Chapitre 46

Ecrit par Jennie390

⚜️Chapitre 46⚜️


Landry Ratanga


Une semaine déjà que le détective privé engagé par Hortense a commencé son investigation sur Émile. Nous lui avons donné carte blanche pour fouiller dans tous les aspects de la vie de notre cible, aussi bien dans son passé que dans son présent. Il est impératif qu'il trouve des éléments compromettants que nous pourrons utiliser contre monsieur Biyoghe. C'est la seule solution dont nous disposons pour l'instant afin d'aider Yolande qui est retenue captive dans leur maison.


En ce qui concerne Mélissa, elle demande après Yolande et Odile tous les jours. Elle passe par des moments de tristesse où, dès qu'elle se met à pleurer, Bridget, la nouvelle nounou, m'appelle pour que je lui parle au téléphone. Je la rassure, je la console, je lui fais comprendre que très bientôt Yolande et Odile vont la rejoindre. Elle se calme assez rapidement. Surtout dès qu'on lui promet des glaces, des biscuits et tout ce genre de choses. J'espère vivement qu'on pourra trouver une solution à tout ça avec l'aide de ce détective pour permettre à ces deux sœurs de se retrouver. Mélissa en a besoin, surtout pour sa stabilité psychologique et émotionnelle.


Après une journée passée chez Loïc, je décide de rentrer à la maison me reposer. Loïc propose de me raccompagner au carrefour où mon véhicule est garé.

一Alors, avec le détective, ça avance ?

一Ah on attend de voir ce qu'il va trouver, je réponds. J'ai hâte d'en finir.

一Et Mélissa, elle pleure moins ?

一Elle...

Je m'arrête en plein milieu de ma phrase lorsque j'aperçois le docteur Marleyne Ovono en train de discuter avec un jeune homme. Elle regarde de gauche à droite comme si elle avait quelque chose à cacher. La connaissant, je suis sûr qu'elle prépare un sale coup.

一Il y a un souci ? Me demande Loïc.

一C'est Marleyne Ovono qui travaille à Saint-Honoré.

一Celle qui a essayé de te tuer ?

一En personne.


Loïc et moi, on reste à distance et on observe la scène. On voit le gars remettre une grosse enveloppe à Marleyne. Cette dernière la récupère et la fourre très rapidement comme une voleuse.


C'est quoi ce délire ?


一Je ne sais pas trop ce qu'ils peuvent bien se dire, mais le gars avec qui elle parle s'appelle Stompy, dit Loïc. On le soupçonne ici au quartier de tremper dans des histoires pas claires. Il a beaucoup d'argent et on ne sait pas d'où ça vient. Et je me demande bien ce qu'un médecin peut bien trafiquer avec lui.


一En tout cas, qui dit Marleyne Ovono dit des choses louches, répliqué-je.


Ils se disent au revoir et elle embarque dans sa voiture avant de démarrer quelques secondes minutes plus tard. Je la regarde partir et j'ai vraiment le sentiment qu'elle prépare un sale coup.


***

Les jours qui suivent, j'aperçois le fameux Stompy à deux reprises à Saint-Honoré et toujours en compagnie d'Ovono. Ils ont toujours l'air étranges. Puis, ils entrent dans le bureau d'Ovono.

Deux semaines plus tard, je sors de mon bureau pour aller en salle de radiographie lorsque j'aperçois le dénommé Stompy sortir marcher dans le couloir avec le docteur Ovono et une sage-femme. Ils ont l'air tellement bizarres. Je les regarde à distance sans qu'ils puissent me voir. Je les vois discuter et Marleyne a toujours cette attitude suspecte là où elle a tendance à regarder sans cesse de gauche à droite. Et que dire de la sage-femme qui les accompagne ? Elle se triture les doigts comme si elle était anxieuse. Ils finissent par entrer dans le bureau de Marleyne avant de fermer la porte.


Je retourne dans mon bureau et je réfléchis un moment, puis je téléphone à Hortense. Elle ne décroche pas, mais j'insiste à plusieurs reprises.

一Oui mon bébé, j'espère que c'est important, hein, dit-elle, amusée. Je suis en plein milieu d'une réunion.


一Je vais donc être bref. Tu pourrais me trouver un micro ? Le genre avec lequel on écoute les conversations à distance.

一Un micro espion ? Tu veux faire quoi avec ?


一J'ai une intuition concernant Marleyne Ovono. Ça fait un moment que je l'observe et je sens qu'elle prépare quelque chose de louche.


一Tu penses qu'elle prépare un truc contre toi?


一Non pas forcément contre moi, rétorqué je. Tu sais que depuis qu'elle a essayé de me tuer, je me suis promis de régler son compte. Peut être que si je découvre le plan louche que je pense qu'elle prépare, je pourrai bien me venger d'elle et la mettre hors d'état de nuire une bonne fois pour toute.


