Chapitre 34: Douleur

Ecrit par kaynaliah

2 jours plus tard


******Rehyma*****

Je viens de finir de prendre mon petit-déjeuner. Je range et nettoie tout avant de partir. Je regarde l’heure sur ma montre et je vois qu’il est 9 heures et demie. Je soupire et décide de me diriger vers la chambre de Méli. Elle n’en est pas sortie depuis hier et ça m’inquiète. J’ai préféré reporter mon voyage de deux car ma sœur ne va as bien. Lorsque le médecin est venu vers nous et nous a annoncé le décès de Clarisse j’ai juste eu de la peine à cause de Méli. Je sais combien c’est difficile de perdre sa maman. Même si elles n’étaient pas si proches, c’est difficile. Papa a contacté le père de Méli et il doit arriver avec le vol de cet après-midi. 

Je toque à la porte de sa chambre mais je n’obtiens aucune réponse. Je ne me laisse pas démonter pour autant et décide d’actionner la poignée. Je suis agréablement surprise de voir qu’elle ne s’est pas verrouillée dans sa chambre. C’est le noir total dans sa chambre. J’actionne l’interrupteur qui éclaire le couloir à l’entrée de la chambre et continue de marcher jusqu’à ce que j’arrive au niveau du lit. Je prends la télécommande posée sur l’une des tablettes pour monter les volets roulants et laisser ainsi la lumière du jour pénétrer dans la pièce. Méli dort toujours et j’aperçois le plateau repas que je lui ai monté hier soir et qu’elle n’a pas touché. Je m’approche d’elle et découvre une lettre à ses côtés. Je ne sais pas si je dois la prendre ou pas mais ma curiosité est bien trop grande. Je dois un peu soulever l’oreiller sur lequel Méli a posé sa tête pour pouvoir tirer le document sans risquer de le déchirer. Je le prends délicatement et m’assois sur le canapé de la chambre. Ce que je vois me scandalise. Cette Clarisse même décédée continue à faire du mal et surtout à sa fille. Je remets tout à sa place et sors doucement de la pièce. J’ai vraiment mal au cœur pour Méli car elle ne mérite pas ça du tout.

Je trouve papa assis à l’un des nombreux salons de la maison et je m’installe à ses côtés.

-« Ca va toi ? » me demande-t-il
-« Ca va et toi ? »
-« Ca va ma chérie. Méli est déjà réveillée? »
-« Elle dormait encore lorsque je suis sortie de sa chambre »
-« En tout cas de gré ou de force je la ferai sortir de sa chambre aujourd’hui. Je comprends qu’elle soit triste mais elle ne doit pas se couper du monde »
-« Je suis bien d’accord avec toi mais c’est difficile pour elle. Je sais très bien ce qu’elle ressent. Rien que pour ça j’évite de ne pas ressentir de la haine envers sa mère »
-« C’est bien Rehyma. Je suis fier de toi »
-« Papa ? »
-« Oui »
-« Dis-moi lorsque tu as récupéré les affaires de Clarisse à la prison, y avait-il quelque chose pour Méli ? »
-« Si je me souviens bien elle lui a bien écrit une lettre. Pourquoi tu demandes ça ? »
-« En allant dans la chambre de Méli tout à l’heure, j’ai vu une lettre et je l’ai lue même si je sais que ce n’est pas bien et je ne le regrette pas »
-« Et ? »
-« Papa cette femme rend Méli responsable de son suicide »
-« Quoi ? » dit papa en relevant la tête vers moi
-« Elle accuse méli de tous les maux et a l’audace de lui dire que son suicide est le résultat de sa trahison envers elle »
-« Mais elle est complètement folle »
-« En plus de perdre sa mère, Méli doit être dévastée par ce qu’elle a lu »
-« Incroyable. Mais Clarisse a vraiment le don de se foutre des gens même n’étant plus de ce monde »
-« Bon tu me surveilles ta sœur attentivement »
-« Ok. Tu vas où ? »
-« Passer un appel. Si vous me cherchez, je suis dans mon bureau »
-« Ok »

Je reçois un appel entrant de Luca.

