Chapitre 4

Ecrit par Lady_miinash21

Ismaïla Junior Sy 


J'arrive à l'entreprise et monte directement à mon bureau en saluant de passage mes quelques employés.

Cette entreprise évolue trop lentement à mon goût. Il est vrai qu'elle n'a été créé qu'il y a un an de cela mais son évolution laisse à désirer. Les événements récents n'ont pas joué en ma faveur mais je jure de redresser cette entreprise quoi qu'il m'en coûte. Je l'ai créer à la sueur de mon front, avec le soutien de mon oncle de ma tante et d'elle.


Après les drames qui ont bouleversé ma vie il y a quelques temps, je l'ai délaissé, la jetant carrément aux oubliettes. Il temps que je me ressaisisse, je ne dois pas l'a laissé comme ça alors qu'elle n'est qu'à son début, je dois le faire, pour moi et pour elle car c'est en grande partie grâce à elle que l'entreprise existe aujourd'hui.


C'est Moussa, mon ami et collaborateur qui me sort de mes pensées. Il entre dans le bureau sans frapper comme à son habitude. Il se sens trop ce mec et prend des ailes mais attendez rk. 


-Boy Isma nakamou bro ( Isma mon garçon comment tu vas?), me dit-il en s'asseyant sans que je ne lui en donne l'autorisation.


-Ioe il faut que ma yarr la, danga rew trop ( toi il faut que je t'éduque, tu manques de vergogne)


-Hôpital dh moy khass dispensaire ni, gorgui diap thi rk ( c'est l'hôpital qui se fou du dispensaire, me fatigue pas), dit-il en s'enfonçant dans le fauteuil


Ce mec m'exaspère. On s'est rencontré à mon retour au Sénégal dans la banque où je devais faire le prêt pour la construction de l'entreprise. On a discuté et il m'a fait comprendre que lui aussi avait un projet tel que le mien, il m'a donc proposé d'être mon associé et qu'on partagerait les parts de l'entreprise. Au début, j'étais un peu retissant car voulant être seul actionnaire et propriétaire de l'entreprise, il l'a compris et m'a alors proposé de détenir les 3/4 des parts de l'entreprise, faisant de lui un collaborateur. Et c'est de là qu'est né notre amitié. Il a été témoin de tout ce qui m'est arrivé dernièrement et m'a été d'une grande aide, je le considère comme un frère, mais un frère vraiment con.


-Mais gros, reprit-il, et ta nouvelle femme? Tu es marié dh maintenant 


-Certes mais tu sais bien que c'est la dernière chose que j'aurais voulu faire en ce moment. 


Il hoche la tête.


-En plus j'ai complètement oublié comment elle s'appelle.


Il éclate de rire ce con.


-T'es sérieux mec, tu épouse une femme sans connaître son nom, dit-il en riant.


-On me l'a imposé c'est différent


-Je sais, et j'espère que tu ne t'en prendra pas à elle, khamal louma la wakhoul. 


-Shii boy boul dougou thi yoyou (n'entre pas dans ces détails) 


-Ok mais je t'es averti, je veux la rencontré sakh


-Loy yakamti (pourquoi tu es pressé) Tu aurais du l'épouser à ma place tant qu'on y est 


-Que je la rencontre d'abord après on verra pour la substitution, on va lui changer de mari.


Je balance ma tête de gauche à droite en tenant ma tête, ce mec est fou.


-Toi et ta mocheté légendaire, je doute qu'elle ne veuille de toi, 


-Doumala sakh tontou (je ne vais même pas te répondre), dit-il en se dirigeant vers la porte. Fais moi signe quand tu rentres et tu ferais mieux de jeter un oeil à ces documents, dit-il en les pointant du doigt avant de sortir. Je ne les avais même pas vu.



Kayni Gueye 


Après avoir fait le tour de la maison, cherchant en même temps la jeune fille de tout à l'heure, je me suis résignée à laisser tomber, elle s'est sûrement trompé.

