Chapitre 41 : Le petit prince
Ecrit par Mayei
Chapitre 41 : Le petit prince
… Violette …
Juliana : il fait demander à Boris quand est-ce qu’on pourra ranger les affaires de Rachelle
Moi : mais demande lui non !
Juliana : tu sais que lui et moi ce n’est pas tellement ça. Comme c’est toi qu’il considère, parle lui.
Moi : hum j’ai compris.
Nous avions dit au revoir à jamais à Rachelle aujourd’hui. Elle avait été enterrée au cimetière de Williamsville. Maman était inconsolable. C’était doublement douloureux parce qu’elle n’avait pas pu assister à la mise sous terre. C’était ainsi. Elle perdait son premier enfant et ne pouvait donc pas l’accompagner jusqu’au cimetière. Je m’étais proposée pour rester avec elle en attendant que tout soit fait et que les autres nous rejoignent. Il n’y avait pas eu de cocktails comme les gens le font maintenant. Je ne comprends vraiment pas pourquoi il devrait avoir une fête suivant un enterrement. C’est un moment de tristesse donc le sujet n’y est pas.
Nancy : ça va ? tu tiens le coup ?
Moi : je vais faire comment ? Je suis obligée ! nous ne pouvons pas être toutes en train de pleurer. On ne va pas s’en sortir oh.
Linda : ta mère me fait tellement de la peine ! Elle doit terriblement souffrir.
Salomé : je suis passée par là avec la mort de papa, je sais exactement ce qu’elle traverse en ce moment.
Moi : hum ! Vraiment merci les filles, merci de m’avoir épaulé durant cette période. Je ne sais pas quel autre mot plus grand que merci je pourrais utiliser pour m’adresser à vous !
Nancy : toujours je te répète qu’il n’y a pas de merci entre nous !
Les filles avaient été superbes. Linda avait apporté la nourriture chaque soir depuis qu’elle avait su que mes parents et mes frères étaient chez moi. Salomé passait chaque soir à ma boutique pour faire les comptes avec la fille qui y travaille. Nancy et son mari avait apporté une aide financière conséquente pour nous aider dans les différentes démarches si bien que de nos propres poches nous n’avions pas tellement dépensé. C’était tellement gentil de leurs parts. Elles l’avaient fait de façon volontaire sans que je ne demande quoi que ce soit. Elles sont restées avec moi jusque tard. J’ai dû insister pour qu’elles s’en aillent surtout que Nancy était enceinte. Martin aussi avait été très présent. Lorsque tout le monde fut enfin parti maman nous convoqua Juliana et moi dans leur chambre.
Maman : mes filles si j’ai demandé à ce que vous montiez c’est pour vous demander pardon. Je sais que je n’ai pas été la meilleure des mères avec mon comportement. Une mère ne se comporte pas comme une copine hypocrite car depuis c’est ce que j’étais. Une mère ne peut pas s’asseoir avec une de ses filles pour critiquer une autre. Une mère ne pousse pas ses filles à se braquer l’une contre l’autre. Je sais que je donnais l’impression d’aimer plus Rachelle que vous. Je m’en excuse vraiment si vous avez ressenti ce sentiment. Amah je sais que je n’ai pas été particulièrement tendre avec toi, il n’y a que dernièrement que nous nous sommes vraiment rapprochées. Juliana, même pour la naissance de tes deux derniers je n’avais pas pu être là...
Juliana (la boudant) : ça coïncidait avec la naissance de ceux de Rachelle et comme son mari avait plus d’argent que le mien tu as préféré être avec elle sans même essayer de faire la navette. T’inquiète je me suis débrouillée seule comme la grande fille que je suis.
