Chapitre 35

Ecrit par YadRosa

             **Flora Bernice Dougnon**

Ça fait plusieurs jours que je suis à l'hôpital. Je ne me rappelle pas de ce qui s'est passé mais je sais que c'était grave. L'homme que je n'avais pas reconnu le jour où je me suis réveillée, dit qu'il s'appelle Stéphane et qu'on a un enfant ensemble. Pourtant, je ne me rappelle pas m'être mariée. Pourquoi je ne m'en souviens plus ? 

  Je m'ennuie et cette odeur de médicament à longueur de journée me mets mal à l'aise. Je suis couchée dans mon lit, une télécommande en main, je zappe les chaînes sans trop savoir ce que je recherche. J'ai vraiment envie de rentrer chez moi... Mais où ? 


La porte s'ouvre et Liliane entre dans la pièce. Je suis tellement heureuse de la voir que je laisse tomber ma télécommande. 


Moi : Lili !

Elle fronce les sourcils et s'approche en me regardant bizarrement.

Liliane : tu... tu te souviens de moi ? 

Moi : oui, bien sûr. C'est quoi cette question ? 

Liliane : euh... non, c'est rien. 


Elle me sourit et vient s'asseoir près de moi sur le lit. 


Liliane : tiens, je t'ai apporté des chocolats. Ceux que tu aimes ! 

Moi : c'est vraiment gentil à toi. Et Prisca ? Pourquoi est-ce qu'elle n'est pas là ? 

Liliane : euuh, tu dis Prisca ? 

Moi : oui, évidemment. Pourquoi ? Elle a eu quelque chose ? 

Liliane : non non, bien sûr que non. Elle est en voyage, mais elle viendra bientôt te voir. 


Sa voix est bizarre. Je sens que quelque chose se passe. D'ailleurs ils me cachent quoi eux tous ? Déjà qu'on refuse de me dire comment je me suis retrouvée dans ce lit d'hôpital... 


Moi : Prisca devrait arrêter de voyager autant. D'autant plus que le viol est récent. J'ai tellement de peine pour elle.

Liliane ( surprise) : viol ? Prisca s'est faite violer ? 


La porte s'ouvre à ce moment et Stéphane entre, suivit du médecin. 

Stéphane : oh Liliane, je ne savais pas que tu étais là. Bonjour ! 

Liliane : bonjour. Je devais me rendre en cours donc j'ai voulu passer la voir avant. J'espère que tu vas bien. 

Stéphane : oui. J'ai réussi à me reposer un peu. Laissons Flora avec le médecin un moment s'il te plaît. Allons dans le bureau. 

Liliane : d'accord ! 


Elle se tourne vers moi. 


Liliane : je reviendrai demain te voir. Portes toi bien. 



(...)

Dans le bureau...


Liliane : elle m'a reconnu ! 

Stéphane : ah bon ? Ça ne m'étonne pas vraiment. Le médecin vient de m'informer que certains souvenirs refont surface. D'ici quelques jours elle redeviendra la Flora qu'on connaît tous. 

Liliane : je l'espère vraiment. Mais une chose m'intrigue. Elle a dit que Prisca s'était faite violé. 

Stéphane (surpris) : viol ? Quand ? 

Liliane : aucune idée. Mais je ne pense pas que ce soit un truc récent. J'ai l'impression que flora est enfermée dans le passé. Elle a  demandé pourquoi Prisca n'était pas venue la voir. 

Stéphane : je vois. C'est déconcertant. Mais bon, nous allons découvrir de quoi il s'agit. Je vais engager un détective pour ça. 

Liliane : humm, toute ça ne sent pas très bon. Nous devons être vigilants et aussi protéger Flora. 

Stéphane : tu as sûrement raison. Je m'occupe de ça. Tu as discuté avec Franck ? 

Liliane : oui. Il va nous aider. Nous allons bientôt découvrir ce que nous cache Prisca.



              **Lucas Pereira**

Je viens d'arriver à Lomé. Tout s'est très bien passé, exactement comme je l'imaginais. Je me rends dans ma villa privée. J'ai un petit entretien avec Olamide avant de rentrer chez moi. Ma limousine se fraye un chemin dans la ville bondée de Lomé. En un rien de temps, je suis dans la villa, dans mon fauteuil roulant. Il faudra que je l'utilise quelques jours encore, histoire de rendre crédible mon mensonge sur l'opération que je viens de subir. 


Olamide est déjà sur place. Il a intérêt parce que je n'ai pas de temps à perdre avec lui. 


Moi : alors l'ami ! On est en avance ? 

Olamide : bonjour. 

Moi : assied toi. La conversation sera longue. 


