Chapitre 5: Face aux Imprévus

Ecrit par Plume Inspirée

Chapitre 5 : Face aux Imprévus

 

 (Plus de 70% des faits de cette chronique sont tirés d’une histoire réelle)

 

… Un Mois plus tard

 

Il était 4h du matin quand Ushindi avait enfin pu fermer les yeux pour dormir. Séphora qui avait 10 mois, avait pleuré toute la nuit, elle ne voulait même pas prendre son biberon, c’était la raison pour laquelle Ushy était restée éveillée toute la nuit.

 

A peine une trentaine de minutes après s’être endormie, son réveil sonnait déjà, il était 4h 45, heure à laquelle, Ushy se levait tous les jours pour faire le petit déjeuner puis préparer Praise et Samira avant de les déposer à l’école.

 

Ushy avait beau faire cette corvée tous les jours, depuis trois semaines déjà, elle ne s’y habituait pas toujours. Elle était très fatiguée ce matin, c’était certainement le poids de toute la semaine comme c’était un vendredi. Alors Ushy avait attiré le téléphone vers elle pour arrêter le réveil  et se rendormir.

 

-         Ushy ? Ushy ? Ushy ?

 

S’écriait Sandra qui était visiblement très contrariée, Ushy sursautait du matelas sur lequel elle dormait sans dire mot elle jetait un coup d’œil rapide à son téléphone pour voir l’heure, il était déjà 7h 30 ! Ushy n’avait ni préparé le lunch box de Praise et Samira encore moins préparé les petits pour l’école. Alors qu’elle se levait, Sandra ainsi que les deux petits avaient les yeux braqués sur elle comme si elle venait de commettre un crime

 

-         Non mais Ushy sérieux ? les enfants doivent être à l’école à 8h 30 et là il est déjà 7h 35, tu n’as ni préparé leur lunch box et pire encore ils sont encore en pyjama ! Ne me dis pas que tu ne te rendais pas compte de l’heure ?  j’ai remarqué que depuis quelques jours tu n’as pas envie de prendre soin des enfants, si tu penses que tu ne peux pas le faire sois claire au lieu de faire ce genre de caprices Ushy ! Si tu as des choses à contester il faut parler à celui qui t’a fait venir ici pas à moi

 

Sandra, sa belle-sœur continuait encore à râler pendant qu’Ushy était déjà dans la salle de bain en train de préparer Praise et Samira. Elle avait été très rapide dans l’exécution de cette tâche, elle avait presque terminé lorsque Séphora venait de pousser un cri, c’était surement le bruit de Sandra qui avait réveillé le bébé.

 

Malgré tout ça, à 8h 15, Ushy avait pu sauver la situation, Praise et Samira étaient prêts, Ben prenait soin de Séphora pendant que Ushy terminait de préparer le lunch box des petits

 

-         Ben s’il te plait tu peux rester avec Séphora je dois courir à la station de train espérant avoir un train avant 8h 30

 

-         Ushy ce n’est pas possible, Eric mon ami m’attend pour le deal que je t’avais expliqué hier là, parce que si je ne fais pas ça je vais craquer, Ushy j’ai zéro rand en poche

 

Ben était visiblement triste de ne pas pouvoir aider sa petite sœur, il voyait combien de fois du jour au lendemain la vie d’Ushy avait changé de tournant. D’ailleurs il était lui-même aussi déçu que sa sœur, il est vrai que lui n’était pas confronté aux lourdes taches comme UShy mais juste quelques jours après leur arrivée, Ben avait fini par comprendre que les choses ne devaient pas être comme il les avait imaginé.

 

Malgré son désir d’aider Ushy, il ne pouvait pas rester avec Sephora car il sortait rencontrer un pote à lui qui était à Cape Town depuis deux ans, ce pote disait avoir un travail pour lui.

 

Ushy ne pouvait pas en vouloir à Ben, elle comprenait complètement son frère, elle avait placé le bébé sur sa poussette, après avoir enfilé un manteau, elle était en route avec les trois enfants pour la station de train pendant ce temps Sandra sa belle-sœur se préparait pour se rendre au boulot.

