Chapitre 43 : RETOUR A LIBREVILLE
Ecrit par Sandy BOMAS
CHAPITRE 43 : Retour à Libreville
VANESSA
Il était prévu que je passe dix jours à Paris finalement, en une semaine j’avais pu rencontrer les fournisseurs et récupérer tous les supports publicitaires de JVP & Co. Et puis avec la grossesse qui commençait à me montrer des vertes et des pas mûres, il valait mieux que je rentre à Libreville. J’avais donc décalé mon retour de deux jours. Et puis j’avais hâte de retrouver mon chéri et de lui annoncer la bonne nouvelle. « Je suis enceinte ! J’attends notre enfant à Stanley et moi ! » Devant le miroir, je répétais toutes les formules possibles comme pour choisir la plus belle à Stanley au moment où je lui annoncerai que je porte son enfant. J’avais encore du mal à croire que la vie me souriait enfin. J’avais enfin droit au bonheur, c’était mon tour à présent. Je caressais mon ventre qui certes ne laissait encore rien paraitre mais à l’intérieur de moi il y avait déjà cet embryon qui grandissait.
Il avait réussi à calmer mon inquiétude au sujet de son ex qui était en vacances à Libreville avec leurs filles.
Mes valises bouclées, il ne me restait plus qu’à appeler la société de taxi pour qu’elle m’en envoie un pour le lendemain matin.
En me promenant dans les rues de Paris une dernière fois avant mon départ, j’avais trouvé dans un magasin pour bébés un ourson tenant un cœur et sur le cœur il était écrit « J’aime mon Papa ». Je n’aurai pas besoin de rajouter quoique ce soit quand Stanley le verra il comprendra. Je ne pus m’empêcher de sourire rien qu’à l’imaginer recevant son cadeau. «Ce sera amusant de le lui annoncer comme ça ! »
Stanley et moi avons passé toute la nuit sur Skype. J’avais été tentée de lui dire que je rentrais plutôt, mais je m’étais ravisée. L’idée de la double surprise l’avait emportée sur mon envie de trop parler. Stanley avait ses filles pour le week-end, mon arrivée tombera à pic. J’avais hâte de faire la connaissance des jumelles Léna et Maëlys.
Dans l’avion, quand j’ouvris les yeux j’apercevais Libreville de mon hublot.
Les formalités de douane étaient longues. Chose normale, avec tout le matériel de JVP& Co que je ramenais ça prenait du temps pour tout déclarer.
Lorsque je mis enfin les pieds à l’extérieur de l’aéroport international Léon Mba, la nuit était tombée depuis un petit moment déjà. Je n’avais demandé à personne de venir m’attendre à mon arrivée, même pas Cynthia.
Un chauffeur de taxi s’adressait à moi :
-Une course Madame ?
-Oui…
Il se chargea de mettre mes valises dans le coffre de sa voiture.
-Vous revenez de Paris ?
Il essayait de faire la conversation. Mais je n’avais pas trop envie de parler, je me contentais de hocher la tête avant de lui donner la destination le tout agrémenter d’un sourire commercial. Tout ce que je voulais c’était d’arriver chez moi au plus vite, poser mes valises et foncer chez mon gars, lui annoncer la bonne nouvelle. « J’imagine déjà la tête qu’il fera quand il me verra non seulement arriver plutôt que prévu, mais aussi quand je lui dirai qu’il sera à nouveau papa dans les mois avenir. Je me caressais le ventre en pensant à notre mini nous que je portais précieusement. »
-On part où Madame ? La voix du chauffeur de taxi mit fin à ma douce rêverie.
-A Angondgé à côté du stade de l’Amitié.
J’envoyais un message rapide à Stanley pour savoir quel était son programme ce soir. Il avait prévu de rester à la maison avec ses filles. Leur tante Laurine était passée les chercher en début d’après midi et les avait amenées à la salle de jeux Abracadélire.
« J’ai hâte de faire la connaissance des petites princesses ! »
Je pris une bonne douche enfilais une tenue décontractée : saourel, tee-shirt et tennis de ville et m’engouffrai dans ma voiture direction quartier Louis chez mon chéri.
Je garais ma voiture à quelques mètres de chez lui il ne fallait pas qu’il m’entende arriver au risque de gâcher ma surprise. L’ourson était bien en lace dans mon sac fourre tout.
