Chapitre 4
Ecrit par EdnaYamba
4.
La pièce est bien chauffée et les fenêtres
empêchent bien au froid de pénétrer dans les pièces de la maison, c’est dans
cette température réconfortante que je me réveille après une nuit
particulièrement difficile.
Je me rends à la cuisine où je retrouve mamie
déjà installée, regardant un de ses livres de cuisine, je parie qu’elle cherche
déjà la recette qui nous fera nous lécher les babines ce dimanche.
Je l’embrasse. Elle me sourit.
-
Tu ne veux plus m’envoyer en maison pour personnes
âgées ?
-
Non, je t’aime trop, dis-je en prenant la carafe de jus
d’orange au frigidaire.
On entend frapper à la porte. Mamie va ouvrir, et quand
je la suis, je découvre un Alan au pas de la porte. Les bras croisés sur moi,
c’est d’un mouvement de la tête que nous nous saluons.
Il est trop tôt pour me chamailler avec lui, pensé-je, en
levant les yeux au ciel.
Je regarde mamie
pour savoir si c’est encore un de ses coups ou de ce qu’elle appelle
« exercice de communication », elle se contente de dire :
-
Tu es venu plus tôt que prévu Alan ! les
autres ne sont pas encore là !
Les autres ?
-
Qu’est-ce qu’il y a mamie ?
-
Comment ça qu’est-ce qu’il y a, tu n’imagines
pas que je vais recevoir les gens avec la maison dans un tel état ?
Un tel état ?
Je regarde autour pour comprendre dans quel état est la
maison qui l’empêcherait de recevoir les gens, mais bon Thérèse Anguilet est
une maniaque de la perfection. Je l’avais oublié.
-
Hier mamie Thérèse m’a demandé de passer
donner un coup de main, Andy et les autres aussi seront là ! complète Alan
-
Ah ok, j’irais donc rejoindre Anaïs !
dis-je
-
Bien sûr que non, tout le monde met la main à
la pâte Anaïs aussi sera là !
Je regrette déjà ce matin de lui avoir avoué mon amour à
cette adorable vieille femme aux cheveux gris.
Un nettoyage en plein hiver ! Heureusement que les
températures les plus basses ici riment avec grand soleil et ce dernier est
bien sorti de sa tanière.
Quelques minutes plus tard, Anaïs et moi étions
effectivement entrain de nettoyer les fenêtres, essayant d’éliminer les
éventuelles moisissures alors que les garçons s’occupaient des meubles
d’intérieur.
Et que le chef d’orchestre mamie était assise à la
cuisine avec ma tante Marlène discutant du menu.
Quand mon téléphone affiche le numéro de maman
je m’éclipse, elle doit certainement avoir vu mon message laissé la veille.
C’est à elle que j’écris, que je parle chaque
fois que je me sens perdue.
C’est elle qui a les mots magiques pour me
redonner courage.
-
Tu n’as jamais regretté
maman d’avoir abandonné tes rêves pour suivre papa ?
Elle observe un moment de silence avant de me
répondre.
-
Il m’est arrivée quelques fois de penser à ce qu’aurait pu
être ma vie si j’avais suivi ma mère et ma sœur... mais en y pensant bien, je
ne regrette pas d’avoir suivi ton père, le bonheur est partout où se trouve l’être
aimé.
Soupir.
-
Je n’aurais peut-être pas dû partir il y a 3
ans…
-
Tu n’as pas mal agi, les époques sont
différentes Aurore. Il est préférable d’être sur de ses choix au lieu de vivre
les choix des autres.
-
Tu as très certainement raison. Dis-je
songeuse
-
S’il y a une petite lueur d’espoir Aurore, ne
la laisse pas passer.
***
Quand je la trouve elle vient de raccrocher au téléphone qu’elle
garde contre son cœur.
A qui parlait-elle ? un amoureux ?
L’idée me déplait tellement que je la chasse de mes pensées.
Elle porte un short qui laisse voir ses cuisses
mates que j’adorais à l’époque et que visiblement j’adore toujours. Mon regard
la détaille des pieds à la tête où elle a attaché un bandana. Je m’imagine,
allant vers elle, passant ma tête dans son cou pour y déposer de petits
baisers…c’est fou comme c’est la seule fille qui même de dos, peut me faire
ressentir de telles choses.
-
A…Alan ! dit-elle, en se sursautant, tu
es là depuis ?
-
On m’a dit de te voir pour
que tu me dises où déposer ça ! lui dis-je en présentant ce que j’avais
aux bras.
-
Viens, suis-moi !
Elle marche devant et son déhanchement n’arrange
pas les choses.
Putain, je suis censé la détester.
La détester ? Quand Tout ce que je ressens c’est tout sauf
la haine.
Nous arrivons dans une des pièces de la maison
qui semble être un débarras.
De part et d’autres des tableaux, des poteries,
de veilles chaises usées, placés en pêle-mêle.
-
Attention, dit-elle en
venant m’aider à porter quelques affaires.
