Chapitre 4 : Le choix me revient

Ecrit par Mandy93

Chapitre 4 : Le choix me revient. 


Reine Merena Ombessa. 


Face à mon miroir et ayant pour seul vêtement un pagne blanc richement brodé faisant office de serviette, je m’interroge au sujet du temps que cette petite servante de malheur met pour m’apporter ma tenue du jour. J’avais pourtant donné des ordres précis afin que tout soit toujours prêt la veille. La moins que rien respectait mes ordres jusqu’à ce matin. [examinant mes cernes dues au deuil] Est ce parce que mon roi n’est plus que les gens croient qu’ils vont bafouer mon autorité ? [Mettant mes boucles blanches] Aucun autre bijou que les boucles d’oreilles ne m’est permis. [soupirant] Je n’arrive toujours pas à croire que mon rocher m’a laissée seule dans ce monde. Le palais semble bien vide sans lui… [le cœur serré] Que puis je faire? C’est le cycle de la vie… 

C’est au moment où je me détourne de mon miroir que ma porte s’ouvre sur la servante qui en passant est d’une pâleur étrange. Étant la chef des gardes qui s’occupent des vêtements et très douée, je n’ai pas encore jugé nécessaire de la remplacer. 

Moi (aggressive) : Tu me fais attendre ? Hein ? C’est parce que mon mari n’est plus que tu me manques de respect ? 

Shella (s’agenouillant) : Pardonnez moi ma reine, je m’assurais que le tissu soit de bonne qualité, car ces derniers temps le livreur se trompe… 

Moi (la grondant) : Et ? Tu dois trouver des solutions pour ne pas me faire attendre ! [la regardant avec mépris] moins que rien ! J’espère que c’est clair ! 

Shella (faiblement) : Oui ma reine. 

Je la toise avant de me retourner vers le miroir. 

Moi (sèche) : Aide moi à m’habiller ! 

Elle se lève rapidement et se précipite. D’un œil expert, je la détaille attentivement pendant qu’elle s’active pour donner forme au tissu. Une fois fini, je me retourne pour lui faire face. 

Moi (la fixant) : Et qu’est ce que tu as ? 

Shella (gênée) : Euh…  Je vais bien ma reine… 

Elle me prend sans doute pour une idiote cette petite. 

Moi (suspicieuse) : Tu peux disposer ! 

Elle a l’air soulagée, sans doute parce que je n’insiste pas. C’est mal me connaître ! Tu ne m’échapperas pas ! Je finis de me préparer, bien sûr toute de blanc je suis vêtue. Une fois prête, je sors de mes appartements et me dirige vers l’aile des gardes. À l’époque, les membres de la famille royale étaient toujours accompagnés de servantes qui jetaient des pétales de roses sur leur passage. Mon mari a mis un terme à tout cela et je ne lui en ai pas tenu rigueur, car personnellement je n’ai pas besoin de ça pour qu’on reconnaisse mon autorité. Le premier garde sur lequel je tombe est un jeune homme qui travaille ici depuis des années. 

Le garde (s’inclinant) : Sa majesté… 

Moi (sèche) : Fais venir ici maleka ! [regardant de gauche à droite] Fais la entrer discrètement ! Une fois qu’elle sera là, fais moi appel ! [le fixant] Dis lui surtout d’apporter le matériel ! 

Le garde: Ce sera fait, majesté ! 

Je me tourne et m’en vais dans les appartements de mon premier fils. Je dois avoir une conversation avec lui. Je le trouve posé sur son canapé en cuir, l’air pensif. 

Moi (m’approchant de lui) : Fils ? [m’asseyant à ses côtés] Bonjour. 

Il lève les yeux sur moi et me sourit, mon cœur se réchauffe aussitôt. Combien j’aime mes enfants ! 

Lui (doux) : Bonjour mère ! Comment tu vas ? [saisissant ma main] Je sais que c’est dur, mais tu dois être forte, tu vas t’en sortir ! 

Moi (émue) : Oui, j’ai foi que la douleur s’estompera peu à peu… 

Nous restons silencieux un moment avant que je ne reprenne la parole. 