Pas de gardien devant la maison. « Finalement je me demande à quoi ils nous servent ceux là tchiiiip ! » Le portillon n’était pas fermé à clé. En remontant l’allée centrale je pouvais voir que la lumière du salon et celle de notre chambre étaient allumées.
« Notre chambre : je suis arrivée hein ! loool »
STANLEY
Estelle était là. Elle n’avait pas remis les pieds ici depuis notre séparation. Sa présence qui jadis m’aurait fait plaisir (à l’époque où j’espérais que les choses s’arrangent entre elle et moi), m’était à présent égale. La maison avait désormais une autre empreinte féminine : celle de Vanessa. C’est d’ailleurs dommage qu’elle ne soit pas là, ma miss choco noir. J’aurais tellement aimé qu’elle puisse rencontrer les petites. Mais ce n’est que partie remise, elles reviendront pour Noel (enfin si leur mère accepte) et là on passera un super réveillon ensemble.
Visiblement, Estelle cherchait à me séduire à nouveau. A en juger par son comportement il n’y avait aucun doute là-dessus. J’avais proposé qu’elle récupère les jumelles chez mes parents puisqu’elles étaient avec ma sœur, mais elle avait insisté pour venir les chercher chez moi. Elle avait prétexté être sûre qu’elles n’oublient rien chez moi…
En tout cas, quoiqu’elle tente ce soir je ne lui laisserai pas l’occasion de mettre ses plans à exécution.
-Tu as changé la décoration ?
-Oui, ça fait un petit moment maintenant… C’est Vanessa qui a tout choisi.
-Ah…..
-Qu’est-ce que je te serre à boire, j’ai des jus de fruits, du sirop ? Je ne te propose pas de boisson alcoolisée vu que tu prendras le volant tout à l’heure.
-Je veux bien du jus de fruits s’il te plait…
- Ok je vais te servir ça. Ne reste pas debout, assieds-toi.
-Et…..C’est sérieux entre vous deux ?
-Et je peux savoir pourquoi ?
-Simple curiosité….dit-elle en buvant du bout des lèvres le jus d’orange que je lui avais servi, avant de déposer son verre encore plein sur la table basse.
-On va dire que ça va…On s’entend bien….
-Et tu ne me demandes pas si de mon côté tout va bien ?
Un sourire plein de sous entendu se dessina sur ses lèvres un peu trop maquillées à mon goût. J’ignorais ses tentatives de séduction en gardant une expression la plus neutre possible.
-Je suppose que tout va bien pour toi….
-En fait je me suis séparée de mon compagnon il y a quelques temps…
-Huuummm…. Je vois….
Je n’étais pas surpris par cette information concernant la vie privée d’Estelle. C’est une femme qui n’a pas réellement envie de fonder une famille. Je me demande d’ailleurs comment elle a réussi à rester six ans avec moi. « Bref, me poser toutes ces questions ne me mènera nulle part… »
-Si tu veux bien m’excuser je vais chercher les affaires des filles et pendant que tu vérifies qu’il ne manque rien, je vais prendre une douche. Je rentrais tout juste de mon footing quand tu es arrivée…
-Ok…..
Je lui remis les affaires de Léna et Maëlys avant de m’éclipser dans la salle de bain.
ESTELLE
Stan est toujours aussi séduisant qu’avant si ce n’est plus ! Franchement je ne sais pas ce qui m’était passé par la tête quand j’avais décidé de le quitter. « Si, je sais ». Je ne pouvais pas refuser l’opportunité qui m’avait été offerte de travailler en Guinée Equatoriale. Et franchement entre la vie de famille et ma carrière professionnelle le choix était vite fait pour moi. Mais deux ans plus tard je me rends compte que c’est difficile de trouver un homme sérieux qui est envie de fonder une famille, se marier, bref s’engager. Jusqu’ici je n’avais rencontré que des hommes qui avaient juste envie de me mettre dans leur lit, ou encore des gigolos intéressés par ma situation financière.