一Donc tu veux la mettre sur écoute. Et qu'est-ce qui te fait penser que je peux trouver un micro-émetteur ?


Je rigole.


一Hortense, ton boulot, c'est tout ce qui est sécurité, numérique, etc. Je suis sûr que tu peux me trouver un tel gagdet. Efficace, performant et surtout discret.


一Humm! Bon, écoute, j'ai du boulot. Ce soir, je verrai ce que je peux faire pour toi. À tout à l'heure.


一Bisous Horty.


Je raccroche et je me remets au travail. Pendant le reste de la journée, je continue à penser à Ovono. Depuis la tentative de meurtre qui a échoué contre moi, elle m'évite comme la peste. Dès qu'elle m'aperçoit, elle change même de chemin. Elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour éviter qu'on ne se croise. Ces derniers mois, j'ai été très occupé depuis l'enlèvement de Mel, donc je n'avais pas le temps pour Ovono. Mais maintenant, elle vient de revenir à l'ordre du jour.


Yolande Otando

Plus d'un an et demi que je vis en captivité chez Émile. Dans les mauvais traitements, la violence et la peur. J'ai l'impression d'être en enfer sans voir la moindre issue de sortie. Mais je préfère supporter Émile mille fois que de subir la détresse émotionnelle dans laquelle je me trouve depuis que Mélissa a disparu. Ça fera bientôt cinq mois qu'elle est introuvable et moi, je n'en peux plus. Il ne me reste plus une seule larme, tellement j'ai pleuré à m'en rompre les poumons.


Au début, je croyais dur comme fer qu'Emile avait orchestré l'enlèvement de Mel dans le but de m'atteindre, de me faire souffrir. J'ai eu le beau le supplier, mais il a continué à dire qu'il n'avait rien à voir avec ça. Je ne croyais pas qu'il me disait la vérité, pourtant, en l'observant, j'ai fini par me rendre compte qu'il ne mentait pas. Mais j'ai remarqué que depuis que cette histoire de disparition a commencé, il a beaucoup changé.


Il est visiblement d'une humeur massacrante à tout moment. Il a arrêté de venir me narguer pour tout et rien comme avant. Depuis ma chambre, ou plutôt ma prison, il m'arrive de l'entendre crier sur quelqu'un. Je suppose que c'est au téléphone, vu que personne ne vient nous rendre visite ici. Même physiquement, il a perdu un peu de poids et il a d'énormes cernes sous les yeux, signe qu'il ne dort pas beaucoup. J'ai donc compris que son esprit tordu de psychopathe est perturbé par rapport au fait qu'il n'a pas eu Mélissa. Mélissa qui est la raison pour laquelle il a posé tellement d'actes ignobles.


Ma petite Mélissa, ma raison de vivre, l'anxiété et la peur peuvent me tuer. J'ai la tête pleine de questions. Pourquoi ? Comment ? Qui ? Mel est encore en vie ? Ces kidnappeurs, que veulent-ils ? De l'argent ? S'agirait-il d'un réseau de prostitution ? Ils font partie d'un réseau de voleurs d'organes ? À des fins rituelles ? Je ne sais plus quoi penser et malgré toutes les questions que je pose à Émile, il ne me répond plus. J'ai la poitrine broyée à tel point que je ne sais plus où donner de la tête.


Le bruit d'une voiture qu'on gare dans la cour me sort de mes pensées perturbées. Émile est rentré. Quelques minutes plus tard, il fait son entrée dans ma chambre.


一Voilà ton repas !, dit-il en me lançant un sachet que je réceptionne.


À l'odeur, je devine qu'il s'agit d'un hamburger.


一Je n'ai pas faim. Tu as des nouvelles de Mel? Et les ravisseurs ?


一Tu vas devoir te faire l'idée de ne plus revoir ta sœur.


Mon cœur bondit dans ma poitrine...


一Qu... Pourquoi tu dis une chose pareille ? Je demande, la peur au ventre. Qu'est-ce qui est arrivé à Mel ?


一Depuis la disparition de Mel, j'ai fait lancer des recherches de tous les côtés. Aujourd'hui, la police m'a fait savoir que l'enquête n'avance pas, au contraire, ça stagne. C'est comme si Mel s'était volatilisée.


一Oh Seigneur !


一On a affiché ses photos dans toutes les gares, aéroports, ports du pays, ainsi qu'aux différentes frontières. Mais niet! Aucune trace d'elle. Le commandant de la police m'a même dit de commencer à imaginer l'éventualité où elle serait peut-être tombée entre les mains de ritualistes. Je n'ai pas besoin de te rappeler que les crimes rituels sont très répandus dans ce pays.


La détresse me serre la gorge, les larmes me montent aux yeux et me glissent sur les joues. J'ai tellement mal à l'idée de ne plus revoir Mélissa. Sans elle, ma vie n'a plus de sens, c'est elle qui me donnait l'envie de continuer à vivre. C'est le fait de l'avoir constamment dans mes pensées qui m'a empêché de devenir folle face aux traitements d'Émile.


