Chapitre 43

Ecrit par Djelay

Le soulagement se lit sur le visage de tous enfin de tous excepté Steph.

-         Et ma femme ? Demande-t-il en retenant son souffle.

-         Eh bien votre femme a perdu énormément de sang. Nous avons fait tout notre possible pour stabiliser son état mais…

-         Mais quoi ! hurle-t-il.

-         Nous n’y sommes pas arrivés.

-         Pas arrivés ? Répète Emile en se couvrant la bouche.

-         Et qu’est-ce que ça signifie ? Reprend Steph prêt à exploser.

-         Ma fille est… morte ? Demande Chantal au bord des larmes.

-         Non madame, elle est dans le coma.

-         Dans le coma ? Et Au lieu d’être là-bas avec elle à tenter de la réveiller vous êtes ici à faire l’imbécile.

Steph est dans tous ses états. Il était sur le point de s’en prendre de nouveau au médecin lorsque Michel intervint.

-         Arrête Steph, le principal c’est qu’elle soit toujours en vie. Nous devons juste prier pour qu’elle s’en sorte.

Steph se dégagea brusquement de l’emprise de Michel. Il s’approche dangereusement du docteur. Celui-ci recule au fur et à mesure qu’avance Steph.

-         M. N’Goran je peux vous assurer que nous avons fait tout ce que…

-         Combien de temps restera-t-elle dans le coma ?

-         Je ne saurai donner…

-         Combien ? Rugit Steph.

-         Un jour, un mois ou plus. Tout dépendra de la patiente et de sa…

Steph n’écouta pas le reste de la phrase déjà il se dirigeait à grande vitesse vers la porte de sortie.

-         Stéphane ! S’écrie Emile. Où vas-tu mon garçon ? Que comptes-tu faire ? Ne vas pas te créer des ennuis. Reviens tout de suite.

Steph ouvre brusquement la porte de la cabane où est retenu Bamba. Il le retrouve ligoté à une chaise, les mains et les pieds hors de nuire. Siméon venait à peine d’écraser une fois de plus son poing sur son visage. Bamba est méconnaissable. Des bosses déforment complètement sa belle tête. Se dit Steph ironique. Difficile de distinguer ses yeux. Encore moins sa bouche et son nez. Il a vraiment une sale gueule le pauvre. Il y a du sang qui dégouline de partout. Steph prend un moment pour observer Siméon. Il n’a pour seul vêtement que son jean, le torse nu, les poings en sang. Il n’y est pas allé en douceur. Pense Steph un sourire aux lèvres.

-         Repose-toi mec. Je prends la relève. Ange n’est toujours pas de retour ?

-         Non. Réponds Siméon en s’adossant contre le mur, les mains dans les poches.

Steph avance en déboutonnant sa chemise qu’il retire ensuite. Il tire une chaise, la pose en face de Bamba et s’y assoit. Un de ses gardes se tient devant la porte.

-         Abou, tu n’aurais pas un briquet ?

-         J’en ai même trois monsieur.

-         Parfait prêtes-en moi un s’il te plait. Dit-il sans quitter Bamba des yeux.

-         Tenez monsieur.

-         Merci Abou. Détache ses mains.

Le garde s’exécute.

-         Tu m’entends Bamba ? Reprend calmement Steph. Te reste-t-il encore un peu de force pour continuer ?

-         Ta femme se porte-t-elle bien. Rétorque Bamba sarcastique.

-         Tu le sauras très bientôt. Réplique Steph sur le même ton.

Sur ce, il allume le briquet et saisit fermement la main droite de Bamba. Il approche lentement le briquet de son pouce.

-         Quand je suis arrivé c’est cette main qui tenait le pistolet avec lequel tu menaçais ma famille.

Il maintient le pouce de Bamba dans la flamme. Ce dernier se retient de crier se contentant de serrer les dents. Steph ne s’arrête pas pour autant.

-         Je veux voir à quel point cette main peut être résistante.

N’y tenant plus, Bamba laisse sortir le cri qui le serrait à la gorge. Il se débat de toutes ses forces mais Steph ne lâche pas prise. Son pauvre pouce  n’a presque plus de peau.

-         Putain ! Arrête ! Hurle Bamba.