   

---- Dans la tête d’Ushy ----

 

J’appréhendais ce voyage c’est vrai, mais même dans toutes mes projections je n’avais jamais imaginé que les choses se passeront comme ceci. A notre arrivée tout était si bien que j’avais fini par me dire que ce voyage était vraiment le plan de Dieu. Ya Martin n’avait même pas tenu compte de notre petit malentendu, les retrouvailles étaient très chaleureuses. Il était venu nous chercher à Johannesburg lui-même.

 

Arrivé à Cape Town tout était super, Sandra avait fait une petite réception en notre honneur ; mon grand frère avait une très grande et belle maison, 4 grandes chambres, un salon vaste une cuisine familiale bien équipée dotée d’un espace salle à manger. J’avais tout imaginé de la vie de Ya Martin ici mais je ne savais pas qu’il était si bien installé en plus il n’était pas locataire mais c’était une maison qu’il avait acheté, jetais très fière de mon grand frère.

 

Dès notre arrivée, ma chambre était déjà prête et tout y était, un grand lit, des commodes, garde linge, coiffeuse, mais je me posais quand même beaucoup de questions du fait que c’était la plus grande chambre de la maison, c’était en fait la chambre destinée à être la chambre parentale. C’était donc la seule chambre qui avait sa salle de bain comprise dans la chambre.

 

Mon grand frère et sa femme occupaient une chambre, et ils avaient des locataires à qui ils faisaient louer les deux autres chambres, deux étudiantes sud-africaines (dans une même chambre) et un étudiant de la RD Congo dans une autre chambre. Ce qui faisait que Ben mon frère n’avait pas de chambre pour lui.

 

Dans le train, en route pour l’école des enfants j’avais encore le souvenir tout frais de ce que Sandra avait dit à Ben à propos de sa chambre

 

-         Ben, ne t’inquiète pas, Cyril déménage dans un mois en fait il change de ville donc sa chambre deviendra la tienne, pour le moment tu vas dormir au salon jusqu’à son départ

 

Et moi j’avais répondu pour rassurer ma belle-sœur qui semblait inquiète pour la chambre de Ben

 

-         Je pense même que je pouvais partager la chambre avec Ben, ça ne fait rien Ya Sandra. Il serait peut-être mieux de mettre un autre locataire quand Cyril va partir pour ne pas avoir un manque à gagner, c’est quand même deux chambres que vous sacrifiez pour nous

 

Ben qui était du même avis que moi avait même ajouté

 

-         En plus la chambre qu’occupe Ushy est tellement grande que deux lits peuvent bien suffire Ya Sandra

 

-         Non en fait c’est mieux que toi tu ais ta chambre parce qu’Ushy va partager cette chambre avec les enfants, tu vois ? c’est même pour ça qu’elle a la chambre parentale tout était déjà organisé avant votre arrivée

 

Cette explication de ma belle-sœur m’avait permis de comprendre pourquoi j’avais la plus grande chambre de la maison, c’était d’ailleurs logique. Donc à mon arrivée je partageais la chambre avec Praise et Samira. Sandra et mon frère avaient deux enfants, Praise mon neveu qui avait 5 ans et Sephora ma nièce qui avait 10 mois. Sandra avait eu un enfant de son premier mariage depuis Kinshasa, c’était Samira qui avait 12 ans.

 

A mon arrivée j’occupais donc la grande chambre avec Praise et Samira, Séphora le bébé dormait avec ses parents. Ben mon frère dormait au salon. L’ambiance chez nous était très conviviale et chaleureuse.

 

Une semaine s’était écoulée personne ne parlait de notre inscription à l’école de langue, puis un matin, Sandra avant de se rendre au boulot avait demandé nos passeports ; ce jour-là j’étais très rassurée enfin !