Stanley restait de loin un bon parti et c’est d’ailleurs avec lui que j’avais eu mes merveilleuses filles Léna et Maëlys. « Peut-être qu’il n’est pas encore trop tard pour qu’on se remette ensemble ? Après tout, sa relation avec cette femme Vanessa est toute récente, je peux encore essayer de le reconquérir…. » On avait vécu une merveilleuse histoire d’amour lui et moi. Peut-être que les choses pourraient repartir comme avant, si ce n’est mieux … « Il faut que j’arrête de réfléchir et que je mette mon plan à exécution rapidement avant que Laurine ne ramène les filles. Je n’ai pas encore dit mon dernier mot !… »
VANESSA
Devant la porte je décidais de l’appeler car la porte était fermée et je n’
Bip…. Bip….Bip….
« Allez Stanley décroche ! »
-Allô ?!
J’entendis une voix féminine au bout du fil.
« Mince ! Et si en plus je me trompe de numéro, je ne pourrai pas lui faire le grand numéro de mon arrivée surprise ! »
-Excusez-moi j’ai dû me tromper de numéro…
-Vous voulez parler à qui ?
-Je souhaite parler à mon fiancé, mais je crois que je me suis trompé Madame.
-Quel numéro avez-vous composé ? Me demande la voix féminine qui visiblement n’était pas prête de me laisser raccrocher.
-Le 07 85 55 …..
Je lui donnai le numéro exact de Stanley.
« Bon Mama laisse-moi maintenant pardon….Je me suis trompée je vais recomposer le numéro de mon gars et l’avoir au bout du fil cette fois-ci.»
-Vous avez-composez le bon numéro…
-Pardon ?!
-C’est Vanessa ?
-Oui…Et vous qui êtes vous ?
Je ne m’étais pas trompée comme je le croyais. Mais qui est donc cette femme avec qui je suis entrain de parler ? »
-Oui….Qui est-ce au bout du fil ? Katleene ? Laurine ?
-Non …
-C’est Estelle ?...
- Oui, dit la voix avec beaucoup d’assurance.
Mon sang ne fit qu’un tour. « Estelle est là ? Et de quel droit elle se permet de répondre au téléphone de mon gars ? Où est Stanley ? En tout cas tout ça c’est long ! J’ai les clés de la maison non ? Je ne vais pas rester là sur le pas de la porte comme une maboule en attendant les réponses ! En tout cas je laisse d’abord la surprise là de côté ! »
La porte n’était pas fermée à clé. Une voix me disait de me calmer, de ne pas me faire de fausses idées à cause de la jalousie qui me rongeait jusqu’à la moelle épinière.
Dans le salon, il n’y avait personne. Sur la table basse il y avait un verre contenant du jus de fruits plein à moitié. Une trace de rouge à lèvres sur le verre m’indiquait que le verre était bien celui d’Estelle. Sur le canapé il y avait un sac à main, Lancel de couleur rouge et sur le sol un trolley d’enfants Hello Kitty.
«Quoi donc la go là répond au téléphone de mon gars et elle se tape même le luxe de jouer à cache-cache avec moi ? »
Bien décidée à tous les trouver je me dirigeais en premier dans la chambre d’amis : personne. Les lits où avaient dormi les petites n’avaient pas été faits. « Pauvre Stanley, il a du être débordée avec ses filles…. »
Si Estelle n’était ni dans le salon, ni dans la chambre d’amis, et que les fillettes non plus n’étaient pas dans chacune des pièces que j’avais déjà inspectées où pouvaient-ils bien se cacher tous ? Surtout cette Estelle là ! Où est-elle ?
-Stanley ? Stan ? Chéri ?
J’ouvris la porte de la chambre d’un coup sec. Quelle ne fût pas ma stupeur quand je découvris mon interlocutrice de tout à l’heure, assise dans mon lit le drap tiré jusque sur la poitrine, les cheveux en bataille un sourire de triomphe sur les lèvres.
Estelle et Stanley ?! Ici, chez nous, dans notre lit ! « Je dois être entrain de faire un cauchemar. Je vais certainement me réveiller et me rendre compte que c’est juste un mauvais rêve…. » Mais le rire sarcastique d’Estelle, l’air suffisant et le rictus vainqueur qu’elle arborait me criaient que tout était bien réel.
