Chapitre 5

Ecrit par Plume de Nano

Chapitre 5

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Bonne lecture. Kiss.

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Raphaël Memel,

— Maman, pitié ça suffit! Tu ne fais même pas l’effort d’écouter ce que je te dis et encore moins de me comprendre… depuis toutes ces années, je pensais t’avoir assez démontré que je suis digne de ta confiance en tant qu’homme et fils.

Je sais ce que je fais maman… j’ai pris le temps de penser aux pour et contre de cette histoire et si j’avais un quelconque doute que cela ne m’arrangerait pas, je m’y serais opposé le jour même où ce monsieur m’a fait la proposition. Il y va de l’avenir de l’entreprise et…

— Non, mais tu t’entends Raphaël? Pas une fois je ne t’ai entendu dire que tu es prêt à accepter cet accord parce que tu penses y trouver ton bonheur, mais plutôt le réveil de l’entreprise, mon fils!

Raphaël, le mariage n’est pas un jeu et encore moins quand tu te lies à une personne qui tu n’aimes pas et de surcroît qui t’est inconnu… tu es mon seul et unique enfant. Tu es tout ce qu’il me reste et il est hors de question que je cautionne une telle folie. Ton père non plus n’aurait jamais voulu que tu fasses une telle bêtise.

Je te veux heureux, mon fils. Je veux ton bonheur et non le contraire. Alors jamais! Au grand jamais, je ne permettrai que tu sacrifies ton bonheur au profit de l’entreprise…

— Mais justement, il s’agit de mon bonheur maman, l’entreprise est ce qui fait mon bonheur depuis des années et tu devrais le savoir. C’est tout ce qui me reste de papa… il est hors de question que je la laisse mourir alors que j’ai une opportunité d’éviter que cela arrive. Tu devrais me comprendre, accepter ma décision et m’épauler dans cette situation. J’ai besoin de toi dans cette épreuve. J’ai besoin de ma mère…

Je ne vais toutefois pas t’obliger à me soutenir, mais sache que je ferai ce que j’ai à faire avec ou sans ton consentement, malgré tout l’amour que je te porte.

Cela dit, sans attendre sa réplique je ramasse mes cliques et claques posés sur la table centrale. La seconde d’après, je quitte le salon sans un dernier regard vers ma mère. De toutes les façons, elle ne semble même pas intéressée à poursuivre la discussion.

Comme planifier plus tôt dans la journée, juste après le boulot, j’ai tout de suite pris la route pour la maison familiale afin d’essayer de raisonner ma mère. Lui faire comprendre à quel point cette opportunité que m’offre monsieur Kossonou vaut de l’or. Cependant comme vous pouvez le constater, je n’ai pas réussi à lui faire entendre raison. La discussion a pourtant duré plus de deux heures. Dehors, la nuit est complètement tombée.

J’aime ma mère plus que tout. Je l’aime autant que j’aime mon père. Cependant, l’entreprise est tout ce qui me reste de ce dernier. Papa croyait en moi, raison pour laquelle lui et le destin ont voulu que je revienne au pays et qu’il me confie l’entreprise avant de tirer sa révérence. Alors il est hors de question que je le déçoive en jouant les égoïstes alors qu’une belle opportunité se présente à moi pour arranger les choses. Je comprends que maman soit craintive quant au caractère ambigu de toute cette histoire. Cependant, je me sens confiant... Mais hélas, maman ne veut rien comprendre…

Le cœur lourd, je quitte le domicile de ma mère… j’espère ne pas la perdre pour toujours à cause de mon choix.

Perle Kossonou,

— Puis-je entrer, princesse?

— Oui papa. Tu es déjà entré de toutes les façons… j’aurais puis être nue!

— Cela n’aurait pas été bien grave, je suis ton père… je vois que tu es toujours de mauvaise humeur… la nuit n’a pas réussi à apaiser ton cœur.

— Mais cœur est très en paix papa. Je vais super bien.

La preuve est que je me suis réveillée très tôt comme à mon habitude, j’ai fait mes trente minutes de sport et j’ai même préparé le petit déjeuner.

— Perle, Perle, Perle (bougeant la tête de gauche à droite) tu es tellement la fille de ta mère. Elle aussi…

— Ne commence pas papa, je te préviens. Ne m’associe pas à elle.