Moi (le regardant) : Dis moi…  Je venais te parler de tes fiançailles…  Nous devons aller rencontrer mon amie, la reine Layla Ponda afin d’officialiser les choses entre sa fille et toi…  Nous devons nous activer mon fils, le temps presse…  Choisissons une date pour… 

Lui (me stoppant) : De quoi tu parles mère ? 

Moi (m’exclamant) : Mais de ton union avec la princesse Bellissa bien entendu ! 

Lui (sérieux) : Non mère, le choix me revient ! Et je veux une fille de ce royaume. 

Moi (fronçant les sourcils) : Et tu vas épouser quelle princesse ? La seule de ce royaume c’est ta sœur ! Tu veux donc épouser qui ? 

Lui (l’air ennuyé) :… 

Moi (le fixant) : Je t’ennuie avec mes questions ? 

Lui (soupirant) : Mais non mère ! 

Moi (aggressive) : C’est donc quoi ? 

Lui : Mon épouse peut ne pas être une princesse… 

Je crois que si mes yeux pouvaient se propulser hors de mes orbites et tomber par terre, ils auraient déjà fait plusieurs roulades par terre tellement je suis choquée. 

Moi (le cœur en ébullition ) : Une fille de la basse classe ? Ça jamais ! 

Lui (ferme) : Maman, ma décision est prise. Je vais d’abord chercher dans le royaume ! Si je ne trouve pas, alors je prendrai en compte ta proposition. 

Eh ben ! Mon fils qui me tient tête ? On verra où ça le mènera. Je vais faire profil bas pour le moment. 

Moi (le regardant) : Et tu veux procéder comment ? 

Lui (sourire en coin) : J’y réfléchis encore, une fois que je serai sûr je t’en dirai plus mère. [se levant] 

Comprenant qu’il à l’intention de sortir, je me lève à mon tour. 

Moi (agitant mon éventail blanc) : Et là tu vas où ? 

Lui (évasif) : Faire un tour…  

Il s’approche de moi et dépose un bisou sur ma joue. 

Lui (souriant) : À plus, ma très chère mère ! 

Moi (tordant la bouche) : Humm ! 

[Le fixant] Ce n’est pas possible que nos plans tombent à l’eau ! Layla et moi nous étions promises que nos enfants se marieraient ensemble, et ce sera le cas. [Frisson de dégoût] Je refuse qu’une fille sortie de nul part prenne possession du royaume ! La royauté n’est pas faite pour les moins que rien. 


Shella Mbaka


Je suis entrain de donner des directives à Santa et Lira, les deux jeunes filles avec qui je travaille dans le palais. Généralement, maîtrisant les choix vestimentaires des membres du palais, je leur délégue des taches pour que tout aille pour le mieux. Elles s’occupent de la broderie et tout ce qui va avec. 

Moi (les regardant) : Comme vous le savez on a pas droit à l’erreur les filles, et… 

Je suis interrompue par un des gardes, Loïc Cisié qui vient me chuchoter à l’oreille. 

Loïc (à voix basse) : Qu’as tu fais à la reine ? 

Je le regarde perdue tandis que mon cœur se met à battre très fort. 

Loïc (me regardant bizarrement) : Tu es attendu dans l’aile déserte. [chuchotant] Et elle a fait venir Maleka ! 

À ces mots, je suis littéralement figée par la peur. Je croyais avoir convaincu la reine. Pourquoi faire venir la guérisseuse du village ? La mort dans l’âme, je le suis jusqu’à l’aile déserte. Elle est appelée ainsi parce qu’elle est inhabitée depuis des lustres, mais il y a bien sûr des chambres, salons et douches. Il me conduit dans le couloir des chambres avant de s’en aller. Je suis au bord des larmes. Qu’est ce que cette femme sans cœur me veut ? Debout au couloir, le regard qu’elle darde sur moi en dit long. 

Moi (m’inclinant) : Ma reine m’a demandé…

La reine (sèche) : Entre dans cette chambre ! Maleka va t’ausculter!

Moi (le cœur battant) : Oui ma reine. 

