Chapitre 42

Ecrit par Djelay

Le bébé n’est plus très loin. Non, ce n’est pas possible ! Elle ne peut pas accoucher maintenant ?

-         Réponds-moi Elodie ! S’exclame-t-elle.

-         La ferme !

Quoi ? Se dit Ciara à la fois choquée et médusée. Ses idées vont automatiquement vers son bébé. Je ne veux pas la perdre ! Non. Pourquoi Elodie fait-elle ça ? Que veut-elle ? L’enlever pour ensuite demander une rançon ? Jamais elle ne permettrait que sa petite fille meure, jamais ! Réunissant tout son courage elle tente de négocier :

-         Je peux te donner tout l’argent que tu souhaites mais s’il te plait conduis moi à l’hôpital.

Elodie ne répond pas. Pourquoi le destin  s’en prend-il à elle de cette façon ? Qu’a-t-elle bien pu faire de mal dans sa vie pour que Dieu la punisse de cette façon ? Elle refusait de subir sans rien faire ! Il s’agit de la vie de son enfant. Remplie de rage, elle saisit les cheveux d’Elodie par derrière et les tire à les arracher. Perdant le contrôle de la voiture cette dernière lutte afin d’arrêter la voiture. Miraculeusement, elle y parvient. Ce pendant à peine le véhicule immobilisé, Ciara ouvre la portière pour en sortir. Son cœur manqua un battement lorsqu’elle vit Bamba posté en face d’elle le sourire en coin. Les contactions reprennent aussitôt, encore plus fortes. Prise de frayeur, elle se laisse lentement glisser contre la carrosserie de la voiture jusqu’à se retrouver assise à même le sol, les jambes écartées. Elle essaie de respirer comme Nath le lui a appris. Elle va perdre son bébé. Pense-t-elle en pleurant. Puis Bamba la tuerait.

-         Ahhhhh ! Crie-t-elle en se tenant le ventre.

Est-ce normal qu’elle ait aussi mal ? Se demande-t-elle les yeux fermés.

-         Même en cloque, tu es magnifique Ciara ! Lâche sarcastiquement Bamba. Dommage que tu n’aies pas voulu de moi…dommage ma petite Ciara.

-         Aieeeeeeeeeeeee !

-         Quoi le bébé est en route ?

Il ricane puis regarde en direction d’Elodie. Celle-ci est assise sur le capot de la voiture, une cigarette entre es lèvres.

-         Elodie ! Aller fais lui pondre son batard !

-         Quoi ? S’écrie-t-elle. t’es malade ! Je ne suis ni sage-femme ni…

Une gifle s’abattit sur sa joue avant qu’elle ne puisse terminer sa phrase. La main sur sa peau endolorie, Elodie soutient effrontément le regard de Bamba.

-         J’ai dit FAIS NAITRE ce fils de pute ! Dit-il d’une voix menaçante.

Elodie observe un moment de silence avant de se mettre genou face aux jambes écartées de Ciara. Mieux vaut ne pas l’énerver, c’est un malade ! Pense-elle en remontant sans douceur la robe de Ciara au niveau de sa hanche. Elle retire ensuite sa petite culotte puis  lui demande de pousser.

-         Non, emmenez-moi à l’hôpital.

-         Ou tu  pousses, ou ton enfant et toi crevez là maintenant.

La voix menaçante de Bamba résonna comme un  bruit d’explosion dans sa tête. Steph ! Pense-t-elle en larmes en poussant de toutes ses forces.

-         Encore ! Ordonne sèchement Elodie.

Ciara pousse une seconde fois. Epuisée elle essaie de reprendre du souffle mais Elodie lui assène une gifle.

-         Aller pousse qu’on en finisse ! Je vois la tête de ton morveux.

Réunissant toutes les forces qui lui restent, Ciara se concentre et pousse. Seule, sa petite fille lui importe. Qu’elle naisse en bonne santé c’est tout ce qu’elle demande. Tant pis si Bamba la tue elle. Mais qu’il ne fasse pas de mal à son bébé. Soudain, des pleures lui parviennent aux oreilles. Ouvrant les yeux, elle voit sa fille dans les bras d’Elodie. Le cordon a déjà été coupé. A quel moment ont-ils…Peu importe. Sa fille ! Pense-t-elle émue en voyant ce bout d’homme dans les bras d’Elodie. Instinctivement elle tend les bras vers cette dernière.

-         Donne-la-moi s’il te plait.

Le rire diabolique de Bamba la fait tressaillir.

-         Commence par lui faire tes Adieux parce qu’elle n’en a plus pour longtemps.

Il sort son révolver et le brandit vers la tête de la petite. Elodie eut un geste de recul. Elle resserre son étreinte sur le bébé en fixant Bamba.