Il me fixe un moment et s'assied. 


Moi : je vais te laisser la chance de t'expliquer ok ? Tu vas me dire toi même tout ce que tu sais sur Liliane et si ce que tu me racontes ne concorde pas avec ce que mon détective à découvert, tu vois cette arme ?Je vais vider son contenu dans ton corps.

Je lui lance un sourire machiavélique. Il a l'air stressé. Je dirais même qu'il a peur. Oui, c'est normal. Je ne suis pas n'importe quel homme et Olamide le sait !

Moi : tu as perdu ta langue ? OK, je vais un peu t'éclaircir la mémoire. Cette femme : Liliane. C'est la cousine de Prisca n'est ce pas ? Et à ce qu'il paraît, tu as essayé de la violé ! Je continue où tu termines ? 


Il est étonné d'entendre ce que je viens de dire et ça m'enchante. Ce que Chief Olamide et Prisca ignorent, c'est que j'ai fais placé des caméras de surveillance partout dans les maisons que je leur ai offert. De ce fait, j'ai un contrôle direct à tout ce qu'ils font là-bas. Lorsque mon détective a découvert que Liliane s'appellait Houngbe, ça m'a surpris parce que Prisca à le même nom de famille. 

J'ai donc poussé les recherches et j'ai découvert que c'était sa cousine. Automatiquement j'ai demandé à ce qu'on vérifie sur les vidéos de surveillance voir ce qui s'est passé ces dernières semaines et bim ! J'ai vu ce que ce porc d'Olamide a voulu faire à cette femme. Je ne suis pas mieux mais jamais je ne permettrai que quelqu'un est forcé la femme qui me plaît. Celle que je convoite depuis quelques jours. Ça, je ne l'accepte pas ! 


Moi ( hurlant)  : tu vas parler ? 

Olamide : je... en ce moment, j'ignorais que c'était la cousine de Prisca. Elle me l'a caché. 

Moi : même si tu pensais que c'était une SDF, ça te donne le droit de vouloir la violer ? 

Olamide : mais monsieur !? 

Moi : tu sais quoi ? Je vais kidnapper ta fille et un de mes hommes va la baisé jusqu'au saignement. Je t'enverrai ensuite la vidéo. 


Il se lève d'un bond, le regard menaçant. Satisfait, je croise mes pieds en le regardant de haut. 

Olamide : ne fais pas ça ! 

Moi ( riant) : ah, donc tu me tutoies maintenant ? Ce n'est pas bien de manquer de respect à son patron mon Chief. 

Moi(sur un ton grave ): rassieds toi ! 

Olamide : je suis désolé. Je ferai tout ce que vous voulez mais ne touchez pas ma fille. 

Moi : voilà qu'on se comprend ! Tu sais pourquoi je ne te tue pas là maintenant ? Ce ne sont pas les raisons qui me manquent hein, saches le ! J'ai un tas de raison de te foutre une balle dans la tête mais je ne le ferai pas. Pas encore en tout cas ! 


Je me lève de mon fauteuil et je me poste derrière lui. C'est bizarre qu'il sue malgré l'air conditionné. Pff, un trouillard ! 


Moi(chuchotant à son oreille) : tu sais ce que je veux ?

Olamide ( mâchoire crispée) : non ! 

Moi : que tu m'apporte Liliane ici ! Dans trois jours ! 

Olamide : mais, c'est carrément impossible ! Je ne peux même pas l'approcher, elle risque de me reconnaître et me balancer à la police. 

Moi : je me fiche de savoir comment tu vas t'y prendre mais ramène la moi. Sinon.. ta mignonne petite fille payera les pots cassés. Maintenant hors de ma vue ! 


Il se lève lentement et se dirige vers la sortie. Que le jeu commence ! 



          **Prisca Houngbe**

Moi : il est devenu complètement fou ou quoi ? 

Chief Olamide : je n'en sais rien. J'en ai marre de ses ordres à la con ! 

Moi : il faut absolument que je lui parle. Flora et Liliane sont meilleures amies maintenant. Si jamais Liliane apprend que Lucas est le père de Stéphane, ça sera une catastrophe. Ils ne doivent pas se rencontrer, en aucun cas ! 

Chief Olamide : je te dis que je viens de quitter la villa. Il étais très sérieux. Si je ne lui emmène pas cette traînée, il risque de faire du mal à Denise. Ma fille !

Je deviens pensive tout à coup. Lucas a vraiment perdu la tête. Mais qu'est ce qui le prends bon sang ? De toutes les filles de cette ville c'est seulement sur Liliane qu'il a pu jeter son dévolu ? Le pire c'est que je connais Lucas. Lorsqu'il s'entiche de quelqu'un, c'est autre chose. Il faut vraiment que je mette mon plan à exécution. Je ne peux permettre qu'ils se rencontre. Liliane n'a pas le droit d'avoir tout ce que je convoite ! 


