Chapitre 5
Ecrit par Riri
A mon réveil Ndeya était déjà debout. Pour la première fois depuis que je la connaissais, elle me semblait changée. C’est comme si elle avait tout d’un coup perdu sa candeur innocente. Elle m’a clairement fait comprendre qu’elle ne voulait plus me voir traîner dans ses basques. A maman, elle a dit qu’elle aimerait aller passez ses congés chez la sœur de sa défunte mère.
J’étais mal, parce qu’elle a toujours détesté cette tante. Si elle décidait de s’en aller c’est que le problème était plus grave que je ne le croyais. Maman m’a demandé la raison de ce soudain désir de Ndeya. Ne sachant quoi lui dire, je lui ai juste dit qu’elle et moi, nous nous sommes disputés au mariage. Que pouvais-je dire ?
Après m’avoir grondé et m’avoir rappelée que Ndeya est ma sœur ainée, ma mère m’a envoyée à l’atelier. Puis avec Ndeya elles sont allées faire des courses.
Son dix-huitième anniversaire coïncidait avec le jour de son départ c’est-à-dire le lendemain donc maman lui a offert le téléphone achetée pour l’occasion. Ndeya, reçu alors la veille de son dix-huitième anniversaire un iPhone Gold 6S.
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Les deux semaines de congés accordés par l’école finissaient demain. Ce qui signifiait qu’il fallait repartir au pensionnat.
Ndeya, n’est toujours pas revenue de chez sa tante. Aussi elle n’a pas donné signe de vie.
Maman est allée chez sa tante à la cité du golf Camberene, histoire de lui amener de nouveaux habits pour les fêtes de fin d’année, mais elle ne là pas vue.
C’est comme si Ndéya avait oublié les quatre années qu’elle a passé avec nous.
Pour ma part, je le vivais mal parce que je ne pouvais pas me confier sur ce que je savais ou ne savais pas. Si l’on part du principe que je me doutais qu’une chose pas très catholique c’était passé ces deux heures où avec Birane, Ndeya s’était éclipsée.
De toutes les façons au fil des jours maman avait renoncé à comprendre la motivation de Ndeya. Après de vaines tentatives histoire de me tirer les vers du nez, elle a battu en retraite. Certes elle m’en a voulu durant des jours parce que selon elle c’est à cause de notre dispute que Ndeya ne voulais pas revenir au bercail.
J’ai passé le clair de mon temps à réviser mes cours, et à aider à la boutique. Aussi aujourd’hui j’ai décidé, de sortir de la maison. Je n’avais pas de destination précise. Mais je me disais que j’irais voir Ndeya dans le but de comprendre toute cette histoire. J’étais vexée qu’après tout ce que nous avons vécu, elle me mette à l’écart de ses problèmes.
La sonnette de l’entrée m’obligea à lever la tête de la série dans laquelle j’étais plongée depuis mon réveil il y a deux heures.
- Ayna va ouvrir Rek
-Oui maman j’y vais.
J’ouvris la porte, pour tomber sur une Ndeya aux yeux hagards.
-Ayna, balma (excuse-moi) .Je t’en
prie ne me déteste pas ma sœur.
- Pousse-toi petite sotte, de quoi tu t’excuses. Il fallait que ça arrive tôt ou tard. Dis une voix derrière elle.
Ndeya se mis de côté, et je vis qu’elle n’était pas seule. Elle était avec sa
tante, la sœur de sa défunte mère.
Soukyena Maal, la sœur de Feue Roukhya DIALLO était l’opposée de sa sœur en tout. Elle est d’un noir ébène et grande de taille à la différence de Maman Roukhya qui elle était claire de peau et courte de taille. Très nerveuse, elle m’inspirait une peur bleue sans que je ne sache vraiment pourquoi.
Un jour, après une de mes allusions sur le fait qu’elle ne ressemblait pas à la mère de mon amie, néné (maman) m’a avoué qu’elle était en réalité la cousine de la mère de Ndéya. Cette dernière l’a considérait comme sa sœur parce qu’elles ont grandis ensemble.
