CHAPITRE 4: TA RÉELLE IDENTITÉ.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 4 : TA RÉELLE IDENTITÉ 

**LOYD MBAZOGHO**

Marwane : (Sortant de la cuisine) Surprise ?

Moi : (Fronçant les sourcils) Marwane ?

 Marwane : (Souriant) C’est moi.

Moi : Qu’est-ce que tu fais là ?

 Marwane : (Souriant) J’ai décidé de rentrer à la maison.

Moi : Et c’est ici la maison ?

Marwane : Oui. 

Moi : (Arquant un sourcil)

Marwane : Je me sens à la maison quand je suis avec toi.

Moi : (Le regardant, silence) 

Marwane : (Me fixant dans les yeux)En fait, je t’aime Loyd.

Moi : (Les yeux ronds) Hein ?

Marwane : J’ai dit que je t’aimais.

Moi : (Après l’avoir regardé en silence) Je vois. 

J’ai tracé mon chemin jusqu’à la chambre et je me suis assis sur le lit en posant ma mallette. J’ai desserré ma cravate et retiré ma veste.

Marwane : (Entrant dans la pièce) Tu ne vas rien dire ?

Moi : (Retirant mes chaussures) Par rapport à quoi ?

 Marwane : À la déclaration que je viens de te faire ?

Moi : Non.

Marwane : Ah bon ? Ça ne te fait rien que je te dise que je t’aime ?

Moi : (Me levant pour ranger mes chaussures) Bah non.

Je n’ai pas su à quel moment il s’est approché mais il est venu me serrer dans ses bras par derrière et aussitôt ses larmes se sont mises à couler.

Marwane : (Reniflant) Merci Loyd.

Moi : (Ne bougeant pas)

Marwane : Je sais qu’il y a quelques années, tu avais peur de moi, enfin de ce que j’étais et que tu me rejetais parce que tu ne voulais pas prendre le risque que je puisse te contaminer .

 Moi : Marwane.

Marwane : Laisse-moi finir stp. 

Moi : (Silence)

Marwane : Tu sais pour avoir subi les regards des gens sur ma personne presque toute ma vie, je sais identifier ce que les gens pensent de moi en me regardant. Là où les autres exprimaient de la pitié à mon égard, toi tu faisais un rejet et je ne sais pas pourquoi mais je préfèrerais ce rejet à la pitié que les autres manifestaient inconsciemment à mon égard. C’est pourquoi c’est sur toi que mon esprit s’est accroché pour tirer de la force et changer. Je me suis battu ces dernières années pour pouvoir changer la perception que les gens avaient de moi, que l’on me voie autrement que comme ce pauvre petit garçon que ses propres parents ont travesti et malgré mes efforts, cette étiquette continue à me coller à la peau à travers les regards de pitié que les gens ont sur moi. Ce n’est pas le cas avec toi et tu viens de me le prouver une fois de plus avec ta réaction à ma déclaration. Le fait que tu ne penses pas que mon je t’aime puisse être un sentiment amoureux me montre que ton opinion sur moi a changé. Et cela me rassure sur le fait que tu me voies comme un homme à part entière, alors je te remercie.

Moi : Je comprends. (Tapotant son bras) Je suis vraiment désolé que tu aies à lutter contre les regards de la société mais malheureusement c’est le monde dans lequel nous vivons. Nous nous concentrons plus sur le passé au lieu de voir le présent et le futur d’une personne. Comme tu l’as si bien dit, je faisais un rejet à cause de comment on s’est rencontré et aussi parce que l’homosexualité est une chose avec laquelle je ne peux être compatible. Mais pour avoir assisté à tout ce à quoi nous avons fait face par le passé, j’étais quelque part au fond de moi sûr que cette identité que l’on t’avait collé n’était pas la tienne alors j’ai refusé de te voir ainsi. Même si tu me tapes les ¾ du temps sur le système, tu es Marwane, mon frère quelque peu efféminé mais mon frère quand même. C’est très clair dans ma pensée. Et (avalant mes mots) Je t’aime aussi.

Marwane : (Esquissant un grand sourire à travers ses larmes) J’avais bien dit depuis le début que tu étais fan de moi.

Moi : (Retirant ses bras) Dégage. 

Marwane : (Essuyant ses larmes en riant) Je savais que je ne m’étais pas trompé en venant ici plutôt qu’au Gabon.

Moi : Je ne me rappelle pas t’avoir dit que tu pouvais rester ici en même temps.

Marwane : (Sortant de la chambre) Viens me chasser si tu peux. 