Moi : écoute, nous ne pouvons pas les laisser se voir. Je dois parler à Lucas. 

Chief Olamide : s'il apprend que je suis venu te voir ça va tourner au vinaigre. D'ailleurs il n'acceptera pas te voir. 

Moi : ok mais on peut faire quelque chose sans qu'il soit au courant. On en sortira gagnants ! 

Chief Olamide : tu proposes quoi ? 

Moi : j'ai un plan ! 



              **Kelvin Wilson**

Je suis dans mon bureau, pensif. Une semaine que Maëlys est dans le coma. Les médecins disent que son état est stable mais elle peut rechuter à n'importe quel moment. La police a commencé a enquêter sur le drame. Le seul fait de penser qu'elle pourrait mourir me glace le sang. Je ne connais aucun membre de sa famille, aucune connaissance à part Virginie. 


Ah Virginie... ! 


Cette fille m'a fait une scène hier à l'hôpital. Elle m'accuse d'être le responsable de ce qui s'est passé. Elle a en partie raison. Si je n'avais pas fait ma tête de mule, si je n'étais pas sortie avec cette fille...il ne c'est pourtant rien passé entre elle et moi. Je voulais passer à autre chose. Redevenir le Kelvin que j'étais avant d'avoir rencontré Maëlys mais... 

Je ne sais même plus à quoi penser. Comment me racheter ? 


Ma secrétaire entre dans mon bureau, m'arrachant à mes réflexions. 


Secrétaire : monsieur, une dame demande à vous voir. 

Moi : qui est-ce ? 

Secrétaire : une certaine madame Wilson. 


Il ne manquait plus que cette femme pour rendre mon existence encore plus chaotique. 


Moi : faites la entrer. 


Tout ce qui se passe actuellement est de sa faute. Si elle n'avait pas réapparu dans ma vie, jamais Maëlys et moi ne nous serions disputés. 

Elle entre enfin. Je suis surpris de la voir aussi calme, presque effrayée. C'est sûrement encore un de ses scénarios. 


Elle : salut.

Moi (froidement) : assieds toi ! 


Elle prend place lentement, fuyant mon regard. Son attitude me déconcerte de plus en plus. Il s'est passé quoi pour qu'elle ait l'air si différente. Je l'observe un moment. Elle porte une robe en pagne simple, un petit sac à main, pas de maquillage ni de lunettes. Elle est complètement différente de la femme qui avait franchi cette porte quelques semaines plus tôt. 


Elle : je suis ici parce que... je... 


Sa voix se brise et une larme roule sur sa joue. Je suis surpris, soudain prit de compassion. Mais je me reprend aussitôt. Il n'est pas question que je tombe encore une fois dans son piège. 

Je la regarde, muet. Qu'elle finisse son cinéma et je lui dirai une bonne fois pour toute ce que j'ai sur le coeur. 


Elle : j'ai quitté ton père. 

Moi : ça ne m'étonne pas.

Elle : je me suis enfuie ! 


"Ça, ça m'étonne."


Elle : Franck, je suis ici parce que je veux te demander pardon. Pardon pour la mère négligeante que j'ai été. Je sais, si tu es l'homme que tu es aujourd'hui, si tu brise le coeur aux femmes, si tu as peur de t'engager, c'est uniquement de ma faute. J'ai nourris cette haine en toi et je m'en veux affreusement aujourd'hui. Je ne t'ai pas protégé lorsque ton père te battait, j'aurais dû m'opposer à lui, prendre soin de toi. 


J'ai du mal à croire ce que j'entends. Les larmes coulent à présent sur ses joues ridées. Des larmes silencieuses mais dans son regard, je peux lire de l'amertume, une profonde tristesse. Je prend un mouchoir et je le lui tend. Elle le prend en me remerciant.

Moi : pourquoi tu l'as quitté ? Pourquoi tu viens t'excuser après tant d'années ? 

Elle : tu ignores une choses sur ton père Kelvin. C'est un monstre. 


Je me mets à rire. Un rire nerveux. 


Moi : je l'ai toujours su. Je suis le mieux placé pour le savoir.