Maman (baissant la tête) : tu as parfaitement raison. Je n’ai pas eu le comportement digne d’une mère. Je vous aimais depuis mais la mort de Rachelle m’a fait réaliser beaucoup de chose. Vous êtes tout ce que j’ai de plus précieux sur cette terre. Si je devais subir pareille douleur encore une fois, je ne m’en remettrais pas. Je ne souhaite à aucune de vous de passer par là. Je vous demande pardon mes filles. Pardon pour tous mes écarts pardon pour toutes ces fois où vous vous êtes senties rejetées. Pardon pour toutes ces fois où vous aviez eu le sentiment de passer après Rachelle. Voilà pourquoi je vous ai appelées ici. Vous êtes tout ce que j’ai de cher sur cette terre.
Juliana : j’ai compris en tout cas !
Moi : ne t’inquiète pas maman ! Pour ma part considère que tu es déjà pardonnée !
Maman (pleurant) : merci...merci mes filles !
Juliana : maman arrête de pleurer non !
Même si Juliana disait qu’elle avait compris je savais qu’il lui faudrait plus de temps pour vraiment passer l’éponge sur cette affaire. Contrairement à moi, Juliana avait la rancune tenace. Nous restions là à discuter un peu avec maman, à lui remonter le moral. Juliana ramena sur le tapis le fait qu’on aille ranger les affaires de Rachelle qui sont chez Boris. Si ses enfants étaient grands ils l’auraient fait eux-mêmes. J’appelais donc Boris pour savoir quand est-ce que ce serait possible qu’on puisse passer pour ça. Il finit conclure qu’il verrait et nous rappellerais donc nous attendons. En sortant de la chambre je tombais sur Martial, l’un de mes frères, l’un des jumeaux.
Martial : c’est comment la grande ?
Moi : martial ne vient pas me fatiguer s’il te plaît !
Martial : donc dès que j’apparais c’est pour fatiguer les gens autour de moi ? d’ailleurs même qui te dit que c’est moi Martial ?
Moi : ne joue pas avec moi hein. N’est-ce pas toi qui a la tête carrée la ?
Il passa son bras sous le mien et se colla à moi ce qui sera mon boubou qui au paravent volant dessina mes formes.
Martial : c’est comment tu prends du ventre la ?
Moi : mon ventre a toujours été gros martial ! Tu vois que j’avais dit que tu allais me fatiguer.
Martial : j’espère que c’est un bébé qui est à l’intérieur ! Tu veux nous cacher n’est-ce pas ?
Moi : un bébé c’est une bonne nouvelle pourquoi cacherais-je une information comme ça ? Ce sont les fibromes qui me fatiguent comme ça. Il y’a une grosse boule qui s’est formée et qui pèse sur mon utérus. Je vais devoir me faire opérer bientôt pour ne pas qu’on me retire l’utérus.
Martial : owwww !
Moi : n’en parle à personne surtout ! Je ne veux pas inquiéter qui que ce soit ! tu sais qu’actuellement les nerfs sont à fleur de peau. Si je parle de quelque chose comme ça les parents vont beaucoup s’inquiéter.
Martial : promis ! Au fait (se grattant la tête) ...
Moi : qu’est-ce que tu veux Martial !
Martial : ton amie la...la plus mince des trois qui étaient là tout à l’heure...elle est plutôt jolie.
Moi : tu veux parler de Salomé ?
Martial : en plus un beau non ! Tu ne vas pas nous mettre en contact la ? Tu sais je ressens le besoin de me caser. (Montant ses Épaules) un bon boulot, une bonne situation financière, je suis prêt maintenant pour le mariage.
J’éclatais de rire en regardant mon frère qui me parlait avec tout son sérieux. Il Était dégoûté que je rie autant. Cet homme va finir par m’achever un jour. Donc depuis qu’il était là, c’est Salomé qu’il avait dans son collimateur. Et moi je devais donc lui arranger le coup. Un grand garçon comme ça ? pendant qu’on pleurait tous, monsieur pensait à sa future femme jusqu’à je devais les mettre en contact.
Moi : tu as quel âge déjà ?
Martial : 28 ans
Moi : tu conviens avec moi que tu es un grand garçon tu peux donc te débrouiller tout seule.
Martial : mais...
Moi : bye martial lol
...Amandine...
