Chapitre 47

Ecrit par Jennie390

⚜️Chapitre 47⚜️


Émile Biyoghe


La police n'a toujours aucune trace de Mel. Finalement, ils servent à quoi ? Je suis vraiment désespéré. Quant à Yolande, depuis deux jours que je lui ai dit qu'il est probable que sa sœur soit morte, elle est totalement ailleurs. Elle ne parle plus, elle fixe le mur, les yeux vides.

Elle est complètement absente mentalement comme un fantôme

Je sors d'une réunion avec un client capricieux qui a eu le chic pour m'énerver avec ses exigences à la con. Je ne suis vraiment pas d'humeur à supporter les simagrées des gens. J'ai envie de prendre des vacances pour me libérer l'esprit de toute cette histoire de Mélissa, sinon c'est moi qui vais devenir fou à tous les coups.


Je sors de la salle de réunion et ma secrétaire m'interpelle.


一Madame Mebiame vous attend.


一Et où est-elle ? je demande hautement agacée.


一Dans votre bureau.


一Et donc, tu t'es dit que c'était une merveilleuse idée de la laisser dans mon bureau en mon absence ? je réplique en lui lançant un regard amer. Je vois que le chômage t'appelle, mais ne t'inquiète pas, tu seras servie.


一En fait, comme c'est une de vos amies, voilà pourquoi je l'ai laissé entrer dans...


一Tu devrais fermer ta gueule au lieu de t'enfoncer davantage, je réponds très agacé. Je t'ai déjà dit un million de fois que personne ne doit rentrer dans mon bureau en mon absence, mais apparemment, c'est entré d'une oreille et c'est ressorti de l'autre.


Je la fusille du regard et j'entre dans mon bureau. Dès que Diane m'aperçoit, elle se lève et vient me faire une accolade. Je me détache d'elle et je vais m'asseoir derrière mon bureau.


一Comment tu vas mon cœur, minaude-t-elle en battant des cils de manière ridicule.


一Je vais bien, Diane. Que fais-tu ici ?


一Ekie! Pourquoi ce ton ? Je...


一Diane, aujourd'hui, je n'ai vraiment pas le temps pour ton cinéma. Si tu n'as rien à faire de ta journée, ce n'est pas mon cas. Donc, merci de t'en aller.


Elle éclate de rire à gorge déployée. Elle doit être folle, c'est sûr. Je suis visiblement en colère, mais ça l'amuse.


一Qu'est-ce qui est drôle dans ce que je viens de dire ?


一Je pense que tu ferais mieux de baisser d'un ton quand tu t'adresses à moi Émile.


一Je m'en fiche royalement de ce que tu penses, Diane ! je hurle. Dégage de mon bureau ! Je n'ai pas que ça à faire ! Ça ne te fatigue pas de venir te ridiculiser ici ?


一Ridiculiser ? répète-t-elle avec le sourire. Tu es drôle, mon chéri. Ça ne sert à rien de hausser le ton parce que je ne vais aller nulle part.


Son sourire niais et son air condescendant exacerbent mon agacement.


一Diane j'ai du boulot, sors de ce bureau sinon tu vas connaître un côté de moi que tu ne vas pas apprécier.


一Quoi tu vas te débarrasser de moi comme tu as fait avec Bertille Makaya ?


Mon sourire s'efface.


一Tu as dit quoi ?


一Écoute chéri, le temps, c'est de l'argent, donc on va aller droit au but. Je suis au courant pour Bertille Makaya. J'ai découvert que son nom de jeune fille, c'était Otando, le même nom que Yolande. Si ta femme avait raison quand elle disait que c'était sa tante, ça veut alors dire qu'elle avait raison sur les autres choses qu'elle a dites ce soir-là. Et elle a révélé tellement de trucs !


Je suis dans mon coin, dans mes problèmes et voilà une autre idiote qui vient me provoquer. Pourquoi les gens n'aiment pas la paix ?


一Tu n'as rien à dire ? Tu ne veux pas savoir comment je l'ai appris ?


Je la regarde sans prononcer le moindre mot.


一Bon sache que je suis allée chercher l'info dans les mairies et un peu partout, j'ai creusé et je ferai davantage.


一Et tout ça, c'est juste parce que tu veux te faire bai*ser, je lance sèchement.


Elle se lève et contourne mon bureau avant de venir se poster devant moi.


一Tu viens de dire le mot magique, mon chéri, fait-elle, toute souriante. Mais avec toi, ce n'est pas qu'une question de se*xe. Je t'aime. Ça fait dix longues années que je te cours après mon cœur.


