chapitre 5
Ecrit par Pegglinsay
Chapitre cinq (grand frere de Djamal)
Karim
Je rentre du boulot éreinté et m’allonge sur le sofa puis je me laisse sombrer dans le sommeil tout habiller. Je fus réveillé par les mains de ma plus grande fille, Ivy.
- Papa, papa ?
- Oui ma chérie ?
- Tu m’as apporté les rubans que je t’ai demandés ?
- Bien sur bébé. (je retire un paquet de mon sac et le lui donne) Tiens.
- (elle le prends et me donne un baiser sur la joue) merci mon p’tit papa.
- (je me lève du sofa et ramasse mes affaires) où est ta sœur Claudia ?
- Elle est entrain de faire un devoir dans notre chambre…
- Et maman ?
- À la cuisine entrain de mettre la table.
Je rentre dans la pièce qui me sert de chambre depuis un an déjà, passe dans la salle d’eau et ressors m’habiller avant de passer à la cuisine.
- Bonsoir chérie !
- Bonsoir Karim !
Elle ne se tourne même pas pour me jeter un regard, je m’avance et lui donne un baiser sur les cheveux, elle ne bronche pas et continue à mettre le couvert. Je soupire et laisse la cuisine pour rentrer dans la chambre des jumelles. Mes deux princesses, de dix mois, sont entrain de dormir à point fermer. Je souris en voyant leurs petits visages si mignons. J’entends la porte s’ouvrir, je me retourne et remarque Gladys, leur nounou, rentree sur la pointe des pieds pour ne pas les réveiller.
- Bonsoir monsieur Louis !
- Bonjour Gladys ! comment vont mes deux dulcinées ?
- Parfaitement bien. Aujourd’hui elles ont été très gentilles.
- (je souris et demande) Clara a mangé ?
- Oh oui et cette fois sans faire la moue. Elle a tout bu.
- Enfin ! Dis-je soulagé.
- Madame vous dit que la table est servie.
- Ah merci !
Je laisse la chambre sans ne pas jeter un dernier coup d’œil aux filles puis me dirige vers la table. Ivy et Claudia étaient déjà assises leur mère également et n’attendaient que moi. Je pris place et le diner se déroula comme d’habitude ; les filles qui parlaient beaucoup et les parents pas assez.
Une heures plus tard je faisais la vaisselle et aidais en même temps ma première fille Claudia à finir son devoir d’histoire. Je range les assiettes et les autres ustensiles pour me diriger vers la chambre principale. Je frappe et attends que ma femme m’autorise à rentrer. Je rentre et la trouve entrain de s’habiller.
- Désolé de te déranger mais je voulais te parler.
- Aujourd’hui on est samedi, donc sortie avec les filles, me répond-elle.
- Je te demande de m’accorder quinze minutes Valencia !!!
- Ce sera pour plus tard Karim, je suis déjà en retard (puis elle se retourne et donne face à la coiffeuse. Nos regards se croisent dans le miroir mais je ne dis rien et laisse la chambre pour aller au salon.)
**
Je me réveille en sursaut voyant que j’étais encore sur le canapé, je vérifie l’heure et remarque qu’il est déjà vingt-trois heures trente. Je me lève et passe jeter un coup d’œil dans les chambres de filles ; celles des jumelles et des deux autres. Tout va bien. Je retourne dans le salon et remarque que la clé de la voiture de ma femme n’y est pas ; donc elle est encore dehors, hmmmmm. Je rentre dans ma chambre et m’allonge sur le lit et repense pour une énième fois à ma vie.
Je suis marié depuis douze ans déjà et père de quatre filles ; la première a 10 ans, la seconde 7 ans et les jumelles ont 10 mois. Ma vie d’homme marié est devenue chaotique il y a plus d’un et demi, cela veut dire au moment où ma femme a su qu’elle était enceinte pour la troisième fois.
On s’est rencontré dans une fête qu’organisait un ami en commun. On a passé la nuit à se parler et on a su qu’on fréquentait la même université. Elle était dans les sciences juridiques et moi en sciences humaines et sociales. Quatre ans plus tard on s’est marié mais avant on a passé deux ans à vivre ensemble. On savait ce qu’on voulait dans la vie et pour ma femme la réussite professionnelle était très importante. C’est pour cela qu’elle voulait qu’un enfant, comme ça elle aura assez de temps pour pouvoir consacrer à la plaidoirie. A force d’en discuter, je l’ai convaincue d’en avoir deux ; pourquoi pas une fille et un garçon.