Nos mains se frôlent. Elle retire immédiatement
la main, et semble troublée.
-
Euh voilà, on va déposer ça
là. dit-elle les mains sur les hanches.
Elle me fait dos et mon regard ne se détache pas
de sa silhouette.
-
Joli Short, lancé-je
Elle se retourne et fronçant les sourcils.
-
Tu ne louches pas sur mes
cuisses j’espère ? tu diras quoi cette fois ci quand tu es enfermé dans
les pièces avec les jeunes filles tu…
-
Quand je suis enfermé dans
les pièces avec les jeunes filles, elles se jettent sur moi ! rié-je
-
Je ne rentrerais pas dans
la provocation, dit-elle en levant les yeux au ciel.
Je vais déposer les affaires.
Les mains sur les hanches, la mine boudeuse qui
la rend encore plus mignonne qu’elle ne l’est déjà, elle se tient à côté de moi
quand je me relève. Le fait qu’elle soit si près me bouleversait.
-
Si on se rappelle bien
hier, c’est toi qui m’a embrassé, lui dis-je provocateur, peut-être en aurais
tu encore envie !
-
Pff ;
Elle se retourne mais je la retiens par le bras,
l’attire vers moi et l’embrasse fougueusement, je n’ai rêvé que de ça toute la nuit,
l’embrasser à nouveau. Elle résiste avant de se laisser faire. Elle passe ses
bras autour de mon cou et ferme ses paupières alors que je la presse tout
contre moi. Je sens mon cœur battre à toute allure. D’amour, de passion ? Elle
me fait un effet qu’aucune femme ne m’a jamais fait. Parce qu’aucune femme n’est
-elle, Aurore. J’avais des raisons de
mettre fin à ce baiser mais je ne le voulais pas pire encore j’en étais
incapable.
Elle ouvre les yeux, l’air troublée, elle
détache ses bras de mon cou alors que je la tiens encore.
-
Pourquoi fais-tu ça ?
pour savoir si tu me plais encore ? me demande-t-elle méfiante. Ça te
plait de jouer à ce jeu ?
Elle a l’air accusateur et les yeux qui
brillent. Elle pose ses mains sur ses
lèvres frissonnantes. La connaissant elle doit réprimer des larmes. Je la lâche,
me grattant la tête.
-
On pourrait peut-être oublier
le passé ! dis-je, une chose est claire, il me semble qu’il y a toujours
quelque chose entre nous.
Oui oublier le passé, ces souvenirs désagréables
et vivre l’instant présent. Le temps que ça durerait.
Je me sens minable à être prêt à quémander
quelques instants, juste quelques instants mais vu que mon cœur semble en avoir
besoin, je n’ai pas vraiment le choix. Elle
ne repousse pas mes baisers c’est bien qu’elle aussi n’a pas vraiment tourné la
page.
-
Ni le passé, ni le monde extérieur
Aurore, juste toi et moi là dans le présent.
Je m’approche à nouveau d’elle, plongeant dans
mon regard dans le sien pour que l’instant d’après à nouveau nous nous
embrassons.
-
Aurore !!!! tu es là ?
C’est la voix d’Anaïs qui nous fait détacher l’un
de l’autre.
Sans un mot, elle sort rapidement de la pièce.
Oui c’est bien ce que je veux, faire fi du passé…
saisir la nouvelle opportunité qu’il y a. en Amour même le plus costaud perd le
combat.
***
-
Voilà tout est fin prêt
pour dimanche, dit mamie satisfaite.
Je l’écoute d’une voix distraite, j’ai eu du mal
à rester concentrer le long de l’après-midi sur les travaux, partagée.
Et si tout ça n’était qu’un plan pour lui de se
venger de moi et me jeter après.
Et Élodie dans tout ça ?
Mais je l’occulte automatiquement alors que la
voix chaude d’Alan me revient.
Ni le passé ni le monde extérieur, juste toi et moi
Aurore dans le présent.
Il s’agit de lui et de moi, de personne d’autre.
Et dans ce présent, je l’aime encore.
Dans ce présent j’aimerais tout recommencer.
-
Je vais monter me coucher
mamie, lui dis-je
-
Tu m’as l’air distraite, qu’est-ce
qu’il y a ?
-
Rien !
Je l’embrasse et monte dans ma chambre.
Je me laisse aller sur le lit, songeuse.
S’il y a une lueur d’espoir Aurore saisis-là.
Je prends mon ordinateur, regarde mon Cv et
clique sur envoyer.
C’est peut-être là la marque d’un nouveau début.
J’entends le bruit de cailloux lancés à ma fenêtre
et là un sourire s’étire sur mes lèvres,
je cours regarder et je le vois en bas dans la douce pénombre du jardin de
mamie.
Mon cœur bat comme la jeune fille amoureuse d’il
y a 3 ans.
Je me couvre et descend le trouver.
-
Viens, me dit-il en m’entrainant
avec lui.