Chapitre 35 : Et si ?
Ecrit par Mayei
Chapitre 35 : Et si ?
…Émilie...
J’ai passé toute la journée à me poser des questions. Je ne voulais pas mettre les bœufs avant la charrue mais quelque chose me dérangeait dans vraiment dans tout ce qui se passait. La réaction de Nadège avait été un peu trop brusque et suspecte, surtout qu’elle avait raccroché comme ça lorsque je lui avais demandé des nouvelles de la vieille. Elle me dira certainement que c’est le réseau mais je suis persuadée que c’est elle même qui a coupé la communication. Devrais-je attendre pour qu’on se rencontre à la maison et ensuite aller à l’hôpital comme il l’avait dit ou devrai-je faire toute autre chose ? C’était trop pour moi, je décidais de joindre la maison de ma belle-mère sur le fixe. Heureusement que je gardais bien le numéro. J’allais voir si elle était présentement à la maison ou à l’hôpital. D’un côté de m’en veux de faire ça sans que Jérôme n’en soit informé. Ça revenait à mettre sa parole en doute mais d’un autre coté on n’est jamais bien prudent.
« Allo ? »
Moi : bonsoir je peux parler à maman Sandrine ?
« Elle n’est pas là ! C’est qui ? »
Moi : c’est la fille d’une de ses amies. Je voulais passer à la maison pour déposer des courses que ma mère a fait parvenir pour elle. Tu sais à quel moment elle rentrera ?
« Je ne sais pas hein. Elle est sortie hier dans la nuit avec sa fille et depuis elles ne sont pas revenues »
Moi : hum ok ! Quand elle reviendra dis-lui que j’ai appelé et que je rappellerai plus tard.
« Votre nom...
Je raccrochais ! Je n’avais pas l’intention de décliner mon identité. J’avais appelé tout juste pour vérifier si ce que Jérôme m’avait dit était vrai. Elle était sortie avec sa fille hier dans la nuit. Il ne peut que s’agir de Nadège. Cela coïncidait avec le coup de fil qu’avait reçu Jérôme avant de quitter le lit. C’est étrange pourquoi la fille de ménage n’a pas dit qu’elle a fait un malaise mais tout simplement qu’elle est sortie. Je dois sûrement me faire des films et chercher des poux dans des cheveux tout simplement sains. J’attendais jusqu’à ce que l’heure de rentrer arrive. Je n’avais pas du tout été productive en cette journée toutes mes idées étaient portées sur ce que m’avait dit mon mari. Il ne me ment pas et de n’est pas maintenant qu’il le fera. Je le connais aussi bien que je me connaissais moi-même.
Avant de quitter le boulot j’ai essayé de le joindre sur son téléphone mais aucune réponse. J’ai essayé au bureau et c’était la même chose. J’ai essayé encore et encore au point de désespérer mais aucune réponse. Je décidais donc de rentrer après lui avoir composé un message :
« J’essaie de te joindre depuis. Rappelle-moi, nous devons aller voir ta mère ensemble »
Jusqu’à ce que je rejoigne la maison, Jérôme ne m’avait toujours pas contactée. Je montais prendre une douche et me changer pour l’attendre au salon. Comme ça dès qu’il viendra nous pourrions y aller en même temps. Il était 18 heures mais jusqu’à 19 heures je ne voyais point de Jérôme encore moins des appels de lui. Je le rappelais mais comme à ma descente il n’y avait pas de réponses. A vingt heures je désespérais, les visites devaient sûrement être terminées. Je montais les escaliers pour retirer mes vêtements quand monsieur décida enfin de montrer le bout de son nez en m’appelant ! ah ! il s’était finalement souvenu qu’il avait un téléphone qu’il pouvait utiliser à sa guise. Je laissais sonner comme il avait décidé d’ignorer mes appels. J’étais bien trop en colère pour dire quoi sur ce soit. J’avais déjà pris une douche mais un bain s’imposait pour que je puisse digérer cette affaire.
Je mis des bougies tout autour de la baignoire et actionnais le diffuseur d’odeur. J’avais choisi la lavande. J’attendais l’excuse qu’il allait venir me donner. Une fois dans l’eau du bain, je fermais les yeux pour laisser mon corps bénéficier de cette séance de bonheur, je sentais la colère me quitter peu à peu mais cette angoisse la persistait. « Ta rivale accoucheras avant sur tu n’aies toi-même donné un enfant à ton mari ». Cette phrase tournait en boucle dans ma tête. Je ne croyais rien de ce qu’avait dit cette sorcière alors je ne comprenais pas pourquoi cette phrase venait me hanter. Jérôme ne pouvait pas me tromper au point de pousser le bouchon à faire un enfant avec une autre, sachant qu’aucun de nous deux n’est responsable du fait que nous n’ayons pas d’enfants. Tous les tests que nous avions faits n’ont rien montré d’anormal chez lui ou chez moi. Il nous fallait tout juste être patients.