Elle : il est pire que ce que tu crois. Ton père ne nous a jamais aimé. Lorsque tu as quitté la maison, j'étais anéantie. J'avais peur de lui Franck, peur qu'il me fasse tu mal si j'essayais de prendre ta défense lorsqu'il te battait. Mon calvaire à commencer cette nuit : lorsqu'il est rentré et que tu n'étais pas là. Je devais me plier à ses ordres. Être la femme soumise et muette qu'il a toujours voulu. La nuit, il me battait, il me prenait par force des fois. J'étais devenue méconnaissable. Quand il entrait à la maison, complètement saoul, c'était le calvaire. Un jour, il m'a tellement battu que j'ai perdu connaissance. C'était avec un fouet. J'ai encore les marques dans le dos.


Une rage soudaine s'empare de moi. Mon père ne m'a jamais aimé, ça je l'ai toujours su. Il me répétait à chaque fois que j'étais un incompétent, une charge pour lui. Je me souviens vaguement des yeux brillants de ma mère lorsqu'il me battait à m'en rompre les os. Elle se retenait de fondre en larmes. Mais elle ne disait rien, me laissait souffrir. Je ne lui ai jamais pardonné ce manque d'attention à mon égard. Je n'ai pas connu l'amour, jamais. Tout ce que j'ai reçu de mes parents, c'est mépris, haine, torture. J'ai vécu le pire, martyrisé par mon géniteur alcoolique. Alors comment, comment pourrais ressentir de la pitié ? Même pour cette femme, celle qui m'a fait sortir de ses entrailles et qui m'a laissé me faire dévorer chaque jour un peu plus par le loup. 


Elle : j'ai vécu ainsi, toutes ces années.

Moi : pour qui tu n'es pas partie ?

Elle : Je n'avais nul part où aller. Que serais je devenue si je fuyais. J'ai donc supporté. J'ai fini par m'habituer à ses coups, m'habituer à être violer par mon propre mari presque toutes les nuits. Un jour, il est revenu à la maison avec une valise remplie d'argent. Il n'a jamais voulu me dire d'où il sortait autant de billets violets. Nous avons déménagé et à un moment, j'ai crû qu'il avait changé. Je voulais que tu reviennes, que nous formions une vraie famille. Mais c'était trop beau pour être vrai. 


Moi : que s'est il passé ? 

Elle : il a catégoriquement refusé que tu reviennes. Il a même dit que...que.. tu n'étais plus son fils. Je n'ai pas insisté de peur qu'il ne recommence à me battre. Les jours, les semaines puis les mois passaient. Tout allait pour le mieux mais c'était éphémère. Ton père est encore rentré un soir, totalement saoul. 

Moi : pourquoi ?

Elle : il avait perdu une somme exorbitante. Selon ce qu'il m'a dit, c'était l'argent de son patron qu'il devait remettre à un architecte pour la construction d'un immeuble. Je ne sais pas si c'était vraiment vrai, mais il est redevenu celui qu'il était avant. Il avait recommencé à boire et à me battre. Puis un jour, il m'a appelé pour discuter. 


Flash-back... 

Papa Kelvin : tu dois m'aider à retrouver Kelvin. 

Maman kelvin( étonnée) : mais... comment ça ? Tu avais dis que tu ne veux plus le voir. Qu'il n'est plus ton fils. 

Papa kelvin : oui, mais j'ai changé d'avis. C'est mon fils. Je veux qu'il revienne. 

Maman Kelvin : dis moi vraiment pourquoi tu veux qu'il revienne. Je te connais. Je sais que tu ne peux pas changer aussi rapidement d'avis à moins que tu n'aies autre chose en tête. Dis moi la vérité.

Papa Kelvin(baissant la tête) : hummm... mon patron menace de m'enfermer si je ne lui retourne pas l'argent que j'ai perdu. J'ai vu la photo de kelvin dans un journal. Paraît il qu'il est plein aux as maintenant. Il pourrait nous aider... 


Fin du flash back...

Moi : donc c'est pour ça que tu es réapparue ? Pour me soutirer de l'argent ? 

Elle ( pleurant) : oui. Je me suis opposée à ça mais il a recommencé à me battre de plus belle. Je n'avais pas le choix Kelvin. Mais à présent c'est fini. Je ne peux plus le supporter. Je refuse de mourir un jour dans les bras de ton monstre de père !

Moi : hummm... 

Elle : je ne te demande rien. Je voulais juste te dire la vérité. Maintenant, tu es au courant de tout. J'espère juste que tu pourras me pardonner. Trouves un petit coin dans ton coeur et pardonne moi. Vis ta vie, sois heureux mon fils. Adieu ! 


Elle s'est levée et après m'avoir regardé longuement, elle a ouvert la porte et est sortie. 


Je suis sous le choc. Que dire ? Que faire ? Poussé par un élan invisible, je m'elance vers la sortie. Elle entrait déjà dans l'ascenseur, le visage baigné de larmes. 


Moi( hurlant) : maman ! Ne pars pas !






Une vie de pute : To...