-         S’il te plait Bamba, tue-moi si tu veux mais épargne mon bébé.

Les larmes de Ciara coulent à présent comme un ruisseau. Son instinct de mère ayant pris le dessus, elle tente en vain de se mettre debout. Elle est trop faible. En plus  son abdomen lui fait atrocement souffrir.. A plusieurs reprises, elle réessaie mais finit toujours pas retomber. Désespérée et à bout de forces, elle n’a d’autre choix que de crier pendant que Bamba avance vers  Elodie.

-         File la moi ! Ordonne-t-il à Elodie.

-         Ce n’est qu’un bébé Bamba, tu ne vas pas…

-         File la moi et ferme ta sale gueule. Je fais ce que je veux, tu n’as pas ton mot à dire.

Elodie adresse un regard triste au bébé puis à Ciara avant de tendre le bébé à Bamba. Les hurlements de Ciara redoublèrent se mêlant à ceux du bébé. A la grande surprise de Ciara,  Elodie se rétracte et ramène tout d’un coup la petite contre sa poitrine.

-         Je ne te laisserai pas faire de mal à ce bébé.

Le soulagement que ressentit Ciara à cet instant est indescriptible. Elle aurait même pu sauter de joie si elle en avait la force.

-         Tu essaies de de te donner bonne conscience ? Ricane-t-il. 

-         Ce n’est pas ce qui était prévu Bamba. Il n’a jamais été question de tuer le bébé.

-         Eh bien. J’ai décidé à l’instant que le gosse allait mourir. Donc passe le moi.

-         Non Bamba! Regarde-la !

Elodie baisse les yeux sur le visage innocent de la petite comme pour accompagner ses mots.

-         Cette gamine n’a rien à voir avec toute cette histoire. Tu as dit que tu voulais juste faire peur à Ciara. Laisse-les s’en aller maintenant. regarde la (elle montre Ciara du doigt) elle est morte de trouille. Tu as réussi Bamba ! A présent libère les toutes les deux.

Bamba fait mine de bailler.

-         C’est bon tu as fini ? Donne-moi le bébé Elodie ne me pousse pas à bout. Menace-t-il calmement.

-         Jamais ! Il va falloir que tu me…

Le coup partit avant qu’elle ne puisse achever sa phrase. Le bruit du coup de feu mêlé au cri spontané de Ciara fit pleurer le bébé de plus belle. Elodie, les yeux grandement ouverts fixe Bamba avant de poser son regard sur son ventre. Le sang s’est déjà répandu à travers son chemiser blanc. Usant des dernières forces qu’il lui reste, Elodie se laisse tomber sur les genoux sans toutefois lâcher la petite. Elle la dépose ensuite délicatement sur le sol avant de s’effondrer.

-         Oh mon Dieu ! S’écrie Ciara horrifiée. Elle…Elle est morte ?

-         Non mais ça ne va pas tarder. Rétorque Bamba amusé.

C’est un psychopathe. Pense Ciara offusquée par tant de cruauté.

-         Seigneur ! Bamba s’il te plait ne fait pas de mal à mon bébé ! Larmoie Ciara.

-         Je ne lui ferai pas de mal ne t’inquiète pas. Elle ne sentira rien. Ça ira très vite.

Ciara reçut sa réponse en plein cœur tel un coup de poignard. Comment peut-il être aussi froid…aussi insensible ? N’a-t-il aucun cœur ? Désespérée, Elle rampe jusqu’à son bébé. Il faut qu’elle la protège. Il le faut. Seigneur aidez-moi je vous en supplie. Prie-t-elle silencieusement en avançant avec beaucoup difficultés. L’accouchement l’a affaiblie. Elle sent ses forces la lâcher progressivement. Tiens bon Ciara, tu ne peux pas sombrer maintenant. Ta fille a besoin de toi, ton bébé a besoin de toi. Se dit-elle en continuant de ramper, le regard rivé sur son bébé. Il n’y a qu’elle ! Elle ne voit qu’elle, personne d’autre. Protège-la, protège la quitte à y laisser ta vie. Il n’y a qu’elle  qui compte. Répète-t-elle comme on réciterait un mantra.

-         Tu n’aurais pas dû me tenir tête Elodie. Reprend Bamba l’arme pointée sur le corps agonisant de sa complice. Je ne voulais pas en arriver là mais tu m’y as obligé.

Il ne se rend pas compte de ce qui se passe sous ses yeux tant il est occupé à régler ses comptes avec Elodie. Ciara réussit à prendre son bébé dans ses bras. Elle tente de la calmer sans succès. La petite doit avoir mal quelque part ou faim ? Comment peut-elle l’allaiter dans ces conditions ? En plus Bamba ne le lui permettra de le faire. C’est un taré alors vaut mieux ne pas l’énerver.  

