Chapitre 5

Ecrit par Benedictaaurellia

Chapitre 5

Edmund.

Ah ! Gloire à Dieu. Dieu a fait sortir quelque chose de bon de ce viol.

Tout le monde retrouve le sourire.

Mais je sens que ce n’est pas tout. Où est la petite Shiloh ? Je l’appelle petite alors qu’elle doit être plus âgée que moi. Hm.

Il a du se passer un autre malheur.

 

Ruth.

Dès ma sortie de l’hôpital, maman a engagé une nounou qui devait m’aider avec ma princesse. Après ma césarienne, il fallait que je récupère. Je devais aussi songer à la prochaine opération qui m’attend, la reconstruction vaginale. Pour cette dernière opération, j’ai préféré attendre de sevrer Shiloh. J’avais donc du temps devant moi. Je ne pensais pas la sevrer avant sa première bougie. Je me sentais spéciale, importante quand je l’allaitais. Pendant ses moments, elle me regardait intensément avec des petits yeux noirs. Je faisais de même. Nos deux regards, rivés l’un sur l’autre, c’était magique. Je ne pouvais pas perdre ses moments avec elle. Je voulais en profiter au maximum. Après tout, je ne vivrai ces moments qu’une fois donc.

J’avais aussi mes cours à reprendre du coup, j’avais besoin d’aide. Mais, j’avais vraiment du mal à lui faire confiance et à lui laisser ma princesse. A part maman et papa, j’avais peur de la laisser à d’autres personnes. J’avais tout le temps l’impression qu’il pourrait lui arriver malheur.

Non seulement ça, je ne faisais plus confiance à personne. Exception faite de mes parents. Faut dire que l’expérience avec ma cousine m’a vraiment refroidie. Je croyais ne pas être atteinte, je croyais être passée à autre chose mais, mon manque de confiance me rappelait que non.

J’ai alors commencé à faire un travail sur moi-même.

J’essayais de prendre sur moi et petit à petit, j’essayais de laisser ma princesse à la nounou. De toute façon, je n’avais pas le choix. J’étais toujours convalescente, papa avait son boulot et maman aussi. Maman avait dû, tout laisser tomber pour m’aider, il fallait que je me montre assez mature et responsable pour la laisser aussi s’épanouir dans son travail.

Ainsi, parfois après la tétée, je la laissais lui faire son rot. Ça ne durait que quelques minutes mais, il fallait quand même commencer quelque part. De quelques minutes, on est passé à plusieurs et on a ainsi évoluée.

Certes, côté confiance ce n’était pas encore ça mais, je prenais sur moi. On avait des caméras de surveillance un peu partout dans la maison. Donc, quand je n’étais pas à côté d’elle, il me suffisait de jeter un coup d’œil sur mon téléphone pour m’assurer qu’elle était correcte avec ma fille. Je vous l’ai dit, la sécurité dans la maison est au top. Chacun de nous trois, papa, maman et moi, nous avions accès aux images des caméras sur nos téléphones. Aujourd’hui, ce n’est pas grand-chose, c’est à la portée de tous mais, à l’époque, c’était tout un protocole.

J’autorisais, parfois, la nounou à promener Shiloh, dans sa poussette, dans le quartier. Bien sûr, elle n’était jamais seule. Elle était toujours accompagnée d’un militaire.

On était dans un quartier résidentiel de hautes personnalités, des ambassadeurs, des ministres, des hauts gradés dans l’armée et j’en passe. Tout le monde se connaissait ici, la sécurité était on ne peut plus sérieuse, donc il n’y avait aucune crainte à avoir. La petite aimait tellement se promener. Elle n’arrivait pas à dormir sans cela. Même pendant la nuit, pour qu’elle dorme, il fallait la promener dans la poussette. Je me demande même d’où elle a appris ça.

Mes craintes ont été confirmées après les six mois de ma princesse.

Je me rappelle de ce jour comme si c’était hier.

