Chapitre 4

Ecrit par Benedictaaurellia

Chapitre 4

A ma sortie de l’hôpital, mon père m’a montré les résultats des analyses qui m’ont été faites quand j’y étais admise. Mon vagin était complètement détruit. Ceux qui m’ont fait cela, ils l’ont fait avec tellement de violence, ils étaient si nombreux qu’ils ont complètement saccagé mes parois intimes. Je ne pouvais plus uriner normalement. Je ne pouvais plus rien faire. Même marcher, c’était tout un problème. Je me déplaçais en fauteuil roulant. La bonne nouvelle, c’est qu’ils ne m’avaient refilé aucune MST. Je rendais grâce pour cela.

Mais par contre, j’étais enceinte.

Contre toute attente, à l’annonce de cette nouvelle, j’étais contente. Au moins ce petit être qui grandissait en moi était un côté positif. Je le chérissais de tout mon cœur.

Quand on m’annonça la nouvelle, j’éclatai encore en sanglots. Mais, cette fois ci, c’était des pleurs de joie. J’ai toujours aimé les enfants. Je voulais en avoir toute une ribambelle. J’accueillais la vie en moi et j’en étais fière. Je me sentais reconnaissante. Oui, j’étais jeune. Mais, j’assumais. Ce viol, ce n’était pas mon choix. Mais garder cet enfant, j’en ai fait un choix. La question ne s’est même pas posée. Je ne me voyais même pas mettre un terme à cette nouvelle vie en moi.

Oui, j’étais heureuse de porter une vie en moi. Même si c’était le fruit d’un viol, j’aimais déjà ce petit être plus que tout.

A partir du moment où j’appris la nouvelle, fini les pleurs, fini les angoisses.

J’avais à nouveau retrouvé le sourire.

Moi qui passais mon temps à me morfondre, à pleurer sur mon sort, désormais, j’étais rayonnante. Je m’étais promis de garder cette pêche pour mon bébé. Je devais laisser tout ce qui était négatif et me concentrer sur des choses positives pour mon bébé.

Même mes cauchemars m’avaient fuient.

Cependant, sans le savoir, j’ai commencé à vivre une autre phase de déni du viol que j’avais subi.

J’avais relégué cela dans un coin de mon cerveau et je n’y pensais plus.

Je me contentais de vivre pleinement cette nouvelle étape de ma vie.

Le retour à la maison fut pénible. Je craignais de faire face à ma cousine.

Oui, elle habitait toujours avec nous. Elle n’a plus de famille sinon nous.

On n’avait pas d’autre choix que de la garder. C’est toujours ce que je répétais à mes parents. Même si elle m’avait fait du mal de la pire façon que ce soit, je ne la haïssais pas pour autant. Je m’étais juste résolue à prendre mes distances avec elle.

Mais, elle avait fui de la maison. Je sais d’avance qu’elle ira glander pendant un moment et reviendra dans quelques jours.

A son retour, elle a eu droit à une raclée suivit de plusieurs punitions. Papa a fait installer des barres de fer à ses fenêtres. Il l’enfermait dans sa chambre tous les jours. Elle ne sortait que pour manger et papa l’y enfermait à nouveau.

C’était difficile pour moi d’avoir à la croiser à table chaque fois mais avec le temps je réussis à surmonter cela.

Pour mon bien et celui de mon bébé, je me suis éloignée d’elle.

Je ne voulais aucune mauvaise onde autour de mon bébé.

Je voulais qu’il grandisse en toute harmonie.

C’est ainsi que les jours, les semaines et les mois passaient.

Ma grossesse avançait tout doucement.

Je la vivais pleinement.

A la première échographie, j’eus les larmes aux yeux. Elle s’est faite à la fin de mon premier trimestre. Pour la première fois alors, j’ai entendu les battements de cœur de mon bébé. Quel merveilleux son c’était. Aujourd’hui encore, il retendit à mes oreilles comme la plus belle mélodie qui soit. Sur l’échographie, je ne pouvais pas distinguer grand-chose. Le médecin m’annonça que mon bébé allait bien. Il se formait tout doucement. C’est tout ce qui m’importait.

Le seul hic au tableau, c’est que je ne voulais plus sortir de la maison.

Oui, je ne sortais plus de la maison.

Je m’étais isolée du monde.

