Chapitre 4 : Moussa Sow

Ecrit par Moktar91

Chapitre 4 : Moussa Sow


Ouidah, 41,5 km de Cotonou


Ville culturelle du Bénin.


Quartier Adjdo



Mariama venait de finir ses raakats. Préalablement, elle avait rattrapé ses prières de la vieille et avait pris le soin de faire sa prière du matin en ce jour, le fadjr. Elle était encore sur son tapis de prière, le Coran en main, méditant, la sourate de la vache quand son mari sorti de la chambre. Il regarda de gauche à droite, sembla rechercher quelque chose ou quelqu'un. Quand ses regards se posèrent sur sa femme, il s'adoucit. Ses pas se dirigèrent vers le jardin. Il y trouva sa fille, Kaossarath. Elle revisait ses cours. Il se retourna sans bruit, ne voulant pas perturber le travail de sa prunelle. Quand il revint près de sa femme, cette dernière venait de refermer le Coran. Néanmoins, elle était toujours assise sur son tapis de prière. Moussa l'observa un moment et la désira. Il la désira tellement qu'il secoua la tête comme ci cette idée allait s'en aller d'un coup. 

Moussa attendit patiemment qu'elle se décide à rouler le tapis. Quand ce fut fait, il prit sa femme par la taille et lui donna un langoureux baiser. Mariama se laissa faire. Son être vibra au contact des lèvres rugueuses de son homme. Alors que ses mains se plaquèrent sur ses cuisses affermies, Mariama émit un léger couinement et se cambra quand l'homme essaya de rechercher son intimité. Elle souleva légèrement sa jambe droite et se laissa découverte. L'homme enfonça un doigt en elle. Elle se mordit les lèvres, se rappelant ces années de jeunesse... 


C'était aussi pour cela qu'elle aimait cet homme. C'était aussi parce qu'il savait la dominer qu'il est le seul homme à l'avoir connu. Alors, que, l'homme se mit à la pilonner, Mariama tenait le pan du mur et se mouvait sous les craques endoloris de son homme. Quand les deux atteignirent l'extase, l'homme se retira et embrassa sa femme une fois encore. Il lui réajusta ces vêtements. Elle le laissa faire. Elle adorait ses moments d'après, quand il prenait soin d'elle et la traitait comme une reine, sa reine. 


Moussa se décida enfin à partir. Ce samedi, il était 7h45 quand sa voiture, une Toyota Yaris quitta le domicile familial. Un rendez-vous d'affaires a-t-il dit.


Mariama regarda son homme partir et ce pressentiment étrange lui noua de nouveau le ventre. Elle l'avait confié à Allah plutôt dans ses raakats. 


C'est son homme. Elle l'avait bâtit. Elle l'avait fait. 


Quand Moussa Sow, croisa le chemin de Mariama Ligali, la jeune fille venait d'avoir ses 16 ans. Il était contremaître sur un chantier de maçonnerie. Elle, la belle élève était la fille de l'un des plus riches de la ville. Leur idylle commença doucement. Elle aimait les belles paroles de cet homme, à peine sorti de l'adolescence tout comme elle. Il va lui apprendre qu'il venait du Sénégal, et qu'il était au Bénin à la recherche de sa pitance. Elle aimait l'intégrité religieuse de cet homme qui plaçait Allah, pilier de sa vie au dessus de tout. Elle riait au regard vicieux et amoureux de l'homme.

 

En ces instants, alors que Mariama était assise dans le fauteuil du salon, elle ne savait plus vraiment ce qui l'avait fait fondre chez cet homme. Peut-être bien sa manière inconsciente de parler le fon, langue du Bénin parlée par presque 80% de la population. 

Elle remercia le ciel quand son père accepta leur union deux ans plus tard. Mariama était encore en première année d'université et Moussa venait d'installer sa première quincaillerie. Pendant longtemps, ils ont été complices, ils ont fait chemin ensemble et continuent de le faire. Elle était si heureuse mais n'avait qu'une seule ombre au tableau. L'absence d'un héritier. Moussa par contre n'entendais pas cela du même oreille. Il l'aimait plus que jamais cherchant moultes moyens de la combler. Il alla même jusqu'à lui proposer l'adoption, ce qu'elle refoula d'un trait. Il leur avait fallu attendre 9 ans pour voir apparaître leur fille Kaossarath. Depuis, ils ont cherché d'autres enfant en vain... Moussa ne s'en offusquait guère. Il l'aimait toujours et elle le lui rendait à merveille comme l'intense union entre les deux quelques minutes plutôt. 