-         Aie ! ça doit faire mal. Déclare Siméon sur un ton moqueur.

-         Très bien comme tu insistes. Pour te montrer à quel point je suis gentil, je change de doigt. De toute façon celui-ci est déjà abîmé.

-         Tuez-moi ! S’écrie Bamba.

-         Te tuer ? Non mais t’es malade ! Réplique Stéphane.

Il fit une grimace comme si l’idée le répugnait

-         De plus nous ne sommes pas des assassins N’est-ce pas Siméon.

-         Bien sûr que non. Renchérit ce dernier.

-         Si vous croyez que je vais vous supplier vous vous foutez le doigt dans le cul.

-         Je n’en attendais pas moins de toi ! Crache Steph avant de faire subir le même sort à son index.

Il fit pareil avec les autres doigts. Bamba ne cessait de hurler sans toutefois se rabaisser à les supplier d’arrêter. Sa main était mal en point, répugnante.

-         A présent on passe à la gauche.

-         S’il te plait Stéphane arrête ! Je t’en supplie. Je préfère que tu me tue ! S’il te plait.

-         J’ai cru entendre que jamais tu ne nous supplierais ou non ?

-         Moi aussi je l’ai entendu le dire. Ajoute Siméon.

-         Vous êtes des tarés ! Allez-vous faire foutre.

Steph explose de rire.

-         Tu sais Bamba mon petit Bambino (il ricane). Bambino ! Ça sonne bien tu ne trouves pas Siméon ?

-         Répète pour voir !

-         Bambino !

-         Ah c’est vrai que ça sonne bien. T’es trop fort mon pote. Déclare Siméon en se tordant de rire.

Steph se joint à lui et ils rient de bon cœur.

-         Bon bon revenons à nos moutons ! Reprend Steph d’un air sérieux.

-         Celui-là ressemble plutôt à un cabri.

-         Putain Siméon ! C’est vrai en plus !

Les deux hommes se mirent à rire de nouveau.

-         Bouclez-la bande d’enfoirés. Je vous tuerai tous, vous m’entendez tous. Alors je vous conseille d’en finir au plus vite avec moi ou c’est moi qui en finirai avec vous connards.

-         Oula ! C’est qu’il est en colère notre Bambino.

-         Arrête de te moquer de lui Steph ou il en finira avec toi.

Une fois de plus l’humour  de Siméon les fit rire jusqu’aux larmes. Steph se reprend le premier.

-         Tu sais Bambino…Commence-t-il. Ce n’est pas l’envie de te tuer qui me manque mais ce serait trop facile. Après tout ce que tu nous a fait, la mort serait un cadeau et non une punition. Tu as tué sa copine.

Steph a hurlé en dirigeant son doigt vers Siméon.

-         A cause de toi ma femme a sombré dans la dépression. Ajoute-t-il sur le même ton. Et pour couronner le tout tu as voulu la tuer elle aussi ainsi que ma fille. Crois-tu mériter la mort ? Non Bamba. Tant que Ciara sera dans le coma tu verras chaque partie de ton corps bruler à petit feu.

Il observe un moment de silence avant de reprendre :

-         Repose-toi pour aujourd’hui, on continuera demain.

Et il sortit de la cabane en prenant au passage sa chemise qu’il avait balancée sur le sol. Michel le rejoint dehors quelques minutes plus tard.

-         Tu viens ou tu préfères t’occuper de lui encore un peu.

-         Il a eu sa dose pour aujourd’hui… L’Etat de Ciara est-il aussi critique ?

-         Oui mec. (Ses yeux regardent dans le vide) Je te jure que j’ai peur de la perdre. Si je devais la…

-         Tu ne la perdras pas ! Aies la foi.

De retour à l’hôpital en compagnie de Siméon, Steph apprend que l’état de Ciara est toujours le même.

-         Je vais la voir. Annonce-t-il à ses beaux-parents.

-         Où était tu mon fils ? Demande Chantal inquiète.

-         Avec Siméon, on discutait.

Chantal souleva les sourcils. Preuve qu’elle n’en croit rien. Mais elle préfère ne pas insister.

-         Bonsoir ma douce. Murmure-t-il en s’asseyant sur le fauteuil à côté du lit. Tu n’as pas intérêt à t’en aller. Je te défends de me laisser seul.