Je frappe la bouteille contre ma paume plusieurs fois mais rien ne sort. Je me lève rageusement et prend le ciseau pour couper la bouteille en deux. J’y arrive avec beaucoup de mal. Avec mon doigt je racle ensuite le maximum que je peux efin étendre la crème sur ma peau. Voilà ce à quoi j’étais réduite. Même pour avoir la pommade c’était devenu dur. Je n’avais pas pensé à ce côté-là lorsque je dénonçais maman. Quand elle était nous ne manquions de rien. Je ne savais pas ce qu’elle faisait exactement mais je n’atteignais pas le point de devoir couper la bouteille de pommade en deux. Je n’avais pas prévu qu’elle deviendrait folle ce jour-là. Car oui maman est folle. Nous avions essayé de la garder dans la cour attachée à l’arbre mais elle réussissait toujours à s’en détacher d’elle-même. Du coup elle se promène comme ça dans Daloa prétendant être brûlée par le feu. Il arrivait même qu’elle poursuive des amis de la famille qui arrivaient ici rapidement pour s’assurer que ce qu’ils avaient vu était vrai.
Nous sommes livrées à nous même depuis que maman est folle. Pour manger il faut nous démener comme pas possible. Dans les premiers temps les voisins nous aidaient un peu. Il ne faut pas oublier le blanc de Solène qui nous dépannait vraiment. Elle avait complément déménagé chez lui. J’étais donc toute seule dans cette maison avec cette insolente de Mireille. Ah oui ! Les frères de Salomé sont tous allés en ville en oubliant qu’ils avaient des petites sœurs ici. On va faire comment c’est ça l’Afrique ! quand je pense que souvent maman avait pitié d’eux et leur donnait un peu de ce qu’elle préparait. Aujourd’hui ils avancent sans nous. C’est bien, c’est bien Dieu nous voit tous sur cette terre.
Je continuais d’étaler la pommade sur mon corps ! Moi amandine ! C’est comme ça que je souffrais même pour avoir un peu de crème sur les doigts. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire pour palier à cela ? Je me voyais très mal faire comme les filles du quartier la qui, la nuit, sortent en douce pour se faire un peu d’argent avec les hommes dans les maquis. Pendant un moment je regrettais de n’avoir pas pris la formation que je faisais chez Salomé là sérieusement. En parlant de Salomé ! et si même je lui passais un coup de fil pour essayer de voir de ce côté. On ne sait jamais peut être qu’elle m’aurait pardonnée. Après tout ce n’est pas ma faute c’est maman qui me mettait des idées dans la tête.
Toc toc !
Moi (criant) : c’est qui ?
« C’est moi Mireille »
Depuis quand cette petite était devenue si polie jusqu’à frapper à la porte de ma chambre avant de rentrer ?
Moi : rentre !
Elle rentra accompagnée de Solène. Je ne m’attendais pas à voir celle-là ici. Ou avait-elle déposé son blanc ? N’avait-elle pas peur qu’une antilope de Daloa le vole à son insu ?
Moi ; qu’est-ce qu’il y’a ?
Mireille : nous devons parler sérieusement de cette situation.
Moi : quelle situation ?
Solène : pourquoi tu fais comme si tu ne sais pas ? Tu sais que nous n’avons plus de parents et qu’il faille maintenant nous dérouiller toute seule comme des grandes.
Moi : hum !
Mireille : je parlais comme ça avec Solène et l’idée m’est venue en tête que nous mettions la maison en location. Ce serait la meilleure solution pour nous. On peut se prendre un petit coin pour toutes les trois quelque part d’autre et avec l’argent de la location survivre décemment. Solène a trouvé mon idée meilleure en tout cas. Nous diviserons la somme obtenue chaque fin de mois pour que chacune ait sa part.
Moi : si vous êtes d’accord toutes les deux ai-je mon mot à dire dans cette affaire ? Vous avez déjà décidé faites donc comme bon vous semble.