La porte de la douche s’ouvrit lentement et malgré la forte odeur de lavande, je pus percevoir celle du parfum de mon homme. Je serais automatiquement la mine pour qu’il sache dès le premier abord, la nature du sentiment qui m’animait présentement.
Jérôme : je...je suis désolée Emmy ! J’ai oublié mon téléphone dans la voiture et ça m’était complètement sortit de la tête que nous devions nous rendre ensemble chez maman. Je suis désolée ma puce.
Moi : ... ... ...
Il approcha et se mit à genoux près de la baignoire
Jérôme : dis quelque chose s’il te plaît !
Moi : c’est tout ce que tu as pu trouver comme excuse ? Ton téléphone est resté dans la voiture.
Jérôme : ça arrive à tout le monde ! Tu fais pareil souvent. Je m’en suis rendu comptes mais tu sais comment le parking est éloigné. Ne m’en tiens pas rancune s’il te plaît tu sais que je n’aime pas quand tu es fâchée et que tu boudes contre moi.
Moi ; humm !
Il plongea sa main dans l’eau de la baignoire qu’il dirigea entre mes jambes. Instinctivement je lui fis de la place en écartant les jambes légèrement. J’ouvrais les yeux et nos regards s’accrochaient. Son regard était sincère. Non il ne me trompait pas. Jérôme m’aimait à en mourir. Il ne pouvait me tromper avec qui que ce soit. Je me laissais aller à ses caresses. Bientôt il retirait ses vêtements et me rejoignais dans la baignoire. Mes gémissements sous ses assauts envahirent la salle de bain. Nous nous envolions pour le septième ciel et c’est complètement satisfaite que je me glissais sous les draps après m’être habillée. Jérôme se coucha près de moi et me serra contre lui.
Moi : nous irons donc la voir demain ?
Jérôme : ça ne sera pas nécessaire. C’est pour ça que j’ai duré, j’ai du la déposer à la maison. Le docteur l’a libérée.
Moi : et qu’est-ce qu’elle avait au juste ?
Jérôme : tu sais c’est la vieillesse hein ! Un bobo par ci un bobo par là. Il s’agissait d’une baisse de tension.
Moi : je vois...je ne veux pas paraître incrédule mais ce matin j’ai appelé Nadège pour prendre des nouvelles de la vielle et elle semblait ne pas savoir ce dont je parlais.
Jérôme : tu sais comment est Nadège ! Toujours tête en l’air
Moi : hum ! Tête en l’air au point d’oublier que sa mère soit malade alors que c’est elle même qui l’a transportée à l’hôpital ?
Jérôme (me serrant encore plus fort) : ne te trouble pas pour rien. Maman va mieux ! Tu pourras passer la voir à la maison si ça te tient tellement à cœur.
Moi : ok.
Jérôme m’avait répondu de façon naturelle sans bégayer ou perdre ses mots. Il ne se perdait pas dans son fil conducteur et aucune anxiété n’émanait de sa personne. Il disait forcement la vérité a moins qu’il puisse mentir de sang-froid comme ça. Avant de m’endormir cette phrase me revint encore à l’esprit « ta rivale accouchera avant que tu n’aies donné un enfant à ton mari »
Je refoulais cette idée en m’endormie à poings fermés. Au réveil Jérôme était déjà parti. Il avait laissé un mot à mon chevet. « Importante réunion ce matin. Je t’aime ». Quelle est cette réunion qui nécessite qu’il se réveille et regagne le boulot aussi tôt. Il était à peine sept heures. Décidément tout ça ne sentait pas du tout bon. Il fallait que je fasse quelque chose pour avoir des informations. Et si je le suivais cette journée pour voir où cela me mène ? Malheureusement je n’ai pas pris ma journée et appeler comme ça au dépourvu ne fait pas du tout professionnel. Je pouvais utiliser la raison médicale mais il fallait bien que je justifie par un certificat médical. Quelque chose que je n’ai pas en ma possession. Mais Noëlle peut le faire pour moi. Elle n’a pas dit qu’elle aime s’affairer ? Elle aura toute cette journée pour vaquer à ses occupations. Sans même me brosser les dents, je pris mon téléphone pour joindre ma sœur.
Noëlle : c’est comment Emmy !
Moi : tu fais quoi aujourd’hui ?
Noëlle : rien de spécial pourquoi ?
Moi : je veux que tu suives Jérôme pour moi aujourd’hui, toute cette journée je veux dire.
Noëlle : sous ce chaud soleil la Emmy ? Le suivre pourquoi ?
Moi : je vais te payer ! Dis seulement ton prix.
