Chapitre 40

Ecrit par WumiRa

- Comment ça se fait qu'elle ait quittée la maison ?


- Ah je connais ma mère et elle n'est pas aussi fragile que le pense mon père, c'est une femme très forte. Si elle est parti, c'est qu'il s'est passé quelque chose de grave. Dépêchons nous s'il te plaît.


Malik haussa les épaules, puis démarra.


Lorsqu'ils arrivèrent chez les Fall une demi heure plus tard, Henri se trouvait dans son bureau, le téléphone vissé à l'oreille. 


- Papa ? fit Maya en entrant. Que se passe-t-il ? Où est maman ?


Malik, quant à lui, attendait derrière la porte.


Henri fit signe à sa fille de patienter, puis dès qu'il raccrocha, il lui demanda :


- Tu es venue seule ou accompagnée ?


- Je suis venu avec...


- Avec moi, répondit Malik, en entrant à son tour. Bonsoir monsieur Fall.


- Où est maman ? demanda à nouveau Maya.


- Elle est rentrée chez ses parents.


- Quoi ! Mais pourquoi ? 


- Je t'ai fait venir chérie, pas pour te parler de ta mère, mais pour te parler de toi. Si ton mari ne voit aucun inconvénient à nous laisser seuls.


Automatiquement, Malik tiqua.


- Mais au téléphone, tu m'as dit qu'elle était partie. C'est bien pour ça que je me suis hâtée de venir, alors...


- Assieds-toi d'abord.


- Sauf votre respect, s'interposa Malik avec sourire, en s'adressant à Henri. Puis-je m'entretenir avec vous pendant quelques minutes, à propos d'un sujet très important ?


Ce dernier ajusta ses lunettes sur son nez.


- Un soucis ?


Malik se tourna vers Maya et lui murmura quelque chose dans l'oreille. Elle fronça d'abord les sourcils, mais l'instant d'après, elle se dirigea vers la porte. Il ferma derrière elle, avant de se tourner vers son beau-père.


- Désolé si je me mêle de ce qui ne me regarde pas, dit-il directement, mais j'aimerais savoir ce qu'il se passe.


- Pourquoi avoir demandé à ta femme de sortir ?


- Je peux la rappeller. Tout dépend de ce que vous avez à lui dire.


Il tira une chaise et s'assit.


- Écoutez, je sais qu'elle est votre fille, mais maintenant elle est ma femme et c'est à moi que revient certaines responsabilités. Tout ce qui pourrait lui faire de la peine...


- Ce sont des affaires de famille, mon fiston.


- Dans ce cas, adressez-vous directement à moi. J'en fais pleinement partie à présent.


- Humm.


- Est-ce maintenant que vous vous êtes décidé à leur parler de vos liaisons extra conjugales ? Où est-ce...


- Fais la entrer. Je n'ai aucun compte à te rendre et je te serai reconnaissant de ne pas la traiter comme si elle était ta propriétée.


Malik se leva.


- En parlant de propriété, je vous rappelle qu'elle s'est sacrifiée pour vous, alors qu'elle n'était pas obligée.


- Qu'entends-tu par obligation ? 


- J'entends par là la même chose que vous. Nous savons tous les deux qu'elle n'est même pas de votre sang.


En un clin d'œil, Henri blêmit de frayeur. 


- Qu'est-ce que...


- Demandez moi plutôt pourquoi je ne lui ai encore rien dit. Je respecte énormément votre famille malgré "tout" et ce n'est pas à moi que revient le droit de briser votre calebasse à secrets. Par contre, s'il y'a une chose que nous avons en commun, c'est le besoin de voir Maya heureuse. Si vous lui faites de la peine, je vous en ferai, je vous le jure ; c'est une promesse.


Il tourna la poignée de la porte, l'ouvrit et sortit, laissant derrière lui un Henri abasourdi.


Dès qu'il apparût au salon, Maya l'assaillit de questions.


- Qu'a t-il dit ? Je peux y aller ?