Mireille (se levant) : ok c’était donc pour t’informer et comme tu n’as rien à ajouter voilà qui est clair
Solène l’imita dans son geste et les deux s’en allèrent de ma chambre. Ces deux-là toujours à faire les choses ensemble. Et c’est à moi la grande sœur qu’elles allaient venir parler comme si j’étais là plus petite. Je m’assis sur le lit en réfléchissant. Il fallait que je me trouve du boulot ça ne pouvait plus continuer ainsi. Il fallait que j’aie moi-même mon argent pour prendre soin de moi. Qu’elle mette la maison en location, je toucherai ma somme mais qu’elles ne comptent pas sur moi pour aller me prendre une quelconque maison avec elles. J’en ai déjà marre de voir leurs visages quotidiennement. Elles m’agacent plus que tout.
Quand je pense que j’avais mon appartement haut standing à Abidjan ! Bien décoré et meublé à la perfection ! La vie n’est rien vraiment. Je fini donc de me préparer et sortit de la maison avec mon billet de deux mille franc que je gardais précieusement. J’allais un peu faire le tour des restaurants, buvettes et bar pour voir s’ils ne cherchaient pas à engager une main.
Je rentrais plus tard complètement fatiguée mais surtout bredouille. Aucune réponse. Personne ne cherchait à engager. L’effectif était déjà complet de plus je n’avais pas l’expérience minimum. S’il s’agissait de grands restaurants reconnus, j’aurais compris mais pour des endroits aussi miteux, il fallait aussi l’expérience ? On aura tout vu dans ce bas monde. Je trouvais Solène assise devant en train de rire avec sa sœur Mireille.
Moi : oh tu n’es pas chez ton blanc aujourd’hui ?
Solène : arrêtes tu es pathétique ! J’ai du boulot à te proposer !
Moi : toi ? Tu boulot à me proposer ? Où tu es là toi-même tu travailles ? Pourquoi tu ne prends pas le boulot toi-même ?
Solène : pour ta gouverne, Mireille et moi allons encore à l’école. Nous sommes juste en vacances pour le moment. c’est toi seule qui a décidé de jeter l’éponge, ce pourquoi c’est à toi que je propose le boulot.
Moi : et c’est quoi comme boulot ?
Solène : il y’a un couple d’amis de mon chéri qui cherche une nounou pour leur petite fille. Ils sont sur Abidjan. Je me suis dit que comme tu aimais bien Abidjan ça allait t’intéresser et ça paie bien en plus. Cent mille francs par mois. Ce n’est pas chez des ivoiriens que tu seras payée à cent mille francs pour être une simple nounou.
Moi (frappant dans mes mains) : heeee ! Heeeee ! C’est moi amandine ! C’est moi amandine ooooh. Solène tu m’as bien regardée ? (Tournant sur moi-même) tu m’as bien regardée pour me proposer ton job là ? Solène tu es mauvaise, ton cœur est noir oooh
Solène : mais je pensais plutôt t’arranger ! Cent mille tu restes même dormir chez eux. En plus de ta part pour le loyer tu pourras t’en sortir
Moi (m’en allant) : Dieu te voit Solène ! C’est Dieu qui te voit
Je laissais des deux sorcières et allais m’enfermer dans ma chambre. Des foutaises ! Ces filles avaient des foutaises ! C’était trop.
Que quelqu’un me réveille ! Nounou ! Moi nounou ! C’était moi que Solène regardait dans les yeux comme ça pour me proposer un job de nounou. En gros elle me proposait l’idée d’être là Binoche pour des amis de son gars à elle ? C’est seulement Dieu qui peut te mettre dans pareille situation. Solène va me demander à moi d’aller être une Binoche. Vraiment je suis tombée comme on le dit. Il n’y a plus rien pour moi jusqu’à c’est le rôle de boniche qui reste. Moi qui criais sur la boniche que maxime m’avait prise. Moi qui étais la patronne. Jamais, Jamais je ne serai la servante de qui que ce soit. N’importe quoi.
... ... ...