Noëlle : puisque tu parles ainsi. Moi je ne voulais pas te faire payer oh tu es ma grande sœur
Moi : Nono dis ton prix on va quitter ici
Noëlle : 200 mille
Moi : ok
Voilà qui était fait. Lorsque je déposais Noëlle aux environs du boulot de Jérôme, la voiture de ce dernier était bel et bien garée là. Je poussais un ouf de soulagement. Il était au moins au boulot. Moi qui pensait qu’il avait inventé cette réunion. Je retournais au boulot, un peu plus soulagée. On avait loué un taxi pour la journée lui promettant de lui renverser sa recette de la journée comme ça si Jérôme bouge, Noëlle aussi pourra bouger et le filer. Comparé à ma journée d’hier, je fus plus concentrée même si à chaque fois je jetais un coup d’œil sur mon téléphone pour voir si je n’avais pas un appel manqué de Noëlle ou si je n’avais pas reçu un message. C’est à seize heures que je reçu un message. Jérôme avait quitté le boulot et Noëlle le suivait. J’espérais du fond de mon cœur qu’il se rende à la maison ou chez sa mère même si cela signifiait que j’avais dépensé tout cet argent cadeau. Les minutes qui s’écoulaient étaient un supplice pour moi. Je stressais énormément.
Moi (décrochant mon téléphone) : on dit quoi ?
Noëlle : il est à la polyclinique
Moi : comment ça ?
Noëlle : il est en train de garer la mais je ne peux pas le suivre pour voir où il rentre. Il me reconnaîtra.
Moi (réfléchissant rapidement) : demande au chauffeur de le suivre Noëlle. Il ne connaît pas le chauffeur. Je vous rejoins tout de suite.
Noëlle : ok !
Je pris mes affaires et sortis du bâtiment sans dire au revoir à qui que ce soit. Je mettais le cap sur la polyclinique. J’espérais pour Jérôme que ce qui se passait là-bas m’allait pas me mettre de mauvaise humeur. Il me connaît. Il me connaît lorsque tout disjoncte dans ma tête. Dans ces moments-là je ne calculais rien du tout et laisser la tornade de mes émotions s’abattre peu importe l’endroit. Avec les embouteillages j’arrivais un peu plus tard à l’hôpital. Je localisais le taxi qui était garé dans le parking. Noëlle en descendit lorsqu’elle vit ma voiture. Je remis l’argent au chauffeur. Jérôme avait rejoint la chambre 209. Nous nous dirigions vers cette chambre Noëlle et moi.
Noëlle : tu as peur ?
Moi : peur de quoi ?
Noëlle : de voir ce qui se passe dans cette chambre ? Tu vas me dire que tu n’as pas vu que c’est l’étage des accouchements ?
Moi : sûrement qu’il est venu voir un ami dont la femme a accouché.
Noëlle : ok…si tu le dis !
Nous arrivions enfin devant cette fameuse porte. Mon cœur battait tellement fort que je dus marquer un arrêt et mettre la main sur la poitrine.
Noëlle : Emmy tu es sûre que tu veux faire ça ? On peut toujours se retourner tu sais !
Moi : non nous y sommes déjà !
Je frappais quelques coups avant d’ouvrir la porte. Quelle ne fut ma surprise de voir ma belle-sœur Nadège et aussi ma belle-mère qui n’était pas couchée sur un lit d’hôpital mais bien assise sur l’une des chaises réservées pour les visiteurs. Elles étaient toutes aussi surprises de me voir. La pâleur avait recouvert leurs peaux. Elles n’osaient même pas bouger. Je voyais que Nadège ouvrait la bouche mais aucun son ne sortit. Je m’avançai un peu et là j’eus le plus grand traumatisme de la terre. Je voyais couchée sur ce lit d’hôpital Stéphanie, et près d’elle se tenait debout mon mari qui tenait un enfant dans les bras qu’il berçait. Il était bien trop occupé à bercer ce nourrisson qu’il ne me vit pas. Mon regard rencontra d’abord celui de Stéphanie qui esquissa un sourire plutôt machiavélique.
Moi : Jérôme !
Jérôme (blêmissant) : Émilie ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
Moi : je pensais que c’était ta mère qui était malade mais je vois que c’est tout autre chose.
Jérôme : écoute...laisse-moi t’expliquer…
Stéphanie : expliquer quoi ? Est-ce un crime pour un homme de venir voir son enfant ?
En entendant ça mon cœur se brisa en mille morceaux ! Stéphanie avait réussi. Elle m’avait rendu la monnaie de sa pièce. Je lui avais pris sans scrupule Jérôme et elle lui avait fait un enfant pour me faire mal. Elle lui avait donné ce que je n’étais pas en mesure de lui donner. Ce qui me faisait encore plus était de voir Nadège et la belle-mère que je considérais comme ma famille. Elles étaient donc au courant de cette situation. Je regardais ces deux hypocrites qui m’accueillaient à chaque fois avec un grand sourire.