Avec le temps, elle oublia qu'il lui fallait concevoir à nouveau. Elle s'évertua à élever sa fille. Aujourd'hui, elle a 17 ans et reste leur fierté.


Oui, cet homme, elle l'aimait. Et pour rien au monde, elle ne laissera rien ni personne le détruire. Elle se concentra un instant sur le poste téléviseur allumé, mais sombra petitement dans un sommeil profond. Ses pensées s'envolèrent vers un lieu inconnu. Elle vit son homme, Moussa. Il était projeté dans un grand trou et un autre homme, grand de taille, le regardait en ricanant. Quand elle essaya de s'approcher de son homme pour le sauver, l'homme lui barra la route...


Mariama se réveilla en sursaut. C'était la cinquième fois cette semaine qu'elle faisait le même rêve. 



La dernière fois c'était au cours de la nuit précédente. Elle pria pour son homme. 


-<<y'a Allah, protège-le des problèmes. Amina.>>


Elle se leva et alla dans la chambre sous le regard indifférent de sa domestique qui s'afferait au ménage...



La voiture de Moussa venait de s'engager sur la voie de Cotonou.

Il n'était pas du tout rassuré mais il se devait d'accomplir cette tâche qui lui était imposée. Son partenaire avait besoin de lui et il ne pouvait le laisser tomber. 


Six ans déjà que Moussa est devenu le numéro un en matière de quincaillerie au Bénin. De simple fournisseur de la ville de Ouidah, l'homme fournissait aujourd'hui plus de neuf des douze départements du Bénin. Il avait réussi à avoir accès aux instances nationales, et ce, c'était le coup de son partenaire. 


Pendant tout ce temps, il n'avait jamais connu ce partenaire en dehors de son avocat qui jouait les intermédiaires. Aujourd'hui, il détient 39 % des actions de l'entreprise de Moussa. Cela, Moussa s'en foutait pas mal. Le plus important, c'est de voir son nom sur les plaques publicitaires et de se savoir citer en exemple. Lui qui avait commencé comme aide Mâcon dans ce pays. Il se rappela comment il mit pied au Bénin, sans rien, juste 16350 frs. Aujourd'hui, il doit tout à ce pays, à qui il redonne tout. 


Il serra le côté gauche et gara sa voiture devant une petite bâtisse. Moussa attendit un moment, inspirant profondément avant de prendre son téléphone. Il composa le numéro qui lui avait été donné et attendit. Quand la voix grisonnante lui parvint, il raccrocha quelques secondes après. Environ une dizaine de minutes plus tard, un homme vint s'asseoir dans le véhicule. À sa suite, l'intermédiaire habituelle, l'avocat...



13h23 sonnait quand la voiture de Moussa pénétra dans la maison à Ouidah avec ses deux compagnons. Quand ils firent leurs entrées dans le salon, Mariama revenait de la cuisine. Quand son regard rencontra celui de l'homme, elle laissa tomber la série de plats qu'elle avait en main. Elle était étonnée et à la fois apeurée. Cet homme, c'était le même que dans ses rêves.


-<<Chérie, je te présente mon associé, il restera quelques jours avec nous histoire de s'imprégner de nos activités.>>


Mariama regarda son mari parler avant de hocher la tête. 


L'homme se dirigea vers la chambre d'amis sous la conduite de Moussa. 


Quand il se fit installer, raser, et habillé convenablement, toute sa fermeté revint... 


Ses années de prison n'était autre qu'un mauvais passage derrière lui...


Il pénétra majestueusement dans le salon. Il n'avait rien perdu de sa prestance et de son élégance. 


Trokpo Agossou est de retour...


Désormais, il peut se concentrer sur son plan de vengeance...

Dieu n'est pas ici