Aujourd’hui a été le jour le plus triste de toute de ma vie. Les frères de Salomé sont arrivés hier pour annoncer cette nouvelle qui m’a arraché le cœur. Thierry avait décidé de prendre avec lui Mireille et Albert, lui, prenait Solène. Lorsqu’on a parlé d’amandine c’était le silence absolu. Personne ! Personne ne désirait me prendre avec lui. Ils avaient tous avancé ce que j’avais fait chez Salomé. Personne ne voulait vivre un problème en me prenant chez lui. Les oncles avaient beau insisté mais personne ne voulait de moi. J’avais fait un effort pour ne pas éclater en sanglot mais j’avais incroyablement mal. Je voulais moi aussi qu’on me donne la chance de repartir à zéro mais j’étais trop fière pour me mettre à supplier. Après leur réunion j’avais fait comme à mon habitude je m’enfermais dans ma chambre pour pleurer à chaude larme.
Dans la soirée je voyais Solène et Mireille qui faisaient leurs affaires gaiement. Elles allaient s’en aller pour me laisser moi seule ici à Daloa ? Ce n’étais pas possible. Je m’approchais d’elles. Lorsqu’elles me virent elles cessèrent de rire.
Moi : Solène je peux te voir sur le côté s’il te plaît ?
Solène : bien sûr
Nous avancions vers l’arbre qui était en plein milieu de la cour.
Moi ; en fait ! Je voulais savoir si le boulot dont tu m’avais parlé tenait toujours.
Solène : mais bien sûr ! Tu le veux le job ?
Moi : je vais faire comment ? Je suis partante ! Je ne veux pas rester seule ici
Solène : ok laisse-moi avertir mon chéri et après je te fais signe
Moi : d’accord ! Merci énormément
Solène : de rien.
Elle retourna vaquer à ses occupations. J’étais vraiment triste. Une grosse tristesse avait envahi mon être tout entier. J’avais envie que ma mère soit à mes côtés présentement. J’avais besoin de ses bras et de ses mots mais c’était impossible. Je ne pouvais parler à personne. Tout ce que je pouvais faire était de pleurer à chaude larme. La vie ! Si seulement on avait un œil pour voir dans le futur ! J’aurais agi avec plus de sagesse. J’allais maintenant aller être là servante pour des gens. Hum !
... Jean-Philippe Api ...
Je roule jusqu’à chez maman ! Je devais aller la chercher pour que nous déjeunions ensemble aujourd’hui. Je l’avais prévenue la veille. J’y vais avec une joie particulière. Aujourd’hui même le petit portail qui reste toujours ouvert n’a pas réussi à m’enlever ma bonne humeur. Je trouve Émilie assise au salon en train de regarder la télévision. A voir sa tenue elle n’est pas prête pour aller quelque part. cette fille me dépasse vraiment. Comment peut-elle avoir le cœur aussi gros ?
Moi : madame c’est comment ? Tu n’es pas encore prête la ?
Émilie : prête ? Pour aller où ?
Moi : mais nous devions manger chez moi aujourd’hui pour midi n’est-ce pas ?
Émilie : maman et Noëlle vont descendre dans pas longtemps. Vous pourrez vous en aller.
Moi : dois-je comprendre que tu ne viendras pas ?
Émilie : tu as parfaitement compris !
Moi : c’est quoi le problème en fait ? Pourquoi ne fais-tu pas d’effort comme maman et Noëlle. Elles ont enterré la hache de guerre avec Nancy mais tu restes butée sur ta position. C’est quoi le problème en fait ?
Émilie : Jean-Philippe je ne suis pas obligée d’être amie avec ta femme. Je ne veux pas je ne veux pas. Ce n’est pas obligé. Laisse-moi tranquillement devant ma télévision. Mon programme est plus intéressant qu’aller manger avec ta femme et toi pour midi.