Je craignais d’affronter les gens extérieurs. Pas que je craignais le jugement des gens. Non, J’assumais pleinement ma grossesse. C’est juste que j’avais peur qu’en sortant il m’arriverait quelque chose à mon bébé et à moi. La dernière fois que je suis sortie, nous savons tous ce qui s’est passé. Je ne voulais plus courir de risques.

Ce n’est pas logique, diriez-vous. Les circonstances ne sont pas les mêmes. Diront d’autres. Mais, raisonne-t-on logiquement quand on est traumatisé ?

Je me plaisais dans les quatre murs de ma maison. Je m’y sentais en sécurité. Mon père avait misé gros pour notre sécurité dans la maison. Donc je ne craignais rien. Même une égratignure n’aurait pas pu m’arriver. Tout était sous contrôle. Mais à l’extérieur, on ne pouvait pas tout contrôler.

Difficilement, je mettais un pied dehors. Les seules exceptions que je faisais c’était pour me rendre soit à la clinique pour le suivi de ma grossesse soit à l’église.

A ma demande, mes parents avaient engagé des professeurs qui venaient me donner des cours à domicile. Je me jetai corps et âme dans mes cahiers. Mon espoir, c’était mon bébé. Il fallait que je donne le maximum que je puisse pour lui. Je me devais de briller, de réussir pour assurer son avenir.

Papa avait fait jouer ses relations et pour l’accouchement, je devais me rendre aux Etats-Unis pour y accoucher par césarienne. Ensuite, je devais subir une reconstruction vaginale.

Le temps passait vite. J’en étais déjà à mon septième mois de grossesse.

Maman m’a aidé à faire le trousseau du bébé. Comment cela s’est-il fait puisque je refusais de sortir de la maison ? Me demanderez-vous. Je faisais des achats en ligne. Et maman complétait avec des achats dans les boutiques.

Ensemble avec papa, nous avons emménagé une pièce pour mon bébé juste à côté de ma chambre. Parfois, je ne réalisais pas. Etre maman à 14 ans ? Mon ventre me donnait alors la réponse.

Mes parents avaient fini par décolérer contre ma cousine. On essayait de lui faire à nouveau confiance. Elle pouvait maintenant sortir mais juste pour les cours. Un chauffeur l’y emmenai et la ramenai. Moi, je gardais toujours mes distances. Chat échaudé craint l’eau froide dit-on souvent.

Tout fonctionnait ainsi jusqu’à ce fameux jour.

Ce matin-là, je me suis réveillé avec une forte envie de boire du lait frais. C’était mon péché mignon depuis un moment. Je ne buvais que ça. Papa veillait toujours à ce que j’en ai. Il en faisait livrer plusieurs litres, par des fermes, tous les jours. Je me rendis alors à la cuisine pour boire mon verre de lait avant d’aller faire ma toilette. Une fois mon verre de lait bu, je pris le chemin inverse pour retourner dans ma chambre. Je n’y étais pas encore parvenu quand, j’ai commencé à ressentir de forts spasmes dans mon ventre, suivit d’une violente douleur dans le bas ventre. Je me mis alors à crier.

Oh ! Seigneur, protège mon bébé. Ne me prends pas mon bébé, Seigneur ! Sauve-nous, Seigneur ! Répétais-je intérieurement.

La douleur était horrible. Elle traversait tout mon ventre de part en part.

A mes cris, maman accouru vers moi. Elle me regarda et regarda le sol. Mon regard suivit le sien. Je saignais abondamment. Je ne m’en étais pas rendu compte. Elle vint vers moi et je m’écroulai dans ses bras la seconde d’après.

Encore une fois, je me réveillai dans une chambre d’hôpital.

Une fois les yeux ouverts, mes pensées se tournèrent automatiquement vers mon bébé.

Moi : mon bébé. Où est mon bébé ?

Maman : chut !! Calme-toi. Elle est là.

Elle me montra un berceau près de mon lit. Elle approcha le berceau de mon lit et je vis le visage de ma prunelle. C’est une fille. Qu’est-ce qu’elle est jolie !!

Merci Seigneur de l’avoir épargné.

Maman : comment vas-tu l’appeler ?

Moi : Shiloh (don en hébreu) Annabelle (Dieu m’a fait grâce en hébreu). Car le Seigneur m’a fait grâce. Il m’a donné la grâce d’avoir cette merveille. C’est son don pour moi, pour nous. Malgré les épreuves que j’ai traversées.