一Continuez à chercher, on va finir par la retrouver.


一Voilà ce qu'on appelle jeter de l'argent par la fenêtre. Après tout ce que j'ai dépensé en termes d'argent, de biens matériels, d'énergie, dit-il visiblement agacé. C'est vraiment du n'importe quoi !


Je le regarde comme le fou qu'il est. Je suis dévastée par l'éventualité de ne plus revoir Mel et lui parle de son foutu argent. Il voit très clairement ses projets sexuels honteux tomber à l'eau. Je me lève en vitesse et je fonce sur lui, je le griffe, je crie.


一Tout ça, c'est de ta faute! Je hurle, en larmes. C'est de ta faute parce que tu me gardais prisonnière ici. Tu m'as empêché de sortir. Mélissa a disparu un dimanche. En tant normal, le dimanche je passais toujours les dimanches après-midi avec Mélissa. Si je n'étais pas enfermée dans cette maison comme un chien, ce jour, Mélissa serait avec moi et pas dans ce foutu parc où on l'a kidnappé.

一Oh ça suffit ! gronde-t-il en m'assenant une grosse gifle qui me fait tomber à la renverse. Je ne suis vraiment pas d'humeur à supporter tes crises d'hystérie, ne me cherche surtout pas, Yolande ! Il n'y a plus de Mélissa dans le tableau, donc, en vrai, tu ne me sers plus à rien. Si tu me fais chier, je te bute et j'enterre ton corps quelque part !


Il me toise et sort de la chambre. Je m'écroule. Je crie, je pleure. La douleur est trop grande. Mel, mon bébé, comment vais-je faire sans toi ?


     Diane Bibalou 


Il n'y a rien de plus efficace qu'une femme motivée, passionnée et en chaleur. Dix ans déjà que je connais Émile et que je cherche à attirer son attention sans succès. Quand j'ai compris que son couple avec Yolande cache quelque chose et qu'il ne veut absolument pas que ça se sache, j'ai su que c'était mon opportunité. Il était donc impératif que je me grouille pour atteindre mon objectif.


Je m'étais souvenue que Landry Ratanga avait parlé d'une patiente décédée à Saint-Honoré et Yolande avait piqué une crise en disant que cette femme était sa tante, ce qu'Émile a réfuté avec la dernière énergie. Je dois trouver un moyen de soutirer des informations à Vincent.

Je le rejoins dans la salle à manger et je prends place autour de la table. On commence à dîner.


一Dis moi bébé, tu as des nouvelles de Yolande et Émile ? Tu sais s'ils tiennent le coup par rapport à la disparition de Melissa ?


一J'ai eu Émile au téléphone il y a deux jours, répond Vincent. Il m'a dit que Yolande est inconsolable, qu'elle est abattue. Même lui-même, ça ne va pas. Ce qui est encore plus difficile, c'est qu'il n'y ait toujours pas de nouvelles des ravisseurs. Le pire, c'est de supporter l'angoisse de ne pas savoir si la petite est en vie ou morte.


一Oh là là ! J'imagine leurs douleurs. J'espère que cette situation ne va pas créer plus de problèmes à Yolande, hein. Déjà qu'elle a quelques soucis psychologiques.


一Espérons-le.


一Mais je t'assure que le jour où elle a fait sa crise là, elle m'a vraiment surprise. Elle qui a toujours eu l'air si douce et si...parfaite.


一Émile a su bien sauver les apparences pour protéger sa femme, répond-il.


一Ça a dû être dur pour lui qu'elle accuse de meurtre devant les gens comme ça, hein, répliqué-je. C'était quoi encore le nom de cette patiente de Saint-Honoré ?


一Bertille Makaya, dit Vincent.


Bingo!


Pendant toute la soirée, on discute de cette histoire en long et en large. Je suis très contente parce que je sors de là avec le nom de la patiente décédée. Je vais tout faire pour vérifier si cette femme avait un lien de parenté avec Yolande.


Bertille Makaya est décédée à Saint-Honoré qui se trouve dans un quartier du 3ᵉ arrondissement. Je me rends donc dans la mairie de cette zone, étant donné que c'est à cet endroit qu'on a très certainement déclaré son décès. Je glisse quelques billets à un agent qui accepte de fouiller les registres des actes de décès délivrés par la mairie.

Une heure plus tard, ce monsieur me remet discrètement une copie de l'acte de décès de celle que je cherche. Quand mes yeux se posent sur la feuille, un grand sourire s'affiche sur mon visage.

Elle s'appelait Bertille Otando épouse Makaya. Otando comme ?

Yolande Otando...

Elles portent le même nom, c'était donc vraiment sa tante. Mais pourquoi Émile a dit n'avoir jamais entendu ce nom ?

Serait-il à l'origine de sa mort comme l'a accusé Yolande ?


Bonne lecture.

Dans le secret