J’ai bougé la tête en souriant puis j’ai continué à me déshabiller avant d’aller sous la douche. Je suis revenu mettre des vêtements de maisons et je me suis assis un moment avec mon téléphone en main. J’ai avisé l’heure et il était 16h30 donc 18h30 en Belgique, à pareille heure Reb doit être à la maison déjà. J’ai lancé l’appel vidéo sur son numéro et elle a décroché avec un large sourire qui a accentué ma bonne humeur automatiquement.

« Moi : (Souriant) Salut toi. »

«Lucrèce : (Large sourire) Cc l’homme de ma vie, tu es déjà rentré ? »

 « Moi : (Tournant le téléphone pour qu’elle voie le cadre) »

«Lucrèce : Oui, tu es dans notre nid d’amour. »

 « Moi : (Souriant) Oui. Et toi ? »

Elle tourne la caméra pour me montrer et je vois qu’elle est en pleine séance de photos, il y a tout un ensemble de vêtements sur le lit qu’elle va porter. Pour ne pas lui faire perdre du temps, elle travaille en même temps qu’elle parle et je l’assiste. Elle me demande de temps en temps mon avis sur les tenues et l’assemblage fait. Je profite également à lui raconter ma journée et tout ce qui s’est passé. Je chute avec le fait que Marwane m’ait fait la surprise en venant ici.

«Lucrèce : (Me regardant) Il va rester avec toi pour de bon ? »

 « Moi : Je ne sais pas trop pour combien de temps il sera là. Nous n’avons pas encore parlé de ses projets. Je ne sais donc pas ce qu’il compte faire. »

«Lucrèce : Il faut en parler pour savoir. Maintenant qu’il a eu son diplôme, il va bien falloir qu’il fasse quelque chose. Ou bien il compte rester à la maison ? Ça c’est un point. Ensuite, l’endroit où il compte travailler c’est où ? Parce que toi-même tu es censé rentrer bientôt n’est-ce pas ? »

« Moi : Je vais en parler avec lui tout à l’heure. En ce qui me concerne, oui, j’étais venu pour un an ici mais il se trouve que mon temps sera prolongé. »

« Lucrèce : Pourquoi ? »

« Moi :  Parce que la société est rentrée dans un nouveau programme et je ne peux pas bouger pour le moment. Je suis là pour une année supplémentaire. Et à vrai dire, j’aime mieux être ici, mise à part les soucis que tu connais, que là-bas. »

« Lucrèce : Ton environnement de travail m’inquiète Loyd. »

«Moi : (Souriant) Je le sais. Mais tu sais, cela n’a pas seulement de mauvais côté. Je trouve cela quelque peu bénéfique pour moi. »

 «Lucrèce : (Fronçant les sourcils) Comment ça ? »

 «Moi : Avant tout ce qui s’est passé l’année dernière, j’étais un tout petit peu léthargique pour tout. Je travaillais bien mais j’étais dans une certaine zone de confort qui me plaçait dans une espèce de bulle car je n’avais pas vraiment conscience des enjeux et de tout ce qui m’entourait. Il en était de même avec ma vie de prière et ma spiritualité. Je les faisais beaucoup plus par habitude qu’autre chose, c’est pourquoi j’étais quelque peu négligent sur certains aspects. Mais depuis ce que nous avons vécu, j’ai eu une sorte de déclic. Je suis conscient que je suis dans un lieu où les gens veulent ma mort aussi bien sur le plan physique, que professionnel et spirituel. J’ai tout pris au sérieux et cela a un réel impact sur ma vie de tous les jours. Quelque part, j’en avais besoin pour me réveiller. »

 « Lucrèce : Je vois. Même si je n’aime pas l’idée de te savoir en danger, je comprends ce que tu dis et on va continuer à prier et faire confiance à Dieu. Mais je vais quand même prier pour que tu quittes de là-bas. (Je souris) Oui. Je vais prier pour que tu ailles en Afrique du Sud ou en Chine comme tu ne veux pas retourner au Gabon. »

« Moi : (Souriant) La Chine pour que tu puisses être proche de ton gars hein ? »

 «Lucrèce : (Riant) Tu es terrible. Tu veux encore commencer non ? »

« Moi : (Souriant) Hum. En tout cas. Il faut prier, ce n’est pas mauvais. Cela m’ouvrira certainement d’autres portes. »

Nous avons continué à parler puis j’ai rejoint Marwane. Ils se sont salués un moment avant que je ne raccroche. Comme il avait fini de mettre la table, nous nous sommes assis. 

Marwane : Dis moi, comment comptes tu annoncer à Leslie et Arsène que tu sors avec Lucrèce ?