Moi : je suis tellement déçue Nadège !
Made : c’est mon frère !
Moi : c’est ce que je constate (à Jérôme) félicitation pour cet heureux évènement ! je te conseille de rester ici je n’ai pas envie de t’avoir dans les pattes lorsque que je sortirais mes affaires de notre maison.
Stéphanie : fais donc ça !
Jérôme : Stéphanie ! Arrête !
Je tirais Noëlle et nous sortions de cette chambre d’hôpital. J’avais affreusement mal mais je refusais de pleurer. Je ne pouvais pas les laisser m’atteindre. J’allais quitter Jérôme même si celui-ci était derrière moi essayant de m’arrêter dans mon élan. Je ne pouvais pas élever l’enfant d’une autre encore moins celui de Stéphanie. Moi qui pensais tout saccager une fois que j’aurais vu ce qui se passait dans cette chambre ! c’est à croire que toutes mes forces m’avaient quittée. Je m’engouffrais dans ma voiture avec Noëlle, laissant Jérôme en plan.
Noëlle : Emmy tu penses que la dame que maman t’avait envoyée voir aurait raison par hasard ? nous devons demander pardon à Nancy ? je veux dire qu’elle avait dit que ta rivale accoucherait
Moi (prenant conscience) : je n’ai pas la tête à ça ! ce n’est pas le moment.
…Monsieur Mahi…
Ma nouvelle secrétaire venait de me prévenir que mon prochain rendez-vous était là. Il s’agissait du nouveau comptable que nous avions recruté. C’était une femme. J’avais récemment lu dans un article que les femmes étaient plus à même d’être honnête dans le rôle de comptable. En effet les femmes exigeaient souvent des remords par rapport aux répercussions de leurs actes sur leurs enfants et leurs familles tandis que les hommes se laissaient souvent entrainer dans des folies sans en mesurer les conséquences. La secrétaire laissa rentrer madame Koutouan qui apparut avec le sourire. Je l’invitais à prendre place.
Moi : alors madame Koutouan êtes-vous prête à commencer le boulot ?
Madame Koutouan : à ce propos j’aimerais émettre une suggestion si vous me le permettiez.
Moi : allez-y ! j’aimerais bien entendre cette suggestion.
Madame Koutouan : j’aimerais qu’on conduise un audit afin de faire l’état des comptes avant ma prise de fonction.
Moi : et c’est une très bonne idée ! je vais mettre ça sur pied immédiatement même si j’avais confiance en monsieur Ebrothié.
Je lui tendis la main pour lui souhaiter la bienvenue dans la société. J’étais peiné de devoir me séparer de monsieur Ebrothié mais il avait tout simplement disparu de la circulation. Il avait cessé de venir au boulot depuis deux semaines et ça ne pouvait continuer ainsi, surtout que personne n’arrivait à le joindre. Je chargeais ma secrétaire de me trouver une société d’audit afin qu’ils puissent faire l’état des comptes le plus vite possible.
...Violette...
Je vais à la boutique aujourd’hui mais avant je m’assurais que le petit déjeuner soit près. Je m’occupais des enfants et Brice proposa de les déposer. Karen avait passé toute la nuit avec Aurélie. Je ne savais pourquoi elles avaient accroché autant. Sûrement que Karen cherchait depuis longtemps à avoir une petite sœur et la chaperonner. Je laissais donc les enfants aller avec Brice. Celui-ci avait permis au chauffeur de se reposer en ce matin. Je débarrassais après les enfants lorsque Karen se réveilla enfin. J’avais fait peu de bruits pour ne pas qu’elle se réveille lorsque j’avais tiré aurélie de son sommeil.
Moi : bien reposée ?
Karen : très bien ! Je suis en forme pour la journée.
Moi : et que comptes tu faire aujourd’hui ?
Karen : te suivre et ensuite aller rendre visite à des amies
Moi ; oh je vois ! Tu ferais mieux d’avaler quelque chose rapidement puisque je ne vais pas tarder à m’en aller,
Karen : pas de soucis, heureusement que j’ai pris ma douche avant de descendre. Tu vois que je connais déjà ton emploi du temps. Il me faudra seulement changer de vêtements
Chose dite chose faite. Nous prîmes ensemble le taxi. Elle ne fit aucune remarque désobligeante lorsque j’avais demandé au chauffeur de ne pas se fatiguer pour nous. Je m’attendais à ce qu’elle fasse un caprice mais me rendis compte que malgré le statut social de Martin, il n’avait pas pour autant élevé es enfants dans l’excès. Ils sont respectueux et bosseurs. Martin me parle de leurs performances scolaires tant il en est fier. Pourtant les enfants de ma sœur Rachelle ne peuvent même pas mettre les pieds chez nos parents pour les vacances sous prétexte que la maison n’est pas adaptée pour eux. Ils ne se déplacent jamais sans chauffeur. Je comprends que tout parent désire voir son enfant à l’abris de quoi que ce soit mais il y a une limite entre aimer son enfant et tout simplement l’habituer à une certaine vie.