La nounou est sortie comme tous les après-midi avec Shiloh pour sa promenade. Elle revient dix (10) min après tout en pleurs et en criant. Ne voyant pas ma fille avec elle, je me mis à crier et à lui demander où elle était. Elle ne répondait pas et ne faisait que pleurer. Maman aussi avait accouru à ses cris. Personne n’arrivait à lui faire parler. Ma mère après quelques minutes appela mon père. Celui-ci lui répondit qu’il était déjà en route pour la maison.

Dès son arrivée, il vint directement vers moi me prendre dans ses bras.

Tout doucement, il me raconta que le militaire qui était chargé de surveiller ma fille et sa nounou a été retrouvé mort, quelques pâtés de maison plus loin. Il a été abattu d’une balle en pleine tête et à bout portant. J’étais choquée. Il était si jeune et si aimable. Pourquoi l’a-t-on tué ? Je lui demandais si cela a un rapport avec ma fille. Il me raconta alors ce qui c’était passé.

Papa : A chaque fois quand il sortait de la maison, il devait communiquer tout ce qui se passait à la base. Il avait toujours une oreillette et un opérateur le suivait dans tout ce qu’il disait. C’est pareil pour tous les gardes qui avaient été affectés à la sécurité de chacun d’entre nous. Quand ils sont sortis de la maison, il l’a notifié à l’opérateur. Quelques minutes après, il signala qu’une voiture les suivait à distance. C’était la première fois qu’il voyait cette voiture. Cependant, le visage du conducteur lui semblait familier. Il l’avait déjà aperçu plusieurs fois dans le quartier et l’avait même signalé à la base.

La voiture s’est arrêtée juste devant la nounou et le chauffeur demanda un renseignement. Au même moment, une autre voiture vient cogner le militaire par derrière. Son attention et celle de la nounou furent alors détournées de la petite. Durant ce laps de temps, un des passagers de la première voiture sorti, pris la petite de la poussette, remonta dans la voiture et celle-ci parti sur le champ. Un passager de la deuxième voiture sorti de la voiture et vint mettre une balle dans la tête du militaire. La nounou, voyant le passager sortir avec une arme s’est mise à courir vers la maison. C’est ainsi qu’elle lui échappa.

C’est un autre militaire qui les suivait à distance qui a rapporté les faits.

Tout s’est passé tellement vite qu’il n’a pas eu le temps de réagir. Je suis vraiment désolé ma chérie. Je ferai tout pour retrouver la princesse.

Je ne savais plus quoi répondre.

Les larmes coulaient de mes joues sans que je ne m’en rende compte. Oh ! Seigneur ! Pourquoi ma petite fille ? Tu me l’as donné pour me la reprendre ?

C’est son sourire qui illumine mes journées. C’est grâce à elle que j’ai retrouvé le sourire. C’est pour elle que je me bats et j’essaye d’aller de l’avant.

Pour qui vais-je me battre maintenant, Seigneur ?

Oh ! J’ai mal.

Qui peut décrire ma douleur ?

Quelle douleur est semblable à la mienne ?

J’ai cru souffrir après mon viol. Mais là, c’est tout autre chose.

C’est un autre degré de souffrance.

Je suis restée à terre à pleurer toutes les larmes de mon corps dans les bras de mes parents.

Les jours qui suivirent, je ne sortais plus de la chambre. Je restais tous les jours dans la chambre de ma princesse. Je passais mes journées là, à pleurer. Je voulais ma fille. Je suppliais le Seigneur de me ramener ma fille. Oh Seigneur protège là de tout mal, ramène la moi saine et sauve Seigneur. Priai-je tout le temps.

Je ne mangeais plus, je n’avais plus goût à rien. Maman essayait de me réconforter du mieux qu’elle pouvait. Mais c’était peine perdue. Je ne voulais pas aller mieux. Je voulais juste ma fille.