Deux ans après notre mariage, à ce moment notre situation économique était stable, on a eu notre Claudia. J’avais trente ans et elle vingt-sept. On était convenu qu’elle cessera la pilule après cinq ans pour essayer d’avoir un autre bébé. Mais un jour, pour son anniversaire, on a fait une petite escapade de dernière minute et elle a oublié ses pilules. Elle avait pris des pilules du lendemain mais Ivy était déjà en elle. On avait maintenant nos deux filles et on vivait paisiblement pas si paisible que ça parce que moi je voulais un garçon. Je n’en parlais pas à ma femme parce que savait ce qu’elle pensait ; elle ne voulait plus d’enfants.
Puis six ans plus tard, j’ai commis l’irréparable. Profitant de la visite de mes parents en France, je suis parti à Hawaï avec ma femme pour une semaine de vacances bien méritées. Avant de partir, j’ai fait un geste très égoïste, j’ai remplacé les pilules de ma femme par d’autres qui les ressemblaient. Deux mois après, elle a su qu’elle était enceinte. En furie, elle est allée voir son gynéco et celui-ci a fait analyser les pilules qu’elle prenait et c’est la qu’elle a su la vérité. Rentrée à la maison, elle m’a donné une gifle magistrale et notre relation a commencé à se détériorer. Le pire est arrivé quand elle a su qu’elle portait des jumelles. Elle a laissé la maison et m’a dit que s’il n’avait pas eu une éducation chrétienne qu’elle aurait avortée.
Un mois plus tard elle m’a envoyé des papiers de divorce ; j’étais effondré . je peux dire que je ne vivais plus. J’ai du faire des tas de réunion familiale, des tête à tête, avant qu’elle décide de revenir vivre à la maison après trois mois passée chez ses parents. Depuis ce jour notre couple n’est plus le même. On vit comme deux étrangers dans la maison et se parle que pour ce qui a un rapport avec les enfants.
Pour les jumelles, elles voient beaucoup plus la nounou que leur mère car madame a repris le boulot deux mois après son accouchement et notre relation n’a jamais changé. J’aime ma femme, j’ai jamais pensé au divorce et je sais que j’ai dépassé les bornes en la dupant. Je m’en veux, j’ai tout fait pour qu’elle me pardonne mais rien. Et un jour il m’a même dit que la raison pour laquelle elle était encore dans cette maison c’est parce que les filles étaient petites sinon elle aurait déjà mis les voiles.
Je me résigne et prend mon mal en patience tout en espérant que ma femme arrivera un jour à me pardonner.
J’entends la porte d’entrée s’ouvrir, je me redresse du lit, me dirige vers la porte et sors. Je la trouve au téléphone entrain de rire en éclat. J’attends qu’elle termine puis je lui dis :
- Bonjour Valencia !
- (elle me regarde avec un air indifférent) je vais me coucher.
- Tu te souviens qu’on devrait parler !?
- Mais t’es pas sérieux !!!! Il est plus de minuit et tu veux qu’on discute !!! (elle tourne les talons) t’es pas croyable !!!!!!
- …
- Salut Karim ! (elle rentre dans sa chambre en me laissant planter dans le salon)
Je reste pantois et ne sais que faire. Cinq minutes s’écroulèrent et je restais dans le salon à me demander si j’allais être assez fort pour endurer le mépris de ma femme. Je retourne me coucher en essayant de ne plus penser à ma misérable vie.
**
Pour la énième fois les filles sont entrain de passer « La reine des neiges » et moi je suis entrain de leur préparer de quoi manger pour le déjeuner de midi. Madame, leur mère, est encore au lit avec une migraine m’a dit la nounou. Je termine de cuisiner, mets la table et invite la nounou à nous rejoindre. On rend grâce et mange. On est dimanche, et on a une sortie chaque après-midi. Je vais me changer pour emmener les filles prendre une glace.
On était dans le parc après dix minutes de marche, le deux plus grandes couraient pour aller jouer et moi je poussais la poussette des deux autres, accompagné de notre nounou Loraine. On s’assoie sur un banc et regarde les enfants se jeter dans le bac à sable.
