Chapitre 39 : La dot 1.

Ecrit par Benedictaaurellia

38. La dot 1.

Cinq jours plus tard.

Jeudi, jour de la dot.

Ainara.

16h.

C’est l’effervescence dans la maison de mes parents où je suis depuis dimanche.

Tout le monde court de gauche à droite pour faire ceci ou cela mais moi, je suis condamnée à être assise à ne rien faire. Laissez-moi vous répéter les mots de maman.

Stella : Aujourd’hui, c’est ton jour. Tu t’assois et tu te contentes d’observer.

Voilà ce qu’elle m’a dit quand je me suis réveillé ce matin. Je n’ai pas non plus le droit de toucher mon ordinateur ni mes crayons à dessin.

Depuis le matin donc, je suis assise et je les regarde faire. Ça me démange de travailler mais, j’observe les ordres. Je ne veux pas m’attirer les foudres d’Abi.

Quand on les voit ma maman et elle, on croit souvent à tort que c’est ma maman la plus sévère des deux. Ma mère présente le visage de quelqu’un de sévère mais au fond, elle est douce comme tout. Abi par contre, sourit et rit tout le temps mais, quand il faut sévir, hm elle ne fait pas dans la demi-mesure.

Si elles font tout ce boucan pour la dot, je n’ose pas imaginer comment sera le mariage.

On n’a même invité personne. On fera une cérémonie toute simple entre nous et elles en font tout un plat.

Quand j’ai osé leur faire la remarque, elles m’ont dit :

Abi : Tu es quand même l’ainée. On doit donner le tempo avec toi.

Depuis, je ne dis plus rien.

Au moins, elles m’ont laissé mon portable. C’est déjà ça.

Le lendemain de la demande d’Edmund, Orlane m’a conseillé une chronique sur Muswada. Sous pression tome 1 de Plume inspirée.

Depuis, je n’avais pas eu l’occasion de la lire.

C’est ce matin que je l’ai commencé et j’avoue qu’elle est super.

Je n’ai pas l’habitude de lire les chroniques mais depuis que j’ai commencé ce matin, je ne m’en lasse pas. J’ai fini de la lire mais je relis encore et encore.

Elle est tellement riche en leçons. Surtout pour moi qui m’apprête à me marier.

Je la conseille vivement aux célibataires et aux fiancés. Je la conseille à toutes les personnes qui se sentent acculées, qui ressentent une pression quelle que  soit son origine. Bref, chacun y trouvera sa part.

Je le redis encore. Cette chronique est riche d’enseignements.

La chronique parle de l’histoire de Johanna Blessing Itoua une jeune congolaise de vingt-huit (28) ans. Elle craint Dieu depuis toute petite, a fait un cursus universitaire exceptionnel, a eu un poste sans faire la queue sur le marché de l’emploi. Tout semblait lui réussir pourtant, elle subissait une pression. Quelle était cette pression ?

En lisant, vous découvrirez.

Au menu, il y avait divers mets.

Papa étant d’Aného (ville au Sud-est du Togo), au menu, nous avons aussi des plats de la préfecture des lacs. Le fameux yèkè yèkè en faisait évidemment partie.

Le yèké yèkè c’est une sorte de couscous faite à base de maïs. Les grains sont plus fins que le couscous ordinaire et ressemblent plus au fonio. La différence entre les deux est la couleur. Le fonio présente une couleur grise alors que le yèkè yèkè est blanc. Il se mange généralement avec une sauce tomate au poulet ou à la viande de boeuf qu’on peut mélanger avec du gombo ou non. Moi je le préfère avec le gombo.

Traditionnellement, ce plat est préparé lors de la fête d’ékpé ékpé. Cette fête s’étale sur plusieurs jours et comprend la cérémonie d’ékpéssosso qui marque le début de l’année chez les guins. Littéralement, ékpéssosso veut dire prise de la pierre. Pendant cette cérémonie, une pierre est choisie et cette dernière donne le tempo à l’année.

S’il y a bien une chose que j’aime plus que les pâtes, c’est bien ce plat. Seulement, le procédé est un peu long et cela demande du travail. Donc, ce n’est que pour les grandes occasions que nous le cuisinons.