Une larme coula de ses yeux. Il l’essuie rapidement puis prend ses mains dans les siennes.

-         Tu as vu comme notre fille est belle ? Tu n’imagines pas l’émotion que j’ai ressentie en la prenant dans mes bras. Tu as fait de moi l’homme le plus heureux de la terre en me donnant un enfant de surcroit une magnifique fille aussi belle que sa mère. Et maintenant tu veux me rendre malheureux en m’abandonnant. Je ne te le pardonnerais jamais si tu me laissais Ciara. Jamais.

Il lui donne un baiser sur la bouche. Une infirmière entra au même moment. Elle tient le bébé dans ses bras.

-         Dans ce genre de situation, il faut que la patiente ou le patient soit entouré de toutes les personnes qui lui sont chers.

-         Merci. Donnez-la-moi.  

Steph garde la petite un instant dans ses bras. L’émotion est si grande qu’il en pleure…de joie évidement. Il est père. Pense t-il en regardant intensément sa fille, avec amour, le sourire aux lèvres. Qui aurait cru que lui Stéphane N’Goran aurait un jour enfant ? Lui-même ne l’aurait pas cru si on le lui avait dit.

-         Elle est tellement belle ! Murmure-t-il en caressant son visage. Regarde ta fille princesse, sens-là.

 Il pose la petite sur la poitrine de Ciara puis les observe un instant. Elles sont magnifiques toutes les deux. Pense-t-il en prenant une photo. Il compte la montrer à Ciara quand elle se réveillera car il est certain qu’elle ne mourra pas.

Le lendemain, Steph se rend à l’hôpital de bonne heure. La veille, Il avait dû rentrer se reposer sous l’insistance de son beau-père. Lorsqu’il ouvre la porte de la chambre de Ciara, celle-ci est vide. Son cœur cessa de battre immédiatement. Il se précipite alors vers le bureau du médecin en charge d’elle.

-         Où est ma femme ? Crie-t-il en ouvrant violemment la porte.

-         Mais qu’est-ce qui vous prend…

Steph contourne le bureau et saisit le docteur par les colles.

-         Vous avez tué ma femme ! S’écrie-t-il avant de lui enfoncer son poing au visage.

Le docteur s’écrase au sol. Ahuri, il porte la main à sa joue en regardant son agresseur d’un air effrayé. Steph revient à la charge. Il le relève comme s’il s’agissait d’une feuille puis le coince contre le mur.

-         Vous avez profité de mon absence pour la débrancher sale enfoiré. Je vais vous tuer.

Il était sur le point de lui asséner un autre coup lorsque la porte s’ouvrit brusquement. L’infirmière de la veille poussa un cri  horrifié en voyant la scène.

-         Arrêtez monsieur, votre femme va bien.

Steph s’immobilisa automatiquement. Il relâche sans douceur le docteur avant de demander :

-         Où est-elle ?

-         Dans une autre chambre monsieur. Elle est sortie des soins intensifs hier après votre départ.  

-         Elle s’est réveillée ?

Ses yeux s’illuminèrent avant même d’entendre la réponse. Il le sait déjà au plus profond de lui que Ciara est de retour.

-         Oui monsieur. (elle sourit). Nous l’avons installée dans la chambre A18.

-         Merci ma belle.

Il lui donne un baiser sur la joue, s’excuse auprès du docteur et sort comme une fusée.

-         Elle est où la chambre A18? Demande-t-il à un brancardier dans le couloir.

-         La dernière porte à droite.

-         Merci.

Il court comme un fou. Impatient de revoir sa femme. Arrivé devant la porte il s’immobilise, respire un bon coup puis appuie lentement sur la poignée. Il pousse ensuite la porte sans se presser. Il appréhende le moment où ses yeux rencontreront ceux de Ciara, sa princesse. Steph resta bouche bée à la vue du tableau qui se dressa sous ses yeux. Il est tout simplement émerveillé. Ciara est étendue sur lit, le dos calé contre l’oreiller, un sein dans la bouche de leur fille : elle l’allaite.

 

Fin du quarante-troisième chapitre. Bizbi.

Juste pour un soir