Nous sommes arrivées à la boutique et je voyais Karen s’extasier sur la décoration qu’elle trouvait très jolie. Karen était très belle et aimait beaucoup rigoler.
Karen : je me lance le défi de te faire gagner 20 clients avant que je ne m’en aille.
Moi (amusée) : j’aimerais bien voir comment tu feras ça !
Karen (clin d’œil) : fais moi juste confiance !
Je n’avais vraiment pas à douter de Karen. Elle a bien remporté son pari. Plusieurs personnes avait défilé pour acheter un peu de tout. Au début je comptais pour jouer le jeu mais je perdis le fil. Je devais l’avoir plus souvent avec moi pour faire grimper mes ventes. Si tous les jours je faisais cette recette, je pourrais très vite m’ouvrir d’autres coins pour agrandir mon business.
Moi : quel est ton secret Karen ?
Karen : promets-moi de ne rien répéter à papa si je te le dis !
Moi : vas-y je t’écoute !
Karen : n’as-tu pas remarqué qu’il n’y avait que des hommes !
Moi ; maintenant que tu en fais la remarque ! Si !
Karen : c’est simple, je leur ai filé à tous un bout de papier avec un numéro là-dessus en faisant croire qu’il s’agissait de mien !
Moi : Karen !
Elle se mit à rire aux éclats. Je pense que je venais d’avoir une autre Nancy avec moi. Elle était bien espiègle la petite. Je comprends pourquoi elle m’a fait promettre de ne rien dire à son père. D’où lui viennent ces idées farfelues !
Moi : il ne faut pas sur ces jeunes viennent se plaindre chez moi lorsqu’ils se rendront compte de la supercherie.
Karen : ce sera trop tard on a déjà pris l’argent krktkrkrkr
Elle m’emporta dans son rire. Puisqu’il était treize heures, je lui servis quelque chose à grignoter et à boire. Après quoi elle s’en alla voir ses amies. Je restais à m’occuper tant bien que mal jusqu’à ce que l’heure de la fermeture arrive. Avant de prendre le taxi, j’envoyais un message à Nancy pour répondre au mot quel m’a dit laissez. « Je suis partante »
Je retrouvais tout le monde à la maison. Les petits d’un côté et les grands d’un autre. Ces derniers se chamaillaient en jouant au Monopoly avec Martin qui servait de banquier. La bonne humeur prévaloir. Je collais mon dos au mur pour observer ce beau tableau en ayant un baume au cœur. Ça faisait vraiment plaisir.
Lorsque nous fîmes tous les deux dans la chambre, je me relevais légèrement.
Moi : Martin j’aimerais qu’on parle s’il te plaît !
Martin : je t’écoute !
Moi : il s’agit de Richard !
Martin (le visage fermé) : qu’est-ce qu’il vient chercher la ? Il n’y a plus rien à dire à son sujet,
Moi : je sais comment tu te sens lorsque son prénom ressort dans nos conversations mais je t’en prie écoute moi. J’aimerais qu’on le relâche maintenant. Il a assez passé de temps là où il est et maintenant je suis avec toi. Je suis heureuse. Je ne veux pas traîner ce fardeau qui est d’avoir Ricard derrière les barreaux par ma faute. Il m’a fait du mal j’en suis consciente mais qui sommes-nous pour rendre le mal par le mal ? Je t’en prie parle afin qu’on puisse le libérer.
Martin : si c’est ton désire, bien sûr je sois contre, mais je le ferai. Je parlerai avec mon ami pour voir dans quelle mesure cela peut se faire.
Moi : merci ! Merci énormément Marion ! Il y’a une autre chose dont je souhaitais t’informer...
...Salomé Gnahoré...
Mr Kipré : le gardien m’a dit qu’il ne l’a pas vue sortir depuis sa prise de fonction aujourd’hui. En plus sa voiture est garée là.
Georges : vous pouvez rentrez-vous même et regarder. Ma sœur n’est pas là. Elle est tout juste sortie en taxi car la voiture a un problème.
Me Kipré : hum ! Je n’irai pas à cette extrême mais dis-lui lorsqu’elle rentrera de me joindre aussi vite que possible.
Georges : je n’y manquerai pas
Dès que Georges referma la porte après Monsieur Kipré, je sortis de ma cachette et le retrouvais au salon. Il se tenait debout et me regardait, les yeux pleins de reproches.
Moi : quoi ?
