Chapitre 5 : brève ascendance/drame?
Ecrit par Verdo
LE JOURNAL D'AMINA (Roman)
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****Chapitre 5 : Brève ascendance/Drame ?****
« Le vieux et le jeune ne perçoivent pas les choses de la même manière. Pendant que le premier voit loin dans ce qui est près, le second voit près dans ce qui est loin. »
Verdo Lompiol…
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La devanture de Yano avait littéralement changé. Maman avait fait installer un petit panneau au coin de la rue qui menait à notre contenair. Il expliquait explicitement l’emplacement avec des flèches à l’appui puis présentait brièvement nos variétés de pagnes. C’est ainsi que les villageois affluaient à tour de rôle aux heures creuses pour venir découvrir tous nos modèles qui étaient à leur portée. L’amie grossiste de ma mère nous avait beaucoup diminuées le prix pour que nous puissions aussi le rabaisser afin d’écouler vite les stocks. Elle avait fait cela en guise de reconnaissance envers maman car cette dernière autrefois lui avait emprunté de l’argent pour démarrer son commerce. Un bienfait n’a jamais été perdu.
Monsieur Yano nous faisait aussi de la publicité. En dépit du fait qu’il soit notre premier client, il en parlait aussi à ses amis et associés qui lui rendaient visite. Et même il les conduisait souvent jusqu'à nous où nous leur proposons nos différents variétés de pagnes. Quant à lui, je ne pouvais plus me rappeler du nombre qu’il en avait payé pour lui-même, ses femmes et ses enfants.
Le commerce de pagne florissait perpétuellement. Maman commençait à ne plus accepter les aides venant de notre très aimable hôte. Les bénéfices pouvaient dorénavant couvrir nos dépenses quotidiennes. Elle me promit que si tout continuait à aller dans cette direction, la rentrée prochaine, elle m’enverrait en ville pour que je puisse continuer mes études vu que je ne pouvais plus aller en Europe. Psychologiquement, nous avions commencé à accepter notre nouvelle vie et à tourner la page ; la preuve, nous n’avions plus abordé le sujet concernant les biens de papa depuis le jour de notre arrivée, où nous avions tout raconté à Yano.
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Le fils aîné de Yano s’appelait Stéphane. Il était pratiquement dans la trentaine mais il n’avait pas de femme dans sa vie, ni d’enfants. C’était lui qui gérait tout le business de son père. Il était respecté par tous. Géant de taille, il était trapu et avait la voix grave. Les travaux champêtres avaient incroyablement surchargé ses muscles ; ce qui lui donnait l’allure d’un guerrier emblématique. Il parlait moins souvent. Pour cela, tout le monde avait peur de lui et même pour l’aborder, c’était presque difficile. L’on racontait souvent à son sujet qu’il avait à lui seul arrêté trois voleurs qui avaient pénétré par effraction chez eux. Il s’était violemment battu avec eux avant de les maitriser un à un et de les suspendre, la tête tournée vers le sol à un arbre qui se trouvait au milieu de la maison avant que les autres, alertés par les cris de détresse des malfrats n’arrivent sur les lieux. Ils les lynchèrent proprement pendant des heures avant de les conduire au petit matin au palais du chef du village.
Stéphane, derrière son apparence de responsable dissimulait un très mauvais comportement. Il était un harceleur et un grand pervers. Il avait dès le premier jour jeté son dévolu sur maman. Il n’avait cessé de la dévisager et de la provoquer du regard sans qu’elle ne s’en aperçoive. Lorsque j’avais fait la remarque et l’avais notifié à mère, elle m’avait juste répondu par un sourire ; que c’était dans les habitudes des hommes de se comporter ainsi donc de laisser tomber. Mais elle m’avait finalement donné raison après que ce dernier soit parti l’espionner dans les toilettes une nuit lorsqu’elle se soulageait. C’était un samedi soir aux alentours de vingt-et-une heure. Presque tout le monde dormait profondément. Nous venions d’arriver à la maison après une dure journée à la boutique. Moi je m’étais éclipsée pour m’affaler sur le lit pendant que maman s’était introduite dans les toilettes. Elle avait une folle envie de se soulager et c’était même pour cette raison que nous étions vite rentées de si tôt. Sinon normalement, nous fermons à vingt deux heures trente ou des fois à vingt trois heures. J’entendis la voix de maman s’élever, venant des toilettes et lorsque j’accourus sur les lieux, je me trouvai devant une horrible scène. Maman criait sur Stéphane en le traitant de tous les noms pendant qu’il essayait de la noircir dans des explications à queue de poissons. Il prétendait qu’il était à la recherche de sa clé qui se trouverait peut être dans notre toilette car des heures plus tôt, il y avait amené des plombiers pour réparer les canalisations. Evidemment sur ce point, il n’avait pas tord. Cela faisait quelques jours que nous souffrons de ce problème et nous en avions même fait part à son père. Ce dernier nous avait rassuré que son fils allait s’en charger mais cela n’expliquait pas le fait qu’il regardait maman à travers une petite fissure dans la porte. J’essayai d’arranger la situation tout en calmant maman et en s’excusant auprès de Stéphane pour éviter de prochaines palabres même si tout au fond de moi, je savais que maman avait pleinement raison.