- Un simple malentendu.


- Je déteste les malentendus. Laisse moi lui parler.


Il la stoppa dans son élan.


- Hey... Non. Ce sont des adultes et ils ont le droit d'avoir de petites disputes par moment ; c'est ça le mariage. 


- Mais mère n'est jamais parti. Jamais.


- Peut être parce que c'est la première fois qu'elle découvre qu'il l'a trompée, qui sait ? Laisse tes parents tranquille, Maya.


Il l'entraîna vers la sortie.


- Pourquoi ai-je l'impression qu'on me tient à l'écart de quelque chose de très important ?


Il haussa les épaules.


- Toi et tes impressions.


- Mais justement toi aussi tu es en train de te comporter bizarrement.


Comment lui dire qu'il était celui là même qui allait achever de disloquer sa pauvre petite famille ? 


Finalement la mort de sœur Léa n'y avait rien changé, ni tout l'amour de sa femme. Il lui suffisait de voir Henri Fall, pour qu'une colère sourde s'empare de lui. D'ailleurs, seulement la veille, il avait à nouveau rendu visite à la jeune femme avec qui ce dernier avait entretenu plusieurs mois de relation. Son but était de prouver à Maya que son cher père n'était pas l'homme intègre qu'elle pensait connaître. Et de plus sa trahison n'était pas dû à un simple également ; ce type n'avait simplement aucun scrupule. 


- Je t'emmène chez la gynéco ou on rentre ?


Elle secoua la tête, étonnée qu'il ait aussi vite changé de sujet.


- Chez la gynéco. Il ne serait pas temps qu'on leur annonce qu'ils auront bientôt un petit fils ? Ou une petite fille, bien sûr.


- Ou les deux ? la taquina t-il, en lui ouvrant la portière.


- Tu crois avoir réussi un tel exploit ? Des jumeaux ? 


- Si ce n'est pas le cas, attends toi donc à un rattrapage dans quelques mois.


- C'est ce qu'on verra ! rétorqua t-elle, en éclatant de rire.


Il se mit au volant et  démarra, juste au moment où son téléphone se mit à sonner.


- Umar, annonça Maya.


- On a une partie de tennis dans une heure.


- Ah. Tu comptes me laisser toute seule ?


Il sourit.


- Pourquoi est-ce que tu souris ? Et toutes ces laiderons qui vont allègrement mater tes pectoraux.


- Je ne joue pas à poil.


- Non mais j'ai bien vu à quel point ton débardeur était moulant la dernière fois. J'espère qu'aucune d'entre elles n'a osé t'approcher de trop près !


- Non ma tigresse. Elles ont dû flairer de loin que le terrain est miné. 


Il décrocha.


- Allô... Je suis en pleine circulation... Oui je te rejoins directement là bas.


Il raccrocha.


- Je peux venir ? demanda Maya.


- Non.


- Je me suis fait virer de mon travail à cause de toi, j'ai le droit de me divertir. Je ne suis pas malade.


- Je serai distrait si tu es là.


- Ah d'accord, tu auras honte que je te regarde perdre, avoue !


Il éclata carrément de rire.


- Je n'ai jamais perdu à une partie de tennis contre Umar. 


- C'eeest çaaa. Tiens, si d'ici là je n'ai toujours pas de nouvelles de ma mère, j'irai la chercher. 


- Je t'ai dit...


- Je ne suis pas du tout tranquille, je risque de faire une crise de panique et ce serait dommage s'il arrivait quelque chose à notre bébé.


Il la regarda du coin de l'oeil et secoua la tête.


- Tu sais à quel point cela m'affecterait alors tu l'utilises pour me faire chanter, c'est ça ?


Elle lui adressa un sourire des plus espiègles.


- J'ai appris à pouvoir traiter avec toi. Tu as toujours besoin qu'on te force un peu la main. 


Ils roulèrent pendant encore quelques minutes, avant d'arriver à l'hôpital où Maya avait un rendez-vous avec sa gynécologue. 