Il y a aussi de la pate et du ablo avec diverses sauces pour l’accompagner, de la sauce adémè ou boulvanka ou encore feuilles de corètes, de la sauce gombo ou encore gbékui ou de la sauce feuilles.

Il y a aussi l’incontournable riz.

Les amis expliquez-moi quelque chose. Pourquoi dans les menus fêtes ou autre rassemblement il y a toujours du riz ? Même s’il y a d’autres plats, il y a toujours un peu de riz à côté. Pourquoi ?

En tout cas, tout le monde en avait pour son compte.

En entrée, il y a un assortiment de légumes et en dessert, des fruits.

La cérémonie est prévue pour 18h mais à 17h, je reçois un message d’Edmund me disant qu’ils sont là. A ce moment, moi je venais de sortir de la douche.

Mélanie qui s’est désigné d’office comme maquilleuse m’accoste avec ma première tenue dès que je sors de la douche.

Il s’agit d’une robe longue faite avec de la dentelle rose saumon et blanche. Ce sont les couleurs qu’a choisi Orlane pour la dote. Des bijoux en perle rose et des escarpins blancs complètent ma robe.

Tous les membres de ma famille sont habillés du même tissu. Les mamans ont choisies de coudre elles toutes des ensembles anango (des ensembles cousus dans des pagnes dont le haut s’apparente à un chemisier et le bas est un pagne qu’on noue à la taille) comme on l’appelle chez nous. La dentelle blanche pour le haut et pagne rose saumon pour le bas. Elles abhorrent aussi des bijoux tout en perles. Bien sûr, le chemisier de chacune est désigné différemment. Sur leurs têtes, elles ont noué des foulards nigérians en forme de chapeau. Les filles (Orlane, Mélanie et Jess) portent aussi des robes comme moi.

Les papas eux ont choisis de coudre leurs chemises avec la dentelle blanche et portent de petits chapeaux fait avec la dentelle rose saumon. Eux aussi portent des colliers en perles. Ils ont sortis de je ne sais où des cannes avec lesquelles ils font des pauses vraiment pas possible. Les jumeaux, mes frères et les frères d’Orlane, aussi sont habillés pareil.

Pour l’occasion, papy, le papa de papa aussi s’est déplacé. Il se fait vieux mais il tient toujours. Sont aussi présent de mon côté les sœurs de papa et ma mamy. Sans oublier bien sûr Mireille et Judith. Nana et Houefa feront partie du cortège d’Edmund.

Maman a aussi invité des membres de mon groupe de chant et des collègues du bureau.

Mireille me fait un chignon rapide avant que je ne m’habille.

C’est sous l’œil vigilant de Mireille que Mélanie m’aide à revêtir ma robe qui est juste waouh. Je l’avais vu depuis mais, Orlane a refusé que je la porte avant maintenant. Quand je regarde le miroir, je ne peux pas m’empêcher de me trouver époustouflante. Sans vouloir faire le gros dos. Elle me va comme une seconde peau. Elle me plaque aux hanches, mettant ainsi en valeur mes courbes sans pour autant être vulgaire. Le bas est en forme de queue de poisson et me permet de me déplacer sans gêne. Le décolleté du haut est en forme de cœur et cache ma poitrine mais met à nu mes épaules. Ensuite viennent les manches s’arrêtent à mes poignets.

Moi : Je veux un truc vraiment léger stp. Pas de surcharge.

Un simple gloss même me suffit.

Dis-je à Mélanie en m’asseyant.

Elle : Assied-toi et fais-moi confiance.

Trente minutes plus tard, elle me tend un miroir.

Je me mire et je suis satisfaite. Elle a embellit mon visage sans fioritures.

Je vois juste un soupçon d’eye liner et ma bouche est légèrement rose. Mais rose vraiment rose pâle. J’aime bien le résultat.

Il est 18h 30 quand je suis fin prête.

Je sais, je suis en retard. Mais je peux me le permettre non ?

 

Orlane.

Mélanie me dit qu’Ainara est prête, au moment où je garais au portail.

En garant, je vis Edmund et sa délégation toujours au portail.