-« Allo »
-« Ca va mon cœur »
-« Oui et toi ? »
-« Ca va ? Et Mélissa ? »
-« Toujours pareil. Je m’inquiète vraiment pour elle. Elle n’a rien mangé hier »
-« Montre-lui que tu es là pour elle »
-« C’est ce que je fais mais pour l’instant je me heurte à un mur. Elle ne parle à personne Luca »
-« …. »
-« Ca me fait vraiment de la peine »
-« Il lui faut du temps »
-« C’est compréhensible mais dans deux jours on est sensé enterrer sa mère et elle n’a toujours rien décidé. Papa est perdu ici car il ne veut pas prendre cette décision là »
-« Je passerai vous voir tout à l’heure ok ? »
-« Ok »
-« Prenez bien soin de vous. Je t’aime ma reine »
-« Je t’aime également mon roi »

J’ai raccroché le téléphone avant de m’éclipser dans ma chambre et d’y trouver par surprise Méli.

-« Méli ? Tu es enfin sortie de ta chambre »

Elle s’est juste contenter de me regarder un moment avant de fondre en larmes. Je me suis rapprochée rapidement d’elle et l’ai prise dans mes bras. C’est tellement difficile de perdre sa maman. La voir dans cet état m’a rappelé toutes les fois où j’ai pleuré ma mère qui me manque tant chaque seconde qui passe. Je préfère la laisser se vider avant qu’on ait une discussion. Je sais qu’elle veut s’ouvrir. Elle a besoin d’extérioriser toute cette douleur qu’elle ressent. 

Dix minutes plus tard, j’entends des coups frappés à ma porte. C’est certainement Rosine qui m’apporte le linge qu’elle a repassé. Je suis surprise d’y voir papa qui est surpris à son tour de vois Mélissa dans ma chambre. Il referme la porte derrière lui et se rapproche de nous. Il pend un siège qu’il place près de mon lit et s’assoit. Il nous regarde tout simplement. Mélissa commence à se calmer peu à peu. J’ai du mal à la voir ainsi.
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*****Mélissa******

Cela fait deux jours que je vis au ralenti. J’ai l’impression qu’on m’a coupé une partie importante. J’ai juste l’impression que le temps s’est arrêté. Maman est partie comme ça. Si jeune en plus. J’ai tellement de mal à l’accepter. Je refuse de croire qu’elle ait commis cet acte si lâche. D’après les gardes de la prison, elle a demandé à passer un appel ce jour-là et à son retour à sa cellule, tout semblait normal. Dans la soirée, lors de leur ronde, ils ont trouvé ma mère pendue dans les airs avec son drap de lit. Elle s’était également ouverte les poignets avec une lame. Lorsque j’ai reçu l’appel de George cette nuit-là, je n’arrivais plus à respirer ni à réfléchir. J’ai fait une violente crise d’angoisse durant le trajet me ralliant à l’hôpital dans la voiture de Loic. Heureusement d’ailleurs qu’il était là. Cela m’a touchée de voir Rehyma à notre arrivée à l’hôpital. Je sais qu’elle n’aime pas ma mère et elle n’était pas obligée d’être là tout comme George. Je sais que c’est pour moi qu’ils étaient là.