C’est comme une condamnée que je fais mon entrée dans la chambre indiquée, Maleka m’y attend et darde sur moi un regard neutre. Cette femme est réputée pour garder les pires secrets, elle est plus qu’une tombe. Il se dit qu’elle a déjà vu tellement de choses au cours de sa vie que plus rien ne la surprend ni ne l’effraie. C’est une femme à la peau noire ébène, petite de taille avec des cheveux tout blanc. Son visage est peu avenant quelque soit les efforts qu’elle fourni pour paraître rassurante. Il se dit qu’elle a plus de 70 ans, mais elle tient encore parfaitement sur ses jambes. Drapée dans un vieux pagne aux motifs bleus et verts, elle est debout près du lit. 

Maleka (neutre) : Jeune fille, débarrasse toi de ton pagne et viens t’allonger. 

Moi (le cœur battant) : Mais mama Maleka il y a un problème ? 

Maleka (l’air irrité) : C’est à moi que tu poses la question ? Ne perds pas de temps jeune fille ! Tu sais comme moi que la reine déteste attendre. 

C’est toute tremblante que j’ôte mon pagne, mais laisse mes sous vêtements avant de m’allonger. Sans perdre de temps mama Maleka s’approche et commence à me palper de partout d’une main abile. Au premier contact de sa main sur mon ventre, je frissonne car elle est extrêmement glacée . Elle observe mes yeux, ma langue, c’est comme une visite médicale de routine, tout y passe. 

Mama Maleka (concentrée) : Tes dernières menstrues ? 

Je déglutis péniblement avant de lui répondre, la gorge sèche. 

Moi (mentant) : Le mois dernier… 

Elle me fixe longuement en silence, sans doute elle sait que je mens. Gênée, je détourne le regard. 

Maman Maleka (se dirigeant vers la porte) : Tu peux te rhabiller…

Moi (m’asseyant) : Je peux partir ? 

Maman Maleka (s’en allant) : Il faut attendre ici ! 

Il ne me reste plus qu’à prier qu’elle ne se soit rendu compte de rien. Ce serait peu probable vu son expérience, mais j’ai foi en mon créateur…  Je finis à peine de me revêtir que la porte s’ouvre pour laisser apparaître la reine elle même, elle est suivie de près par mama Maleka. Sa mine contrariée ne me dit rien qui vaille, ce qui fait accentuer les battements de mon cœur qui s’était déjà un tant soit peu calmé. 

La reine (fixant mon ventre d’un air dégoûté) : Est ce de mon fils, ce que tu portes ? 

Mon cœur fait un raté, je sens mon corps se liquefier et sans que je n’y puisse rien, je me retrouve assise sur le lit. Je crois que je suis au bord de la crise cardiaque car oui, je suis bien enceinte du prince. Mais où est le courage pour dire cela à la reine ? Je préfère garder le silence, ça vaut mieux . 

La reine (sèche) : Et que comptais tu en faire ? Te crois tu digne de porter mon petit fils ? 

[Silence] 

La reine (le regard mauvais) : Tu sais ce que tu vas faire maintenant petite moins que rien ? [s’éventant] Je vais te le dire… Tu vas prendre la potion préparée par Maleka et rester ici ! Elle sera avec toi pendant les deux prochains jours veillant à ce que l’évacuation se passe bien ! 

[Koum] 

Mon estomac se noue davantage. Évacuation ? La reine va tuer son petit enfant à naître ? Je pose instinctivement la main sur mon ventre, je tremble de tout mon être. 

Moi (les yeux rouges) : Je vous en prie ma reine ! Je peux m’en aller loin de ce royaume, me refaire une nouvelle vie…  [suppliant] Vous n’entendrez plus jamais parler de moi…  Je vous en prie… 

La reine (insensible) : Et courir le risque qu’un jour tu réapparaisses créer le désordre dans le palais ? Jamais ! Tu vas prendre cette potion ! 