Je souris juste et m’éloigne avec « mon colis ».

C’est femme ils veulent non ?

Qu’ils souffrent un peu.

Je n’étais pas en chambre avec Ainara et Mélanie parce qu’il me fallait régler des problèmes de dernière minute. La glace que nous avons commandée n’a pas été livrée. Apparemment, ils n’ont pas enregistré notre commande et ne pouvais pas non plus nous en apporter maintenant. Il fallait donc trouver une autre alternative. J’ai passé plusieurs coups de fil et j’ai fini par en trouver il y a heure. Ça a été livré et j’ai laissé les garçons se charger de conditionner les bouteilles d’eau minérales et les diverses boissons qu’on servira tout à l’heure.

Je devais me rendre aussi à l’aéroport pour récupérer « un colis » pour Ainara.

Sans attendre, je me dirige vers la chambre dans laquelle se prépare Ainara. Je toque et ouvre la porte en criant :

Moi : Surprise !

Ainara voit « le colis » et se met à crier.

Le colis aussi crie et les deux se jettent dans les bras l’une de l’autre.

Le colis n’est en fait qu’Aida, l’amie burkinabé d’Ainara.

Ainara (essuyant une larme) : Je n’arrive pas à croire que tu es là. Mais comment ? Avec ton gros ventre là en plus.

Aida : Eh ma chère, laisse ça. Attends je vais m’asseoir. Je n’arrive même plus à rester debout longtemps.

Elle se dirige sur le lit où elle s’allonge carrément et soupire d’aise.

Aida : Eh ma chérie, vos policiers-là ont failli me tuer à l’aéroport tellement ils m’ont fatigué.

Ainara : Malgré ton passeport diplomatique ?

Aida : Toi-même tu connais tes compatriotes non ?

Moi : Ils sont bêtes même.

Aida : Je te dis.

Ainara : On causait encore ce matin et tu ne m’as même pas dit que tu venais.

Aida : Ah toi aussi est-ce que je pouvais rater ton jour comme ça ?

Ainara : Franck t’a laissé partir avec ton ventre là ?

Aida : Il avait même le choix ? Laisse-le. On est venu ensemble. Il a préféré resté avec Edmund là-bas.

Il a dit qu’il compatit à sa souffrance.

Ainara : Attends depuis là ils sont dehors ? Ça fait près de deux heures.

Aida : Laisse-les. C’est leur essence qui va finir. Ils ont gardés leurs voitures en marche parce qu’ils ont mis climatiseur.

 Moi (regardant l’heure) : Il est bientôt l’heure même. On les fera entrer bientôt.

Soit dit-en passant, Tu es super belle.

(A Mélanie) S’il te plait donne à Aida sa tenue pour qu’elle se change. Je me change aussi et j’y retourne.

Aida, quand tu auras fini de te changer, viens au salon on aura besoin de toi là-bas.

Aida : Pas moyen de me faire bouger. Je me sens trop bien dans ce lit.

Moi : Et si je te disais qu’on a placé un fauteuil relaxant au salon juste pour toi ?

Aida (se levant) : Alors je me change tout de suite.

Quand elle voit la tenue elle secoue la tête.

Orlane, no way. Je ne peux pas porter du rose. Jamais. Jamais de chez jamais.

Moi : C’est du rose saumon. Ça s’apparente plus à de l’orange. En plus il y a aussi du blanc.

Aida : Hm…

Orlane : En plus, je te promets que si tu portes cette robe et que tu viens, tu auras un grand rôle à jouer dans la torture du beau tout à l’heure.

Ainara : Attends Orlane c’est quoi cette histoire de torture ?

Aida : Là je suis partante. Mais promets-moi que je vais me changer après.

Ainara : Nos tenues sont là. Nous toutes nous nous changerons plus tard.

 Ainara : Orlane qu’est-ce que tu prépares ?

Je ne l’écoute même pas. Je sors tranquillement de la chambre tout en prenant le soin de partir avec le portable d’Ainara. Je la connais elle va vouloir appeler Edmund. Mais ce n’est pas du tout le moment.

Je ris sous cape.

Cette soirée promet vraiment.

Jumelles de cœur