Et ici en Afrique, les frères ne sont pas uniquement ceux qui ont partagés le même ventre. Les cousins et cousines sont aussi appelés nos frères. Je me souviens qu’à chacune de ses visites c’était des provocations et des cris. Au fils du temps ses allées et venues se sont estompés, pour notre plus grand bonheur. Sa nièce n’a jamais voulu allée chez elle de son propre gré. Bref Soukyena, fait partie de ses gens que l’on fui comme la peste.
La voir sur le pas de notre porte mis tous mes sens en alerte. Ndeya avait l’air terrifiée. Elle avait considérablement maigri. Je voulus la prendre dans mes bras mais elle me repoussa.
Maman venais d’entré dans le salon, elle invita Ndeya et sa tante à s’asseoir. Après avoir les civilités d’usages, Soukyena pris la parole.
-Assya, je ne vais te perdre d’avantage ton temps. Je viens t’informer que je te retire la garde de Ndeya ma fille !
Ma mère Assya FANN, était une dame pacifique qui préfère gérer toute les situations avec calme. Ce qui explique le fait qu’elle demanda à sa visiteuse la raison de cette décision.
-Soukeyna ma worou mane sow (je suis étonnée). Ndeya m’a été confiée par son père à la mort de sa mère. Il à juger bon me la confiée et je ne vois pas la raison pour laquelle tu viens me voir avec cette décision. Ndeya fi sa keur la (Ndeya ici c’est ta maison)
-Moo Assya tu maltraite ma fille rek ! Elle passe ces week-ends à travailler comme ouvrière dans la boutique de sa mère que tu as accaparée. Ta fille ne fais rien, alors que ma fille tu là malmène. Par ta faute, ma Ndeya s’est fait violée !
Attendez, replay … Ndeya s’est fait violée ? Mais par qui ? Où et quand ?
-Ndeya, tu t’es fait violée ? Mais par qui ? Quand ? Ma fille qui a osé te faire un truc pareil ? Dis ma mère d’une toute petite voix.
- Assya, ne fais pas la victime. Duffi ammer deh (Sa ne se passera pas comme ça). Tu ne peux pas me dire que tu n’étais pas au courant. Ta fille Ayna, c’est elle qui lui a présenté le garçon en question. Bref, je ne vais pas trop parler je te retire sa garde et d’ailleurs elle n’ira plus à l’école. Ndeya sera mariée dès que possible. Cela effacera, un tant soit peu la honte mise sur la famille.
Je suis tombée des nues. Ma mère ne disait rien, elle se contentait de pleurée. Ndeya avait le regard vide de toutes émotions. C’est comme si elle ne prenait pas conscience du tournant tragique que prenait sa vie. Sa tante Soukyena jubilait visiblement. Pour ma part, j’avais du mal à tout comprendre. Dire qu’il n’y a pas si longtemps, tout allait bien pour nous…
-Ndeya, c’est vrai ? Tu veux allez vivre avec ta badiène (tante) ? Tu veux te marier ? Parles ma fille, parle-moi. Yaw loy doy dow ress ? (pourquoi tu veux t’enfuir ?)Dis ma mère en la prenant dans ces bras …
-Tata Assya, je veux partir. Merci pour
tout ce que tu as fait pour moi. Mais tu n’es pas de ma famille. Je n’ai plus
rien à perdre. Ne m’oblige pas à te raconter l’épisode de mon viol. Ne me fais
pas plus souffrir. Laisse-moi partir …
Comme elles sont venues, elles sont reparties de la mère manière, nous laissant totalement à côté de la plaque. Cette journée fut la pire de toute. Je ne savais pas quoi faire pour que ma mère se calme. Finalement je lui ai préparée une tisane thérapeutique et elle s’est endormie le cœur lourd.
Tout était juste incompréhensible, je ne comprenais rien. Il fallait que je comprenne, je pris donc le Pc et j’écris à Birane.