéroport. Il faut que j'aille la chercher mais pour cela il faudrait que tu restes ici avec Godwin.
Cécile : Il faut que j'y aille, que je serai en retard Chidi ( essayant de passer ).
Moi ( l'arrêtant ) : Je sais que tu vas y aller, on ne peut pas laisser l'enfant seul et sortir tous les deux.
Cécile : Qu'est-ce que ça te coûte de l'emmener avec toi ?
Moi : Je vais dans un aéroport, je ne veux pas l'y emmener.
Cécile : Dis moi simplement que c'est le moyen que tu as trouvé pour m'empêcher de travailler. Tu recommences avec ça n'est-ce-pas ?
Moi ( soupirant ) : Écoute, on va faire une chose. Je vais appeler Marine pour qu'elle vienne rester avec lui mais tu restes à la maison avec lui juste le temps qu'elle arrive pour s'il te plaît.
Cécile ( croisant les bras ) : ...
Moi : S'il te plaît Cécile !!
Elle a fini par accepter et je me suis précipité dans la chambre en lançant l'appel vers le numéro de Marine.
Marie n'a pas trouvé d'inconvénient à venir, elle a dit qu'elle se met en route.
Maman me sort par les pores aujourd'hui, je suis très en colère de savoir qu'elle soit là sans m'avoir dit alors que présentement on a pas besoin de la présence de quelqu'un d'autre. Si je lui avais dit ce qui se passait ça aurait été un problème, elle serait venue. Maintenant que je ne lui ai rien dit c'est encore un problème.
Qu'est-ce que je peux bien faire avec elle ? Seigneur quelle mère m'as-tu donné ?
**** Cécile ****
Je l'ai regardé partir sans rien dire.
Je ne sais vraiment pas ce que sa mère a à toujours faire ce qu'elle
Pourquoi c'est aujourd'hui seulement qu'elle arrive ? Pfffff !!!
Je regarde l'heure et franchement, je ne vais pas m'en sortir à cette allure.
Celle qui doit arriver n'est pas encore là et l'heure ne s'arrête pas pour autant.
Je regarde Godwin , il dort toujours.
Et puis zut !!!
Je vais chercher le siège auto, je l'y mets en prenant soin de bien le couvrir puis , direction le boulot.
Pour ne pas arranger les choses, embouteillages de malade.
J'ai juste l'impression que mes neurones vont sortir tellement ça m'énerve d'être en retard, je n'aime pas le retard.
Au final, je suis arrivée avec une heure de retard. C'est Narcisse qui doit être content.
Dès que j'ai garé mon véhicule, j'ai coupé le contact, j'ai pris mes documents et mon ordinateur et je suis sortie de la voiture.
Je suis rentré dans la salle de réunion, Narcisse est devant en train de faire sa présentation. Il n'y a pas grand monde dans la salle, juste les personnes importantes de l'entreprise, celles qui prennent des décisions.
Tout le monde m'a regardé quand je suis rentré, je suis allé m'asseoir sans faire trop de bruit et j'ai regardé Narcisse faire sa présentation.
Il a bien présenté, et il a même réussi à me lancer une pique sur le fait que je sois arrivée en retard de façon subtile.
À mon tour, je me suis levée fièrement et je suis allée faire ma présentation comme je l'ai préparée depuis déjà. Tout ce pourquoi j'ai eu des nuits blanches... toute ma présentation comme je l'ai pensée...
C'est comme à une soutenance.
On a fini de soutenir nos projets, nous sommes sortis de la salle parce qu'il fallait quelques minutes de réflexion.
Narcisse : Pour une personne qui se dit apte de gérer toute une entreprise, ça ne se fait pas de venir en retard. Tu peux dire adieu au poste.
Je voulais vraiment lui répondre mais je me suis retenue quand on nous a demandé de rentrer.
Monsieur : Alors, je tiens déjà à remercier toutes les personnes présentes, je tiens aussi à vous remercier pour ces magnifiques projets qui , tous deux, seront appliqués. Après ces quelques mois de travail acharné, de réflexion intense pour vous, c'est aujourd'hui que vous saurez qui de vous deux me remplacera à la tête de l'entreprise. Vous le savez, j'ai mis en place cette présentation juste pour voir si vous étiez aptes. Ce n'était pas seulement pour vous mettre en compétition, pour voir à quel niveau est votre esprit de compétition mais c'était surtout pour voir si vous étiez assez responsables, assez capables de prendre des décisions importantes pour l'entreprise. Vous l'avez brillamment fait et je ne vais pas m'éterniser là-dessus, je vais vous dire qui de vous deux m'a clairement rendu fier. Alors, madame NOUAH , nous savons tous que vous n'êtes pas du genre à arriver en retard et c'est pour cela nous avons fait abstraction de ça aujourd'hui. Nous vous connaissons très rigoureuse et très travailleuse. Nous pensions vraiment que le fait d'avoir en face de vous un homme vous aurait découragé mais c'était le contraire, ça vous a motivé. C'est pourquoi après décision commune, c'est vous qui prendrez ma place.
Je voulais sauter de joie.
Malgré mon heure de retard, c'est moi qui remplace ?
Tout ce travail est récompensé enfin.
Je suis tellement heureuse mais tellement.
Je reste toutefois professionnelle et salue toutes les personnes présentes dans la salle même Narcisse. Ça se voit qu'il est déçu de ne pas être celui qui a été choisi mais il a eu quand même le courage de venir me féliciter.