Bienvenue à toi Shiloh Annabelle. Je t’aime mon trésor.

Je la bénie ensuite comme me l’a appris maman avant sa naissance.

Shiloh Annabelle, je te bénie.

Shiloh Annabelle « Je déclare sur ta vie que tu obéiras à la voix de l’Eternel ton Dieu en observant et en mettant en pratique tous ses commandements.

Ainsi, l’Eternel ton Dieu te donnera la supériorité sur toutes les nations de la terre.

Voici toutes les bénédictions qui se répandront sur toi et qui seront ton partage lorsque tu obéiras à la voix de l’Eternel, ton Dieu.

Tu seras bénie dans la ville, et tu seras bénie dans les champs.

Le fruit de tes entrailles, le fruit de ton sol, le fruit de tes troupeaux, les portées de ton gros et de ton menu bétail, toutes ces choses seront bénies.

Ta corbeille et ta huche seront bénies.

Tu seras bénie à ton arrivée et tu seras bénie à ton départ.

L’Eternel te donnera la victoire sur tes ennemis qui s’élèveront contre toi ; ils sortiront par un chemin et ils s’enfuiront devant toi par sept chemins.

L’Eternel ordonnera à la bénédiction d’être avec toi dans tes greniers et dans toutes tes entreprises. Il te bénira dans le pays que l’Eternel, ton Dieu te donne.

Tu seras pour l’Eternel un peuple saint comme il te l’a juré, lorsque tu observeras les commandements de l’Eternel, ton Dieu et que tu marcheras dans ses voies.

Tous les peuples verront que tu es appelé du nom de l’Eternel, et ils te craindront.

L’Eternel te comblera de biens, en multipliant le fruit de tes entrailles, le fruit de tes troupeaux et le fruit de ton sol, dans le pays ou l’Eternel a juré à tes pères de te donner.

L’Eternel t’ouvrira son bon trésor, le ciel, pour envoyer la pluie en son temps et pour bénir tout le travail de tes mains ; tu prêteras à beaucoup de nations et tu n’emprunteras point.

L’Eternel fera de toi la tête et non la queue, tu seras toujours en haut et tu ne seras jamais en bas, lorsque tu obéiras aux commandements de l’Eternel, ton Dieu, lorsque tu les observeras et les mettra en pratique ».

Deutéronome 28.

Une semaine après, je sortais de l’hôpital avec ma princesse.

Pendant mon séjour là-bas, les analyses ont révélées que j’avais ingurgité une substance qui a failli nous couter la vie à mon bébé et moi. En fait, à faible dose, le produit est censé provoquer l’accouchement. Mais, celui qui l’avait mis dans mon lait, a mis une dose assez élevée. J’aurais dû accoucher dans les minutes qui ont suivi la prise du produit. Et mon bébé et moi y aurions laissé la peau. Heureusement pour nous, notre Dieu ne dort pas.

Papa a fait analyser le lait que j’ai bu ce matin-là et, on y a découvert des traces de ce poison. Parler de traces, c’est un euphémisme puisque la proportion du produit dans le lait était très forte.

Le Seigneur dans sa bonté n’a pas permis que mon bébé et moi mourrions.

La question qui vient immédiatement à l’esprit, c’est : Qui pourrait me vouloir du mal ?

Tous les soupçons se sont tournés vers ma cousine.

Je sais qu’elle en ait capable. Si elle pouvait planifier qu’on me viole, elle pouvait aussi me tuer. Mais, ça ne peut être elle. Maintenant, papa la surveille comme du lait sur le feu. Elle est sous escorte tout le temps. Si c’est-elle, la grande question est, comment a-t-elle fait ?

Nous n’avons pas eu la réponse à cette question. Quelques jours après, elle a disparu de la maison et pour de bon cette fois. Nous n’avons plus jamais entendue parler d’elle.

Je ne me concentre pas sur ça.

Je remercie juste le ciel d’être encore de ce monde.

La bonne nouvelle c’est que mon bébé et moi avons la vie sauve.

Cependant, je ne pourrai plus jamais concevoir à moins d’un miracle. A l’annonce de cette nouvelle, j’ai eu le cœur brisé. 15 ans et stérile. Ma fille est vraiment un don pour moi. Le Seigneur sachant bien faire les choses me l’a donnée. Au moins, je l’ai elle. 

Ma cousine, mon cauc...