Émilie ! Elle était bien trop têtue. J’ai beau lui parler, essayer de lui faire mettre de l’eau dans son vin mais madame jurait qu’elle ne voulait rien entendre de ce qui concernait Nancy. Même le fait qu’elle soit enceinte n’a pas radouci son cœur. Je pensais pourtant que c’était ce qu’elle lui reprochait mais c’est à croire que non. J’ai peur qu’elle ne se transforme en quelqu’un d’agri à force. Peut-être que son divorce là rongeait aussi. Mais ça allait être tout de même paradoxal puisque c’était elle qui avait insisté pour que ce divorce soit signé rapidement. Son mari ne voulait même pas divorcer le pauvre. Il a fait mains et pieds pour qu’elle change d’avis mais non elle n’a pas voulu.
« Tu es déjà là ? »
Moi (regardant maman) : je suis là depuis c’est vous que j’attendais
Noëlle : nous sommes prêtes !
Moi : mais ta sœur là jure qu’elle ne vient pas avec nous !
Noëlle : je lui ai parlé jusqu’à mais rien ! D’après elle, l’envie de jouer les hypocrites et de sourire forcé n’est pas au rendez-vous !
Émilie : si vous laissiez mon nom tranquille ça ne vous coûtera rien !
Maman : mon cher allons-y ! Émilie garde bien la maison
Émilie : c’est ça !
J’ouvris la portière pour maman afin qu’elle s’installe à l’arrière. Noëlle quant à elle, s’assit à l’avant. Elle se joua les dj. Madame avait carrément connecté son téléphone à la voiture pour laisser couler ses chansons préférées selon elle. Nous arrivions dans la bonne humeur chez moi. Elles s’installèrent au salon.
Maman : où est Nancy ? J’ai apporté des plantes qu’elle peut écraser pour le lavement. Ça va faire venir l’enfant comme elle a un peu dépassé son terme là.
Moi : je vais l’avertir que nous sommes là maman
Maman : ok
Je montais les escaliers et poussais la porte.
Moi : comment va ma petite femme ?
Nancy (souriante) : très bien mon cher époux !
Moi : maman et Noëlle sont là ! On descend ?
Nancy ; ok
Doucement, nous retrouvions maman et Noëlle assises de dos. Soudain maman se retourna et nous vis. Elle manqua de s’étouffer avec l’eau qu’elle venait d’ingurgiter.
Maman (se levant) : nooon
Moi : je vous présente Api Kilian-Manuel
Noëlle : vous n’avez pas fait ça !
Maman (les larmes aux yeux) : mon petit-fils ! Nancy ! Jean-Philippe ! Vous avez fait ça ? C’est quel genre de surprise ? Pourquoi vous ne nous avez pas avertis le jour de la naissance ?
Nancy : on a pensé à une façon plus originale de vous l’annoncer
Eh oui ! Mon garçon avait finalement vu le jour il y a une semaine. Nancy l’avait présenté à ses amies hier seulement et aujourd’hui c’était au tour de nos familles. Celle je Nancy n’allait pas tarder à arriver. J’imaginais déjà leur réaction. Le petit était bien costaud quant à moi, j’étais le papa le plus heureux de la terre. Que souhaiter de plus ?
******************************************deux mois plus tard********************************************
…Nancy Api…
Je m’active dans la cuisine pour faire le biberon de ce monsieur qui a établi sa loi dans sa maison depuis maintenant deux mois. Lorsqu’il se mettait à pleurer l’on devait automatiquement tout arrêter et s’occuper de lui. C’était le roi incontesté. Comme il ne pleurait que lorsqu’il avait faim, on pouvait le lui passer. Je teste la température du biberon sur le revers de ma main et vais retrouver mon mari qui tient mon fils et ma belle-mère qui est assise dans le fauteuil juste à côté. Quel tableau ! Qui aurait imaginé ?
Moi : c’est bon arrête de pleurer (à mon mari) passe le moi sur je lui donne son biberon
J-p (s’asseyant) : laisse je le fais !
Belle-mère : vraiment la génération de maintenant vous êtes bien ! Ce n’est pas ton père qui t’aurait donné à manger hein Jean-Philippe. Je devais tout faire comme si tu n’étais pas son Fils à lui aussi. Comme si je t’avais fait toute seule
J-p : c’est la mentalité des patriarches africains. Heureusement que la donne change un peu plus.