— Tu es pourtant déjà associé à elle par le sang, depuis ta conception. Tu refuses juste de l’accepter, mais nous savons tous les deux que tu lui ressembles à elle beaucoup plus en caractère qu’à moi… quand vous êtes en colère, vous avez le don de faire comme si tout allait quand même bien que le contraire se lit sur vos faces.

— Décidément, le but de ton voyage sur Paris cette fois est de m’emmerder…

— Contrôle ton langage, jeune fille…

— Je sais… excuse-moi, mais tu sais bien que je ne la supporte pas, mais tu l’as pourtant emmené avec toi.

— C’est ta mère… pourquoi ne fais-tu aucun effort pour arranger les choses?

— Parce que je n’en ai pas, envie papa. C’est simple. Je ne la veux pas dans ma vie.

Elle m’est inutile…

— La donne changera bientôt…

— Qu’est-ce que cela signifie?

— Cela veut dire qu’il est temps que ta mère et toi vous comporter comme il se doit l’une envers l’autre. Les années sont passées et l’eau a coulé sous le pont depuis…

— C’est toi qui le dis papa. L’eau a certes coulé sous le pont, emportant par la même occasion tes ressentiments à toi, mais ce n’est pas mon cas.

— Et pourquoi pas justement, Perle? Je suis son mari et j’ai réussi à lui pardonner. Chacun de nous a reconnu ses torts et nous avons ainsi réussi à sauver notre mariage. Alors pourquoi ne veux-tu pas faire cet effort de ton côté ?

— Parce que je ne me reconnais coupable d’aucun tort envers cette femme. Alors je ne vais pas en inventer juste pour lui faire plaisir ou pour soulager sa conscience comme toi tu l’as fait!

Un long et lourd silence s’installe suite à ma réplique puis, comme déçu et portant tout le poids du monde sur ses épaules, papa se relève de mon lit et plonge délicatement ses mains dans ses poches, avant de rompre le silence :

— Il est préférable que nous mettons fin à cette discussion pour le moment. Dépêche-toi de nous rejoindre en bas pour qu’ensemble nous prenions le petit déjeuner que tu as toi-même cuisiné.

Sans me laisser le temps d’en rajouter, mon père s’empresse de sortir de ma chambre et de refermer la porte après lui.

D’un bond, je me lève du lit pour la salle de bain afin de me nettoyer le visage du masque que j’ai mis plutôt. Toutefois, comme la veille, je ne peux empêcher des pensées noires d’envahir mon cerveau quant à la raison de leurs présences à tous les deux ici. Papa n’est jamais allé si loin en m’imposant la présence de son épouse. Alors ça ne sent pas du tout bon…

Enfin prête, quelques minutes plus tard, je sors de la chambre les rejoindre. Malgré nos problèmes familiaux, les moments de partage de repas sont toujours restés très importants. Quand les occasions se présentent.

Le partage du repas se passe dans un silence de cimetière ou à quelques reprises je surprends le regard de ma mère pesé sur moi… Même papa qui a l’habitude de ne pas manquer de sujet pour égayer l’atmosphère semble à court de sujets. Il se contente de nous observer à tour de rôle. Quant à moi, la tête plongée dans mon assiette, j’ai juste hâte de finir mon assiette et de sortir du champ de vision de cette femme. Sa présence dans mon périmètre m’insupporte.

Mon supplice, ne dur heureusement pas, car personne ne semble avoir l’appétit. Alors aussitôt que mon père pose ses couvercles, je me dépêche de faire de même. Je récupère alors son assiette que je pose dans la mienne. J’entreprends de débarrasser la table sans me soucier de savoir si l’autre, à finir ou non. De toutes les façons, pour moi sa présence est égale à son absence.

— Tu pourrais quand même attendre que je finisse mon assiette, Ari!?

Ari c’est le diminutif de mon prénom Ariane. C’est par ce prénom que ma génitrice a toujours préféré m’appeler. C’est d’ailleurs elle qui m’a choisir ce prénom… mis à part elle rare sont les personnes qui m’identifie par ce prénom. L’on s’adresse à moi par Perle, que je préfère. Le prénom choisi par mon père à ma naissance…

Ignorant carrément son quasi-reproche, je m’applique à finir ce que j’ai commencé.