Moi : (Le regardant)

Marwane : J’ai essayé de réfléchir à la question et je t’avoue que je ne trouve pas le moyen. 

Moi : Je ne savais pas que ce genre de choses faisait l’objet de tes réflexions.

Marwane : Eh bien oui. J’ai vu comment tu es à fond sur cette petite et je me suis posé la question de savoir comment est-ce qu’une telle chose pouvait se faire ? C’est-à-dire que vous irez tous les deux les voir et leur dire un truc du genre ‘’eh, on a une chose à vous dire. En fait, il s’avère que nous sortons ensemble depuis des années et que nous nous aimons. Et puis genre tu vas lui tenir la main pour rendre le tout plus sérieux ?’’

Moi : (Portant mon verre à la bouche en le regardant) Certainement.

Marwane : (Prenant ses couverts en remuant la tête) Quand je dis que tu es fou, tu penses que je t’emmerde. Alors que j’énonce un fait. Dans tous les cas, qui suis-je pour te faire entendre raison dans une situation dans laquelle tu as tué toute ta raison ? Même si je sais qu’à la fin de tout ceci tu mourras (j’arque un sourcil) néanmoins vous formez un beau couple  (Souriant) Tu ne pourras pas dire que j’ai été de mauvaise foi en ne reconnaissant pas ce fait.

Moi : Hum. Parle moi plutôt de tes projets au lieu de raconter des choses qui te dépassent.

Marwane : Ça ne me dépasse pas parce que c’est moi qui irai chaque 1er novembre sur ta tombe pour nettoyer quand Arsène va te tuer.

Moi : Tu sais que tu peux être con ?

 Marwane : Je suis réaliste. Mais anyways. Tu es là pour combien de temps ?

Moi : (Arquant les sourcils) C’est quoi le rapport ?

Marwane : C’est pour que je puisse déterminer le temps que je mettrai au Ghana et ce que je ferai par la suite.

Moi : En quoi est-ce que mon temps ici est nécessaire ?

Marwane : Mais il faut que je sache. Je ne vais pas chercher un travail sur une longue durée en pensant que tu n’as peut-être que 3 ou 4 mois ici voyons. 

Moi : (Silence)

Marwane : Si par exemple tu es là pour 3 mois, cela ne me servira à rien de chercher du travail. Je chercherai plutôt une petite formation pratique de 3 mois. Maintenant si c’est 1 an ou plus, je vais chercher un travail.

Moi : (Dépassé) À quel moment tu prends tes décisions sans me consulter sachant que j’ai une grande part dans ça ?

Marwane : N’est-ce pas que là je te consulte ? Je n’ai encore pris aucune décision parce que je veux connaître ta position.

Moi : Et qui t’a d’abord dit que je voulais t’avoir chez moi pour trois mois ou plus ?

Marwane : Toute religion qui se respecte commence par prendre soin de sa famille, c’est la parole qui dit ça.

Moi : (Le regardant)

Marwane : Comme je suis ton petit frère, tu dois prendre soin de moi avant d’aller prendre soin de la petite qui est en Belgique là. Parce que le jour où ça va finir, c’est moi qui vais prendre soin de toi et j’irai plaider la folie auprès d’Arsène pour qu’il ne te tue pas. Si tu me chasses aujourd’hui, tu seras tout seul demain. 

Moi : Tu es sûr qu’on t’a bien soigné ?

 Marwane : Oui.

Moi : Je ne pense pas.

Marwane : (Levant les épaules) Peu importe. Ce que je dis c’est que tu as tout intérêt à ce que je reste avec toi. D’abord ma présence te fera de la belle compagnie, ensuite je partagerai des tâches ménagères avec toi, par ailleurs les charges. Tu n’as aucune charge locative, tiens c’est bien ça, je ne vais rien dépenser dedans. Tu as bien fait de trouver ce travail et de nous en faire profiter, c’est ça la vraie bénédiction de Dieu. Du coup il reste quoi comme charge, à manger et l’entretien, on va partager.  Je pourrai très certainement te rendre de petits services au moment opportun en plus de te rappeler que tu dois chercher le royaume et sortir de la fornication(Souriant) C’est bien non ?

Moi : (Me levant de table avec mon assiette vide) En fait tu es un grand malade. 

Marwane : Je suis malade comment ? N’est-ce pas quand tu es rentré tu as trouvé la nourriture déjà prête ? C’est pas là une bonne chose ?

Moi : (Me dirigeant vers la cuisine) Je ne vois aucun avantage à ta présence ici si ce n’est la distraction. 

J’ai mis mon assiette et tout ce que j’ai utilisé dans le lave vaisselle, il m’a rejoint et il en a fait de même. J’ai actionné la machine.