Georges : c’était quoi ça ? Pourquoi m’obliger à mentir au propriétaire ? Il y a-t-il un problème avec le loyer ?
Moi : oh non pas du tout. C’est juste que j’ai appris par le gardien qu’il passe de maison en maison pour réclamer une cotisation pour refaire la peinture de l’immeuble et je n’ai vraiment pas la tête à ça !
Georges : pourtant la peinture est toute neuve !
Moi : c’est ce que je ne comprends pas. Tu sais ces propriétaires cherchent toujours un moyen pour nous soutirer des sous.
Georges : hum ! Je suis dans la chambre. Je dois étudier les derniers examens sont pour bientôt
Moi : concentre-toi alors.
Je n’avais pas encore été en mesure de régler le loyer. Je n’avais presque plus rien. Bientôt le réfrigérateur allait être vide et je ne sais d’ailleurs pas comment j’allais y remédier. Le peu d’argent que j’avais sur moi, j’ai préféré l’utiliser pour régler la scolarité de Georges afin qu’il ne soit pas bousculé à la fin de l’année comme ça. Maintenant il me faut trouver une solution. J’ai essayé plusieurs fois de joindre Maude pour qu’elle puisse m’aider mais elle m’a carrément mise sur liste de rejet. De mon numéro je tombe toujours sur la messagerie mais lorsque j’essaie avec celui de Georges ça sonne pourtant. Il faut dire que je l’ai bien mérité. C’est ainsi que je traitais ses appels lorsque je ne voulais plus entendre parler de l’agence. De toutes les manières j’ai décidé de me rendre moi-même à l’agence pour parler avec Jeff, quel que soit la façon dont il me recevra. Qu’est-ce que j’y pouvais bien ? n’était-ce pas moi qui étais dans le besoin ? J’avais besoin de Maude pour qu’elle puisse lui parler et qu’il ne m’accueille pas avec une mauvaise mine. Mais ça c’était ma seconde option. J’avais un premier plan que je comptais utiliser avant. Même si cela revenait à mettre ma fierté de côté, je le ferai tout simplement.
La sonnerie de la maison se mit à retentir. J’eus peur que ce soit encore Monsieur Kipré. Du coup je me demandais si j’avais pensé à haute voix et s’il avait entendu ma voix. Je me levais tout doucement et à pas de loup, j’approchais la porte et regardais à travers l’œil de Juda. J’étais surprise de voir Violette, Nancy et Linda devant ma porte. Qu’est-ce qu’elles faisaient là ? Si je ne répondais pas à leurs appels c’est que je n’avais pas envie de leur parler encore moins les voir. Nancy approcha et sonna de nouveau. Georges sortit à ce moment pas, je lui fis signe de s’en aller. Comme personne n’ouvrait, je ne fis pas surprise que Nancy m’appelle sûrement pour me signifier qu’elles étaient devant chez moi. Je laissais sonner jusqu’à ce que ça coupe. Elle relança l’appel encore une fois. Heureusement que mon téléphone était sur silence. Dans le cas contraire elles m’auraient prise la main dans le sac. Elles finirent par s’en aller après que Nancy m’ait laissé un message dans lequel elle disait :
« Nous sommes passées chez toi mais il n’y avait personne. Aux messages tu ne réponds plus, les appels tu ne les retournes pas. J’espère au moins que tu vas bien. Nous nous inquiétons »
J’étais navrée de susciter ce sentiment-là chez elles mais j’avais besoin d’être loin d’elles après tout ce qui s’est passé. Ce n’est pas leur faute, c’est la mienne mais avant que mes fautes rejaillissent sur elles il fallait que je m’en aille. J’avisais l’heure sur ma montre, j’avais encore assez de temps pour me tenir prête et rejoindre mon lieu de rendez-vous. En même temps, ce n’était pas un rendez-vous en tant que tel j’allais juste tenter quelque chose et voir si cela ferait de l’effet.
Lorsque l’heure se présenta, je pris soin de mettre quelque chose de class comme vêtement. Je sortis de la maison en faisant très attention. Je regardais de gauche à droite pour m’assurer de ne pas tomber sur Monsieur Kipré pour qui je suis devenue persona non grata. Je m’engouffrais dans ma voiture. Voilà une autre dépense aussi. Le carburant qui ne cessait d’augmenter. Soudain l’idée de vendre ma voiture se présenta à moi. Mais je venais tout juste de l’avoir ! Ça allait me déchirer le cœur de la vendre aussitôt pour ensuite reprendre le taxi comme toutes les fois passées. Je n’avais même pas bien profité en plus. Je rangeais cette idée dans un coin de ma tête avant de démarrer.