Je me suis tout simplement écroulée lorsque le médecin nous a d’abord annoncé qu’elle était dans le coma. George n’a pas voulu qu’on reste à l’hôpital et nous a tous renvoyés à la maison tandis que lui est resté à son chevet. Je n’ai même pas pu la voir. Je me suis promis d’être là dès 7 heures du matin pour passer du temps avec elle. En rentrant, je n’ai pu fermer l’œil de la nuit et je suis restée avec Rehyma dans sa chambre. Elle a veillé avec moi. Je me suis levée du lit à 6 heures du matin et me suis préparée pour être prête à partir pour 7 heures. Alors que je dévalais les escaliers pour rejoindre la cuisine me prendre rapidement un verre de lait, j’ai croisé George. Je m’apprêtais à lui demander des nouvelles de maman mais par son regard je savais qu’il s’était passé quelque chose. Il m’a juste attitée à lui et m’a serrée fort dans ses bras en me demandant d’être courageuse. Je venais de comprendre. Ma mère était partie. J’ai hurlé toute ma douleur. Je n’ai pas pu lui dire au revoir. Certainement alertée par mes cris, Rehyma a apparu et m’a vue accroupie dans les bras de Georges en larmes. J’étais orpheline de mère. J’avais tellement mal. Je vis Rehyma couler des larmes et se rapprocher de nous avant de nous serrer. J’avais besoin d’eux plus que jamais.

Georges a récupéré les affaires de maman à la prison et apparemment elle avait tout bien calculé depuis le début. Son suicide était vraiment prémédité. Elle m’a laissé une lettre. Je me suis empressée de l’ouvrir pour y voir ma plus grande douleur. Elle me rend responsable de son acte ignoble. Elle m’accuse de l’y avoir poussé. Elle ne m’a jamais pardonné le fait que je l’ai dénoncée à Georges et la police. Elle me hait tout simplement. Voilà ce que j’ai reçu comme cadeau d’adieu. Je me sens juste brisée. Je ne regrette rien de mes actes mais je me rends compte que jusqu’à son dernier souffle elle a été encore une fois égoiste. Elle refusait de me recevoir à chaque fois que je lui rendais visite. Depuis la gifle qu’elle m’a donnée, je n’ai plus jamais revu ma mère physiquement. Je n’ai plus entendu sa voix. Dieu seul sait combien elle me manque. 

Je n’arrive pas à encore extérioriser ce que je ressens. Rehyma a repoussé son voyage à cause de tout ce qui se passe et je lui en suis reconnaissante car j’ai besoin d’être entourée. Je me sens mal et vide à la fois. C’est bizarre comme sentiment. Je pleure pour une personne qui m’aura détesté toute sa vie. La vie est vraiment bizarre. Elle a beau faire tout ce qu’elle a fait, un fait reste indéniable : elle est ma mère et je l’aime autant qu’elle m’a haie. George veut que je prenne une décision pour son corps mais je ne veux pas. Je ne peux pas. Je ne sais même pas si j’ai envie de lui dire adieu. Je suis perdue. J’aurai juste aimé avoir une meilleure mère.

Tandis que certains seraient entrain de chérir certains moments partagés avec leur mère, moi je ne peux le faire car j’en ai pas tout simplement et je me trouve bête d’un coup. Elle a voulu partir ? On fera alors comme elle voudra. Je me suis détachée des bras de Rehyma et j’ai regardé George.

-« Je crois que je sais ce que je veux »
-« Pour ? »
-« Maman »
-« Qu’as-tu décidé ? »
-« Qu’elle soit enterrée le plus rapidement possible »
-« Bien »
-« Et je ne veux pas assister à cela »
-« Mélissa je ne pense pas que ça soit une bonne idée » dit Rehyma
-« …. »
-« Tu t’en voudras de ne pas lui avoir dit au revoir »
-« ce n’est pas grave Rehyma. Je ne veux pas y assister. Elle ne s’est jamais soucié de moi. Même en causant cet acte, elle n’a pas pensé à moi. Elle est morte aujourd’hui et je suis profondément peinée mais je refuse d’assister à cela »
-« Méli tu dois dire au revoir à ta mère »
-« Non. »

Je me suis couchée à nouveau sur le lit en serrant le doudou de Rehyma posé sur son lit. Je ne veux pas assister à son enterrement. Je ne veux pas.

Rehyma: Le choix de...