Chapitre 4
Ecrit par Meyroma
Quelques temps après mon épisode mouvementé, le jugement a lieu et notre accusé est définitivement déclaré coupable de tous les chefs d'accusation contre lui à savoir l'homicide volontaire, falsification de testament, et le faux et usage de faux. Il écope d'une peine de 30 ans de prison fermes sans possibilité de libération conditionnelle.
Les héritiers légitimes de la défunte se présentent au cabinet afin d'exprimer leur gratitude à Maitre Djibril pour la manière brillante dont la lumière a été faite sur la mort de leur mère.
- Veuillez plutôt adresser vôtre reconnaissance à ma nouvelle assistante, Melle Yasmine Ben Saïd, leur dit-il, en me désignant. Tout le mérite lui revient.
-je vous en prie, je n'ai fait que mon travail, leur répond-je avec une once de modestie alors qu'au fond je gonfle de fierté.
Il y'a rien de plus gratifiant qu'un mérite justement attribué, un travail apprécié à sa juste valeur.
En partant, ils laissent à Maitre Djibril un chèque bien au delà du montant des honoraires normaux et promettent que désormais ils feront toujours recours a notre cabinet pour tout acte juridique qui requiert les compétences d'un avocat.
En patron bienveillant, Maitre Djibril invite tout le personnel du cabinet a fêter cette réussite dans un restaurant chic de Niamey.
Le personnel de notre cabinet est composé de cinq avocats aspirants, deux collaborateurs avec chacun son assistante, la réceptionniste, le gardien et deux nouvelles stagiaires.
En trois semaines de stage, j'ai eu le temps de me familiariser avec chacun d'eux d'autant plus que je suis naturellement dotée d'une grande facilité à l'intégration.
Fort heureusement, tous mes collègues sont sympathiques à l'exception du gardien qui est un vieil homme aigri et solitaire . D'ailleurs, ça m'étonnerait qu'il soit de la partie. On raconte qu'il y'a des années de cela, sa femme qu'il aimait de tout son coeur l'aurait cocufié avec son meilleur ami. Pire, ses enfants qui étaient le centre de son univers étaient en réalité les enfants biologiques de son traître d'ami et lui, fût diagnostiqué atteint d'une stérilité permanente. Tout son monde s'est écroulé le jour où sa femme et ses enfants sont partis vivre avec l'autre et depuis, il s'est renfermé sur lui même, ayant perdu goût à la vie. La triste histoire de sa vie explique pourquoi personne ne lui tiens rigueur de son amertume chronique qu'on assimile simplement à la frustration.
Vêtue de ma longue robe en soie de couleur champagne, je me présente au jardin du grand hôtel cinq étoiles de Niamey à 20h. Quelle fût ma stupéfaction d'apercevoir maître Djibril dans une chemise de la même couleur que ma robe.
Plus j'avance, plus j'ai l'impression d'être un mannequin sur un podium, l'objet de toutes les attentions. Pour ne pas succomber à la panique, j'alterne mes pas de façon tellement calculée que sans le faire exprès, ma démarche dénote de l'élégance. A la manière dont Maître Mohamed me fixe en bavant, ses yeux laissant s'échapper des etoiles, je suis rassurée que tous ces regards sur ma personne sont bel et bien admiratifs.
Maitre Mohamed est un collaborateur et associé de maître Djibril. Dès le premier jour où il a posé les yeux sur moi, il n'a pas caché son attirance vis à vis de moi. Malheureusement, ses sentiments ne sont pas réciproques. S'il n'y avait pas eu cette citation : "le coeur à ses raisons que la raison ignore", jamais il n'aurait été logiquement explicable qu'une femme faite de chaire et d'os puisse résister aux Charmes de Maitre Mohamed. Hormis sa beauté physique hors du commun, il est d'un comportement exemplaire, issu d'une des plus riches et nobles familles de Niamey et pour couronner le tout, sa situation financière stable fait de lui l'un des célibataires les plus convoités de la capital.
J'arrive finalement à leur niveau et salue tour à tour mes collègues.
Je m'installe à côté de Djamila, ma nouvelle collègue-amie qui me chuchote d'un air espiègle :
-tu es toute belle ma chérie, dis donc vous vous êtes passé le mot avec le boss?
Oh mon Dieu! Une autre Mariam dans ma vie. Je risque de craquer !
Je lui donne une petite claque amicale en essayant de changer le sujet:
-Alors, qu'est ce que j'ai raté ? Apparemment je suis la dernière invitée.
- Rien de spécial, la fête viens a peine de commencer.
Nous nous dirigeons vers le buffet et nous servons à volonté. Chacune, son assiettte a son image, nous rejoignons nos table. Moi, avec une assiette maigre, Djamila avec la sienne montagneuse.
Une demi heure plutard, tandis que je ne pouvais m'empêcher de faire des mouvement de la tête au rythme du zouk love qui résonne intensément dans le jardin, je me vois invitée à danser par maitre Mohamed.
Avant que j'ai pu décliner son invitation, il me tire vers la piste de danse et je me résigne à le suivre.
Après tout, ce n'est qu'une danse.
Au moment ou je me sens emportée par les mouvements impeccablement cadencés de Maitre Mohamed, j'entends une une voix lui demander:
-Puis-je t'enlever ta cavalière ?
D'un geste irréfléchi, sans rien comprendre au transfert, je me retrouve des bras de Maitre Mohamed à ceux de Maitre Djibril. Je réalise honteusement que j'avais espéré cette danse dès le début de la soirée.
Comme si l'animateur de la soirée avait deviné l'intensité de la situation, il passe du zouk-love à un morceau de slow dangereusement sensuel.
Désormais, me voilà blottie dans le creux de son aisselle,humant son enivrant parfum, me délectant de cette délicieuse proximité combien charnelle et lui m'enlaçant d'une douce étreinte . Finalement je ne sais plus si nous dansons ou si nous nous sommes justes collés serrés immobiles. Ce qui est sûr, c'est agréable et je pourrais continuer ce rythme et cette cadence toute la nuit.
Tandis que nous sommes ainsi perdus dans l'extase de ce moment fort et que nos émotions sont à leur paroxysme, maître Djibril se libère brutalement de mon étreinte en fixant une autre personne à travers mon épaule comme s'il avait vu le diable.
-Surprise mon amour !!! J'espère que tu es content de me voir.
Comme vous l'avez deviné, c'est sa fiancée Fati qui viens d'entrer en scène.
-Mais euh qu'est ce que tu fais la? Lui demande t-il à la fois furieux et embarrassé.
- Ma présence te déplaît? A ce que je vois tu te débrouille bien sans moi, lui lance t'elle avant de me jeter un regard noir. Si on pouvait tuer quelqu'un d'un simple regard, j'en aurait été tuée en une fraction de seconde.
S
ans en attendre plus, je tourne le dos et m'éclipse laissant le couple en pleine dispute.
-J'en ai eu ma dose, me dis-je intérieurement, le coeur remplit de diverses émotions entremêlées.
Ce dont je suis absolument sûr, c'est que ce soir je ne trouverais pas facilement le sommeil. Mais demain sera un autre jour.