 

J’avais même fais un message à Olivier pour lui dire car il semblait inquiet à propos du fait que depuis notre arrivée, nous n’étions toujours pas inscrits. Il disait que rester sans papiers était un grand handicape

 

« Wangu, ce matin ma belle-sœur a enfin pris nos passeports pour l’inscription à l’école de langue je pense que d’ici là, nous irons faire les démarches pour notre permis d’étude vue que nous aurons enfin la lettre de l’école »

 

Olivier n’avait pas répondu tout de suite, je savais qu’il était en stage à cette heure-là et qu’il me répondrait plus tard à l’heure de pause… Quelques heures plus tard il s’était connecté et avait lancé un appel vidéo

 

-         Tu as reçu la bonne nouvelle ?

 

-         Oui je suis tellement heureux pour toi, dans quelques mois tu vas commencer à m’écrire en anglais kiekiekiekiekiekie

 

-         Kiekiekiekiekiekiekiekie

 

J’avais éclaté de rire aussi,

 

-         Tu sais je m’inquiétais beaucoup du fait que tu n’étais pas en situation régulière car crois-moi, être à l’étranger et avoir un problème de papier est un grand handicap pour fonctionner ; mais que Dieu soit loué pour cette bonne nouvelle, vraiment que Dieu bénisse ton grand frère et que jamais dans sa maison il ne manque d’huile et de farine

 

-         Amen ! je dois annoncer la bonne nouvelle à Ya gloria aussi, son mari commençait déjà à spéculer à propos de ça surtout qu’après l’histoire du voyage en bus, c’est encore le froid entre Ya Martin et lui, tu vois ?

 

-         Oui je comprends mais tu sais UShy tu dois faire preuve de maturité et arrêter de tout rapporter à ceux du pays, bon là encore c’est une bonne nouvelle donc tu dois la partager avec eux, mais évite de dire des choses qui pourraient créer des conflits entre ton frère et ta sœur ou même entre son mari et votre grand frère. Je parle en me référant au malentendu concernant l’histoire du voyage en bus entre ton beau-frère et ton grand frère

 

-         Oui Wangu tu as trop même raison en effet!

 

C’était là dans le train, que je me remémorais toute cette scène de mon arrivée, c’était d’ailleurs ce conseil d’olivier qui me poussait à me retenir pour ne pas raconter ce qui se passait actuellement ici à ma mère. Perdue dans les pensées, c’était Samira qui m’avait signalé que nous étions à la station de son école.

 

Samira parlait lingala et anglais, c’était donc en lingala que j’échangeais avec elle. Praise compte à lui, ne parlait qu’anglais du fait qu’il était né ici. C’était très souvent Samira qui servait d’interprète entre Praise et moi. Malgré ce qui se passait entre ma belle-sœur et moi, j’aimais très forts les enfants, j’aimais autant Samira que Praise et combien même c’était une vraie corvée pour moi, j’aimais m’occuper de Sephora. Mon souci n’était pas le fait de m’occuper de la maison et autres, mais je n’arrivais pas à comprendre comment les choses avaient changées tout d’un coup. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi ni mon frère, ni sa femme ne parlait plus de notre inscription ?

 

Je venais de déposer Praise et Samira a l’école, je les embrassais très fort avant de m’éloigner, en m’éloignant j’écoutais alors la voix de Praise, mon neveu qui criait

 

-         Love you so much aunty Ushy!

 

-         Love you too my baby boy!

 

Puis Samira qui était tout aussi adorable que Praise avait rajouté en lingala

 

-         Tantine Ushy n’oublie pas de venir nous chercher à midi hein, aujourd’hui c’est à midi que nous terminons

 

-         D’accord ma puce, c’est noté je serais là à midi

 

-         Je t’aime tantine Ushy

 

-         Moi aussi je t’aime ma pupuce

 

Avec Sephora dans sa poussette, je me redirigeais vers la station de train pour repartir à la maison et m’occuper de la maison ainsi que faire la cuisine

 

Jetais devenue la baby-sitter de mon neveu et de mes nièces, c’était à ça que se résumait mes journées. J’étais devenue la femme de ménage de ma belle-sœur, que ça et rien d’autre. Ushy la fille aux grands rêves disparaissait peu à peu. Dans le train de retour, j’avais le souvenir de cette nuit où alors que nous étions assis tous devant la télé, ma belle-sœur m’avait annoncé qu’il fallait que je libère la chambre que j’utilisais,

 

-         Ushy est ce que Martin t’a parlé ce matin avant de sortir ?