Marwane : Donc tu ne veux pas de moi ici ?

Moi : (Sortant de la cuisine) Un an. C’est le temps que je t’accorde avant de te mettre à la rue. 

Marwane : (Souriant) Tu me kiffes de ouf en fait

Je suis parti me poser au salon sans lui répondre puis j’ai allumé la télévision, il m’y a rejoint et comme il bavarde comme une femme, finalement c’est en train de l’écouter que j’ai terminé cette soirée (…)


Marwane : (Me regardant) Tu leur as dit que j’étais de retour ?

Moi : (Regardant la route) Non. 

Marwane : Alors ce sera une surprise pour eux ?

Moi : En quelque sorte.

Marwane : Ils seront tous là ?

Moi : Je sais que Joha et Julia seront là, Blessing, je l’ignore.

Marwane : Celle là mieux elle reste où elle est. Elle est rabat-joie. C’est une vieille femme dans le corps d’une jeune.

Moi : (Souriant) Tu ne la connais pas, c’est une fille joyeuse.

Marwane : C’est sur qu’on n’a pas la même définition de ce mot. Cette fille en fait c’est ta copie.

Moi : ( Le regardant) Tu es en train de me traiter de rabat-joie ?

 Marwane : (Riant) 

Moi : (Regardant la route) Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle dans ce que je viens de dire. 

Marwane : (Riant) C’est ta tête qui me fait rire. Eh bien oui, je viens de le dire. Enfin, tu l’étais il y a quelques années. Tu t’es beaucoup amélioré. C’est sans aucun doute le point le plus positif que Lucrèce ait apporté dans ta vie. Elle t’a rendu moins coincé et plus joyeux. 

Moi : Hum.

Marwane : Et cette Blessing est exactement comme toi à cette époque. Je ne comprends même pas comment ça se fait qu’elle soit ainsi alors que tout son entourage est vivace. 

Je n’ai pas répondu et j’ai roulé jusqu’à chez Mommy. Elle était debout près de la piscine et nous faisait dos. Ce fou a couru pour la soulever sans qu’elle ne s’y attende et il s’est jeté dans la piscine avec elle. Mommy a poussé un cri de surprise qui a fait sortir Johanna et Julia de la maison. En voyant la scène, elles se sont mises à rire pendant que j’avais ma main sur mon visage complètement dépassé.

Mommy : (Le giflant sur l’épaule) Toi l’enfant là tu es malade ? On t’a dit que j’ai encore l’âge pour ce genre de jeux ? Si tu coupes mon cœur là tu vas dire quoi ? 

Marwane : (Riant) 

Mommy : Il rit avec qui ?

Elle l’a bien attrapé et lui a enfoncé la tête dans de l’eau avant de le repousser et sortir de la piscine. 

Mommy : (À Johanna) Au lieu de rire, va me prendre une serviette là-bas je vais m’essuyer. 


C’est en riant qu’elle s’est exécutée et a ramené deux grandes serviettes. Marwane est également sorti de l’eau et il a pris la serviette qu’on lui a donné. Nous sommes tous allés nous asseoir sur la table en bois dans le jardin après nous être fait des bises 

Mommy : (À Marwane) Tu es arrivé quand ?

Marwane : Avant-hier. Vous me manquiez tous trop alors j’ai décidé de revenir.

Julia : (Nous servant des jus) Loyd ne nous a même rien dit.

Moi : (Prenant mon verre) Merci. Si même moi j’étais au courant de sa venue, c’est que je mens. 

Marwane : (Souriant) Je lui ai fait la surprise et il était très content de me revoir, il manquait seulement un peu et il allait pleurer de joie.

Moi : Dans tes rêves.

Mommy : (Souriante) Vous allez encore recommencer à vous chamailler hein ?

Marwane : Il ne veut jamais admettre que j’ai raison pourtant il m’a proposé de rester chez lui alors que je voulais moi venir rester chez toi.

Je l’ai regardé avec les yeux ronds et les filles ont éclaté de rire. Elles l’ont questionné sur le temps qu’il comptait mettre et sur ses projets. Il a répondu et Julia lui a demandé de lui envoyer son CV pour qu’elle l’aide à trouver un travail. Nous étions en train de parler dans la joie et la bonne humeur quand Blessing est arrivée avec les deux petits qui sont venus nous sauter dessus. Elle s’est rapprochée et a lancé une salutation sans formalité.

Marwane : (Marmonnant en portant son verre à la bouche) La reine des neiges est arrivée…


L'AMOUR SUFFIT-IL? T...