Je terminais ma course en garant sur le bas-côté de la voie. Je ne savais pas comment cela allait se passer mais j’espérais tout simplement qu’il puisse m’écouter dans un premier temps et s’il le pouvait, m’aider du mieux qu’il le pouvait. Je descendis de la voiture et peu sure de moi je marchais jusqu’à rejoindre le portail. Hésitante j’envoyais mon doigt faire retentir la sonnerie pour signifier que quelqu’un était là. Le portail s’ouvrit sur une jeune fille immensément belle, de teint clair. On ne pouvait détourner son regard de ses yeux tant ils étaient magnifiques. J’imaginais l’effet qu’elle faisait aux hommes si moi-même elle me touchait autant. Mes espoirs volèrent en éclats. Avait-il déménagé ?
La fille ; bonsoir puis-je vous aider ?
Moi ; désolée de vous déranger. Je souhaitais voir un ami mais sûrement qu’il n’habite plus ici.
La fille : est-ce Rachidi votre ami ?
Moi (une lueur d’espoir) : oui c’est bien lui ! Avez-vous sa nouvelle d’adresse ?
La fille (souriant) : il n’a pas déménagé ! Il habite toujours ici. Mais rentrez il prend sa douche il ne tardera pas à être là.
Moi : euh…ok
Cette fille était-elle la servante de Rachidi ? Depuis quand avait-il considéré prendre une servante ? Elle était bien trop belle pour faire ce métier tout de même. Elle m’invita à la suivre. Je rentrais donc dans la maison et constatais avec stupeur tout le changement qui avait été opéré dans la décoration de cette maison dans laquelle j’avais vécu par le passé. Il y avait un plus. Je ne savais pas comment décrire ça. Il y avait comme une touche de class, qui avait été ajoutée à cet appartement.
La fille : prenez place ! Je vous apporte quelque chose à boire ?
Moi : non ça ira merci. Je viens de la maison comme ça.
La fille : ah d’accord
Elle prit la télécommande et mit la télévision en marche sûrement pour ne pas que je m’ennuie toute seule en attendant Rachidi. Même la télévision avait changé. C’était les écrans plats de 60 pouces. Vous savez les nouvelles générations là. Rachidi avait-il réussi à mettre sa société sur pied pour bénéficier de tout ceci ? Un an était passé. Avait-il réussi comme ça en un an avec une nouvelle société qu’on met sur place. Je regardais donc la télévision pour passer le temps et amoindrir mon attente.
« Salomé ? »
Je détournais mon regard de la télévision pour le porter sur Rachidi qui venait de se présenter à moi. Je me levais par réflexe. Il me regarda longtemps sans parler. Je ne brisais pas le silence non plus.
Rachidi : comment vas-tu ?
Moi : j’ai connu mieux si on peut dire ça ainsi !
Rachidi : mais assieds-toi, ne reste pas debout.
Je m’assis pendant qu’il interpella la jeune fille en appelant son prénom à haute voix. Elle s’appelait Mira.
Rachidi : Mira je te présente Salomé une très bonne amie à moi.
Mira : enchantée Salomé
Rachidi : Salomé je te présente Mira, ma fiancée
Moi (surprise) : enchanté mira (à Rachidi) je ne savais pas que tu étais fiancé
Rachidi : ça s’est fait récemment.
Mira ; je vous laisse discuter, je suis dans la chambre.
Rachidi : ok
Rachidi était fiancé ! Je n’arrivais pas y à croire. Je pense que ça sera un peu plus difficile d’effectuer ce pourquoi j’étais ici. Je comptais jouer sur le fait qu’il ressente des sentiments pour moi pour lui exposer mon problème. En gros je comptais jouer sur les sentiments pour faire entendre ma cause. Mais s’il est fiancé c’est qu’il aime cette fille et par conséquent ses sentiments pour moi ne sont plus existants ou ont dû baisser. A moins qu’il ne m’aime toujours et s’est mis avec cette fille comme ça. Cela m’étonnerait car je n’ai pas connu Rachidi hypocrite. C’est oui ou non avec lui. Tout doit être limpide comme l’eau de roche.
Rachidi : qu’est-ce qui t’emmène ?
Moi : je sais que la dernière fois...
Rachidi : excuse-moi de te couper la parole mais en parlant de la dernière fois Salomé, je veux te présenter mes excuses de façon sincère. Je me suis conduis en lâche ce jour-là. Je me suis laissé conduire par la colère. Je sais que c’est minable de tout rejeter sur le fait que je n’aie pas pu maîtriser mon ressenti. Dès que je suis rentré sur Abidjan j’ai essayé de te joindre mais ton ancien numéro tu ne l’as plus. Et lorsque tu es partie d’ici je n’ai jamais su où tu vivais. Du coup c’était tout simplement impossible de te retrouver pour te présenter mes excuses. J’aurais dû ce soir-là me comporter comme un vrai ami. Mais je me suis transformé en un bourreau faisant fi de ce que tu ressentais. Je t’en prie trouve au fond de toi la force de me pardonner sinon je n’aurai pas l’esprit tranquille.