Belle-mère : et ce gourmand qui refuse les seins là !
J-p (clin d’œil) : ce n’est pas pour me déplaire hein. Au moins les seins de ma femme resteront tranquilles.
Belle-mère (se levant) : ce n’est pas devant moi que vous allez faire vos choses
Moi (riant) : tu as fait fuir ta mère ! Krkrkr
Lui : elle est vieille et vaccinée
Moi : tu vas drôlement me manquer tu sais !
Lui : toi aussi ! Mais deux semaines ça passe vite et te connaissant tu vas très bien t’occuper pour ne pas ressentir trop la chose.
Moi : hum, si tu le dis !
Il se concentra sur l’enfant qui tirait sur la tétine du biberon. J-p voyageais aujourd’hui pour une mission qui doit durer deux semaines. Je déteste lorsqu’il allait loin de moi. Je ressentais tellement ce grand vide que même les appels et les messages n’arrivaient pas à combler. Il a dit que si quoi que ce soit arrivait, je pouvais lui passer un coup de fil et il se présentera à la première heure. C’est ça un homme ! Être présent pour sa famille. Ça fait deux mois que nous baignons dans un bonheur indescriptible. Avec l’arrivée du bébé c’est encore mieux, nous nous sommes beaucoup plus rapprochés. Je suis comblée et mon mari aussi. Les conflits avec la belle-famille c’est fini les moments de disputes mais je reste quand même sur mes gardes. On ne sait jamais oh.
Moi : monsieur a fini, à peine il fait son rot qu’il se rendort ! On va voir comment il va réagir quand il sentira l’eau sur son corps tout à l’heure.
Lui : ne traumatise pas mon fils s’il te plaît !
Moi (amusée) : donc le laver c’est le traumatiser ?
Lui : montons !
Nous regagnions la chambre du petit. Il lui posa un baiser sur le front, souffla dans sa paume avant de le coucher tranquillement. Ses valises étaient déjà en bas. Il m’attira à lui et m’embrassa tendrement. C’était juste trop bon. Je tombais amoureuse de mon mari encore et encore et j’adorais ça. Il marqua un arrêt dans la chambre de sa mère. Elle lui récita quelques bénédictions et je l’accompagnais à sa voiture. J’avais la gorge sèche. Je n’avais pas envie qu’il s’en aille mais c’était pour le boulot. Ce même boulot-là qui nous permettait d’avoir un train de vie pareil. Il m’embrassa de nouveau avant de monter dans la voiture où le chauffeur l’attendait déjà. Il le déposerait à l’aéroport et reviendrait déposer la voiture.
J-p : je t’aime chérie
Moi : je t’aime aussi mon cœur !
J-p : prenez soin de vous ! N’hésite pas à me joindre s’il y’a quelque chose !
Moi : ok
Le chauffeur démarra enfin ! Sans force mes larmes se mirent à couler. Je sais j’exagère mais il va terriblement me manquer. Nous avons notre routine et je vais dormir toute seule dans ce grand lit pendant deux semaines. C’est trop vous ne trouvez pas ? J’ai pris les escaliers et me suis enfermée dans ma chambre. J’étais un peu triste. Heureusement que ma mère venait demain. Elle n’avait pas pu être là pour le bébé puisqu’elle était malade mais ça va beaucoup mieux maintenant. A un moment nous avions cru qu’elle y passerait quand ma sœur me faisait les retours. J’avais même prévu aller la voir et elle s’en est remise. Donc je l’attends patiemment. Ça me fera du bien de l’avoir avec moi. Et elle pourra voir son petit-fils qui a maintenant deux mois. Même si elle avait déjà vu des photos.
Mon téléphone me signala un message ! Il venait de Linda !