 

-         Non Ya Sandra, on ne s’est pas dit grand-chose hein

 

-         Ah mais lui vraiment ! pourtant c’était à lui de le faire hein

 

La scène de la chambre était arrivée alors que tout se passait bien depuis notre arrivée, nous n’allions pas à l’école mais cela s’expliquait par le fait qu’on était arrivé cela ne faisait même pas un mois, alors…

 

C’était moi qui m’occupais de mes nièces et de mon neveu ainsi que de tout à la maison, mais ça aussi je trouvais ça normal. Sandra partait au boulot et nous savions tous dans la maison que dès que j’allais commencer les cours, Sephora qui n’avait pas eu de place à la crèche devait être déposée chez une nounou privée chaque matin. Et on devait tous s’organiser à la maison selon nos emplois du temps pour déposer et reprendre Samira et Praise à l’école ainsi que cuisiner.

 

Cette conversation cette nuit-là, était une conversation normale à mes yeux. Comme je sentais une sorte de gêne chez ma belle-sœur, sans savoir de quoi elle parlait, je l’avais facilité la tâche pour le dialogue

 

-         Ya Sandra tu sais bien que tu es autant ma grande sœur que Ya Martin n’est mon grand frère alors sens toi libre de me parler s’il y a quelque chose. Si Ya Martin n’a pas pu le faire, c’est peut-être parce qu’il était fatigué tu sais que le matin quand il rentre il est souvent très fatigué

 

Mon frère travaillait dans une boite de sécurité, il avait des créneaux de jour et des créneaux de nuit

 

-         En fait il y a quelqu’un qui va louer la chambre dans laquelle tu es

 

-         Ah je vois, donc nous devons partager la chambre avec elle ?

 

Je le disais parce que j’avais fini par comprendre le système de l’Afrique du Sud, il arrivait que des gens partagent la même chambre pour minimiser les charges du loyer, ce qui fait que la seule idée logique qui me venait en tête en apprenant ce que me disait ma belle-sœur c’était celle-là

 

-         Non hein, la fille veut la chambre pour elle toute seule, elle ne veut pas partager et comme la chambre là est la plus grande de la maison et qu’il y a même la salle de bain et les toilettes, sa chambre va couter deux fois plus chère que toutes les chambres de la maison, c’est une occasion à ne pas rater la fille est encore au Congo, c’est son frère qui a trouvé la chambre pour elle

 

J’avais tout de suite levé mes yeux vers mon frère Ben qui était tout aussi étonné que moi, si cette fille prenait ma chambre où allais je dormir ? Pendant ce temps nous savions déjà que la chambre de Cyril était censée devenir celle de Ben, cette chambre n’était pas grande et même si elle devenait celle de Ben, je n’allais pas partager cette chambre avec Ben et les enfants, la chambre n’était pas aussi grande que ça

 

Ma belle-sœur avait perçu l’étonnement sur nos visages et elle avait vite rajouté

 

-         Mais ne t’inquiète pas les deux filles Sud-af vont sortir d’ici en fait et tu vas prendre leur chambre avec les enfants. Pour le moment tu vas aménager un coin du côté de la salle à manger. La table en béton là fait comme un genre de séparation, tu pourras placer tes affaires derrière la séparation et on va acheter une mousse demain pour toi.

 

C’était à partir de cette nuit-là que Ben et moi avions eu une discussion franche à propos de tout ce qui se passait. Dès le lendemain au départ de tout le monde, assis à la véranda de la maison ; Ben avait commencé par me dire ce qu’il avait appris par Cyril

 

-         Cyril ne déménage pas, la dernière fois j’ai eu une longue conversation avec lui, il était surpris d’apprendre que Ya Sandra nous ait menti qu’il déménagerait. Et donc je pense que les filles sud af aussi ne vont pas déménager. Sois juste préparée, c’est sûr que ce coin de la salle à manger va devenir ta chambre pour toujours et moi ce canapé au salon sera la mienne pour toujours

 

-         Ben ! je commence à croire que Ya Martin ne nous mettra pas à l’école de langue mais c’est trop méchant de sa part quoi ! tu vois ce que je vous disais là-bas à Lushi, j’avais ma vie, Ben j’avais mes rêves !