À peine lui eût-il ouvert la portière qu'elle se suspendit à son cou, ignorant les regards des passants.


- Il faut que j'y aille, maugréa Malik. 


- Non, maintenant que tu es là, tu dois rester.


- C'était donc ça ton plan ?


- Tu m'aurais laissée prendre un taxi ? Je ne comprends pas ta phobie des hôpitaux, pour l'échographie tu as toi même insisté pour être présent.


Elle s'écarta légèrement de lui.


- Mon entretien avec la gynéco ne va même pas durer. À moins que tu n'es honte d'assister à...


- Ça va ça va.


Elle leva les yeux au ciel.


- Pervers. C'est une femme.


- Je sais, je me suis renseigné.


- Pardon ?


- Tu n'aurais pas mis les pieds ici sinon. 


Il lui tendit la main.


- On y va. Je vais rappeller Umar.


Elle le suivit. 


- Alors si je comprends bien, tu n'aimerais pas que mon gynéco soit un homme ?


- Tu veux vraiment que je te réponde ? Ces types ne savent rien faire à part fourrer leurs yeux ou je ne sais plus quoi dans l'intimité des femmes d'autrui. La loi devrait interdire qu'il y ait des hommes gynécologues. 


- Jaloux.


- Ça t'amuse ?


- Tu sais, il y'a aussi des femmes lesbiennes dans ce métier et elles n'y vont pas de mains mortes, elles, lorsqu'il s'agit de fourrer ce dont tu parles. Après, il y'a que ça dépend.


- De ?


- Je suis là pour un simple entretien concernant certaines inquiétudes que j'ai. Je n'ai pas d'infections, rien qui nécessite qu'on fouille dans mon intimité.


Il lui répondit par un long et grave "hummmm".


Le bureau de la gynéco se trouvait au premier étage et comme il n'y avait pas d'ascenseur en vue, ils durent prendre les escaliers.


- Je t'attends ici, dit Malik, en désignant une chaise dans un couloir.


- Non, entrons. 


Sans lui laisser le temps de réagir, elle toqua à la porte et l'ouvrit.


- Bonjour docteur.


- Ah Maya, tu es encore en retard, comme toujours.


Malik referma la porte et adressa à son tour un "bonjour" sec à la gynécologue.


- Tu es accompagnée ? demanda celle ci, après y avoir répondu. C'est ton mari ?


Question idiote, pensa t-il mentalement.


- Oui.


- Très bien, asseyez-vous. Ce sera bref de toutes façons.


- OK.


Maya s'assit et son cher mari fit de même. Pourtant on voyait clairement qu'il était mal à l'aise et bien sûr, inconfortable dans sa chaise trop petite. 


- Bon, bon... commença le docteur. J'ai un peu relu ton dossier médical et il n'y a rien pour lequel je dois m'inquiéter. Et comme tu n'as rien voulu me dire au téléphone, j'ai donc pensé que c'était assez délicat. Tu veux bien m'en parler maintenant ?


- Oui je...


Elle sentit le regard de Malik sur elle et marqua une pause. 


- Si tu as honte d'en parler devant monsieur, je peux lui demander de nous laisser le temps qu'on finisse.


- Non, je lui ai moi-même demandé d'être présent.


- Ah d'accord. Alors "je" t'écoute.


- Euh... Voilà. Je voulais savoir s'il est normal... Si dans mon état, il est normal d'avoir envie de faire l'amour tout le temps. Tout le temps, c'est à dire plusieurs fois par jour quoi.


La gynécologue ne bougea pas d'un seul poil, à part qu'elle sourit, mais Maya imagina son mari tendu jusqu'à l'extrême. Oh oui, c'était vraiment délicat comme sujet. Mais il fallait bien qu'elle en parle à un moment.


- Je ressens tout le temps l'envie de faire l'amour et ça m'inquiète. 


- Pourquoi ? C'est naturel.