Seigneur, qu'est-ce que je vais faire d'elle ? Si je l'étrangle ici, on dira que c'est de ma faute ?


一Mais bon, on parlera d'amour plus tard, dit-elle en enlevant sa robe. Pour l'instant, je veux te sentir en moi.


C'est toi qui as un vilain visage et c'est en meme temps toi qui as le corps moche comme la lettre I. Ce n'est pas mieux, je reste avec mes folles ?


Elle s'assoit sur moi et au moment où je m'apprête à la repousser, la porte de mon bureau s'ouvre à la volée. Vincent entre et se fige à l'entrée.


Super ! C'est vraiment ce qu'il manquait !


Diane se lève comme si elle avait le feu aux fesses, elle ramasse sa robe en bégayant.


一Vin...Vin...ce n'est pas ce que tu crois, je...


一Finalement tu as traversé la ligne Diane, gronde-t-il. J'ai toujours pensé que c'était juste de l'admiration, un petit crush que tu avais pour Émile, mais donc madame couche déjà lui et Dieu seul sait depuis quand ça dure.


Elle couche avec qui ? Tchuip!


一Non ce n'est pas...


Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase que Vincent s'approche d'elle et la tient fermement par les cheveux. Elle hurle de douleur en me jetant des coups d'œil, certainement pour que je l'aide. Mais ça, ce n'est pas mon problème. Je suis assis comme si de rien n'était en les regardant d'un air ennuyé.


一Quand j'ai vu ta voiture garée dehors, j'ai voulu continuer mon chemin, mais quelque chose m'a poussé à venir voir ce que vous foutez ici ! Tu n'es vraiment qu'une sal*ope !


一Vous êtes sur un lieu professionnel, dis-je de manière nonchalante. Merci d'aller faire vos scènes de ménage dans la rue ou chez vous.


Vincent me fusille du regard.


一Toi tu n'es qu'un fils de pu*te, Émile ! Hurle-t-il.


一Premièrement fais attention à comment tu me parles et deuxièmement, prend ta chose et fou*tez le camp d'ici !


一Tu as vu comment il parle de toi ?, dit-il à Diane. C'est pour ça que tu as décidé de gâcher ton couple ?


Diane nous regarde à tour de rôle, les yeux larmoyants. Elle enfile sa robe en vitesse et prend son avant de sortir prestement du bureau en laissant la porte ouverte.


一Je pensais qu'on était ami Émile, tu n'es qu'une déception profonde. Comment tu as osé ?


Ces temps-ci, je suis de très mauvaise humeur, ce n'est clairement pas le moment idéal pour venir créer des scènes de drama devant moi. Émile Biyoghe le gentleman, le pacifique, l'homme parfait, est en congés actuellement. Là, il ne reste qu'un homme extrêmement frustré, en colère et qui n'a pas la patience de faire semblant.


一Tu commences sérieusement à me casser les couilles, dis-je sèchement. Pourquoi tu viens crier sur moi ? Si tu es incapable de satisfaire ta femme, en quoi est-ce de ma faute ?


La porte est restée ouverte, donc certains employés guettent la scène depuis l'extérieur. Vincent se jette sur moi et m'assène un coup de poing. Deux agents de sécurité se faufilent dans le bureau et viennent l'attraper. Il est furieux.


一Tu n'es qu'un vrai salo*pard ! Lâchez-moi que je lui casse la gueule ! Je pensais qu'on était amis.


一Ah va là-bas ! Je lance en essuyant le sang qui coule au coin de ma bouche. Qu'est-ce que j'en ai à foutre de ton amitié ?! Au lieu de venir te débattre ici comme un beau diable, va plutôt attraper la chie*nasse qui te sert d'épouse parce que ça se voit à des kilomètres qu'elle est mal bai*sée. Pourtant, si je l'avais voulu, il y a longtemps que j'aurai pédalé ta femme. Mais quand tu regardes une pareille mocheté, je peux l'emmener où ?


Je vois à ses yeux qu'il est choqué que de telles paroles viennent de moi. Même les employés écarquillent les yeux telles des soucoupes tellement ils ne s'attendaient pas à voir leur patron trop parfait tenir un langage aussi ordurier. Mais je suis à bout de nerfs, marre de faire semblant. Aujourd'hui, je dis ce que je pense et ça fait du bien.


一Je te jure que tu vas me le payer, Émile !, dit-il en me fusillant du regard. Tu ne sais pas à qui tu t'es frotté !


C'est censé me faire peur ?