— Perle! Ta mère te parle, je pense… cela, ne te coûtera rien d’attendre qu’elle finisse son assiette avant de débarrasser.

— Et je ne vois pas en quoi ce que je suis en train de faire l’empêche de finir son assiette. De plus, je n’ai pas toute la journée à passer assise ici.

— Et où comptes-tu aller?

— Je dois retrouver Adrien chez ses parents tout à l’heure.

— Ah! je vois… cependant, tu vas devoir remettre cela à plus tard…

Alors que mon père et moi sommes en train de discuter d’un autre sujet, ignorant ainsi ma mère mécontente quant au fait que je débarrasse la table sans attendre qu’elle ait fini. Frustrée, cette dernière laisse tomber ses ustensiles avant de repousser sa chaise et de sortir de table.

— Tout va bien chérie? Lui demande son mari.

— Mais oui, tout va super bien. Merci pour ton soutien, chéri!

Cela dit, la colère peinte sur son visage, elle va prendre place dans le canapé et concentre toute son énergie sur la télécommande qu’elle se met à pianoter.

— Mais… pff, vous allez finir par me rendre dingue toutes les deux. Bref, je disais que tu vas devoir remettre ton rendez-vous à plus tard. Ta mère et moi avons quelque chose de très important à discuter avec toi.

— Et cela ne peut pas attendre?

— Non, comme je l’ai dit c’est très important et de plus, nous ne sommes ici que pour trois jours. C’est juste pour cette discussion-là que nous sommes ici…

— de quoi est-il question? Tu vas bien? je questionne, la panique plein la voix.

— Finissons de débarrasser cette table et nous en discuterons là-bas, dans le salon avec ta mère.

— Tu n’as pas répondu à ma question, papa. Tu vas bien? Je reprends, croisant les bras sur la poitrine.

— Perle, finissons de…

— Non, je veux qu’on en parle maintenant. Nous débarrasserons la table plus tard.

J’abandonne donc tout sur la table et je vais prendre place dans l’un des canapés. Le cœur tambourinant de panique dans ma poitrine, j’attends nerveusement que mon père vienne s’installer et qu’on en finisse. Il ne tarde d’ailleurs pas à nous rejoindre.

— Je t’écoute papa.

Un autre long silence durant lequel papa semble chercher ses mots et rassembler du courage s’installe pour quelques secondes. Puis enfin, il prend la parole.

— J’ai récemment fait la rencontre d’un jeune homme du nom de Raphaël Memel. Il est dans sa trentaine et dirige l’une des entreprises les plus importantes du pays, depuis la mort de son père. C’est un bel homme, travailleur et surtout, il a un grand sens de la famille et de la priorité…

— Où est-ce que tu veux en venir au juste, papa? tu disais avoir quelque chose de très important à me dire...

— Je vais y arriver, princesse. Patience… je disais donc que Raphaël est une bonne personne que j’apprécie beaucoup et en qui j’ai confiance. De loin je suivais son évolution depuis un bon moment et il faut avouer que…

— Papa!...

— OK, c’est bon… je lui ai demandé de t’épouser.

Comme si j’avais des fourmis qui me piquaient les fesses, d’un bond je me lève du canapé

— Pardon!!!!?

— Je voudrais que tu épouses ce jeune homme!

En temps normal, la voix claire, dure et sérieuse de mon père me ferait comprendre le sérieux de la situation, mais là, il m’est impossible de le prendre au sérieux. Sans pouvoir me retenir, j’éclate d’un rire franc et hilare qui me fait même couler des larmes.

— Ça suffit Ari! Ton père te parle avec tout le sérieux, du monde-là. Tu penses que nous nous sommes déplacés jusqu’ici pour te faire des plaisanteries? Tu ferais mieux de t’asseoir et d’écouter ce que nous avons à te dire.

Instantanément, je mets fin à mon fou rire et fusille du regard ma génitrice qui ose s’adresser ainsi à moi comme si elle en avait ce droit.