Je sors de la salle de réunion pour trouver mes collègues et j'ai immédiatement reçu des félicitations et des applaudissements à mon passage.
Je suis fière de moi, une femme a de la valeur même dans une entreprise et j'espère qu'ils l'ont compris.
Il y'a un apéro pour l'occasion.
Narcisse : Contente ?
Moi : Très et il faut d'ailleurs que j'appelle mon mari pour lui ... Seigneur !!
J'ai lâché le verre que j'avais en main, qui s'est certainement cassé au contact du sol en me précipitant vers l'extérieur.
J'ai couru jusqu'à ma voiture parce que je me suis rappelée que je ne suis pas venu toute seule ici.
J'ouvre mon véhicule que je n'avais pas verrouillé d'ailleurs en catastrophe et sors Godwin de là.
Il est toujours endormi, DIEU merci mais je le sens tout froid et tout dur. J'ai l'ai serré contre moi en m'excusant de l'avoir laissé quand j'ai eu l'effroyable constat, je ne le sens pas respirer.
Moi : Non !!! Godwin s'il te plaît ( essayant de le réveiller ).
Je n'avais pas remarqué que les autres m'avaient suivis. Narcisse est venu vers moi.
Moi ( la voix tremblante ) : Pourquoi il ne se réveille pas ? Pourquoi ?
Narcisse : Donnes le moi.
Moi : Non.
Narcisse : S'il te plaît Cécile.
Je lui donne l'enfant, je sens mes larmes qui coulent. J'ai cette idée qu'il est ... non, impossible.
Moi : Réveille le s'il te plaît.
Narcisse : On va l'emmener à l'hôpital d'accord ?
Moi : L'hôpital ? Pourquoi ?
Narcisse : Juste pour qu'on le réveille.
Je me suis mise à pleurer sans réellement comprendre pourquoi. Je ne faisais que supplier Narcisse de le réveiller, qu'il réveille mon fils mais lui il a insisté pour qu'on aille à l'hôpital et c'est ce qu'on a fait.
**** Narcisse ****
Je conduis du plus vite que je puisse faire mais je n'ai tellement pas espoir.
Je l'ai porté, je l'ai ressenti et je sais qu'il n'est plus là. Pour avoir déjà été en contact avec une personne qui a rendu la vie devant moi, je sais comment reconnaître quand quelqu'un est mort. Je n'ai juste pas envie de le lui dire comme ça je sais pas comme le dire d'ailleurs.
Cécile n'est pas une personne que je n'aime pas. Certes on était en compétition pour le même poste, ça m'enlève pas mon humanité et ce qu'elle s'apprête à vivre je ne le souhaite à personne.
De tout le trajet, elle n'a cessé de pleurer et de tenter de réveiller son fils.
J'essaie de comprendre ce qui s'est passé mais quand je réfléchis, si elle a couru si vite ça veut dire qu'il était là depuis et qu'elle a oublié dans le véhicule.
Comment est-ce possible ?
Bref !!
Je conduis sans trop savoir dans quel hôpital ou dans quelle structure médicale j'allais, je me suis simplement arrêté à la première que j'ai vu et vu l'urgence on s'est occupé de nous.
Elle voulait partir avec la personne qui a pris son fils mais ils ont insisté pour qu'on reste là à attendre.
Quand on a pris son fils des bras, elle s'est tellement mise à pleurer que j'ai dû la prendre dans mes bras en essayant de la Calmer jusqu'à ce que je vois un médecin et la personne qui a emmené son fils revenir vers nous.
Elle s'est précipitée vers eux en demandant où il est.
Docteur : Vous êtes les parents ( me regardant ) ?
Moi : C'est sa mère, je suis juste un collègue.
Docteur : Pouvez-vous appeler le père du bébé s'il vous plaît ?
Cécile : Que se passe-t-il ?
Docteur : ...
Cécile : REPONDEZ MOI !!! OU EST MON FILS ?
Docteur : Désolé de vous l'annoncer ainsi mais c'était trop tard quand vous l'avez emmené.
Cécile : Qu'est-ce que ça veut dire ?
Docteur : Que votre fils est arrivé mort... Navré Madame.
Cécile : Non ... NON ( éclatant en sanglots )...
Moi : Que s'est-il passé docteur ?
Docteur : Je ne peux malheureusement parler Qu'aux parents sauf s'ils me donnent l'autorisation.
Moi : Docteur si je suis venu ici avec qu'elle c'est que je ne suis pas un inconnu.
Docteur : Nous pensons qu'il est question de ce qu'on appelle mort subite du nourrisson. Je ne peux vous en dire plus, il faut que j'en parle aux parents. Appelez le père du bébé je vous prie et désolé encore.
Cécile l'a suivi en l'attrapant par sa blouse.
Cécile : Ramenez moi mon enfant, je veux le voir. Il dormait, il n'est pas mort, ramenez le.
Moi ( l'attrapant ) : Cécile s'il te plaît... viens avec moi.
Je l'ai prise avec moi en l'emmenant, elle a déversé sa peine sur moi en tapant sur mon torse en criant le prénom de son fils.
Je l'ai laissé faire jusqu'à ce qu'elle se calme mais ça n'a fait que enclencher à nouveau.
J'ai demandé à ce qu'on la fasse dormir même s'il fallait qu'on lui injecte quelque chose puis j'ai appelé le service RH du bureau pour qu'on regarde dans son dossier le numéro de son mari.
Je l'ai reçu quelques minutes plus tard, j'ai donc lancé l'appel en prenant le souffle.
Lui : Allô ?