 

-         Ushy je te comprends mais personne ne nous a arraché nos rêves, c’est vrai que c’est méchant de la part de notre grand frère. Pour moi, cette fille Sandra, je ne la condamne pas assez, elle n’est pas notre grande sœur et si notre frère ne voulait pas de tout ça, il pouvait l’arrêter. Le seul à blâmer c’est notre grand frère, il laisse même à sa femme le travail de t’annoncer que désormais tu dormiras dans un coin de la cuisine. Moi je suis un homme mais je m’inquiète pour toi Ushy

 

-         Ce n’est pas grave Ben, je sais que l’Eternel me garde et il prend soin de moi dans les détails 

 

Ben m’avait serré dans ses bras…

 

Perdue dans mes pensées en me rappelant tous ces souvenirs, je caressais tendrement la joue de ma nièce Séphora qui me regardait avec ses grands yeux et elle souriait pour répondre à mes caresses. J’étais arrivée à la station de la maison, le train s’était arrêté un instant pour laisser descendre certains et monter d’autres.

 

Arrivée à la maison, je me lançais directement à faire le ménage, j’avais envie d’écouter quelque chose qui pouvait me remonter le moral mais je n’avais pas les data internet. En faisant la serpillère, je n’avais pas pu retenir ces larmes qui coulaient tout d’un coup sur mes joues, je les essuyais très vite comme si je craignais que quelqu’un ne me surprenne en train de pleurer.

 

Juste au moment où je me précipitais à essuyer mes larmes, la nouvelle locataire, celle qui occupait mon ancienne chambre était sortie. Cette fille était arrivée il y a moins de deux semaines, elle était congolaise mais apparemment de Brazzaville et était très réservée. Elle ne restait jamais avec tout le monde au salon. Ici on suivait tous la télé ensemble le soir avec les sud af et l’autre locataire Congolais Cyril, mais elle était la seule qui ne sortait jamais de sa chambre pour suivre la télé au salon. Ya Sandra la trouvait gonflée.

 

-         Bonjour

 

Avait-elle lancée avec sourire

 

-         Bonjour grande sœur

 

C’était généralement là que se terminait ses interactions avec tout le monde dans la maison, elle disait bonjour et parfois tenait Sephora à la joue pour la caresser, elle pouvait passer deux heures dans la cuisine en train de faire son repas sans dire mot alors que nous partagions tous la même cuisine. Mais ce matin-là, c’était bien la première fois quelle était allée au-delà du simple bonjour

 

-         Euh ton vrai Ushy c’est ton vrai prénom? c’est en langue c’est ça ?

 

-         Mon vrai prénom c’est Ushindi en fait, c’est en swahili ca veut dire Victoire

 

-         Waouh tu sais j’aime trop le swahili, je veux bien apprendre ça un jour, mon fiancé parle swahili car il a travaillé au Kenya dans un coin où on parlait swahili

 

-         C’est une très belle langue en effet, mais je peux bien t’apprendre ça hein chez moi à Lubumbashi c’est ça que nous parlons

 

-         Ah bon !  mais c’est cool tu m’apprendras le swahili alors, sinon ton frère n’est pas là ?

 

-         Non il est sorti, un de ses amis lui aurait trouvé un petit boulot

 

-         Donc aujourd’hui tu vas rester là toute seule ? tu vas t’ennuyer c’est sûr 

 

-         Oui je n’ai même pas internet aussi kiekiekiekiekiekie

 

Je l’avais dit en rigolant, cette grande sœur qui ne parlait presque jamais à personne dans la maison, m’avait tout d’un coup l’air sympa, je l’aimais plutôt bien tout d’un coup. Etait-ce parce que j’avais tant envie de parler à quelqu’un que je m’étais sentie aussi à l’aise de papoter avec elle, ou était-ce vraiment une sorte de connexion ? Tout ça avait moins d’importance pour moi là maintenant, tout ce qui comptait, c’était le bien que ça m’avait fait d’échanger un peu avec elle.