-         On a dit qu’on le faisait pour Ben, tu t’en souviens mais il a fallu que tu gâches tout ! T’es contente ? hurle-t-il ! Hein ?

Il tire à plusieurs reprises dans le ventre d’Elodie en rugissant…de rage, de colère. Ça ne lui suffit pas ! Il lui en faut plus alors il enchaîne avec des coups de pieds dans les côtes. On aurait dit qu’il était possédé par un démon. Il reprend lentement son souffle une fois sa rage déversée. Lorsqu’il reporte son attention sur Ciara, celle-ci serre aussitôt son enfant contre elle. Affichant ce sourire diabolique qui n’est désormais plus étranger à Ciara, Il avance tout doucement dans sa direction tandis qu’elle recule en se trainant sur les fesses. Son geste le fit rire.

-         Tu ne peux pas m’échapper Ciara. Regarde autour de toi.

Il fait un cercle dans le vide avec son arme.

-         Nous sommes que tous les deux dans cet entrepôt. Personne ne connait cet endroit et donc personne ne viendra te sauver…enfin vous sauver.

-         S’il te plait Bamba !

-         S’il me plait ? Eh bien figure toi qu’il ne me plait pas.

Il se tait un instant avant de reprendre.

-         Dis-moi ça t’arrive de penser à mon cousin ? A la manière dont tu as l’a tué.

-         Ce n’est pas moi qui…

-         La ferme ! Gronde-t-il. Et fais taire ce morveux si tu ne veux pas que je lui mette une balle dans la tête.

Ciara effrayée, se mit aussitôt à bercer le bébé sans quitter Bamba des yeux.

-         Je t’en supplie Bamba…

-         Quand on m’a annoncé sa mort j’étais en prison pour lui rendre visite. Tu te rends compte, Ils n’ont pas jugé important de m’informer le jour même. Il a fallu que je m’y rende le lendemain pour apprendre la nouvelle. Tu n’imagines pas la haine que j’ai ressentie à ce moment. Et tu sais envers qui ? Bien sûr que tu le sais…dis-le !

Ciara remue la tête le visage inondé de larmes.

-         Répond ! gronde-t-il.

Elle sursauta. Ses paupières deviennent de plus en plus lourdes. Seigneur, opérez un miracle je vous en prie. Sa fille va mourir de froid si elle reste ainsi…sans aucune couverture. Ciara essaie tant bien que mal que lui procurer un peu de chaleur mais ce n’est pas suffisant. Cet endroit est glacial. Elle-même commence à avoir froid…très froid.

-         Cesse de greloter et répond sale chienne. Alors envers qui ma haine était-elle…

-         Moi ! S’exclame-t-elle en sanglotant…Envers moi.

-         Ouiiiii mais pas que toi seule ma poupée. Cet imbécile de Stéphane…oui le type que tu te tapes tous les jours…Celui pour qui tu pleurais tous les soirs dans ton appartement.

Ciara tiqua.

-         Quoi ? Tu ne savais pas que j’avais placé des micros dans ton appart ? Ton cher Steph ne te l’a pas dit ?  Dit-il d’un ton cynique. Ce n’est pas gentil ça ! Il aurait dû te le dire.

-         Qui te dit qu’il le savait ?

-         Elodie me tenait informé de tout.

Ciara se rappelle automatiquement du jour où elle a fait la connaissance d’Elodie. Cette dernière lui a tout de suite déplu. Steph comme d’habitude a tout mis sur le compte de la jalousie. Et voilà le résultat…Elodie a toujours été de mèche avec Bamba. Si seulement Steph l’avait prise au sérieux, tout ceci ne serait pas en train d’arriver. Elle jette un coup d’œil au cadavre d’Elodie. Même si celle-ci a fait toutes ces choses contre eux, elle lui sera éternellement reconnaissante d’avoir protégé son bébé.

-         Pas que je m’ennuie mais je dois mettre fin à tout ça. Ben a besoin de reposer en paix. Et tant que Steph et toi serez en vie ce ne sera pas possible. Alors…

Il pointe son arme sur elle.

-         Non non s’il te plait. Supplie-t-elle en larmes.

-         Adieu Ciara.

Ciara ferma les yeux en serrant fortement son bébé contre sa poitrine tandis que le bruit d’un coup de feu retentit. C’est la fin. Se dit-elle attendant de sombrer dans le néant. Elle n’aura même pas pu sauver son enfant. Quel genre de mère est-elle ? Puisse Stéphane lui pardonner pour n’avoir pas pu protéger leur fille. Alors qu’elle attend que son âme s’en aille de son corps elle se rend compte qu’elle ne ressent aucune douleur. Est-ce parce qu’elle est déjà morte ? Dans ce cas pourquoi entend-elle encore les pleurs de sa fille et aussi des crissements de pneus. Lentement elle ouvre les yeux et son regard tombe net sur Steph. Ce dernier court comme un malade vers elle, une grande couverture à la main. Elle tourne automatiquement le regard vers Bamba. Celui-ci est étendu au sol, une balle dans la jambe.  