Moi (touchée) : je te comprends ! La surprise a été de taille et il faut dire que j’ai abusé avec mes mots. Mais tu sais c’est la vie, les surprises en font partir mais crois moi je t’ai déjà pardonné. Je me suis sentie humiliée un moment mais tout compte fait je l’avais bien cherché.
Rachidi : je ne veux pas te faire la morale ou te dicter quoi faire mais Salomé tu mérites beaucoup mieux que ce boulot dégradant. Qu’est-ce qui est passé avec pat ? Comment t’es-tu retrouvée là ?
Moi : mon âge ! Il a besoin de fille plus jeune. Mais j’ai besoin de ton aide. Je sais que tu me trouveras opportuniste ou encore égoïste. J’ai conscience d’abuser de ta générosité.
Rachidi : tu peux me demander tout ce que tu veux Salomé.
Moi : après Malabo j’ai quitté ce boulot dégradant comme tu le dis. Te retrouver dans cette chambre a été la sornette d’alarme dans mon esprit et là je n’ai plus rien. Beaucoup de chose se sont passées dans ma vie. J’ai revu mon père tu sais ! Il m’avait déjà pardonnée mais le lendemain de ce moment joyeux, il a tout simplement perdu la vie. J’ai pris mon frère avec moi. Il n’allait plus à l’école. Je ne voulais pas qu’il finisse comme moi alors je l’ai pris avec moi. Je me suis occupée de sa scolarité en me basant sur mon boulot avec pat et tout a volé en éclat. C’est pour ça que je me suis retrouvée à faire cet autre boulot, pour pouvoir subvenir à mes besoins, payer le loyer, m’occuper de Georges. Mais là je n’ai plus rien. Je ne sais même pas comment faire pour remplir mon frigidaire ce mois-ci sans compter que le propriétaire de la maison me poursuit pour le loyer. (Éclatant en sanglot) je suis perdue ne je nais pas à quel saint me vouer.
Rachidi s’empressa de me prendre dans ses bras. Il essaya de me calmer en me parlant tout doucement. Il s’éloigna de moi un instant et prit le paquet de mouchoir qui était posé sur la table à manger. J’en prie quelques tissus et essuyaient mes larmes. J’étais sûre que mes yeux étaient bien rouges et gonflés. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pleuré. Même aux funérailles de mon père ça avait été difficile de couler des larmes.
Rachidi : je sais que ton rêve a toujours été d’être mannequin mais on est d’accord que cette carrière te ferme les bras. Il n’y a pas quelque chose d’autre que tu aimes ? Un autre métier qui t’attire.
La conversation que j’avais eue une fois avec Georges me revint à l’esprit et ce fut comme un déclic.
Moi : hôtesse de l’air !
Rachidi : ce n’est pas mal. Écoute renseigne toi sur la formation et si ça te plaît vraiment nous en reparlerons pour voir dans quel mesure je pourrai t’aider. Pour ce qui est de ta maison, il te faut combien de temps pour avertir le propriétaire sur tu souhaites déménager ? J’ai un ami qui a une société familiale dans l’immobilier je peux bien lui parler pour qu’il te trouve un appartement. Comme c’est moi il fera une réduction.
Moi : oh Rachidi ! C’est tellement gentil de ta part après la façon dont je t’ai traité.
Rachidi : c’est le passé ! Seul le présent compte. Ça ne sert à rien d’ouvrir les anciennes blessures. Laisse-moi te donner mon numéro de téléphone.
Bon je pense que je n’ai plus besoin de Maude et de Jeff. Qu’ils aillent se faire foutre avec leur métier aussi dégradant. Il n’y a que le grand besoin qui puisse pousser une fille à prendre la décision d’être une escorte ou tout simplement une prostituée de luxe et laisser passer tous les corps d’hommes sur elle à moins qu’elle n’aime ça elle-même. Je remerciais le ciel d’avoir fait en sorte que je puisse connaître Rachidi dans mon existence là. Il me remit son numéro et je me levais pour l’enlacer. Je gardais toujours ma mine triste.
Moi : merci Rachidi ! Merci énormément
Il resserra son étreinte et je levais les yeux. Il plongea son regard dans le mien et pendant un moment, l’atmosphère, l’environnement changea. L’air était chargé de je ne sais quoi exactement.
Moi (me raclant la gorge) : je vais devoir y aller, passe le bonsoir à ta fiancée.
Rachidi : je n’y manquerai pas. Laisse-moi te raccompagner.
Il m’accompagna jusqu’à ma voiture. Il me fit un bisou sur le front et ouvrit la portière afin que je puisse m’installer sur mon siège. Je lui fis un dernier au revoir avant de démarrer.