Chapitre 4: Ennemis

Ecrit par Lalie308

— Ne vous éloignez pas des chefs de vos équipes. Restez groupés. Alerte à toutes les unités.

Les différentes unités de sécurité descendirent rapidement et sur leurs gardes des gliders pour une première fois toucher le sol extérieur. Axa qui se trouvait près de Cody, le chef de son unité, lançait des regards curieux aux alentours. Elle pensait que voir l'extérieur aurait calmé ce sentiment intense de curiosité en elle, mais il ne faisait qu'accroître, elle voulait s'éloigner des troupes, aller à la découverte, mais se trouvait emprisonnée par les hommes de son père qui elle le savait, la surveillaient. Ils parcoururent le sol sec et chaud de Nelca alors que les guides leur donnaient des explications et des consignes. Ils débarquèrent ensuite dans une immense forêt aux arbres géants présentant chacun une personnalité différente. Une lumière étrange se reflétait à une extrémité de la forêt, attirant incessamment l'attention d'Axa qui plissait les yeux. Elle crut apercevoir un homme qui les épiait ou les surveillait. Elle n'en était pas sûre, la créature était trop rapide. Elle jeta un coup d'œil au reste du groupe et murmura à l'oreille de Cody :

— Détourne leur attention de moi s'il te plait.

Son interlocuteur fronça les sourcils.

— Ne fais rien de stupide Axa.

— S'il te plait.

Cody nota qu'Axa tenait vraiment à cœur ce qu'elle voulait faire puisque pour une fois elle le demandait poliment. Il soupira et s'éloigna d'elle.

— Oh shit qu'est-ce que c'est que ça ? s'écrit-il en lançant un regard au côté opposé à celui convoité par Axa.

Tous se stoppèrent et les regards se tournèrent vers Cody.

— Que se passe-t-il Jones ?

Cody lança un bref regard à Axa.

— J'ai cru voir quelque chose ici.

Ce fut la dernière phrase qu'elle put entendre avant de se fondre dans la forêt. Elle courut à vive allure s'étant aperçue que la créature qui l'a repérée fuyait. Lorsqu'elle fut assez proche, elle reconnut très vite cette peau blanche, ces cheveux blancs. C'était donc encore une de ces créatures, un homme à priori.

— Stop, cria-t-elle.

— Arrête-toi.

Elle amplifia la vitesse de sa course. Un battement de cils suffit pour que la fameuse créature disparaisse de son champ de vision, il n'y avait pas un chat. Elle s'arrêta donc reprit son souffle et lança un regard perquisiteur à son entourage, mais toujours rien. Elle ne se retourna toutefois pas et continua sa marche vers un endroit inconnu. Elle analysait chaque parcelle de la forêt, scrutait chaque arbre, chaque plant, chaque fleur. Elle respirait l'air extérieur comme si c'était la dernière fois. Axa se rappela de la fois où elle avait pu entendre la voix des infirmières d'un peu loin et essaya de se concentrer sur son ouïe. Elle inspira profondément et ferma ses yeux. Premier essai, rien. Elle se concentra de nouveau et entendit des bruits de pas ou quelque chose de similaire. Elle n'ouvrit pas les yeux et marcha dans la direction du fameux bruit. Quelques minutes après, elle se sentit assez proche du bruit et ouvrit les yeux. Un pas, deux pas puis elle se fit projeter contre un arbre. Elle avait senti quelque chose se briser dans son dos, un os ? Elle se mordit l'intérieur des joues pour oublier la douleur. Par quoi s'était-elle fait projeter ? Aucune idée, puisqu'elle ne voyait rien.

— Qui êtes-vous ? hurla-t-elle dans le vide.

Elle tenta de se relever et grogna face à la douleur qu'elle ressentait dans le bas de son dos. Cette fois-ci, à peine elle fit un pas qu'une main se serra autour de son cou et de nouveau, son dos rencontra le même arbre alors que sa gorge était malmenée. Ses yeux s'étaient fermés instinctivement, elle sentait une respiration sur le haut de son front, mais avait tout simplement peur d'ouvrir les yeux. L'emprise sur son cou était moindre, mais dès que ses yeux s'ouvrirent elle se fortifia, poussant Axa à laisser échapper un petit cri. Son regard tomba sur un torse, bien celui d'un homme habillé d'une manière étrange. Elle leva donc lentement sa tête et son regard se planta dans celui de la fameuse créature. Elle ne savait pas comment interpréter la lueur dans le regard de la créature, mais n'y lisait pas non plus une grande sympathie.

— Qui...Qui êtes-vous ? demanda-t-elle en tentant de respirer.

La créature fronça les sourcils, se contentant de la dévisager. Son regard s'adoucit d'abord puis redevint dur, cette-fois, l'emprise devenait trop pesante. Elle étouffait et essayait de se détacher de l'emprise de ce qu'elle ne saurait nommer homme ou dieu. Elle ne sut alors plus quoi faire. Elle ne se sentait aucunement en danger, mais étrangement en sécurité. Elle se contenta d'ignorer cette sensation d'étouffement et plongea son regard dans celui de l'être en face d'elle. Elle passa alors doucement une main tremblante, mais tendre sur la joue de son agresseur. Un léger contact s'établit entre eux en l'espace de quelques secondes. Il se détendit et retira sa main du cou d'Axa qui put enfin recouvrer sa respiration après quelques toussotements. Elle se redressa pendant que la créature l'observait perplexe, d'un regard quasi identique à celui des habitants de la cité sans la peur et la haine voyageant dans le regard des humains.