Moi (révoltée) : Vous n’avez pas le droit! [pleurant] Vous n’avez pas le droit…  Ça peut tout aussi bien être le seul enfant que je suis appelée à avoir dans ma vie… 

La reine (vociférant) : Tais toi! Ton seul enfant tu dis ? Qu’est ce que j’en ai à faire idiote ? C’est pour éviter des situations pareilles qu’on vous  demande d’attendre d’être mariée avant de procréer ! Fille aux cuisses légères ! Fille de petite vertu ! Est-ce que ta mère t’a appris ? 

Je pense à ma mère et j’ai honte, elle qui est si heureuse que je serve au palais… C’est un honneur dans notre royaume d’être choisi pour servir dans la cour royale. 

La reine (me regardant de la tête aux pieds) : Tu crois que mon fils sera heureux d’apprendre la mauvaise nouvelle ? [rire mauvais] Ou qu’il voudra t’épouser ? Tu te trompes sombre idiote ! Tu es un de ses joujous ! Et tu n'es certainement pas la seule!

Je lève les yeux baignés de larmes vers elle, je n’ai pas de mots face à tant de cruauté…

La reine (riant de plus belle) : Tu ne le savais pas ? Bref ! [me fixant] Revenons à nos moutons ! J’ai  tous les droits, je suis là souveraine de ce royaume ! [gonflant] La reine mère ! Je décide qui peut porter mon petit fils, et laisse moi t’assurer que ce n’est pas toi ! 

Mes sanglots redoublent quand elle donne l’ordre à maman Maleka de m’apporter la dite potion. Son regard n’a aucune once de compassion quand elle me tend le gobelet en bois contenant la mixture verdâtre dont l’odeur d’herbes pourries me révulse l’estomac. Je saisis le gobelet d’une main tremblante, et mon regard se perd dans la contemplation de la mixture épaisse. Je ne veux pas faire ça… [Pleurant] 

La reine (s’impatientant) : Je n’ai pas que ça à faire ! 

Je prends mon courage à deux mains et essaye une ultime tentative… 

Moi (la voix tremblante) : Et…  Et si je refuse ? 

Elle laisse échapper un rire mauvais avant de reposer sur moi un regard qui me fait froid dans le dos. 

La reine : Dans ce cas, ce ne sera pas seulement ton rejeton qui sera évacué, mais toi tu ne reverras plus jamais le jour. Je te ferai pendre pour haute trahison, et crois moi, personne ne pourra contester cela ! [le regard perçant] Je n’ai pas besoin de te rappeler que ta mère sera couverte de honte, n’est ce pas ? [S’éventant] Fais ton choix, qu’on en finisse ! 

Mourir de manière si honteuse ? Je sais comment sont traité ceux dont un familier a trahit le royaume…  [pleurant] Non, je ne veux pas ça pour ma mère…  Je ne veux pas qu’elle soit obligée de choisir entre partir de sa terre natale et faire le tour du royaume nue comme un ver pendant toute une journée pour pouvoir rester. 

C’est donc le cœur en miettes que je porte le gobelet à ma bouche. L’amertume du liquide et sa texture épaisse me font frissonner, mais je sers le cœur et avale tout…  Pardonne moi, mon bébé… 

La reine (satisfaite) : Tu ne pouvais pas faire meilleur choix ! 

Aussitôt que je pose le gobelet sur la commode,  mon estomac se retourne et je sens le liquide remonter vers ma bouche à toute vitesse. Je me lève la main sur la bouche pour aller rendre le tout. 

La reine (méprisante) : Autant de fois tu vomiras, autant de fois tu boiras cette potion ! 

C’est avec un effort surhumain que je réussis à éviter que ça ne sorte. Sentant ma tête tourner et mon bas ventre commencer à me faire mal, je m’allonge. 

Mama Maleka (neutre) : Ça commence à faire effet. 

La reine (satisfaite) : Bien ! Estime toi heureuse que je la laisse s’occuper de toi et s’assurer que tout se passe bien. 

Elle se dirige vers la porte avant de se retourner vers moi. 

La reine (les sourcils froncés) : As tu parlé à quelqu’un de ce problème ? 

Moi (du bout des lèvres) : Non ma reine ! 