- Oui, mais... Ce n'est pas vraiment ça qui m'inquiète, je me suis dit qu'après avoir accouché ça passera rapidement, mais j'ai commencé à ressentir comme des crampes dans le bas ventre.


- Des crampes. 


- Je suis en plein traitement d'ulcère.


- Mais nous savons toutes les deux que ça n'a rien à voir avec tes crampes au bas ventre. 


- ...


- Quelle est la fréquence à laquelle vos rapports sexuels ont lieu ?


- Euh...


- Maya.


- Deux à trois fois par semaine. Il me... ménage.


À ce moment, Malik se redressa sur sa chaise, mais il ne dit rien. 


- Je ne crois pas que tu lui en aies parlé, dit le docteur. Je me trompe ?


- Je ne peux pas l'obliger à...


- N'avez-vous ne serait-ce qu'abordé le sujet ? 


- Non. Je me suis dit qu'il allait un peu trop s'inquiéter ; c'est un homme très occupé.


- Pas quand il s'agit de prendre soin de toi, mais apparemment je n'ai pas été assez clair, ni assez démonstratif.


L'irritation perçait dans la voix de Malik, lorsqu'il parla.


- Ce sont de petits problèmes que rencontrent les jeunes couples, poursuivit le docteur. Mais il n'y a rien d'alarmant à ce que tu ressens ou éprouves, Maya, ce n'est que ton corps qui réagit. En plus de la grossesse, les hormones...


- Est-ce anormal ?


- Oui et en même temps non.


Elle tourna son regard vers Malik. 


- Un autre homme n'aurait peut-être pas pu déclencher une telle chose chez toi, ce qui me fait penser que ton mari a beaucoup d'influence sur toi. Pas que sexuellement, c'est aussi psychologique ; il doit te faire beaucoup d'effets, ce qui arrive rarement.


- Rarement ? Comment ? 


- Il y'a une forte alchimie entre vous et tu ne devrais pas faire taire tes besoins. C'est humain et les refouler pourrait t'être néfaste. Et heureusement que tu te sois décidée à en parler.


Il y'eut un bruit de chaise, au moment où Malik se levait.


- Excusez-moi.


Il quitta la pièce, sans rien ajouter.


- Je dois avoir l'air d'une idiote, fit Maya. Mais il y'a que je ne veux pas dépendre de lui.


- Humm, pourtant rien qu'à vous voir, on sent qu'il est très attaché à toi. Le simple fait qu'il ait accepté de venir témoigne de l'intérêt qu'il porte à ta personne.


- Alors...


- Tu devrais lui parler à chaque fois que tu ressens le besoin de faire l'amour. Les hommes savent presque tout faire, mais tout peut devenir flou lorsqu'il s'agit de jouer aux devinettes, surtout lorsqu'ils sont amoureux. Vas-y doucement avec lui.


Amoureux ? Son mari était certes maintenant des plus affectueux et attentionnés, mais ils n'étaient pas encore arrivés à la partie où il tombait amoureux. Cela ne risquait peut-être même jamais d'arriver et elle n'y songeait plus.


- As-tu d'autres inquiétudes ?


- Non.


Elle se leva.


- Merci beaucoup, docteur. J'étais très inquiète.


- Tu sais que je serai toujours disposée à répondre à toutes tes questions, du moment où j'ai les réponses.


- C'est rassurant.


Elle prit son sac.


- Mais au fait, quel conseil donneriez-vous à une personne ayant été victime d'abus sexuel dans son enfance ? 


- Dans la plupart des cas, ces personnes gardent toujours des séquelles de cette épisode de leur vie. Tu veux en parler ?


- Quoi ? Moi ? Non, il ne s'agit pas de moi, mais d'une personne à qui j'aimerais venir en aide. J'ignore juste par où commencer.


- Commence par l'inciter à parler, d'où le besoin de voir un psy !


 

Bonjour la Team. Joyeux Noël en retard !


Sensuelle Ennemie