Une musique de loin nous fait savoir que le marchand de glace est là. Les filles se précipitent vers moi pour prendre l’argent et aller acheter des glaces. Je les accompagne et c’est là que mon regard tombe sur quelqu’un que je connais. Je fais signe à la nounou que je me déplace.
- Bonjour Sam !
- (elle se tourne rapidement) Karim !!!!! dit-elle surprise.
- (on s’embrasse) Je n’arrive pas à le croire !!!!
- Moi non plus !!! cela fait combien de temps ? me demande-t-elle.
- Ben…Sept ou six ans si ma mémoire ne me fait pas défaut !
- Bien sur !! depuis que j’habitais dans ce p’tit appart d’étudiant. Comment tu vas ?
- Bien. Et toi ? quoi de neuf ? A part que mademoiselle fait la couverture de magazine !!!
- Pas vrai !! c’était qu’une petite magazine...
- Quelle modestie !! La meilleure agent immobilier de l’année à Nice !!!
- Lol, ben… tu me connais ! J’y vais à fond dans le travail.
Un petit garçon vient lui dire qu’il est prêt à partir en lui tirant le manteau.
- Karim, je te présente Leonard, mon bout de chou ! (il s’adresse à son fils) dit bonjour mon chéri.
- Bonjour, dit-il timidement .
- Bonjour bonhomme ! Je suis Karim (je lui tend la main il le prend)
- (il s’adresse à sa mère) maman, il faut qu’on s’en aille.
- D’accord mon bébé (puis elle s’adresse à moi) Je sois absolument y aller…
- D’accord je comprends !
- Mais avant, tu me passes ton numéro et on pourra se voir ! T’en dis quoi?
- Ça me va (elle me tend son tel et je fais pareil)
- On s’appelle, me dit-elle avant de partir.
- A plus, lui dis-je en lui faisant la bise.
Je souris en la voyant s’en aller avec son enfant. Qui l’aurait cru, Samantha dans un parc pour enfant et mère de surcroit !!!! à une époque elle était une bonne amie de ma femme et c’est par cette dernière que j’ai connue Samantha. Mais pour une raison, que j’ai toujours ignorée, leur relation amicale a pris froid et elles ne se parlaient plus à part des salutations. En tout cas je suis content de la revoir après toutes ces années.
***
Je regardais le réveil et attendais avec impatience ce match de football entre Paris St-Germain et Barcelone. Comme je ne sortais presque plus ce sport était redevenu une passion. Puisqu’il l’était quand j’étais en Haïti. Il ne restait que vingt-cinq minutes avant le coup d’envoie. Ma femme était assise, mangeait seule et regardait ces documents. Quand elle était concentrée à ce point, elle ne voulait que rien ne la dérange c’est pour cela que j’ai du baisser le volume de la télé pour ne pas déranger madame. Je regardais des analyse avant match sur been sport quand un son me signale que j’ai un message.
- Salut toi !
- Salut Sam !
- Désolée de t’écrire aussi tard !
- Il n’est même pas dix-sept heures !!!
- Je me suis rappelée que tu étais fan du Barça donc je me suis demandée si on ne pouvais pas regarder le match ensemble ?
- Ben…
- Désolée… je ne voulais pas t’importuner…
- Non t’inquiète ! pour le moment je n’attends que le classico… donc on pourra le voir ensemble. (je réfléchis quelque secondes puis j’écris) Je n’ai rien de prévu pour ce soir.
- Alors on pourrait se retrouver à ce p’tit bar qu’on avait l’habitude d’y aller quand on était étudiant, tu t’en souviens ?
- Comment l’oublier ! (Je souris en lui envoyant ce message)
- Donc je te dis à plus !
- A plus alors !
Je me lève, mets mon tel dans ma poche et rentre dans ma chambre pour me changer. Cinq minutes plus tard, je ramasse mes clés sur la table basse du salon et lance un « je reviens à ma femme » et laisse la maison en sifflotant. Cela fait un bail que je n’ai pas de temps à moi tout seul, surtout après la naissance de mes jumelles. J’aurai pu dire non parce que généralement je ne sors pas le dimanche après-midi mais pour un classico avec de la bière et de l’ambiance je ne manquerai cela pour rien au monde.