J’étais pétrifiée. Incapable de faire le moindre geste ou de sortir un son de ma bouche. J’avais chaud, mon sang battait dans mes tempes, dans mes veines, dans tout mon corps tel le magma d’un volcan en éruption.
Tout se bousculait dans ma tête, j’avais mal partout, atrocement mal : au cœur, au ventre, dans ma chair, dans mes os, dans mon âme, dans mon être tout entier…
Sans savoir comment je me jetais sur elle l’obligeant à sortir ses vieilles fesses souillées de mon lit. Sans lui laisser le moindre répit je la rouais de coup.
-Qu’est-ce qui se passe ici ?
Stanley sortait de la douche, le corps encore ruisselant, une serviette nouée à la va vite à la taille.
-Qu’est-ce qui se passe ici ? Mais c’est à toi de me le dire chéri …..Je suis partie juste une semaine Stan….Juste sept malheureux jours….Comment as-tu osé me faire ça ?.....Finalement j’avais raison d’avoir des craintes…. Finalement tu es comme tous les autres……
-Mais non chérie….Ce n’est pas ce que tu crois….
-Tu as raison….Ce n’est pas ce que je crois mais plutôt ce que je vois…..Et je vois la mère de tes filles à moitié nue dans notre lit…..Et toi qui sors de la douche….
-Mais qu’est-ce qui t’as pris Estelle ? Ça te plait de foutre la merde ?
Stanley la tenait fermement et l’obligeait à répondre. Elle restait là sans rien dire, l’air suffisant.
-Mais dit quelque chose Estelle ! Mais enfin ne reste pas muette !
-Je….
Je me retournais vers Stanley.
-Ecoute Stan….Ne te donne pas de mal…J’ai compris….C’est moi qui suis de trop dans cette histoire….Je m’en vais !...
-Vanessa ! Attends ! Chérie ! Ne pars pas attends ! Tu n’es pas de trop tu te trompes !.....
Je ne lui laissais pas le temps d’en dire plus. Seule une chose comptait : partir de là au plus vite.
Je savais que je n’aurais pas du lui faire confiance ! Il ne vaut pas mieux que les autres ! Un menteur doublé de vendeur d’illusion, voilà ce qu’il est et rien de plus ! Tout son baratin sur l’envie de fonder une famille et tout le reste, tu parles des foutaises ! Et moi conne une conne j’ai couru, que dis-je ? J’ai sauté dans son piège à pieds joints.
Je montais dans ma voiture et démarrai en trombe. Fuir, partir loin, c’est tout ce dont j’avais envie plus que tout.
Bientôt des torrents de larmes dévalaient sur mes joues, dépourvue de force je les laissais couler à leur guise.
STANLEY
-Estelle !!! Hurlais-je. Viens ici, sorcière !
L’intruse s’était rhabillée à la quatrième vitesse et était sortie de la chambre. Elle se tenait là devant moi sans mot dire. Je ne saurais dire ce que l’expression de son visage traduisait. D’ailleurs, je n’avais pas envie de le savoir. Si je m’écoutais à ce moment je crois que je lui aurais fait sérieusement mal.
-Stanley je….
-Ecoute Estelle….commençai-je, je préfère que tu partes d’ici tout de suite !
-Mais….
-Sors de chez moi avant que je ne puisse plus du tout me maitriser et que je comète l’irréparable !….
-Stan….Je….
-Me suis-je bien fait comprendre Estelle ?
Je m’approchais d’elle menaçant, effrayée, elle reculait se prit les pieds dans le tapis et manqua de tomber par terre. Elle me faisait pitié plus qu’autre chose. Furieux, je relâchai brutalement son bras que je retenais dans un étau d’acier. Plus tôt elle partirait d’ici mieux ça vaudrait.
-Prends tes affaires et sors de chez moi !.... Tu récupèreras les filles demain chez mes parents….
Merde ! Merde ! Merde ! Je savais que la présence d’Estelle ne présageait rien de bon. Elle tenait à récupérer les filles ici, tu parles ! Je n’aurais jamais du accepter de la laisser venir chez moi.
« Je vais tenter de rattraper Vanessa et la convaincre que ce qu’elle vient de voir ou du moins ce qu’elle croit avoir vu, n’est rien d’autre qu’un mal entendu. Une machination d’Estelle…Pourvu qu’elle me croit !…. »
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