Je vais donc vers la cuisine qui m'a été indiqué par Abdou et là, mes yeux brillent de milles feux. La cuisine de mes rêves, ouvert sur une petite véranda, elle est bien équipée avec un hilot au centre et une table à manger en bois peinte en rouge avec un mini bar à gauche.Tout est en rouge et blanc. J'étais émerveillée et très contente de cuisiner içi. Je ne me suis pas fait attendre, j'ai tout de suite commencé à sortir le nécessaire pour préparer un bon tiébou djeune penda mbaye (plat nationale) comme les lébous savent si bien le faire. J'adore ce plat, c'est la base. 

J'étais surprise et contente de trouver des légumes frais et un grand *Tiof*(gros poisson) dans le frigo, khana ce n'est pas monsieur qui est parti chercher tout ça au marché dh, sûrement c'est la fille là.

Je m'y met et termine mon tiéb (riz) une heure plus tard, et comme je ne fais jamais les choses à moitié je prépare aussi une salade de fruits et un jus d'orange pressé. J'étais en plein concentration quand Abdou entra dans la cuisine.


-Euh...madame qu'est ce que vous faites?


-Bah ça se voit pas, je cuisinais mais j'ai déjà fini.


Il me regarda bizarrement et ouvre la bouche pour parler mais fut interrompu par la jeune fille.


-Qu'est-ce qui se passe, madame qu'est-ce que vous faites? Vous avez cuisiné?, dit-elle en avançant vers moi.


-Vous vous êtes passé le mot c'est ça à me poser la même question et puis arrêtez de m'appeler madame, et oui j'ai cuisiné, dit-je en me tournant vers elle, d'ailleurs comme tu t'appelles? 


-Euh...je m'appelle Awa. Mais mad...euh...Kayni tu...t'aurais pas dû cuisiner, monsieur ne mange presque jamais içi et nous nous rentrons vers 14h, il ne reste que le gardien qui commande son déjeuner.


-Et moi alors, je cuisine pour moi. 


Ils continuent de me regarder. Je reprends donc. 


-Et puis vous pouvez rester manger avant de rentrer. S'il vous plaît sinon je serais seule à devoir manger tout ça, dit-je en leur montrant la quantité que j'ai préparé.


Ils se regardèrent et Awa se tourne vers moi et hoche la tête. Abdou me dit,


-Je n'ai jamais mangé avec un de mes patrons 


Il s'approche et s'assoit sur la table à manger. Awa vient m'aider à sortir les plats.


-Ha bon et comment est-ce possible ?


-Certaines personnes ont souvent un sentiment de supériorité vis-à-vis de leur employés, ils les minimisent. 


-Moi je ne peux comprendre ces gens qui pensent de la sorte. On est tous égaux pourtant et on finira tous sous une tombe.


Il acquiesce.


-L'argent nous rend vraiment égoïste parfois wayé dh yallah mayéwoul da abalé, tout ce que Dieu t'a donné il peut te le reprendre en un claquement de doigts.


-Lolou mom deug leu (ça c'est vrai), dis-je en déposant le plat sur la table. 


Je prends place de même que Awa et elle distribue les couverts. J'ouvre doucement le plat et vois Abdou avec un sourire béat.


-Bon appétit.


-C'est mon plat préféré vous savez, me dit-il en plongeant sa cuillère.


-Ha oui, vous auriez raté alors si vous n'aviez pas mangé.


Il acquiesce et mange une bouchée.


-Hum...hum ch'est délichieux...hum, dit-il la bouche pleine.


-C'est très bon Kayni, dit Awa qui n'avait jusque là pas parlé.


-Merci, dis-je avec un sourire 


-C'est la première fois que je mange un "Tiébou djeune" pareil, si bon. 


Awa lui lance un regard noir.


-T'es sûr papa, dit-elle vexée me laissant sur le choc


Attend quoi ? 


-Quoi ? 


-Oh j'ai complètement oublié de te dire, enfaîte Awa est ma fille.


Heu...


Chamboulé