-         Bébé ! Je suis là…je suis là.

-         Steph ! Réussit-elle à dire.

-         Oui ma douce. Tout va bien à présent.

Il prend le bébé de ses bras qu’il enveloppe dans la couverture.

-         Ange ! Hurle-t-il.

-         Tiens prend la.

Il lui tend le bébé puis soulève Ciara. Il la transporte jusque dans la voiture, s’installe avec elle sur la banquette arrière puis reprend sa fille des bras d’Ange.

-         Tu restes là pour attendre la police. Tu sais déjà quoi dire. Siméon s’occupe du reste. Dit-il en jetant un coup d’œil à Siméon à travers la vitre.

-         Oui monsieur.

-         Démarre Paul. Ordonne Steph au chauffeur.

Lorsque Steph ose un dernier regard à travers  la vitre, ce qu’il voit, c’est Siméon bâillonnant Bamba. Ils y sont arrivés. Pense-t-il  en resserrant son étreinte sur le bébé. Ciara s’est évanouie. Pourvu qu’elle aille bien. Elle a perdu beaucoup de sang et ça l’inquiète. Il lui caresse les cheveux en priant de toutes ses forces pour qu’elle s’en sorte.

Dans la salle d’attente de la clinique, la belle famille de Steph et lui-même attendent impatiemment que le docteur vienne leur apporter des nouvelles, des bonnes surtout. Steph ne tient presque plus en place. Il ne fait que marcher dans tous les sens la tête baissé. Si jamais il arrivait quelque chose à Ciara, Bamba crèverait de ses propres mains, il le jure.  Ses pensées se tournent vers Elodie. Il revoit encore son corps gisant par terre. Elle était criblée de balles. Tout ce temps il l’a soupçonnée. Depuis le jour où elle est rentrée dans leur chambre pour apporter le repas de Ciara lorsque celle-ci était dépressive. Son expression l’avait tout de suite interpellé. Sur son visage se lisait le regret. Depuis ce jour, il suit le moindre de ses mouvements. Cependant elle s’est toujours montrée vigilante. Si seulement il avait été là aujourd’hui, si seulement il n’avait pas emmené Ange avec lui. Tous les autres gardes sont des incapables. Comment ont-ils pu les laisser s’en aller seules pour ce soit disant hôpital ? Eux aussi devront payer le prix cher si le pire venait à se produire. Ses points se serrèrent machinalement. Michel ayant senti son anxiété s’approcha de lui.

-         Détend toi et essaie de rester calme beau-frère.

Beau-frère ? C’est la première fois que Michel l’appelle ainsi. Pense-t-il avec sarcasme. Si Ciara venait à mourir, il n’y aurait plus de beau-frère qui tienne. En a-t-il conscience ?

-         Je ne peux pas rester calme Michel. Gueule-t-il. C’est de ma famille qu’il s’agit. Tu comprends ? Ma femme et ma fille bon sang.

Michel voulut rétorquer mais le docteur arriva au même moment.

-         M. N’Goran ?

-         Oui docteur !

Steph  s’est précipité le cœur battant vers l’homme maigrichon, d’âge mûr, vêtu d’une blouse blanche. Emile et sa femme ont bondi du fauteuil pour les rejoindre. De même que Michel et isabelle. Les pauvres semblent profondément abattus.

-         Votre amie…

-         C’est ma femme. Le coupe sèchement Steph.

-         Excusez-moi, je ne…

-         Bordel, vous allez nous dire comment se portent ma femme et ma fille oui ! Gronde Steph en saisissant le docteur par les colles.

-         Stéphane ! S’écria Chantal scandalisée. Contrôle-toi enfin !

-         Désolé. Balbutie-t-il après avoir relâché le docteur.

Ce dernier n’a pas l’air en colère. Il remet sa blouse en ordre avant de poursuivre :

-         Votre fille se porte bien. Elle est arrivée juste à temps pour qu’on la prenne en charge et grâce à Dieu elle est hors de danger. Mais nous la garderont en couveuse cette nuit pour plus de précaution.

Le soulagement se lit sur le visage de tous enfin de tous excepté Steph.

-         Et ma femme ? Demande-t-il en retenant son souffle.

-         Eh bien votre femme a perdu énormément de sang. Nous avons fait tout notre possible pour stabiliser son état mais…

-         Mais quoi ? hurle-t-il.

-         Nous n’y sommes pas arrivés.

 

Fin du quarante-deuxième chapitre. Bizbi

Juste pour un soir