— Et depuis quand me donnes-tu des ordres toi? Tu te crois maîtresse de chez moi parce que je t’est permis de passer la nuit sous mon toit? Tu n’as absolu…

— Assez Perle! Assez! je n’ai pas toute la journée à écouter tes enfantillages. Je te parle avec tout le sérieux du monde et la discussion ne fait que commencer. Alors je te conseille de poser tes fesses! Et tu ne t’adresses pas ainsi à ta mère bon sang!?

Je t’ai laissé assez faire. Il est temps que tu grandisses… comporte-toi comme quelqu’un de ton âge!

— Que je me comporte comme quelqu’un de mon âge? Et c’est vous qui êtes assis ici à me sortir des âneries de mauvais goût?!

— Ce n’est pas une plaisanterie… me dis papa, le regard plongé au plus profond du mien. Je réalise alors le sérieux de ses propos.

Ce n’est pas possible, papa…

— Tout est possible quand on le veut, ma chérie… je n’ai jamais rien fait à l’encontre de ton bonheur ou de ton bien-être alors tu dois me faire confiance. Raphaël est un homme sage, bien éduqué et responsable. J’ai la certitude qu’il prendra bien soin de toi.

Son entreprise est sur le bord de la faillite… il est alors venu me voir par l’entremise d’un de ses amis et…

Comme s’il s’agissait d’une conversation normale, papa me raconte comment il a rencontré cet homme à qui il veut me marier. De la proposition qu’il lui a faite et de comment il a suivi l’évolution de ce futur « mari » durant les dernières années…

Les oreilles bourdonnant, je me pince fortement les cuisses à plusieurs reprises, histoire de me réveiller du mauvais rêve dans lequel je suis. Mais le résultat reste pareil à chaque pincement, je suis bien dans la réalité et c’est bien papa, mon papa d’amour qui m’annonce une telle chose…

— Pourquoi? Qu’est-ce qui t’a pris de lui faire une telle proposition?

— Parce que c’est ce que je veux pour toi. Je te veux marié, mère de famille et heureuse auprès d’un homme qui saura te défendre toi, les intérêts de votre famille ainsi que ton héritage…

— Mais j’ai déjà cet homme-là dans ma vie et c’est Adrien. Tu le sais très bien et même si ce n’était pas le cas jamais je n’épouserai un homme par arrangement.

— Ce jeune homme… ce Adrien ne te mérite pas et tu le sais très bien. Ce n’est qu’un arriviste. Il en a qu’après ton argent…

— Peu importe, c’est lui que j’aime! C’est lui que j’ai choisi… Enfin, qu’est-ce qui ne va pas avec toi, papa? Depuis quand es-tu de ce groupe de personnes à suivre les vieilles traditions?

— Parce que je veux ton bien Perle, je veux assurer ton futur et ton héritage…

— Tu ne cesses de répéter la même chose. Héritage, futur. J’ai un travail et je ne connais rien, absolument rien de tes affaires. Je croyais avoir été clair que rien de tout cela ne m’intéressait pas.

— C’est justement pour cela que tu auras besoin de Raphaël!

— Pff, tu sais quoi, papa? Cette discussion n’a absolument pas lieu d’être parce qu’il hors de question que je me soumette à un tel délire. Maintenant si vous voulez bien m’excuser, je vais me rendre à mon rendez-vous…

Sans plus rien ajouter, du porte-manteau je me saisis de mon manteau avant de récupérer mon trousseau de clés posé sur le comptoir de cuisine. Sans me soucier de papa qui me demande de revenir m’asseoir et encore moins de ma génitrice, je me dirige de pied ferme vers la sortie. Enfin, jusqu’à ce que j’entends :

— Ton père est mourant, Ari! c’est tout ce qu’il demande de toi avant de s’en aller! balance-t-elle, la voix nouée d’émotion.

Une chaleur sans nom s’empare de mon corps, suivie de tremblements puis d’une vague de larmes qui inondent en un temps record mes joues. Je suis comme cloué sur place…

Puissant toute la force dont dispose encore mon corps, je me retourne pour faire face à mes parents, à présent debout.

— Ce n’est pas vrai. N’est-ce pas papa? C’est une de ses ruses pour m’empêcher de sortir n’est-ce?

Sans que mon père n’ouvre la bouche, juste par son regard je comprends que la réponse à ma question ne peut qu’être négative. Chargée de colère, j’ouvre la porte et je m’engage dans les escaliers dans une course folle.


Héritage