 

Apres mon rire, elle avait déposé son sac à main sur l’un des meubles de la cuisine et était retournée dans sa chambre

 

-         Attends je prends un truc

Elle avait lancé avant de s’éloigner dans le couloir, une dizaine de minutes plus tard elle était revenue avec un petit truc blanc en main qu’elle m’avait tendu

 

-         Tiens c’est mon routeur, derrière sur le couvercle tu as le mot de passe, tu pourras te connecter avec ton téléphone. Bon je file sinon je vais être en retard, à ce soir Didi !

 

-         A ce soir grande sœur

 

Tout s’était passé très vite, mais il y avait comme un lien qui venait de se créer entre nous, elle m’avait même donné un petit nom à elle toute seule, j’avais souris en me souvenant comment elle m’appelait Didi. Je ne connaissais même pas son prénom. Je m’étais connectée tout de suite sur YouTube et j’avais enregistré une prédication que je suivais tout en continuant mon ménage.

 

Je faisais des vas et viens entre la douche, le salon la cuisine, la véranda… entrain de nettoyer pendant que la prédication passait, ce qui faisait que je ne suivais pas tout, je suivais par partie. Cette fois ci,  après avoir tout fait je m’étais assise sur le matelas au coin de la salle à manger qui était désormais ma chambre, Séphora en main j’écoutais la suite de la prédication

 

-         Bien aimés, Agar alors qu’elle fuyait, non seulement elle était dans une situation difficile, mais aussi c’était un grand imprévu pour elle. Elle n’avait jamais prévu qu’en acceptant la proposition de Saraï sa patronne, elle se retrouverait à être considérée comme l’adversaire de celle-ci. Combien même Agar aussi était un peu fautive de ce qui l’arrivait car c’était elle qui avait déclaré indirectement la guerre à Saraï en la regardant d’un mauvais œil ce jour-là. Mais peu importe l’imprévu du moment l’Eternel qui voit tout avait les yeux posés sur Agar parce que l’imprévu  à nos yeux ne l’est pas aux yeux de notre Dieu.

 

-         Amen

 

J’avais chuchoté et la prédication continuait

 

-         Mes bien aimés Atta El Roï qu’Agar avait expérimenté dans Genèse 16 est aussi l’Eternel qui te voit en ce moment, il voit tous ces imprévus qui te tombent dessus, il te voit ; il voit la difficulté face à laquelle tu te trouves là en ce moment et il veut te dire aujourd’hui que tu dois être confiante, tu dois marcher en étant sûr que lui ton Dieu voit tout et il s’appelle Atta El Roï

 

Je levais ma main droite alors que ma main gauche tenait ma nièce et je laissais couler ce flot de prière qui m’habitait, je laissais couler ces larmes qui jaillissaient de mes yeux.

 

J’étais dans cette même saison qu’Agar, je m’étais embarquée dans une aventure sans prévoir les imprévus, je ne savais pas ce qui m’attendait ici et voilà que j’étais surprise, je ne savais pas par où commencer, je n’avais rien en poche, je n’avais même pas mon passeport avec moi, mais ce matin, j’avais l’assurance que Atta EL Roï ; l’Eternel qui voit tout, me voyait et il savait exactement ma position il savait aussi ce qu’il fallait faire pour la suite

 

-         --- tu l’as fait pour Agar ; tu peux le faire pour moi aussi, Atta El Roï, je sais que tu me vois en ce moment même et tu lis mon angoisse et ma peur. Je me laisse conduire par toi, alors, comme tu as conduit Agar conduis moi aussi et donne-moi la direction car tu n’es pas seulement l’Eternel qui me voit mais tu es aussi l’Eternel qui me donne la direction, conduis moi Eternel !

 

Apres cette prière, j’avais pris ma bible pour lire encore cette partie de genèse 16, puis j’avais noté la portion des écritures dans mon carnet

 

« Elle appela Atta El roï le nom de l`Éternel qui lui avait parlé; car elle dit: Ai-je rien vu ici, après qu`il m`a vue? – Genèse 16 :13 LSG »

     
Forcée à grandir: Us...