一C'est toi qui ne sais pas à qui tu t'adresses, sinon il y a longtemps que tu serais parti en courant ! Je réponds froidement. Fou*tez le dehors ! Espèce de pauvre type !


一Lâchez moi ! Je connais la sortie !


Les gars le lâchent. Il me lance un dernier regard plein de haine et sort du bureau. Les employés sont là, hébétés.


一Retournez à vos postes ! Je vais distribuer des lettres de licenciement, ça va vous faire du bien !


Ils retournent vite à leurs postes et la secrétaire referme ma porte en me lançant un regard totalement dépassé. Je m'assois lourdement sur mon fauteuil. J'ai envie de tout casser autour de moi. Ma vie était parfaite, tout se passait comme je le voulais, mais tout va désormais dans tous les sens. Qu'est-ce qui n'a pas marché ?


      ***


Landry Ratanga


Je suis allongé sur mon lit lorsqu'on frappe à la porte. Je réponds et Hortense entre avec une boîte.


一Je croyais que tu dormais déjà.


一Je n'ai pas sommeil. Alors, des nouvelles de ton détective ?


一Oui, actuellement, il enquête du côté du Mexique, répond Hortense en s'asseyant sur le lit.


一Pourquoi le Mexique ?


一Il a découvert qu'Emile a fait près de 10 ans au Mexique. C'est là-bas qu'il a obtenu son Master en architecture avant de travailler pendant quatre ans au TEN ARQUITECTOS, une des plus grandes boîtes d'architecture dans toute l'Amérique latine. Donc il va bien fouiller dans ce pays.


一 C'est logique, j'acquiesce. En 10 ans, un psycho*pathe comme lui a forcément laissé des traces de ses penchants igno*bles.


一Exactement.


C'est une très bonne chose que ce détective privé fouille dans tous les recoins de la vie d'Emile. Depuis son enfance, son adolescence, ses années à l'école primaire, au lycée et même jusqu'à l'université, dans le milieu professionnel également. Émile est un homme qui a apparemment l'habitude de soudoyer pour étouffer les affaires. Le détective va devoir faire preuve de beaucoup de perspicacité pour dénicher des éléments.


一En tout cas, j'espère qu'il trouvera des choses qui pourront nous servir.


一Bah j'espère bien, dit Hortense. Vu le prix de ses honoraires. Bon voilà ce que tu m'as demandé.


Elle sort des gadgets que je suppose être des micro-émetteurs.


一Merci Horty ! Et comment ça marche ?


一Très simple, réplique-t-elle. Tu places le micro dans un endroit où tu penses qu'elle peut être susceptible de dire des choses suspectes. Le boîtier récepteur sera ailleurs.


一Ça va donc fonctionner comme un dictaphone ?


一Voilà! L'enregistrement sera continu, non-stop quoi ! Tu pourras avoir l'enregistrement directement sur ton téléphone. Je vais te donner le mot de passe pour décoder le...


一Hum Hortense ! Mot de passe, décoder, tout ça, c'est long pour moi. Je suis constamment entre deux patients à l'hôpital. Je n'aurai pas le temps de mettre un code à chaque fois sur mon téléphone pour accéder à ce qu'elle dit. Toi, tu pourrais garder le boîtier avec toi.


Elle éclate de rire.


一Ratanga Landry, toi, tu crois être le seul à posséder un boulot très prenant ? Moi aussi, je suis très occupée, je te signale.


一Oui mais la majeure partie de ton travail se fait sur ordinateur, rétorqué-je. Tu es quasiment à tout moment devant un écran, avec une oreillette. Donc, tu pourrais toi-même écouter les conversations de cette pintade d'Ovono. Si tu entends quelque chose de louche, bah, c'est parfait. Tu pourras me le transférer directement sur mon téléphone ou alors attendre qu'on se voit le soir à la maison pour me le faire écouter.


一Toi tu crois vraiment que je suis à ta disposition, réplique-t-elle en bousculant la tête.


一Horty, s'il te plaît...


Je lui fais mon regard de chien battu, elle ne va pas dire non. Je suis son unique petit frère chéri. Elle n'a pas le choix. Depuis toujours, elle n'a jamais su refuser lorsque je fais un caprice.


一Pfff! Tu es lourd ! Mais bon, ça va, je vais le faire. Le gros boulot que tu as à faire, c'est de placer le micro. Tu sais où tu vas le mettre ?


一Dans son bureau. C'est l'endroit où elle passe la majeure partie de son temps.