Papa de son côté remuait ciel et terre pour la retrouver mais rien à faire. La seule qui pouvait aider à identifier les ravisseurs était la nounou puisqu’elle a vu leurs visages de près. Mais, le soir de l’enlèvement, on l’a retrouvé morte dans sa chambre. L’autopsie a révélé qu’elle a ingurgité du poison. La question qui demeurait était celle-ci : l’a-t-elle fait sciemment ou l’a-t-on empoisonné ? Dans le premier cas, cela voudrait dire qu’elle avait quelque chose à se reprocher et dans le second cas, cela signifiait qu’on avait un traitre dans la maison.

Le chauffeur de la première voiture dont le militaire avait donné la description a lui aussi été retrouvé mort le lendemain du kidnapping. Du coup, on n’avait plus aucune piste

Au fil des semaines, je sombrais dans la dépression.

La perte de ma fille avait fait ressurgir au fond de moi, la douleur de mon viol.

Quand j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai tout refoulé. Mais là, tout revenait à la surface. Toutes ces émotions que j’avais larguées au fin fond de mon esprit.

La honte, la culpabilité, la confiance aveugle que j’avais en ma cousine, le dégout pour mon corps.

Mes cauchemars reprirent. Chaque nuit, je revivais mon viol. Je me réveillais, ensuite, en plein milieu de la nuit, en pleurs et je n’arrivais plus à dormir. Je ne voulais même plus dormir. A chaque fois que je fermais les yeux, je revivais mon viol. Les minutes d’après, ce sont les pleurs de mon bébé que j’entendais dans ma tête.

Je pouvais passer ensuite des heures dans la douche à me frotter le corps. Je me sentais souillée, sale. Je voulais enlever toute cette saleté, je ne voulais plus de cela. Mais, j’avais beau frotter, je ne me sentais pas mieux. Normal, c’était dans ma tête.

Je n’en dormais plus.

Je faisais constamment des crises d’angoisse.

 Mon père me traina de force chez un psy. Il me prescrivit des anxiolytiques et des antidépresseurs.

Je me bourrais de cela et de somnifères.

Je n’avais plus goût à rien.

Quand mes professeurs venaient, je les renvoyais. Je ne voulais plus travailler.

A quoi bon ?

Ma princesse n’était plus là.

Je ne m’alimentais plus.

Mes parents assistaient, impuissants, à ma lente agonie.

Ils ne pouvaient rien pour moi.

Ils avaient beau tout faire, j’étais bien enlisée dans mon gouffre.

Je m’y plaisais et ne voulais pas en ressortir.

Maman restait avec moi 24h sur 24. Quand elle ne pouvait pas, papa la remplaçait.

Même dans mon état second, je percevais leur présence.

Quand je ne sentais pas sa présence ou celle de papa à mes côtés, je délirais.

Je hurlais, je m’arrachais les cheveux. Je cassais tout autour de moi.

J’étais à deux doigts de devenir folle.

Peut-être même que je l’étais déjà devenue, je ne sais plus.

J’étais devenue l’ombre de moi-même.

C’était ma descente aux enfers.

 

Edmund.

Je déteste avoir raison quand il s’agit de mauvaises nouvelles.

Voilà. Mes craintes étaient fondées.

Pauvre Ruth. Elle a dû vraiment souffrir.

J’avoue que j’en ai assez entendu pour le moment. Je ne pourrai pas supporter plus.

Du moins pas pour le moment.

Je demande qu’on lève la séance.

Seb est d’accord. Il se proposait de le faire aussi.

Si je souffre autant, j’imagine combien Ruth doit aussi souffrir. Après tout, c’est la principale concernée. Ça ne doit pas être facile pour elle de nous raconter tout cela.

Nous prenons quelques heures de pause.

Chacun se trouve quelque chose à faire.

Les femmes comme d’habitude, se rendent à la cuisine.

On dirait qu’elles ne pensent qu’à cuisiner hein !

Mais, elles ont raison. Elles ont leurs hommes à nourrir. Je ne m’en étais pas rendu compte mais j’ai sérieusement faim.

Après le diner, Ruth veut reprendre son récit.

Nous respectons son désir.

On fait du café. Tout le monde se sert une tasse avant de revenir prendre place.

La nuit pointe déjà son nez et elle promet d’être longue.

Ma cousine, mon cauc...