La reine (souriante) : En même temps j’aurai été surprise que tu aies le courage de dévoiler une telle honte ! Ce serait exposer ta nature de fornicatrice! Ce sera donc notre petit secret…  N’est ce pas ? 

Moi (faiblement) : Oui ma reine. 

La reine : Bien ! 

Elle sort sur ces derniers mots, me laissant désemparée. 

Moi (regardant mama Maleka) : Mama Maleka, aide moi…  Je ne veux pas perdre mon enfant… 

Mama Maleka (apprêtant des serviettes propres et une bassine d'eau) : Je vais prendre soin de toi, ce sera bientôt fini. 

Je pleure face à mon impuissance, je pleure face à ma bêtise. Si j’étais restée digne, je n’en serais pas là. Si je n’avais pas donné à ce prince la possibilité de m’écraser plus bas que terre, je n’en serais pas là. Est-ce un crime d’être pauvre? Il faut croire que dans notre royaume oui. Je m’en remets à mon créateur…  Lui seul rémunère chacun en fonction de ses actes. 


*** Le lendemain ***


Prince Kirill Ombessa 


Je me réveille ce matin avec une certaine joie dans le cœur, je donne l’ordre à un des gardes de faire venir les notables avant de me préparer à sortir de mes appartements. Je tombe sur une fille avec qui j’ai passé la nuit. 

Elle : Mon prince est déjà réveillé ? 

Moi (sec) : Qu’est ce que tu fais encore ici ? Dégage ! 

J’aime beaucoup cet air déboussolé qui naît dans les yeux de ces idiotes à chaque fois que je prononce cette phrase. Je serre le cœur pour ne pas rire face à cette villageoise de plus qui a succombé à mon charme. [riant intérieurement] 

Elle (bégayant] : Mais… Mais mon prince, je cro…  je croyais que… 

Moi (posant mon index sur mes lèvres) : Chut ! Je ne veux plus t’entendre ! Tu croyais que quoi ? C’est ça le problème avec vous les villageoises ! Vous vous faites toujours des films. Ce que je voulais de toi, je l’ai eu ! [sec] Tu peux dégager ! 

Elle éclate en sanglots et part en courant pendant je laisse libre cours à mon rire moqueur. [La regardant courir] Ça c’est ma partie préférée. 

À peine elle sort que mon frère me rejoint. 

Willem (l’air désolé pour la fille) : Ce n’est pas une vie ça… 

Moi (m’habillant) : Ce n’est pas UNE vie, c’est MA vie ! Je vais rejoindre les notables. Tu viens ? J’ai une annonce à faire. 

Willem (me regardant) : Je te suis ! 

Côtes à côtes nous sortons et je me réjouis de voir que tous les notables sont déjà là. Je me sens de plus en plus bien dans mes nouvelles fonctions…  Ce pouvoir, cette autorité, ça fait du bien !

Moi (sérieux) : Bonjour, chers notables ! 

Eux (en chœur) : Bonjour, prince Kirill. 

Moi (allant droit au but) : Je vous ai fait appeler pour vous faire part de ma décision. Un concours de danse sera organisé dans exactement un mois à partir d’aujourd’hui. 

Je poursuis, pendant que certains ouvrent déjà grands les soucoupes volantes qui leur sert d'yeux.

Moi (imperturbable) : Concours après lequel je prendrai trois jours pour réfléchir à celle qui sera mon épouse. [les regardant] Si vous avez des suggestions, je vous écoute. 

Notable Soupo (étonné) : Mais, il y a longtemps que votre père avait aboli cette manière de choisir, car ça avait eu de mauvaises conséquences pour le royaume dans le passé… [s’inclinant]  Mon prince… 

Notable Lambo (appuyant) : Oui, il avait jugé que se baser sur des pas de danses pour choisir une reine n’était pas très…  [touchant son menton rempli de barbe] Judicieux… 

Notable Kola (sourcils froncés) : Sans compter que certaines reines ont failli créer des dommages irréversibles au royaume… 

Moi (ferme) : Oui, je sais. Mais je ne doute pas je ferai le bon choix, guidé par mes ancêtres ! Les jeunes filles danseront sur l’assiko! Cette danse magnifique que nos ancêtres affectionnaient tant ! 