一Parfait. Place-le sous un meuble, c'est l'idéal. Une armoire, une table, etc. Dès que c'est fait, préviens-moi pour que je l'active.


一Ok je ferai ça ! Merci Horty, dis-je en lui faisant un bisou sur la joue. Tu es la meilleure grande sœur de la planète.


一Tchuip ! Rigole-t-elle. Laisse la flatterie, mon cher. Allez, passe une bonne nuit.


一Bonne nuit Horty.


Le lendemain matin, j'arrive à l'hôpital de très bonne humeur. Je gare ma voiture sur le parking et je traverse le hall en saluant tout le monde. J'arrive au niveau de l'étage des urgences lorsqu'une femme fonce vers moi et m'assène une grosse gi*fle. Toutes les personnes présentes sont surprises, moi le premier.


一Ass*assin ! Cha*rlatan ! Vous avez tu*é mon père ! hurle-t-elle.


En la regardant bien, je me rends compte que c'est la fille d'un patient que j'ai reçu hier en consultation. Elle l'avait accompagné.


一De quoi s'agit-il ? je demande en retenant ses mains, vu qu'elle est bien décidée à me rouer de gif*les. Vous allez vous calmer ! Bon sang !


Certaines infirmières me regardent de travers. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. À ce moment, le directeur de l'hôpital s'avance vers nous, accompagné d'un agent de sécurité.


一 Retenez-la, dit le directeur à l'agent. Docteur Ratanga, veuillez me suivre dans mon bureau.


L'agent de sécurité sépare de moi, la jeune femme qui est totalement déchaînée. Elle pleure et crie. Je suis le directeur qui m'a l'air extrêmement en colère. Que s'est-il passé, mon Dieu ? Mon patient est dé*cédé ?

Nous arrivons dans le bureau et nous y trouvons un collègue cardiologue, le docteur Nelson.


一Docteur Ratanga est-ce que vous connaissez monsieur Mondjot Philippe ? me demande le directeur.


一Euh oui. Je l'ai reçu hier en consultation. Que se passe-t-il ? Il est décédé ?


一Quel a été votre diagnostic hier quand vous l'avez consulté ? demande le docteur Nelson.


一Le patient se plaignait d'avoir des palpitations pendant plusieurs jours. Je lui ai fait un ECG et j'ai décelé une angine de poitrine, je réponds. Son rythme cardiaque était assez élevé. Je lui ai donc donné une ordonnance pour un traitement qu'il devait commencer automatiquement en rentrant chez lui afin de stabiliser son rythme cardiaque. Puis je lui ai donné rendez-vous ici dans deux jours pour qu'on lui fasse passer une échographie cardiaque.


Les deux hommes échangent un regard, ensuite le directeur dépose un papier devant moi.


一Ce patient a été emmené ici très tôt le matin d'urgence, dit le directeur. Vu que vous n'étiez pas présent à l'hôpital, le docteur Nelson ici présent a pris le patient en charge.


一La fille du patient m'a dit que l'état de son père s'est détérioré hier soir après qu'il ait pris les médicaments que vous aviez prescrits dans l'ordonnance, ajoute le docteur Nelson. Huit heures plus tard, il a repris une deuxième dose comme vous l'aviez recommandé et la situation est partie en vrille. Voilà pourquoi ils l'ont emmené ici d'urgence. Ne comprenant pas le problème, j'ai donc voulu voir les médicaments présents sur l'ordonnance et mon choc a été total.


Je me sens très mal à l'aise, cette histoire de patient et d'ordonnance ne me dit rien qui vaille. Le directeur sort un bout de papier, il le fait glisser devant moi. Je le récupère pour le lire.


一Merci de nous expliquer, docteur Ratanga, comment un cardiologue de votre trempe a pu prescrire une telle ordonnance.


Je baisse les yeux sur l'ordonnance et mon cœur bondit dans ma poitrine lorsque je lis le mot EPIPEN.


一Qu'est-ce que c'est que...


Je suis choqué par ce que je lis.


一Vous avez un patient qui a le cœur qui bat très vite et vous lui conseillez de prendre de l'epipen ? demande le Docteur Nelson. Un médicament qui est connu pour accélérer le rythme cardiaque ? Pas étonnant que son cœur se soit arrêté.


一Mais...mais je n'ai jamais prescrit de l'epipen, dis-je la gorge sèche. Je ne suis quand même pas fou !


一Pourtant c'est bien votre cachet et votre signature sur cette ordonnance, n'est-ce pas ?


Je suis sans voix. C'est quoi ce délire ?

Dans le secret