« Tu es à la maison ? »
« Oui »
« Ok je passe avec Salomé »
« Je vous attends »
« Je vérifie que Violette est libre et on se retrouve chez toi pourquoi pas ? Vous me manquez »
« Lol venez je vous attends. De toutes les façons Jean-Philippe n’est pas la donc ça tombe à pic »
« A tout à l’heure »
De la compagnie ! J’assistais ma belle-mère pendant qu’elle lavait le petit et je filais à mon tour sous la douche. Jamais bien le congé maternité hein. Pas le tracas les marins pour se rendre au boulot. Le pied quoi ! Mon petit prince dormait toujours lorsque mes amies débarquèrent.
Moi ; oh mais madame Kalou tu brilles de mille feux là !
Linda : oh tu trouves ? Merci mon époux s’occupe bien de moi.
Salomé : c’est elle seulement que tu as vue n’est-ce pas ? C’est bien
Moi : mais on dit le meilleur pour la fin non !
Linda : donc c’est comme ça que tu te fous de moi.
Moi : eeeeh c’est bon vous êtes toutes mes meilleures. Asseyez-vous que je vous apporte à boire la,
Je ne dérangeais pas la servante et me levais moi-même pour faire le service.
Moi : elle est où violette ?
Linda : un peu occupée. Son chauffeur viendra la déposer
Moi : c’est caaaaaaaa ! C’est la valeur qu’elle a. Quand je pense que ce salop de maxime waaaa richard se la jouait avec sa salle voiture là.
Linda se racla la gorge. Je me mordais la lèvre en me souvenant de Salomé. C’était encore un sujet très délicat. Si J-p était là il allait encore faire une réflexion sur ma bouche qui n’avait pas de frein. Heureusement qu’elle ne releva pas mes dires. Ma belle-mère descendit faire je ne sais quoi et les filles profitèrent pour la saluer chaleureusement. Avant de faire des messes basses alors qu’elle disparaissait.
Salomé : elle est encore là ?
Moi : oui oh ! Mais ma mère vient demain j’espère qu’elle comprendra le message. C’est au tour de ma mère maintenant oh.
Violette finit par se montrer enfin. Durant ces deux derniers mois nous ne l’avions pas tellement vue. Elle était plutôt occupée.
Salomé : Tantine Martine !
Violette : que me veulent ces petites ! Je m’appelle violette oh qu’elle affaire avec Martine ?
Linda : le féminin de Martin est quoi ?
Moi (riant) : Martine
Linda : donc tu te prénommes Martine
Violette : c’est bien pour vous ! Au fait je comptais vous annoncer une bonne nouvelle. Martin et moi avions travailler d’arrache-pied et c’est avec joie que je vous annonce que la deuxième boutique ouvrira dans une quelques semaines maxi à zone 4 !
Moi : nooooooon
Linda : mes félicitations ma chérie !
Salomé : c’est génial ça !
J’étais vraiment heureuse pour elle. Enfin tout allait à la perfection dans sa vie. Elle le méritait vraiment. Lorsqu’on a l’âme pure comme celle de violette on peut passer par plusieurs épreuves mais cela ne reste que lointain souvenir car la grandeur de ce qui t’attend devant n’est pas une mince affaire.
Salomé : puisque nous sommes dans la vague des bonnes nouvelles ! J’ai validé ma formation et mon premier vol aura lieu dans un deux semaines tout au plus.
Linda : et je boucle la chaîne en prévenant qu’on peut enfin commencer les démarches pour le mariage, je veux dire les courses quoi. J’attends vos propositions de couleurs hein.
Moi : toutes ces nouvelles ! C’est juste trop pour moi ! Je dois sortir une bouteille de champagne pour fêter tout ça. Vous le méritez bien
Je me levais et dandinais sans vraiment comprendre ce qui se passait. C’était comme si j’avais reçu un coup à la tête et qu’en une fraction de seconde ma vue s’était brouillée. Je m’accrochais de justesse au fauteuil pour ne pas tomber.
Linda (se levant) : tu vas bien Nancy ?
Moi : ou...oui ça va ! Je vais en profiter pour prendre de quoi manger rapidement depuis ce matin je n’ai rien ingurgité. Ça doit être ça qui me fatigue
A peine avais-je fait trois pas vers la cuisine que je sentais mon corps lâcher prise. C’était le trou noir.