— Qui es-tu ? reprit-elle doucement.

— Vulete esse ? (Serait-ce toi?)

Le son de la voix assez tendre de la créature parvint aux oreilles d'Axa qui se réjouit d'avoir enfin obtenu une réponse. Cette langue n'avait rien du français, elle la connaissait et étrangement la comprenait. La même langue que parlait la mystérieuse femme, celle qu'elle se surprenait aussi à parler. Elle ne savait pas trop comment se comporter, mais elle avait enfin l'opportunité d'y voir plus clair et laissa donc les sons couler de sa bouche.

— Me ? (Moi?)Que veux-tu dire ?

La créature fit les gros yeux et recula légèrement.

— Tu... tu parles le calien ?

— Tu parles le français ? répliqua-t-elle tout aussi stupéfaite.

— Je...

— Axa, Axa, Axa...

Les voix de la troupe et surtout celle de son père raisonnaient dans l'immense forêt et Axa ne put s'empêcher de jurer. La créature en face d'elle fronça les sourcils et une expression haineuse se planta sur son visage qui s'était fermé.

— Nimicu(Ennemis), s'indigna-t-il.

— Non ce ne sont pas des ennemis.

— Glami(Déesse), tu sais tout, mais tu ne sais rien.

— C....comment ? Et pourquoi m'appelles-tu glami ?

— Rejoins nous, tes frères nelcaliens.

Les voix se rapprochèrent et Axa ne savait que faire. Elle avait conscience que si les autres le voyaient ils l'abattraient sur le champ.

— Quand tu le voudras, tu trouveras le chemin, chuchota-t-il avant de se perdre dans la nature sans qu'Axa ne puisse dire mot.

Elle avait le regard perdu dans la direction qu'avait prise la créature et se mordit la lèvre inférieure sous le poids des milliers d'incompréhensions qui la gouvernaient. Elle ne connaissait même pas le nom de la créature. Comment ferait-elle pour les rejoindre si elle le voulait vraiment ?

— La voilà, cria une voix alors que toute l'armée se dirigeait vers elle.

Elle aperçut son père qui avait l'air du plus mécontent au monde. Elle allait prendre cher et elle le savait.

— Je suis désolée, je...je vous ai perdus, bredouilla-t-elle en se rapprochant d'eux.

Son père ne dit pas un mot et se contenta de la fixer, de l'analyser. Nul ne vit venir la gifle qui émit un son ravageur. Elle se retrouva rapidement au sol, la douleur lui violentant la joue.

— On rentre, commanda Hongust.

Axa se leva avec l'aide de Cody qui affichait un air désolé. Ils marchaient silencieusement vers la cité alors qu'Axa peu soucieuse de sa joue brûlante jetait toujours des regards dans la forêt. Elle aperçut une dernière fois la créature de tout à l'heure et crut même la voir accompagnée. Elle secoua juste la tête et marcha silencieusement. Dès qu'ils furent dans les environs de la cité, le vent se mit à souffler étrangement comme la fois où Cody et Axa s'étaient battus. Les arbres éclataient et les morceaux se dirigeaient vers la troupe. Tous essayaient de se protéger à l'aide des boucliers alors qu'Axa recherchait la source des attaques.

— Lieutenant !

Ce cri la fit sursauter et elle aperçut son père allongé au sol, un gros morceau de bois sur le ventre. Plusieurs hommes se rassemblaient autour de lui, mais ne pouvaient pas le soulever alors que le lieutenant semblait succomber. Elle se rapprocha et ne sut quoi faire. Malgré tout, elle aimait beaucoup trop son père pour le laisser souffrir.

— Stop Glami. Hè at fattu di risparmià a manu nantu à tè. (Il a osé lever la main sur toi)

C'était encore cette femme. Mais stopper quoi ? Et comment savait-elle pour la gifle ? Elle secoua juste sa tête pour se concentrer sur l'homme à terre. Elle se laissa juste guider par son âme et bientôt la grosse branche se mit à flotter pour se retrouver à mille lieux de là. Tous l'observaient à présent, sachant qu'elle était à l'origine de ça. Elle savait que les problèmes étaient toujours de la partie.

*

— Que veux-tu dire Hongust ? demanda son interlocuteur perplexe.

— Je le sens, je sais qu'elle en a vu un. Il y avait même une trace sur son cou.

— Tu veux dire les nelcaliens ? questionna M. Jones.

Hongust émit un léger grognement en se levant. La branche lui avait laminé le ventre et il portait un bandage.

— Elle aura bientôt 18 ans, je sais que c'est pour ça que ces trucs étranges arrivent. J'avais déjà fait quelques études sur ce peuple.

— Tu veux dire que ta fille est une...

— Peut-être pas totalement, mais n'oublions pas comment elle a été conçue, s'empressa-t-il de répondre.

— Tu penses faire quoi ?

— Je l'aime beaucoup parce qu'elle demeure ma fille. Je deviens trop violent avec elle et ça ne me plait pas. Il faut retourner à la source du problème.

— Explique-toi.

— Trouver les Nelcaliens et les éliminer.

— Tu n'étais pas contre ça pendant la guerre ?

— Oui, mais la donne a changé. Personne, je dis bien personne ne me volera encore un enfant.

— Je ne sais pas Hongust, ça ne changera rien à l'état d'Axa.

— C'est quelque chose qu'on peut corriger.

Hongust ne reçut aucune réponse et se contenta de fixer le mur.

— S'il le faut, je tuerai cette foutue race de mes propres mains.





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Lalie




La planète aux yeux...