Notable Pembo (la mine serrée) : Mais mon prince… 

Moi (le coupant) : C’est mon choix ! Je veux que les choses se déroulent ainsi!

Lui là avec sa mauvaise tête, je l’ai à l’œil. Ce n’est pas parce que je participais peu aux réunions avec mon père que j’ignore que c’est un homme à problèmes. 

Notable Soupo (s’inclinant) : Bien, prince Kirill, il sera fait selon votre volonté.

Nous discutons encore un peu avant qu’ils n’aillent chacun vaquer à leurs occupations. 

Moi (me tournant vers mon frère) : Qu’en penses-tu mon frère ? 

Willem (souriant) : Du moment où ce n’est pas maman qui te téléguide, pour moi ça va… [taquin] Tu n’as pas résisté à l’envie de voir des jeunes filles danser savamment ! 

Moi (riant) : Et perdre l’occasion de voir les déhanchés mortels ? Oh non ! 

Nous rions de bon cœur avant que chacun ne prenne la route de son appartement. Dans le mien, je tombe sur ma mère assise sur un canapé. 

Moi (m’inclinant) : Mère… 

Mère (souriante) : Mon fils, je viens aux nouvelles. J’ai ouï dire que tu avais une réunion avec les notables. Qu’en est-il ressorti ? 

Moi (m’asseyant) : Oui, je leur faisais part de ma décision d’organiser un festival de danse, je choisirai celle qui dansera l'assiko avec grâce et majesté. 

Tout à coup, elle a l’air contrariée… 

Mère (me fixant) : Tu choisiras celle qui dansera l’assiko ? Mais quel est ce critère obsolète ? Comment choisir une reine en regardant des jeunes filles danser ? [s’évantant] Il y a d’autres moyens de choisir ! 

Moi (la regardant) : C’est celui là que je veux ! C’est moi le futur roi, c’est moi qui décide, on fait les choses à ma manière ! 

Mère (triste) : Donc parce que tu es le futur roi, l’avis de ta mère ne compte plus ? Rappelle toi que c’est moi qui t’ai porté ici [tapotant son ventre], et ce pendant 11 longs mois ! 


Moi (soupirant) : Je n’ai pas dit que ton avis ne comptait pas mère… 

Mère (continuant) : Ça commence comme ça quand tu vas te marier ce sera comment ? Ta femme va me parler n’importe comment ? Et tu laisseras faire ? Toi mon fils pour qui j’ai souffert ? [soupirant] Une autre aura toute ton attention ? Eeeehhh [prenant une mine affligée] 

Moi (avec force) : Ça jamais mama ! Ma femme te devra soumission ! Tu es ma mère, et ce que tu dis est ce qui est ! Pour moi une mère ne se trompe jamais ! 

Mère (boudant) : Pourtant tu as refusé mon choix pour toi, tu n’as même pas voulu rencontrer Bellissa ! 

Moi (souriant) : Là c’est autre chose mère ! 

Elle piaffe avant de se lever. 

Mère : Une dernière chose ! 

Moi (la regardant) : Oui ? 

Mère (sérieuse) : Tâche de faire plus attention lors de tes bêtises avec les moins que rien de ce royaume ! J’ai dû gérer une de tes bavures hier ! 

Moi (surpris) : Hein ? 

Mère : Sors bien les yeux ! Petit don Juan ! Fais plus attention si tu ne veux pas d’enfants hors mariage ! 

Moi : Oh que non ! Tu as bien fait de gérer le problème ! 

Mère (souriant) : Je n’en doute pas ! 

Que ferai je sans cette femme forte, mon rocher, mon bouclier, elle est tout ça. Je suis fier de l’avoir pour mère. Le soir même, je fais convoquer Monila, le messager afin qu’il se charge de répandre la nouvelle dans tout le royaume, mentionnant que chacune devra se préparer pour ce grand jour. [souriant] Je me réjouis dans l’attente du jour où des filles se trémousseront pour être ma reine.

Royauté