Depuis cet avènement, les choses avaient changé. La méfiance s’était installée en nous et nous avions peur lorsque nous apercevions Stéphane ou des fois même lorsque nous entendions parler de lui. Il ne nous adressait plus la parole, ni nous saluer. Lorsqu’on le faisait, il restait bouche bée. Nous ne savions plus quoi faire. Aller tout raconter à son père pour qu’il règle une fois de bon le problème ? Ou se taire et laisser passer ?
Quelques semaines plus tard, à notre grande surprise, la mère de Stéphane ne nous adressait plus également la parole. Elle qui était la plupart du temps souriante et joviale envers nous refrognait la mine dès qu’elle nous voyait et nous dépassait aussi comme son fils. Les autres frères de Stéphane en faisaient de même. Cela nous avait amené à beaucoup réfléchir et à se décider. Yano nous avait beaucoup aidées et nous n’allions pas sur un petit coup de tête inonder sa maison de disputes. Il nous avait redonnées l’espoir et depuis que nous habitions chez lui, il n’avait jamais cessé de nous encourager et de nous soutenir alors il fallait trouver une issue qui nous épargnerait du pire. Maman décida donc d’aller présenter des excuses à Stéphane.
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Le manoir était complètement vide ce matin là; aucune âme qui vive. Tout le monde était parti vaquer à son occupation sauf Stéphane. Selon les ouïes-dires, il avait eu la veille un petit malaise qui l’avait cloué au lit; donc il se reposait pour vite recouvrer sa santé. Maman profita de l’occasion pour aller lui parler et pour qu’ils règlent ce petit problème amicalement une fois pour de bon. Pour ce faire, elle me laissa seule à la boutique et promit de revenir une fois qu’il lui aurait parlé. Une quinzaine de minutes plus tard, elle n’était pas de retour et même après trente minutes, c’était le silence radio. Je décidai donc de fermer la boutique et d’aller y jeter un coup d’œil pour m’assurer que tout se passait bien. A mon arrivée sur les lieux, je ne les aperçus nulle part dans la cour alors je m’avançai vers la chambre de Stéphane qui n’était pas loin de la nôtre. J’entendis des petits cris étouffants. J’eus des pincements dans la poitrine au point où mon cœur faillit ne plus battre. J’avais sur le coup pensé à maman et sans frapper, j’entrai. J’aperçus de loin Stéphane avec sa fameuse corpulence en train de pilonner par force maman qui se débattait difficilement sous lui. Elle n’arrêtait de le supplier d’arrêter mais ce dernier était assourdi par ses macabres fantasmes et ses foudroyants coups de rein. Sur sa petite table qui se trouvait dans un coin de la chambre pas très loin de moi se trouvait une bouteille vide. J’avançai et la saisis sans qu’il ne s’en aperçoive et sur le coup sans réfléchir l’assommai à la tête avec lorsque je me rapprochai de lui. Il tomba raide de l’autre côté du lit avec le crâne fracassé et la bouteille en mille morceaux. Du sang jaillissait abondamment de sa tête et transformait petit à petit la couleur du drap. Je commençai à trembloter devant toutes ces couleurs rougeâtres et son corps immobile. J’avais l’espoir qu’il bouge ne serait-ce un petit peu pour me donner de l’espoir qu’il était toujours vivant hélas…Maman, les deux mains à la tête s’effondra en s’accroupissant auprès de son corps.
⎯ Seigneur ! Est-ce qu’il est mort ?
Grommela-t-elle…
À suivre...
Écrit par Koffi Olivier HONSOU alias Verdo Lompiol. (Noveliste togolais).
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